On l’a sans doute déjà dit, mais pouvoir prendre son temps est devenu quelque chose de rare. Fin février, alors que Marie Davidson s’apprêtait à sortir son nouvel album City Of Clowns, la québécoise nous a fait ce cadeau précieux. On a donc longuement échangé autour de cet album, de sa construction, de ses thématiques, de son histoire, de ses mots et de la personne qui se cache derrière. Un entretien au long-cours que l’on vous partage aujourd’hui.

La Face B : Salut Marie, comment est-ce que ça va?
Marie Davidson : Ça va bien. Demain je rentre chez moi donc je suis un peu fatiguée, mais ça va très bien.
LFB : J’aime beaucoup le titre de l’album. Je me demandais d’où ça venait, cette idée de City of Clowns, parce que moi, j’ai une idée personnelle, mais j’aimerais bien savoir.
Marie Davidson : Parfait, je te dis, après tu me dis, parce que je suis curieuse. Moi aussi, je suis très contente de ce titre. Plus le temps passe, plus je le trouve approprié.
Pour moi, le clown, à la base, pourquoi j’ai opté pour ce titre, c’est qu’on vit dans un monde de clowns. Je trouve qu’on vit dans un monde de clowns. City of Clowns, c’est un lieu imaginaire qui existe dans ma tête, mais le sous-texte du titre, ça pourrait être monde de clowns. Clown world. Ça, c’était la prémisse. J’ai pensé à ça en 2024 alors que l’album était presque terminé. Ça a été long. Il y avait d’autres titres moins forts. Je te le dis à toi, un des titres possibles, c’était la pièce Fun Times. C’était peut-être le nom d’album. C’est bien pour un nom de pièce, mais ce n’est pas total pour un nom d’album. Mais Fun Times reflétait un peu la même dichotomie ! Donc on parle de fun times, mais on vit dans une époque qui n’est pas très fun. Et c’est là que j’ai pensé, ah, City of Clowns, monde de clowns, puis ça fait référence évidemment à tout ce qui est politiciens, influenceurs, la façade…
On vit dans un monde de façades. Et ça, c’était la première, quand l’idée est venue, et c’est ce que ça veut dire. Mais plus je pensais, plus je me disais, c’est vraiment intéressant parce que moi, je me considère comme un clown aussi. Je le sens. Je l’ai senti. Comme la pièce Sexy Clown. Et je pense que les gens comme vous et moi, qui se sentent comme des clowns, c’est des gens qui veulent… questionner le statu quo. Le clown, c’est un peu l’archétype du trickster en anglais, le joker. Et on m’a demandé d’ailleurs, quand j’ai commencé à dire le nom de l’album, à le présenter avant que ce soit public, les gens me disaient « Ah, est-ce que tu fais référence à Joker, le film ? ». Je disais « Ben, je ne l’ai jamais vu. ». Et ils me disaient « Ah, ben, tu devrais, c’est intéressant. ». Et j’ai attendu d’avoir complètement fini l’album. Et j’ai vu le film et j’adore le film. je suis fan du film mais ça n’a eu rien à voir pendant l’écriture de l’album. mais quand j’ai regardé le film ça m’a donné ça m’a informé sur le sous-texte inconscient qu’il y avait à mon propre titre qui est toutes les pariades à la société ce qu’on appelle les misfits en anglais ce que Joker est dans le film les gens qui ont des troubles mentaux, les gens qui sont en marge. Aussi, en ce moment, on le voit, il y a un effritement du tissu social et il y a plein de gens qui se sentent isolés. Tout le monde se sent un peu à cran ou terrorisé ou frustré. Donc, c’est ça qui s’est fait.
LFB : Moi, ça rejoint un peu ce que tu dis, mais j’ai aussi eu l’impression qu’on vit une époque où en fait, l’image qu’on donne de soi, elle est souvent en déconnexion avec la réalité. Et pour moi, City of Clowns, c’est un peu cette idée de l’image irréelle que l’on veut donner de soi aussi. Et il y a un truc un peu schizophrénique, que l’on trouve un peu dans l’album.
Marie Davidson : Peut-être pour ça. Surtout comme une pièce, comme sur Push Me Fuckhead, c’est complètement schizophrénique. C’est bien dit.
LFB : C’est ça, il y a ce truc pour moi dans le titre qui se dévoile après dans l’album. C’est un peu une personnalité multiple cet album-là.
Marie Davidson : Il y a des personnages. il y a le personnage de Demolition qui est la voix de la Big Tech qui nous séduit avec toutes ses propositions d’amélioration de programme et de statut mais en fait c’est juste pour collecter notre data pour le monde. ça c’est un personnage genre de rôle de séduction, domination.
