Le temps d’une soirée, un air d’Arizona a soufflé sur La Boule Noire avec le passage de l’artiste folk Courtney Marie Andrews, qui a touché au coeur son public parisien avec des textes et une interprétation d’une grande sincérité.
Après deux mois de tournée aux Etats-Unis et plusieurs dates en Angleterre et aux Pays-Bas, l’auteure-compositrice-interprète originaire d’Arizona nous a fait le plaisir de venir interpréter pour la première fois à Paris les chansons d’Old Flowers, son septième album sorti l’an dernier.
Avant de monter sur la scène de la Boule Noire, Courtney Marie Andrews a débuté sa journée parisienne par les locaux de France Inter, invitée d’Antoine de Caunes dans l’émission Popopop. Interrogée sur son processus créatif, celle qui vient par ailleurs de publier un recueil de poèmes (Old Monarch) a expliqué qu’elle commençait toujours par l’écriture des paroles, pour seulement ensuite composer la musique qui servira au mieux ces mots.
Dans Old Flowers, écrit dans une démarche cathartique et introspective à la suite d’une difficile rupture amoureuse, Andrews cristallise ses souvenirs de neuf années d’amour partagé et de moments passés ensemble, en en tirant aussi certaines leçons (par exemple dans Guilty). Par des textes éminemment sincères et personnels, c’est alors tout un chacun qui peut se retrouver dans les récits et les sentiments retranscrits par l’artiste.
Cette authenticité se retrouve de façon omniprésente sur scène. Pendant 1h15 de concert, principalement seule avec sa guitare, Courtney Marie Andrews transporte son public au coeur de ses sentiments les plus intimes, au son de chaque mot tantôt murmuré, tantôt déclamé, au rythme de chaque accord et de chaque corde jouée.
Dans la salle, le silence est total. Des jeunes filles avec des chapeaux de cow-boys accoudées devant la scène aux couples de sexagénaires assis dans le fond, tous sont captivés par la lumière et la présence magnétique de l’artiste.
Andrews alterne les chansons de son dernier album avec quelques morceaux plus anciens et de toutes nouvelles compositions. Et entre chaque morceau, tout en ré-accordant sa guitare, elle nous raconte des anecdotes. Comme la fois où, inspirée par le film Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock, elle a observé depuis la fenêtre de sa maison à Nashville sa voisine édentée Debby promenant un à un ses sept chiens; ou lorsqu’elle a écrit sa chanson aux accents country Table for One sur le parking d’un hypermarché Walmart – “so American”.
Pour les morceaux Break the spell et If I Told, elle est rejointe sur scène par Devin Tuel, moitié féminine du duo folk britannique Native Harrow – qui assurait la première partie – sublimant les mélodies d’Andrews d’harmonies plus graves.
S’ensuivent How You Get Hurt, Table for One, et May Your Kindness Remain, le public toujours suspendu à ses lèvres. Puis Courtney Marie pose sa guitare et s’assied au piano, pour y jouer avec beaucoup d’élégance ses morceaux Guilty, Carnival Dream et Ships in the Night, reflétant toute la force lyrique de l’artiste. “Will I ever let love in again? I may never” Dans ce cocon d’intimité qu’elle a tissé avec le public, les mots de Courtney Marie retentissent dans toute leur profondeur, accompagnés par la puissance de son jeu de piano.
Apres s’être éclipsée une premiere fois de scène puis longuement applaudie et rappelée par le public, Courtney Marie revient avec sa guitare et joue à la demande de ses fans ses morceaux Near You et Honest Life, issus de ses précédents albums. Puis finalement la lumière s’éteint pour de bon, et l’artiste disparait, laissant en chacun de nous une petite part de son histoire devenue désormais universelle.