Quand on choisit un nom d’artiste étant également celui d’un album iconique du jazz, cela crée nécessairement quelques attentes. Love Supreme, duo formé par Joseph Morice et Kenzo Roz, nouvelle signature d’Animal63 et auparavant nommé Djib-Mo, nous présente ainsi un album éponyme d’une rare sensualité, voguant de la contemplation à l’intimisme sur le chemin de ses huit morceaux.
De l’écoute de cet album, on est d’abord saisi par cette voix profonde, solennelle et captivante qui accompagne le voyage de bout en bout. Elle accompagne parfaitement les sections instrumentales, que celles-ci se limitent à un simple piano ou qu’elles soient beaucoup plus étoffées et électroniques.
L’atmosphère générale dégage énormément de mélancolie, mais sans jamais tomber dans un pathos ou une complainte laissant une sensation de malaise. D’un morceau à l’autre, les ambiances sont savamment variées et dès les premiers morceaux, on peut visiter une intimité sobre et classieuse (Crack), une ballade joueuse (Knowledge don’t know) ou une contemplation hypnotique et soutenu à merveille par le clip réalisé par Simon Schmitt (Lonely Feelings). Ce tout rend l’album difficile à classer ou même à comparer à d’autres artistes mais ici n’est pas l’important.
Sur l’ensemble de l’œuvre, on appréciera notamment le travail sur les sons. Dans leurs contrastes, leur introduction et leur séquencement, ils retranscrivent avec une précision incontestable la puissance et le caractère inévitable des douleurs amoureuses. Mais la production de cet opus réussit également le tour de force de capter la beauté de ces sentiments, leur pureté et la sincérité d’une nostalgie saine et optimiste envers l’avenir.
Vous l’aurez compris, il s’agit là d’un album de rupture, ou peut-être plutôt d’un album de rémission, à l’instar d’un livre dont on sait qu’il se termine mal mais avec lequel on est en paix. S’il s’écoute vite, l’on est très curieux de voir ce que le duo pourra restituer en live, ainsi que les évolutions à venir du groupe.