Il y a un personnage schizophrénique, complètement le clown, justement. Oui, le clown un peu triste ou malade, mais en réaction dans Push Me Fuckehead, qui n’est pas une pièce triste, mais le propos, ça vient d’un sentiment que j’ai d’être complètement dépassée par toutes les fausses promesses de la technologie qui nous déshumanisent complètement. Après, il y a le clown plus provocateur, trickster de Sexy Clown. Et il y a la femme-femme dans Funtime. Oui, c’est ça. Parce que je parle de mon choix de ne pas avoir d’enfant. Il y a toutes sortes de personnages.
LFB : Même Contrarian !
Marie Davidson : Contrarian. Qui est vraiment tongue-in-cheek.
LFB : Mais justement, quand on écoute l’album… à première vue on se dit qu’il y a un truc très cadré avec un titre vraiment introductif, un titre conclusif et ce cadre permet en fait de faire exploser une espèce de chaos au milieu en fait.
Marie Davidson : Oui, tant mieux. Si c’est perçu comme ça, je suis très contente.
LFB : Moi je le vois comme ça en tout cas.
Marie Davidson : Moi je le vis comme ça, j’ai vécu comme ça, j’ai vu cet album comme ça donc ça marche.
LFB : Tu parlais de la big tech et de choses comme ça et j’ai l’impression que cet album, et peut-être tes projets d’avant aussi, étaient construits sur une obsession vers quelque chose et qui te pousse à en parler de manière très différente.
Marie Davidson : Là, j’ai l’impression d’être analysée. Non, c’est bien dit. Je suis d’accord avec vous, c’est vrai. Mon projet solo est souvent basé sur un sentiment de malaise et faire de la musique et écrire des textes est la réponse pour pallier ce débalancement. En fait, créer me permet de me rebalancer et de rester une personne quand même relativement saine et fonctionnelle dans la société. Si je n’avais pas ça, je serais un peu inquiète. Je pense que ma santé mentale et ma qualité de vie seraient vraiment moindres. Oui, je suis une personne sensible. C’est ma réponse à ce que je sens dans mon existence humaine au XXIème siècle.
LFB : Mais c’est intéressant de transformer ses craintes et ses obsessions en quelque chose de divertissant. Parce que cet album-là, malgré tout, même s’il y a de la profondeur, c’est fun.
Marie Davidson : C’est ce que je voulais. J’avais vraiment envie de faire un album fun. Pas un album où on se prend trop la tête. Mais c’est bien dit, les obsessions. Je suis une personne obsessive. Vraiment. C’est mieux maintenant. Mon background, j’ai eu des gros troubles obsessifs dans ma vie.
LFB : Mais justement, quand un album est fini, est-ce que l’obsession, elle disparaît ?
Marie Davidson : Oui, quand même. Mais c’est bien de passer à autre chose. Cet album était vraiment un libérateur à faire et de finalement le partager. L’étape finale, c’est le partage et la vraie libération est dans le partage avec les autres.
LFB : Et justement, le fait de parler de la big tech, qui sont à base de zéro et de un, est-ce que ça a influencé aussi… L’idée musicale de l’album qui était quand même très froide et très percussive.
Marie Davidson : Oui, c’est sûr que ça a influencé. À la base, j’avais envie, après avoir fait le truc avec le band, des structures plus chansons. Il y avait des structures pop, mais il y avait des structures plus aussi dans le style de chansons. Même variété, presque. J’avais envie de refaire un truc énergique, énergétique, percutant, percussif. Mais après quand j’ai décidé de choisir ces thèmes d’écriture oui ça a influencé aussi les sons de la production.
LFB : Je reparlerai de la production après mais j’aimerai revenir sur l’idée de multiplicité schizophrénique. J’ai l’impression qu’il y a un jeu assez évident dans le chant dans la façon de chanter qui est très différente des morceaux et qui a aussi, même par rapport au thème de l’album, des variations d’intention et d’humanité aussi, sur certains morceaux qui sont plus robotiques que d’autres.
Marie Davidson : Oui, c’est vrai, absolument.
LFB : Comment tu as pensé et imaginé justement cette idée-là ?
Marie Davidson : Quand j’étais plus jeune, j’ai étudié un peu le théâtre. Après, j’ai quitté l’école pour faire de la musique, mais j’ai fait deux ans en théâtre. Donc, le côté théâtral fait partie de ma pratique depuis le début, mais c’était moins assumé avant cet album.
Je ne sais pas ce qui a déclenché exactement, c’est une bonne question, parce qu’il y a toujours eu un côté théâtral, mais pourquoi cet album est plus théâtral ? Peut-être par le simple fait d’être un peu plus vieille, un peu plus mature, donc d’avoir plus confiance en mes choix artistiques, mes intentions. Je me souviens d’avoir refait beaucoup de takes vocaux comme Demolition. L’album était terminé, masterisé. Et j’ai écrit à Dave et Steph, j’ai dit « je m’excuse, je suis vraiment désolée je sais que ça ne se fait pas dans le milieu de la musique, mais j’aimerais refaire les voix de Demolition,je veux les refaire ».
