Marie Davidson a longtemps écumé les dancefloors avant de créer Marie Davidson & L’œil Nu avec Pierre Guerineau, son mari et la moitié d’Essaie Pas, Asaël Robitaille et depuis peu Jesse Osborne-Lanthier un collaborateur de longue date. Après un premier opus très remarqué, Renegade Breakdown (2020), les musiciens canadiens ont dévoilé il y a peu Persona, un single sorti en trois versions : « Une version électronique, une autre entièrement orientée vers la guitare, et une autre qui peut être jouée en boucle pour s’évader »... Nous avons pu poser quelques questions à Marie Davidson. On a parlé entre autres de poésie, de psychanalyse et de vie recluse…
English version below
La Face B : La première question que nous posons toujours est : Comment ça va ?
Marie Davidson : Je vais bien. Nous venons de rentrer d’un week-end où nous donnions un concert, loin au Québec, ou une province du Canada plutôt, à un festival en Abitsibi-Témiscamingue. Vous savez comment c’est quand on rentre de voyage, il faut un moment pour retrouver sa routine, mais je vais bien, je suis bien, je travaille à une tâche artistique en ce moment, c’est sympa.
LFB : Pas sur de la musique ?
Marie Davidson : Sur de la musique et de la poésie en fait. Pendant mon temps libre, en dehors du groupe, je travaille sur un recueil de poèmes. Je suis en train de rassembler tout mon travail et tous mes mots.
LFB : Excellent ! J’ai hâte de le lire !
Votre premier album Renegade Breakdown est sorti il y a presque un an. Qu’est-ce que cela fait de créer un groupe et de sortir de la musique au moment d’une pandémie ?
Marie Davidson : C’était étrange, c’est sûr. Mais il a été créé deux ans avant la pandémie. Donc ce n’est pas un groupe qui a été créé pendant la pandémie, bien que nous ayons terminé l’enregistrement pendant la première vague de la pandémie. Mais nous en étions aux dernières étapes de la production, donc c’était surtout après les touches d’overdubs en termes de composition de la musique, et surtout de mixage du disque, ce qui prend un certain temps.
C’est donc très étrange de sortir la musique pendant une pandémie et de ne pas pouvoir faire de concerts devant un public. C’était vraiment une déception. Mais à la place, on a pu faire d’autres choses comme des captations orientées cinéma et des clips vidéo et on a eu la chance de beaucoup expérimenter avec le format vidéo, ce que je n’avais pas beaucoup fait, grâce à la pandémie,.
Auparavant, mon dernier disque solo, Working Class Woman, n’avait pas de vidéos. C’est donc ce qui nous a permis de tenir le coup : on a fait deux concerts devant des caméras et des captations en direct et nous avons réalisé quelques clips vidéo. Mais c’était très frustrant de ne pas pouvoir faire de concerts, car c’est une partie très importante de mon travail et du travail de chacun des membres du groupe. Tout le monde dans le groupe, chaque membre est habitué à faire des concerts et à partir en tournée. Donc, cela a été étrange.
Mais dernièrement, cet été, on a fait pas mal de concerts au Canada, principalement au Québec et quelques concerts en Ontario et au Canada. Et avec un peu de chance, cet automne, nous serons en Europe.
LFB : Et vous venez de sortir un nouveau single intitulé Persona avec trois versions différentes. Vous montrez différentes images de vous-mêmes musicalement, de multiples facettes de vous et du single. Est-ce que vous montrez les différentes facettes du projet ?
Marie Davidson : Je pense que tout être humain a de multiples facettes. Je pense qu’il est impossible de n’avoir qu’un seul visage, à moins que vous ne viviez dans une grotte, vous savez, ou que vous viviez en reclus, à la campagne, sans personne d’autre.
C’est drôle, je dis ça et mon père est un peu un reclus. Pas complètement ! C’est un type très gentil et il a des amis, mais il se trouve qu’il vit seul à la campagne depuis de nombreuses années maintenant. Parfois il leur rend visite et parfois il a des amis qui lui rendent visite, mais il sait ce que c’est que d’être reclus. Et je suppose que quelqu’un comme lui pourrait être plus constant, et même ça je ne suis pas sûr. On doit lui demander de faire cette interview! Il a internet mais parfois il n’y a pas de connexion internet pendant des jours. Mais bon…
Je pense que tout être humain a de multiples facettes. Personnellement, j’ai toujours été très existentielle dans mon travail, dans mes textes et dans mes recherches en tant qu’artiste. Mais je trouve que dernièrement, surtout avec la montée des réseaux sociaux, je me demande parfois : « Qui suis-je vraiment ? Suis-je la persona ? ».
