Depuis ses débuts, Lou-Adriane Cassidy oscille entre la douceur d’une poésie intime et la fureur d’un rock viscéral. Avec Journal d’un Loup-Garou, sorti le 24 janvier 2025, elle pousse cette dualité à son paroxysme, livrant un disque à la fois instinctif, brut et d’une sincérité tranchante. Loin d’un simple album concept, c’est une œuvre qui hurle à la lune, explore les transformations et s’aventure dans les zones d’ombre du désir, du pouvoir et de la mémoire.
Un album bestial et sans compromis
Dès l’ouverture avec Dis-moi dis-moi dis-moi, Lou-Adriane annonce la couleur. Une mélodie pop groovy enveloppe une confession à cœur ouvert sur une relation ambivalente. Une entrée en matière qui plante le décor : ici, on ne cache rien, on fouille, on dérange, on gratte la peau jusqu’à faire apparaître les plaies.
Avec TDF, en collaboration avec N Nao, l’artiste ose des sonorités industrielles qui bousculent et hypnotisent. La pièce semble tout droit sortie d’un film cyberpunk où la sensualité et l’inquiétude dansent un pas de deux en tension permanente. La guitare distordue gronde sous une voix tantôt fantomatique, tantôt éclatante.
À l’opposé, Chanson pour Odile brise la carapace et dévoile un texte d’une tendresse désarmante. Lou-Adriane y évoque son rôle auprès de la fille de son partenaire, Alexandre Martel (Anatole), dans une déclaration d’amour qui dépasse les liens du sang. Un morceau qui rappelle que l’amour se construit autant qu’il se ressent.

Une rage maîtrisée, un féminisme affûté
Mais Journal d’un Loup-Garou n’est pas qu’un album de confidences. C’est aussi un cri de colère, un manifeste d’indépendance. Je pars en vacances est l’un des titres les plus percutants du disque : sous une façade faussement légère, il s’attaque à la manière dont l’industrie et le public perçoivent les artistes féminines. Lou-Adriane Cassidy y joue avec les attentes, s’amuse des clichés tout en les déconstruisant avec une ironie mordante.
Sur Ariane, le duo avec Ariane Roy explore l’amitié féminine dans toute sa complexité, entre rivalité et admiration. Une chanson qui vibre d’une énergie sororale sincère et sans fard, portée par des arrangements aériens qui flirtent avec l’onirisme.
Enfin, l’album se referme sur Celle-ci vient du cœur, une lettre d’amour à ses musiciens, ses proches, son public. Un adieu (temporaire) en forme de déclaration, un dernier souffle avant que le loup ne replonge dans la forêt.

Un tournant majeur pour Lou-Adriane Cassidy
Avec Journal d’un Loup-Garou, Lou-Adriane Cassidy ne fait pas que livrer un nouvel album : elle marque un jalon dans sa carrière. Loin de la chanson indie feutrée de ses débuts, elle embrasse une écriture plus viscérale, une musicalité plus percutante. Chaque morceau semble guidé par une urgence de dire, de ressentir, de mordre à pleines dents.
Cet album est à la fois une métamorphose et un retour à l’essence même de son art : une musique qui ne fait pas semblant, qui ne s’excuse pas, qui vit pleinement.
Un disque-loup, à écouter de nuit, les sens en alerte.