Mon interprétation est meilleure maintenant. Parce qu’il y a eu deux ans entre l’enregistrement de la voix initiale et la sortie de l’album. Ils m’ont dit, ouais, pas de problème. J’étais tellement heureuse. Et ça a vraiment valu la peine. Le poème qui est dit à la fin de Unknowing, c’est très vieux, ça a été fait en 2021. C’est fait sur mon téléphone. Mais ça, c’est vraiment une anomalie sur l’album.
LFB : Oui, c’est marrant parce que je l’ai noté, justement, ce qu’il est là. Je t’en parlerai après.
Marie Davidson : Intéressant.


LFB : Mais ce qui est intéressant, justement, c’est que la voix je trouve pour moi parce que je me suis beaucoup intéressé au texte à la façon dont les textes ont été créés dans l’album et j’ai l’impression que la voix est aussi influencée par le texte. Parce qu’il y a deux types d’écriture dans l’album. il y a un côté justement très robotique et haché avec des mots qui sont des sentences et qui sont très carrés et à l’opposé quelque chose de plus humain où il y a justement du storytelling et des histoires, un peu de la logorrhée…
Marie Davidson : Proche, c’est pas du spoken word mais c’est pas si loin de cette approche.
LFB : Oui c’est ça. Il y a cette dualité aussi tout au long de l’album, c’est deux clowns qui essayent de prendre le pouvoir.
Marie Davidson : Oui exactement le bon et le mauvais. Il y a le « evil clown » qui est vraiment tous ces trucs de politique, de façade, d’influenceurs, de branding, dont je me moque, mais dont j’ai peur aussi, comme tu parlais d’obsession. Pourquoi est-ce que j’ai commencé à me moquer ? C’est qu’avant d’arriver au stade de la moquerie et du plaisir, il y a eu de l’obsession, de la peur, de la déception, de la colère. Qu’est-ce que je fais dans ce monde-là ? Où est ma place en tant que musicienne, en tant que femme, en tant qu’humaine, en tant que… Et c’est comme ça le clown positif est né pour se moquer du clown négatif, mais il y a ces deux clowns. Et en effet, c’est ça, je prends la voie comme Push Me Fuckhead ou Demolition, je prends vraiment la voix du mauvais clown.
LFB : Oui, c’est ça, oui.
Marie Davidson : C’est voulu, mais évidemment, c’est une mise en scène. Et je sais que les gens comprennent, c’est inclusif.
LFB : Mais c’est hyper intéressant dans l’écriture.
Marie Davidson : Oui, j’ai eu beaucoup de plaisir à faire ça.
LFB : J’ai l’impression qu’il y a de la contrainte aussi.
Marie Davidson : Beaucoup de contradictions, de contraintes.
LFB : De structurer, faire de la poésie avec un seul mot.
Marie Davidson : Pour moi, c’est mon plaisir. J’adore faire ça. Je peux passer un vol entier à juste écrire des choses, puis remonter, redescendre. J’aime beaucoup structurer les mots. C’est comme l’architecture verbale pour moi.
LFB : Ce qu’il y a de beau, c’est que dans le choix des mots et dans la façon dont c’est pensé… le fond du texte ne trahit jamais la musicalité et inversement. Je trouve que chaque mot est aussi pensé par rapport à sa musicalité.
Marie Davidson : Je choisis les mots pour leur rythme et leur intonation que ce soit en français ou en anglais c’est pareil. il y a des choses que j’aurais voulu dire. Certains mots parfois ça n’est pas bien. j’ai trouvé d’autres mots qui voulaient dire la même chose mais qui sonnaient mieux. Il y a des mots, j’ai un peu comme ça, j’ai un peu cette tendance obsessive, comme vous avez remarqué. Et s’il y a un mot qui ne sonne pas bien dans ma bouche, que je n’ai pas de plaisir à dire, je vais faire tout ce que je peux pour trouver un autre mot ou plusieurs autres mots qui vont dire ce mot, qui vont exprimer la même idée ou le même état d’être, mais qui n’est pas le mot que je n’ai pas envie de dire parce que je trouve que ça ne sonne pas bien dans le contexte de telle pièce. J’aime le langage j’aime tous les mots mais des fois c’est dans l’intonation ça marche juste pas sur une musique ou sur un rythme ouais.
LFB : Mais il y a des trucs intéressants parce que par exemple utiliser un terme comme « panpan cucul » sur un titre techno, ça laisse aussi la place à quelque chose que je trouve qui est important sur cet album : comment l’humour s’assume et permet de faire passer des messages.
Marie Davidson : Oui, exact. C’était ça mon but. Plutôt qu’être moralisatrice, ça ne passe plus de nos jours. Les gens sont cyniques. On tombe vite dans le cynisme. J’ai l’impression de réussir. J’avais ce sentiment que le message allait mieux passer à travers l’humour.
