L’interview festival d’Animal Triste à Beauregard

Cet été, La Face B se promène dans beaucoup de festivals partout en France pour rencontrer ses artistes favoris. Aujourd’hui, on vous propose de découvrir notre rencontre avec Animal Triste qui ont répondu à notre questionnaire lors de leur passage à Beauregard.

La Face B : Comment ça va ? Comment vous avez vécu votre concert ?

Mathieu : Écoute, ça va bien. On est un peu essoufflés, on sort juste de ces 45 minutes qui furent bien intenses mais plutôt ravis, ravis d’être là.

Darko : On se demande pourquoi on ne fait pas de la chanson en fait. La chanson, c’est plus tranquille.

Mathieu : C’est ça. Et on est un groupe normand et on joue ici à Caen donc ça ne fait pas trop loin et ça, c’est cool.

LFB : Est-ce que vous avez un rapport particulier avec Beauregard justement ?

Darko : Bah écoute, pas tant que ça parce que c’est la première fois qu’on y joue avec un projet rock. Les fois où on voulait venir, quand il y avait Nick Cave ou ce genre de choses, on n’a pas pu parce qu’on était nous-mêmes en tournée. Donc c’est un endroit où on avait envie de venir mais où on n’a jamais pu vraiment venir essayer nos guitares. Donc on est contents.

LFB : Contents d’avoir essayé vos guitares, même s’il était tôt.

Mathieu : Il était tôt ouais mais c’est rigolo de jouer en plein jour.

LFB : Justement, est-ce que quand vous préparez un concert en festival comme ça, il y a une énergie différente en fonction de l’heure à laquelle vous jouez et une manière différente dont vous envisagez le concert ?

Darko : Je crois que c’est la première fois, on se faisait la réflexion, qu’on jouait en plein jour de notre vie, avec ce projet-là. Je ne sais pas toi mais c’est assez différent.

Mathieu : C’est complètement différent, le fait d’ouvrir un peu les festivités ou hostilités, selon. Tu es vachement plus détendu. C’est un festival en plein air, gros festival qui plus est. Tu as ce truc un peu bucolique qui fait qu’on ne se prend pas la tête. On voit bien les gens. On voit bien leur bienveillance. Du coup, ça instaure tout de suite de la coolitude.

Darko : Ouais, carrément. C’est vrai qu’on n’était pas très stressés. On est arrivés ici un peu fatigués parce qu’on a beaucoup bossé récemment. On avait le pouls tranquille, comme des plongeurs. On était contents. Ça sonnait super parce qu’on sent que tout est bien équipé ici. Les gens sont chouettes, ça bosse bien. C’était easy.

LFB : Est-ce que vous avec eu l’impression que les gens étaient plus attentifs à 15h qu’à 2 heures du matin ?

Mathieu : Alors, oui forcément. Ils étaient moins bourrés. Et pour arriver si tôt, c’est que c’est une réelle volonté donc il y a forcément moins de monde que sur un spot entre 18 et 22 heures mais les gens qui étaient là étaient attentifs et on sentait vraiment ce côté bienveillant dont je parlais. Ils étaient là parce qu’ils le voulaient. Ça, c’était cool.

LFB : Aujourd’hui, vous êtes un peu la caution guitare de la journée.

Darko : J’ai l’impression. Batterie aussi non ?

LFB : Ouais, après il y a Alt-J aussi. Justement, est-ce que vous regardez les programmations des festivals où vous jouez ?

Mathieu : Ouais, grave, pour savoir si on se casse tout de suite après le concert ou si on reste un petit peu. Là, on va rester. C’est plutôt bon signe.

Darko : Ouais, peut-être qu’hier on se serait barrés.

Mathieu : Là aujourd’hui, il y a Anna Calvi, que j’ai hyper envie de voir et Alt-J. On a des potes qui bossent avec Lomepal aussi donc on va rester pour eux.

LFB : Hier, il y avait Interpol.

Darko : Je t’ai dit une connerie, je ne savais pas ce qu’il y avait hier. Ah ouais, non, on serait restés.

Mathieu : Ça m’a brûlé les yeux de savoir que je ne serais pas là.

LFB : Ils ont joué Antics en entier.

Darko : Ah, on kiffe.

Mathieu : On avait joué avec le chanteur quand il avait fait un truc solo, Paul Banks. C’est vraiment un top groupe.

LFB : Au niveau de la set-list, vous êtes un groupe « jeune », comment vous l’envisagez sur un set de 45 minutes sur un festival ?

Darko : Par rapport au fait justement de jouer en journée, les morceaux un peu avec un peu plus d’atmosphère, qui se développent de façon lente, on les a virés.

