LIVE REPORT – Calexico Le Trianon Paris, 12 mai 2022

 
Dépaysement garanti en cette soirée au Trianon avec les américains de Calexico, qui reviennent à Paris avec leur rock métissé aux chaudes couleurs du Mexique.
 
C’est le vent chaud des désert rougeoyants de l’ouest américain qui a soufflé sur le théâtre du Trianon à Paris le temps d’une soirée avec Calexico, groupe protéiforme toujours mené depuis plus de vingt ans par Joey Burns et John Convertino, nos deux cowboys venus de Tucson, Arizona. Immergés dans la musique mariachi et le rock country americana, le groupe est un des satellites gravitant autour du noyau dur que fut Giant Sand d’ Howe Gelb.
L’union des guitares folk, country et des sonorités tex-mex sont le fer de lance de Calexico et la sortie de leur douzième album El Mirador est venu confirmer la maitrise du duo en la matière, avec ce dernier opus bien plus grand public.
 
Calexico est un de ces groupes dont on connait forcément le nom mais qui n’a jamais attiré toutes les attentions sur lui, rendant ainsi la formation quasi culte de par son côté un peu mystérieux pour l’auditoire français, éloigné des racines de la musique latino-américaine.
Le passage des Américains à Paris était alors attendu par une petite tribu de fans tous amateurs confirmés, venant des quatre coins de l’Europe (certains anglais, certains autrichiens, d’autres bretons …) et avide de découvrir en live les nouveaux morceaux issus d’ El Mirador.
 
 
Toujours dans un esprit d’ouverture, le duo fondateur de Calexico se faisant toujours accompagner sur scène par des musiciens originaires des pays dont la musique les inspire tant, la première partie nous fait découvrir un agréable duo du nom d’ Alejandro y Maria Laura qui nous vient de Lima au Pérou. En mode folk, les morceaux doux nous narrent des petits comptes enfantins et autres extraits de vie, en espagnol dans le texte, accompagnés seulement à la guitare et à la petite caisse claire. Le jeune duo très ému de venir se produire pour la première fois à Paris remercie chaleureusement Calexico et les présents venus plus tôt afin de découvrir leurs belles harmonies vocales qui font rêver à d’autres horizons.
 
 
Sur la scène du Trianon qui se voit réhaussée de guirlandes à lumière chaude ornées comme de petites lucioles, entrent enfin la version Calexico 2022 toujours construite autour de Joey Burns au chant et à la lead guitare et de John Convertino, l’imperturbable batteur. Ce soir, nous retrouvons entre autres Martin Wenk et Jacob Valenzuela à la trompette qui font le son typique de l’univers de Calexico. Est également présent un autre artiste de la famille Giant Sand : Brian Lopez, co-leader de l’excellent groupe de rock latino XIXA, ce soir à la seconde guitare et au chant.
Calexico est un petit « multiverse » à lui tout seul, accueillant selon les disques et les tournées des artistes issus de diverses formations et l’on ressent cette complicité sur scène entre les sept musiciens. Le concert fait la part belle au dernier album, qui retrouve après la collaboration d’avec Iron & Wine sur Years To Burn en 2019 et le surprenant album de noël Seasonal Shift en 2020, un son bien plus traditionnel chez Calexico. Le titre éponyme El Mirador ouvre le concert comme sur le disque, et c’est dès les premières notes que l’on plonge dans ce rock qui porte en étendard la mixité, Joey Burns et John Convertino originaires de l’Arizona, état du sud-ouest frontalier du Mexique, où la culture baigne majoritairement dans celle du continent sud-américain.
 
 
Un panaché des meilleurs titres s’enchaine (dont les très réussis Cumbia del Povlo et Harness The Wind) et ces derniers prennent encore plus d’ampleur joués en live. La setlist se veut riche et variée, piochant vastement dans l’intégralité de la discographie. Le chant majoritairement l’affaire de Joey Burns se voit sur quelques titres confié à Brian Lopez et Jacob Valenzuela, apportant une autre touche aux morceaux et variant les plaisirs pour les fans.
Nous avons également droit à quelques reprises dont Alone Again Or de Love, groupe mythique de la génération Laurel Canyon issu du Los Angeles de la fin des années 60. L’esprit reflète cette Californie rayonnante, dont une de ces bourgades a donné son nom au groupe, qui porte avec ferté cet héritage musical qu’il distille sur tous les autres continents depuis maintenant plus de deux décennies.
 
 
Le public n’a pas besoin d’être d’avantage conquis et l’ambiance survoltée malgré un Trianon qui n’affiche pas complet fait bien état de la fidélité de ces fans de tout âge et de toute nationalité.
Presque deux heures de concert et une certaine émotion chez les musiciens qui rencontrent depuis le début de la tournée en Europe un franc succès, les retrouvailles avec les spectateurs se terminant toujours avec une fosse et des balcons dansant à l’unisson dans une chaleur digne de leur Grand Canyon natal.
 
Setlist :
El Mirador
Cumbia del Polvo
The El Burro Song
Harness The Wind
Then You Might See
Inspiración (sung by Jacob)
Heart Of Downtown
Man Made Lake
The Black Light
Rancho Azul (Jacob and Bryan)
News About William
Minas de Cobre
Cariñito (Los Hijos del Sol cover)
Flores y Tamales (sung by Brian)
Alone Again Or (Love cover)
Cumbia de Donde

Cumbia Peninsula
Crystal Frontier
Constellation
Stray
Güero Canelo