LFB :Oui mais je trouve qu’il y a, on parlait, il y a la big tech, mais il y a des choses qui, justement, sont hyper importantes. On parlait, justement, de la parentalité ou du choix de non-parentalité. La sexualité d’un point de vue féminin, aussi, c’est des sujets qui peuvent être très sérieux, mais qui, là, en fait, j’ai l’impression qu’ils sont plus percutants parce qu’ils sont assumés avec du second degré, en fait.
Marie Davidson : Oui, ça, je pense que c’est peut-être rendu où j’en suis dans ma vie. Bon, j’ai 37 ans maintenant, mais quand j’écris la pièce One Time, j’en avais 35. Le temps passait. Mais 35, c’est déjà assez mature pour avoir un petit peu plus de recul pour en rire.
LFB : Oui, et en rire et aussi, comme dans tout l’album, expliquer que les diktats de la société et de ce qui nous entoure n’a pas à influencer la personne.
Marie Davidson : Oui, exact. C’est ce besoin, cette envie incontrôlable de rester un individu dans la masse.
LFB : Et justement, ces idées-là, est-ce que tu as l’impression de plus les assumer aujourd’hui que sur les albums d’avant ?
Marie Davidson : Oui, bien sûr. Absolument. D’où l’humour. C’est parce que je suis un peu plus décomplexée.
LFB : L’humour et la vulnérabilité aussi.
Marie Davidson : Sexy Clown s’est commencée comme une pièce très vulnérable. J’ai commencé à l’entendre dans ma tête. C’était presque comme une balade chantée. Puis au bout de 24 heures… D’ailleurs, c’était dans un vol. Ça sortait, ça sortait. C’était un long vol. J’arrivais d’Asie, mais avec un arrêt en chemin en Irlande pour jouer dans un festival. Mais j’avais commencé à avoir les lignes d’un vol de Bali à Dublin. Bali-Heathrow, Heathrow-Dublin. C’est long. (rires) J’avais eu quelques idées et ça venait plus comme un petit coup de vulnérabilité. C’était plus mélancolique. Et là, sur le vol Dublin-Montréal aussi, la séquence à sortir, ça n’arrêtait plus. Je notais tout dans mon téléphone. Et bizarrement, c’est en atterrissant chez moi à Montréal, je disais, ah, mais non. Mais non, j’ai entendu, j’ai fait, ah, non, non, non, c’est une tune plus Marie Davidson avec un beat. Et c’est venu tout seul. Tout a découlé tout seul. Et après j’ai fait la démo vraiment rapidement. J’avais une pièce de hardware que j’ai jamais gardé d’ailleurs. J’ai fait un truc dessus et c’est la démo Sexy Clown. Puis après je l’ai montrée à Pierre. On l’a retravaillé ensemble puis on l’a envoyé à Dave et Steph et c’était instantané. Ah ouais, ça c’est une bonne pièce. Mais c’est parti d’un truc très très vulnérable qui est rapidement tourné en blague en dérision et en fun, en quelque chose d’impertinent. Mais c’est parti d’un sentiment de vulnérabilité profond.
LFB : C’est intéressant parce que finalement l’album se termine, on en parlait tout à l’heure par de la pure vulnérabilité pour moi parce que Unknowing pour moi c’est un poème qui est caché dans le bruit.
Marie Davidson : Oui, voilà.
LFB : Et justement, est-ce que c’était important de terminer cet album-là où on a une espèce de combat justement entre l’humanité et la robotique un peu par justement une victoire de l’humanité malgré tout ?
Marie Davidson : Oui, mais c’est ça. For you to enjoy the same old stories. C’est chacun son choix. Chacun décide de s’impliquer dans ce qu’il veut et de consommer qu’ils veulent, c’est un choix personnel, mais moi je décide, c’est un peu ça que ça veut dire, c’est bien vu. Je décide de rester proche de mon humanité et de sortir de ça, même si comme tout le monde j’y suis, on y est contraint, on y prend plaisir, donc l’album c’est un peu ça, c’est le voyage dedans, mais à la fin c’est de s’extirper et de se souvenir que le moment présent, ça reste encore, pour l’instant, la vraie vie. Pour l’instant !
LFB : J’ai envie de parler un peu de la musique aussi. On parlait tout à l’heure du côté très froid, de la musique très techno, très percussive, tout ça.
Marie Davidson : Beaucoup de rythmes, saccadés.
LFB : Qui respectent, pour moi, des structures très pop quand même.
Marie Davidson : Oui, surtout, Demolition, Funtimes, Sexy Clowns, c’est des couplets-refrains.
LFB : Est-ce que, justement, musicalement, tu as voulu aller chercher des nouvelles sonorités et quel travail d’équilibriste tu fais entre les influences, la musique que t’as fait auparavant et les structures que tu utilises et cette nouvelle orientation sur cet album ?