Mathieu : On va directement à l’essentiel. Il y a deux critères : aller directement à l’essentiel et aussi montrer qu’on n’est pas que des bourrins et qu’on sait faire plusieurs choses, de façon très concise. Effectivement, 45 minutes, tu n’as pas le temps de t’échauffer et tu es obligé de rentrer directement.

Darko : Pas de préliminaires.

LFB : Est-ce que vous avez des morceaux qui sont assez évidents ou qui ont une importance particulière sur un set comme ça ? Que vous vous sentez un peu obligés pour vous ou pour le public de jouer ?

Darko : On est obligés jamais de rien mais c’est vrai qu’on a un titre qu’on a fait avec Peter Hayes, celui-ci, je pense qu’on va le jouer longtemps. C’est un incontournable pour nous. Ce morceau-là, ce n’était même pas une question quoi.

LFB : Je vous ai entendus justement quand je suis arrivé sur ce morceau-là.

Darko : Il y en avait un autre avec lui, qu’on aurait bien aimé jouer mais ça, c’est justement vraiment un morceau plus calme et plus dans l’ambiance. J’ai l’impression que c’est que quand on peu développer le set, pendant une heure. On a hésité.

LFB : Est-ce que vous avez une routine particulière avant de monter sur scène ?

Mathieu : Avant, non. La routine est plus post-concert. Non, en fait, ce qui est très bien, c’est cliché mais la pour le coup, c’est un projet de très longue date, la routine, c’est le transport, pour aller d’un concert à l’autre. Rien que le fait d’être ensemble dans un van.

Darko : On ne voit pas les heures passer quoi.

Mathieu : C’est déjà ça le plus cool.

Darko : On est un peu des machines à conneries, donc c’est cool.

LFB : C’est ça l’intérêt d’avoir un groupe de potes aussi.

Mathieu : C’est l’intérêt ouais. Et puis, c’est récréatif. On est toujours content de se retrouver, c’est cool.

LFB : Est-ce que vous avez un meilleur et un pire souvenir de festival/concert ?

Darko : En tant que public ou en tant qu’artiste ?

LFB : Les deux.

Darko : Moi, les festivals, c’est parfois assez déceptif. Justement, on parlait du plein jour. Je me souviens d’avoir vu les Black Angels par exemple. Des groupes que je n’ai pas envie de voir dans des festivals parce que justement, pour moi, ce sont des groupes de salles. Des trucs vraiment noirs, lugubres. Je me souviens de les avoir vus à Rock en Seine et j’avais été un peu déçus. Je m’étais dit que c’étaient mes héros mais je n’avais pas envie de les voir en plein jour. Comme des vampires. Tu te dis qu’ils n’ont rien à foutre au soleil. Mais attention, après on parle de gens que j’adore.

Mathieu : Ouais, c’est un peu ce même truc où tu es archi groupie de groupes qui ne sont pas forcément taillés pour les grands espaces. Il y a toujours plus d’intérêt à aller les voir dans un tout petit club. Mais sinon, forcément, tu ne peux pas toucher certains artistes autrement que par le biais de ces grosses machineries. Nick Cave.

Darko : J’ai des supers souvenirs du Rock dans tous ses états. Je me dis que ça, c’était un vrai festoch’.

Mathieu : Ouais. On parlait de Normandie tout à l’heure. Il y a Beauregard mais il y a quelques années de ça, il y avait aussi le Rock dans tous ses états. C’est vraiment un festival qui nous a forgé.

Darko : J’ai pris beaucoup de claques, des vrais trucs.

LFB : Et en tant que musicien ?

Darko : En tant que musicien, on a été surpris. On avait joué à Bordeaux l’année dernière avec Animal Triste dans un festival, dans un truc dont on n’avait pas vraiment entendu parler. On s’est retrouvé à jouer devant 4 000 personnes, en tête d’affiche d’un truc comme ça, avec tous les gens à balle. Évidemment, à cette heure-là de l’après-midi, je n’ai plus de mémoire.

Mathieu : Festival gratuit. Les gens étaient hystériques, tout ça était basé essentiellement sur le bénévolat et ça, c’était le meilleur souvenir. Parce que tu vois que tout le monde brûle d’un même feu et qu’il n’y a aucun autre intérêt que de transmettre la bonne parole rock. Ça, c’était l’un des meilleurs souvenirs. Et le pire ? J’imagine qu’on a dû croiser Trois cafés gourmands un jour. (rires)

LFB : Est-ce que vous pouvez me parler de l’importance du catering dans un festival ?

Mathieu : Alors festival et salle de concert. C’est-à-dire que la corporation des musiciens ne parlent exclusivement que de ça quand on se croise sur la route. Beauregard est plutôt bien placé.

Darko : On n’a pas encore bien testé. On n’a pas eu le temps. On jouait à 15 heures donc ce soir, si tu veux, on se refait l’interview à 22 heures.

Crédit Photo : Grégory Forestier

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