Pendant longtemps, j’ai été très désorientée par ma propre persona. Ma persona en tant qu’artiste, ma persona en tant que fille, ma persona en tant que citoyenne canadienne, toute ma persona en tant que musicienne, ma persona en tant que femme, ma persona en tant que poète, ma persona en tant que quelqu’un qui essaie simplement de vivre sa vie, ma persona en tant qu’épouse, je suis aussi mariée donc c’est quelque chose. C’est un grand archétype d’être une épouse. C’est un grand archétype d’être une femme à la tête d’un groupe. Mais c’est un grand archétype d’être PDG, ou c’est aussi un très grand archétype d’être concierge.
Dans la société, il y a tellement d’archétypes et je trouve que, du moins pour moi parfois, je m’attache à tous ces archétypes et à toutes ces rangs. Et puis vient la persona, ce qui est normal. Nous avons tous une personnalité, nous avons tous besoin d’avoir cette façade si nous voulons naviguer dans la société. Mais dernièrement, au cours de l’année dernière, au cours des deux ou trois dernières années, je me suis posée beaucoup de questions sur ce sujet, en raison de l’essor des réseaux sociaux et de l’utilisation croissante que j’en fais, dans le cadre de mon travail.
LFB : Nous avons lu que la persona est inspirée par Carl Jung, le masque et l’ego…
Marie Davidson : Ce n’est pas le cas. Donc oui, non, mais tu as raison, absolument. Mais, tu sais comment ça se passe, c’est une feuille de RP, ce qui n’est pas mal en fait. Je suis heureuse de voir qu’ils ont écrit ça ! Mais ce n’est pas inspiré par Carl Jung.
J’ai lu quelques-uns des livres de Carl Jung, et je devrais dire que c’est inspiré par Carl Jung, mais c’est encore plus inspiré par ma propre psychanalyse. Parce que je suis en analyse depuis trois ans et demi maintenant et mon psychanalyste est aussi un artiste, ou était un artiste. Donc on parle beaucoup de ça et il m’a beaucoup aidé à décortiquer ce qui est quoi.
Parce que c’est très pratique et utile d’avoir une persona, surtout si tu es artiste, tu es en quelque sorte obligé. C’est presque impossible de ne pas en avoir une. Et ça aide. Ça m’a aidé à naviguer dans la vie, dans la société et dans mon domaine professionnel… Mais le problème est que je m’identifiais trop à ma persona, et je me suis embrouillée en cours de route, et je me suis en quelque sorte perdue. Et dans cette chanson, les paroles sont très ludiques à ce sujet. C’est juste une façon d’y réfléchir tout en en riant.
LFB : Et donc vous avez fait les trois versions du morceau pour refléter trois parties différentes de toi ou du groupe ?
Marie Davidson : C’est une question intéressante. Les deux versions principales, la version électronique breakbeat et la version orientée guitare, étaient en fait l’idée de Pierre (Guerineau) et Asaël (Robitaille) de faire deux versions différentes d’un même morceau avec deux types d’instrumentation différents. Et oui, c’était pour jouer sur moi-même ou nous-mêmes et nos personas. C’était un peu comme cette idée de se dédoubler, quand il y a comme deux personnes dans le même cerveau.
Mais ce qui s’est passé, c’est que vers la fin du processus d’enregistrement et de mixage des deux chansons, Jesse (Osborne-Lanthier) est arrivé dans le groupe, et il a commencé à jouer avec cette petite boucle qu’ils aimaient vraiment dans le morceau – je crois que c’était celle de la guitare – et il a décidé de prolonger cette boucle et de faire une sorte d’interlude ou d’outro, pour le concept du single.
LFB : Il y a une vraie théâtralité et un travail de mise en scène dans vos chansons. Elles sont toutes à la fois très brutes et assez introspectives, bien qu’elles le mettent en avant. Et Renegade Breakdown change d’humeur, de style et de rythme, parfois au milieu d’une chanson, mais c’est toujours l’idée d’être vrai. Je me demandais comment fonctionne l’écriture d’un album ? Comment construisez-vous un album ?
Marie Davidson : Construire un album prend du temps en comparaison à la production d’un single. Construire un album, c’est comme partir à une chasse au trésor. Tu ne sais pas vraiment ce que tu vas trouver, mais tu sais que tu cherches quelque chose de significatif et de précieux qui sont tes chansons. C’est comme ça que je vois les choses. C’est comme ça que je construis un album.