Marie Davidson : Le fait d’avoir travaillé avec un band, avec des gens qui ont des compétences d’arrangement que j’ai pas ça m’a un peu aidé dans des structures pop. donc j’avais envie de continuer mais le côté minimal de Marie Davidson solo me manquait aussi. donc j’ai essayé de faire un pont entre les deux. Et le pont, c’était aussi de continuer à travailler avec Pierre, qui est aussi mon partenaire de musique depuis 15 ans. Les premières démos étaient faits seuls. J’avais l’intention de faire l’album seule. Et puis, Fun Time, c’est la première où je lui ai demandé, veux-tu coproduire celle-là avec moi? Parce que je m’ennuyais de ce que l’œil nu apportait. Et puis, ça a tellement bien marché que finalement, on s’est dit, d’un commun accord, c’est mes pièces, c’est moi qui les écris, mais on coproduit tout ensemble. Et les démos qui existaient déjà avant, c’était avec des structures beaucoup plus ouvertes comme Validation Weight, Unknowing et Statistical Modeling, qui est plus électro, celle-là.
Et ensuite, on a décidé de travailler avec Dave et Steph qui ont amené leur touch. Soulwax a eu une profonde influence sur Sexy Clown et Fun Times. Dans les deux, Soulwax a amené l’idée de faire une bassline qui module. Il n’y avait pas le changement harmonique dans nos versions. C’est ça qui est bien de travailler avec d’autres gens c’est qu’ils entendent des trucs dans ta musique. C’est ce qui a amené aussi un format encore plus catchy, plus pop.
LFB : Pour moi l’album se range parfaitement à côté de l’album de Charlotte Adigéry et Bolis Popul, par exemple.
Marie Davidson : J’étais déjà amie avec Dave et Steph, mais à cause de la pandémie, on ne s’était pas parlé depuis presque deux ans. Une fois de temps en temps, un petit message, mais on n’était pas proches. Maintenant, on est proches, mais on n’était pas… Et c’est quand j’ai entendu l’album de Charlotte Adigéry et Bolis Popul, je me suis dit « Ah, ouais ! ». Ça, ça serait un bon album pour… Il n’y avait pas de nom à l’époque, mais mon album, « X, Y, Z ».

LFB : Et justement, le fait de travailler à quatre, qu’est-ce que ça a eu comme influence sur le son de l’album, comment est-ce qu’on travaille à 4 quand vous êtes à Montréal et qu’eux sont en Belgique ?
Marie Davidson : Il n’y a rien qui sort sur Deewee qui n’a pas été mixé dans leur mixing board. Donc ça, c’est la règle. C’était bien. Pour moi, ça a été une bouffée d’air frais. C’était super. On y est allés trois fois. Même des fois, on y retourne. On était là dernièrement pour faire un truc de vidéo autour de City of Clowns. C’est toujours un plaisir d’aller rester au studio de Deewee avec l’équipe de Deewee. Ils ont une belle équipe aussi.
LFB : Oui, ils ont un studio hyper impressionnant. Même en termes de machines.
Marie Davidson : Il y a le studio et puis il y a aussi la salle de pratique qu’on a utilisé pour la première fois il y a deux semaines, en fait, quand on a atterri en Europe. Je n’avais jamais travaillé dans la salle de live room. C’était super aussi.
LFB : On parlait justement de la sonorité on parlait de Funtime mais aussiY.A.A.M ou Contrarian. C’est vrai que ce sont aussi des sonorités très Deewee.
Marie Davidson : Mais les démos ont été faites à Montréal par Pierre et moi. Mais Deewee a vraiment apporté leur touch. Surtout sur Contrarian, je me souviens, Steph a dit, il faut des breakbeats là-dedans. Il n’y en avait pas. Il faut une ligne acide. Ça, m’a fait acheter le 303. Maintenant, j’utilise un 303 live, le fameux. Bon, je n’ai pas un Roland. J’ai la version de Behringer, mais on s’en fout. Ça sonne aussi bien. Je le mets dans le mixer, le V10, avec la compression. Ça sonne super bien live. Mais c’est à cause de l’influence de Deewee que j’ai commencé à utiliser un 303 dans mon live. Donc, c’est plein de petits détails comme ça qui se font progressivement sur plusieurs mois de travail, des échanges.
LFB : Quand ils produisent de la musique, et là c’est le cas aussi, ils s’impliquent vraiment. Ce n’est pas en retrait, genre on met la patte Deewee à la fin.
Marie Davidson : Ah non, vraiment pas. Au contraire, il faut être prêt à rentrer dans l’univers de Deewee, ils ont tellement de demandes. Sinon, ils ne vont littéralement jamais te réécrire. Ils vont juste disparaître, littéralement. Non, mais nous ça marchait, ça marchait dès le début.
LFB : Et comme tout l’album, j’ai l’impression que l’humain est très important dans la création.
Marie Davidson : Oui, ça a donné beaucoup de plaisir à le faire. L’humain, le côté humain, très important dans ma démarche, toujours. Même là, c’est la chose la plus importante.
LFB : J’ai vu que tu as commencé à faire du DJ un peu après. Qu’est-ce que ça a influencé dans l’album et dans la recherche d’efficacité des morceaux ?
Marie Davidson : Oui, justement la structure. Pas tant la sonorité, mais la structure. Un peu les sonorités, mais j’avais déjà un peu des sonorités comme ça avant. C’est une évolution. Mais ça a beaucoup influencé les structures des pièces. Maintenant, je me souviens, comme des fois avec Pierre, on discutait. Pourquoi un long intro avec juste des beats? Non, vous en avez besoin pour le DJ. Avec Dave et Steff, oui avec Demolition, il faut la section rythmique au début ! Pierre c’est le seul qui n’est pas DJ de nous quatre, puis il dit « Ah ouais, vous pensez ? C’est un peu long ! ». Nous trois, non, non, non, non, non, on sait ! Et en effet, c’est les versions qui ont fait l’album. Ça c’est faut être DJ, ou en tout cas moi j’avais besoin d’être DJ pour l’expérimenter, pour le savoir, pour le sentir. Ah, là, ça pourrait être un peu plus long. Là, ça pourrait respirer plus. C’est que ça donne l’espace pour mixer, pour vivre le morceau.
LFB : Oui, d’avoir des morceaux de cinq minutes qui vivent et qui varient.
Marie Davidson : Oui, exact.
LFB :C’est aussi, ce que j’ai beaucoup aimé sur l’album et ce que j’aime généralement chez Soulwax ou chez Charlotte Adigéry, c’est qu’il y a un vrai amour pour la pop…
Marie Davidson : C’est le groove avant tout, pour moi. Deewee, c’est très groovy. Il y a le genre de type de groove de Deewee.
LFB : On en a déjà parlé tout à l’heure. Mais Y.A.A.M, moi, c’est terminé par une phrase que j’adore.
Marie Davidson : Oui, quand même, moi aussi.
LFB : Est-ce que tu as encore l’impression, aujourd’hui, après 15 ans, 20 ans dans l’industrie de faire de la musique pour les freaks ?
Marie Davidson : Oui, plus que jamais. C’était la seule façon pour moi de continuer. J’écris pour moi cette chanson-là à la base, et pour les autres, mais c’était parce que je vivais un moment de doute. Je vais vous dire ce qui a amené à faire une phrase comme ça, cette fin, « I stick with the weirdos », c’est que j’ai eu le temps avec toute l’évolution des dernières années, puis les hauts et les bas de ma carrière et le temps que j’ai pris pour moi-même. J’ai eu le temps en 2023 de me rendre un peu parce que je me suis demandé, mais attends, est-ce que je suis une has-been? Est-ce que c’est fini pour moi ? Est-ce que j’ai déjà passé mon pic ? Et c’est normal, c’est bien, il faut se les poser ces questions. Je pense que tous les artistes, même les plus grands artistes, passent par des phases de doute. Et la réponse, c’était non, non, vraiment. J’ai encore des choses à dire. Je ne suis pas une has-been, mais je ne suis pas une fille commerciale. Je ne peux pas être une pop star, je ne veux pas être une rock star, je ne veux pas être une DJ, influenceur, business techno, toutes ces caractéristiques. Ça fait partie de mon milieu, de mon travail. Je rencontre ces gens-là, je les reconnais, j’y participe, mais ce n’est pas mon travail, ce n’est pas ma position dans cet univers. Et Y.A.A.M, c’était ma réponse à ça. Non, moi, je fais partie des freaks et je vais toujours l’être.
LFB : Au-delà de toucher le succès mainstream, les projets auxquels tu as participé ont une aura un peu culte qui, eux, ont influencé des gens.
Marie Davidson : Oui, c’est vrai, tant mieux. Ça, c’est ce que je dis toujours, c’est à partir du moment où on partage une musique dans le monde, elle ne nous appartient plus. Sa vie continue à travers des gens et des écoutes et ça nous appartient plus. La moitié de City of Clowns est déjà sortie et ne m’appartient plus. Le 28 février l’album au complet ne m’appartiendra plus.
LFB : Et justement puisque tu vas faire des dates pour défendre cet album là comment tu envisages la performance autour de cet album? là est-ce que ça sera justement plus un DJ set ?
Marie Davidson : Non, c’est très live. Non, non, toute seule. Je disais à un autre journaliste avant, c’est vrai, c’est très direct. C’est un show qui est très in your face. C’est plus punk rock qu’avant. Pas dans la musique, mais dans l’interprétation. Oui, ça a une énergie un peu punk. Il y a un peu de confrontation, mais une confrontation qui est très inclusive. En général, les gens ont une vraiment bonne expérience.
J’ai des très bons retours, en général. C’est toujours un build-up, ça commence. Je réchauffe la salle et j’essaie de faire comprendre aux gens qu’on est ensemble. Et j’essaie vraiment d’inclure tout le monde et d’aller chercher les gens qui sont plus loin. Et ça, c’est mon plaisir personnel. C’est mon truc. C’est ma force, c’est jouer live.
LFB : Il y a beaucoup de gens qui te connaissent presque uniquement qu’à travers le remix de Work-it. Est-ce que cet album-là, c’est aussi, on ne peut pas dire une revanche, mais un moyen justement de montrer aux gens que Marie Davidson, ce n’est pas qu’un remix de Soulwax ?
Marie Davidson : Oui, bien sûr. 100%. Et à un certain point, il y a quelques années, j’étais même un peu écœurée de Work It. Mais j’ai passé, j’ai fait le tour. Je la rejoue beaucoup maintenant. Je l’ai rejouée avec un plaisir incroyable. Parce que j’ai eu le temps de m’en détacher pour revenir, de l’apprécier pour ce qu’elle est dans son message. Cette pièce a un message.
LFB : Oui, c’est ça. Je l’aime beaucoup, que ce soit le remix ou la version d’origine.
Marie Davidson : J’aime les deux, moi.
LFB : Ça doit être surprenant. On parlait justement des morceaux qui ne nous appartiennent plus.
Marie Davidson : Ça, ça, c’était la meilleure raison. Ça ne m’appartient absolument plus… Ça a été tellement repris dans tellement de vidéos. Il y a même quelqu’un qui a fait un clip sur YouTube qui est nul à chier. Je déteste le clip. Ce n’est pas mon clip. Mais ils l’ont appelé Marie Davidson – Work it. Et je pense que les gens pensent que c’est mon clip. Ce n’est pas écrit officiel, mais il y a quand même beaucoup, beaucoup de views. C’est un truc vraiment genre fashion, avec une fille blonde qui marche et qui dit mes paroles.
LFB : Qui est un peu l’opposé de…
Marie Davidson : Oui, qui est complètement l’opposé. Mais… Alors, tout à fait, on me disait, mais si tu veux, on peut écrire à YouTube pour take it down. Non, non, non, c’est là, ça existe, c’est un Work It, c’est un meme, les gens savent en général qui est Marie Davidson, puis ceux qui ne savent pas, tant pis, ce n’est pas grave.
LFB : Ils sont surpris quand ils te voient.
Marie Davidson : C’est ça, ils sont surpris ou ils entendent la pièce puis ça leur parle d’une manière différente. Avec Work It, j’ai vraiment passé le cap, je suis en paix totale, en fait, je trouve ça, j’apprécie ce que c’est devenu, mais il y a eu un moment où c’était un peu bizarre pour moi.
LFB : Mais ça ne l’est plus.
Marie Davidson : Non, non. Sûrement de faire City of Clowns aussi, ça me permet justement de me réaffirmer, de prouver que… Oui. Puisque ça, donc, ça amène une conclusion. Je suis ailleurs.
LFB : Là, tu sors un album chez Deewee. Tu as sorti des choses chez Ninja Tune, chez Bonsound, chez DFA … est-ce que t’as l’impression de faire un bingo des labels hyper cools chez qui les gens voudraient sortir de la musique ?
Marie Davidson : Je suis assez fière de mon catalogue et des labels sur lesquels j’ai participé et travaillé. Je trouve que pour l’instant c’est une bonne carrière. Il y a eu City Tracks aussi le sous-label de Minimal Wave. J’aime beaucoup Véronica. Je suis contente, je suis heureuse et je pense continuer à explorer. Peut-être retravailler avec Deewee, peut-être travailler avec d’autres gens, des nouvelles entités.
Je pense que je vais toute ma vie être quelqu’un qui gravite autour de toutes sortes de milieux sans être fixée nulle part. Mais je retravaillerai avec Dewee. J’aime beaucoup Dave et Steph et j’apprécie beaucoup ce qu’on a fait ensemble. Parce que c’est pas juste label, justement, c’est aussi musical.

LFB : J’ai une question que je pose souvent aux Québécois. Est-ce que tu penses déjà à la suite ? Parce que la plupart du temps j’ai l’impression que quand on vous interviewe sur un projet, vous êtes déjà prêts à sortir..
Marie Davidson : C’est vrai. C’est vrai qu’on est… Peut-être, je ne sais pas si c’est tous les Québécois, mais les Montréalais sont très comme ça. Tous mes ami.e.s. Moi, j’ai fait un million de projets. C’est vrai qu’on vient d’une scène qui collabore beaucoup, des changements de projet, d’orientation, d’orchestration. C’est vrai. Oui, moi, je pense toujours à la suite.
LFB : Et puis, vous avez un bilan carbone affreux aussi. Oui. Parce que vous tournez énormément. (rires)
Marie Davidson : C’est horrible. Ça, je me pose des questions pour le futur. Le futur de ça, de ma carrière. Un jour, j’espère trouver une façon de tourner moins, en restant en contact avec les gens quand même. Je ne sais pas si ça passera par le côté plus humain, social, thérapeutique ou la performance de musique en ligne, je ne sais pas. Mais j’ai l’impression que d’ici quelques années, tourner, tout ça,progressivement, ça va devenir de plus en plus difficile, je pense. Et c’est normal, je veux dire, on a un méga problème. Il va falloir que tout le monde fasse des changements de vie.
LFB : Oui, c’est ça, il y a des choix à faire.
Marie Davidson : On n’aura pas le choix. Je ne pense pas qu’on va avoir le choix.
LFB : Mais après, d’un autre côté utiliser internet ou les réseaux sociaux c’est aussi polluant et dégueulasse que de prendre l’avion.
Marie Davidson : Je crois qu’il va falloir recommencer à s’impliquer localement dans nos communautés. localement on n’aura pas le choix. Moi je suis prête, je le ferai.
LFB : Mais c’est intéressant parce que pour justement les groupes de Montréal il y a la nécessité de venir en Europe. Parce qu’en fait, le Québec, c’est un énorme territoire, mais…
Marie Davidson : Une micro-scène. Il n’y a pas beaucoup de choses pour nous. On peut jouer plusieurs fois à Montréal, mais ça, c’est limite. Après, au Québec, il y a des festivals comme le FME qui sont cool, mais ce n’est pas toute l’année.
LFB : Oui, puis c’est des trajets tout aussi longs.
Marie Davidson : Oui, on y a été cette année, c’est 6 heures de route.
LFB : C’est ça, j’en parlais une fois avec P’tit Belliveau, justement, qui me disait, moi, quand je vais en France faire 3 heures de train pour aller à Marseille depuis Paris, c’est rien du tout.
Marie Davidson : Exact. Oui, oui, en Québec… Puis après, le Canada, c’est encore plus grand.
LFB : Si tu devais mettre City of Clowns à côté d’un album, d’un livre ou dans le film, qu’est-ce que tu choisirais ?
Marie Davidson : Le livre, ça serait The Age of Surveillance Capitalismde Shoshana Zuboff. Ça serait dur de dire autre chose parce que c’était vraiment une des inspirations majeures pour l’album. Les deux autres, c’est plus facile, mais c’est un peu plus évident. L’album, ça va peut-être t’étonner, peut-être pas, je suis curieuse. Mais ce n’est pas que je le compare. Pour moi ce n’est pas un équivalent mais c’est quelque chose pour moi, qui m’a toujours inspiré. C’est un album qui m’a toujours inspiré. Et comment dire en anglais I look up to ? Que je regarde avec beaucoup de respect et d’admiration. C’est The Idiot d’Iggy Pop produit par Bowie. Encore une fois il y a comme un mix entre des entités artistiques qui sont dans un même trip. Je suis une grande, grande, grande fan d’Iggy Pop. De Bowie aussi, les deux, mais je me sens plus proche d’Iggy. Et d’un film, c’est vraiment évident, mais comme je te disais, je ne l’ai pas vu avant de finir l’album, mais Joker.
LFB : Tu as vu le second ?
Marie Davidson : Oui ! Oh my God !
LFB : Moi, j’ai adoré le second.
Marie Davidson : Ah ouais? Moi, j’étais déçue, mais j’ai trouvé que Joaquin Phoenix est aussi bon. J’étais comme excitée par le fait que Lady Gaga soit dedans, mais j’ai pas super aimé le côté musical.
LFB : Je pense que c’est un doigt d’honneur… c’est que le film a eu un impact et est devenu quelque chose qui m’a plu et puis même au niveau des masculinistes ou des gens ah oui les incels le phénomène des incels, pour moi le film c’est un suicide. Et puis même au-delà de ça le propos de dire en fait le Joker, c’est un héros, c’est un pauvre type. Moi, j’ai trouvé ça hyper intéressant.
Marie Davidson : C’est vrai que c’est intéressant, mais je n’ai pas détesté le film. J’ai trouvé que Joaquin Phoenix, était à son summum, il est aussi bon, sinon meilleur même, que dans le premier. C’est plus la manière que ça a été monté, c’est la réalisation. Même, j’ai trouvé Lady Gaga bonne dans son interprétation. C’est juste les parties où ils chantent. Pour moi, c’était trop. Ça me sortait mais je comprends.
LFB : C’est un procédé stylistique.
Marie Davidson : Oui c’est un choix artistique mais je n’étais pas sûre de ce choix personnellement. Mais le truc subversif que tu proposes est très intéressant. C’est vrai que c’est peut-être un doigt d’honneur.
LFB : Je suis sorti du film et je me suis dit ça c’est limite un auto-sabotage, c’est l’ultime coup du Joker.
Marie Davidson : Il faudrait demander au réalisateur. C’est très possible.
Crédit Photos : Nadine Fraczkowski