Je fais beaucoup d’introspection. Et j’ai essayé de… Je suis comme à la poursuite de quelque chose, je chasse quelque chose.
Personnellement, je cherchais des chansons. Je voulais faire quelque chose avec des structures de chansons. Est-ce que je vais faire ça pour toujours ? Probablement pas. Mais pour ce disque et pour ce projet avec le groupe, bien qu’on ait écouté beaucoup de musiques différentes, on voulait faire quelque chose d’orienté vers les paroles et les chansons. On voulait vraiment travailler ensemble sur l’écriture de nos morceaux.
C’est pourquoi Pierre et moi avons demandé à Asaël de rejoindre le groupe et de nous aider à écrire des morceaux. Il est très doué pour ça et pour les arrangements. Et puis Jesse a rejoint le groupe. Ses points forts sont vraiment la production, l’électronique et le polissage des sons. Pour Renegade Breakdown on voulait vraiment nous concentrer sur l’écriture des morceaux.
Persona, le nouveau single, est déjà différent. C’est aussi une chanson, c’est pop. Mais la version courte, l’interlude, n’est pas une chanson. C’est une boucle, il y a littéralement juste une syllabe de ma voix qui chante la moitié d’un mot. En fait, un mot entier, qui est « rien ». A la fin de la chanson, je dis « Que son fantôme ne me dise rien », et c’est le dernier « rien » qui est mis en boucle.
LFB : Intéressant !
Je me demandais où et comment vous avez composé et enregistré ce titre ?
Marie Davidson : Nous l’avons fait à Montréal au studio de Pierre, Jesse et Asaël. Nous avons fait Persona nous-mêmes, de façon un peu DIY.
On a enregistré puis produit Renegade Breakdown nous-mêmes en grande partie. Puis on a eu une session en studio avec des collaborateurs à Montréal. Mais la plupart de notre musique est créé dans nos propres studios. Oui, j’ai dit studios avec un « s », ce qui est vrai car j’ai travaillé seule dans mon studio aussi.
LFB : Vous avez également sorti une vidéo. Vous l’avez réalisée vous-même sans aucun filtre et en montrant votre vie quotidienne, telle que vous êtes…
Marie Davidson : Oui, c’était un jeu sur le truc de la persona, exactement. La chanson parle de la personnalité et du masque que nous portons dans la société, et elle parle aussi de mon ancienne confusion avec moi-même et ma personnalité, et de la façon dont elle m’a torturée dans le passé.
Puisque nous progressons et que j’ai tourné la page, je pensais qu’il serait intéressant de faire une vidéo qui soit à l’opposé, qui nous montre vraiment tels qu’on est dans notre vie quotidienne. Et je suis très heureuse que ça ait fonctionné. On l’a tourné nous-mêmes avec nos téléphones. Il n’y presque pas eu de budget ! Nous avons seulement payé le gars qui a fait le montage, mais toutes les séquences ont été filmées avec nos propres téléphones.
Sur la plupart des plans de cette vidéo, je ne porte même pas de maquillage, ce qui est nouveau pour moi, et c’est un défi. Je me sens vraiment bien d’être capable de montrer mon vrai moi à n’importe qui maintenant. C’est un soulagement, mais c’était un long cheminement. Et c’est mon cheminement et il m’appartient. Et je pense que c’est le cheminement de toute femme ou toute personne qui veut être elle-même. C’est une recherche constante.
LFB : On sent beaucoup d’influences dans votre musique, des sons des années 80, du jazz et même de la musique française…
Marie Davidson : Absolument. Tu sais, mon mari est français. Il vient de Bretagne et je suis canadienne française, donc culturellement, je n’ai pas le même bagage que les Français, mais j’ai grandi en étant exposée à beaucoup de musique française de France, ainsi qu’à de la musique française du Canada, mais peut-être encore plus à de la musique française de France. Tous les membres du groupe sont de langue maternelle française, sauf Jesse qui est complètement bilingue. Mais oui, c’est sûr que la musique française est arrivée à un moment donné.
J’ai aussi été très influencée par la musique américaine ou la musique européenne en général, tout comme Asaël, Pierre et Jesse. J’aime aussi beaucoup la musique traditionnelle japonaise et chinoise… Nous sommes tous très mélomanes. Tu sais, depuis qu’on se connaît, depuis 15 ans, on écoute des trucs différents, on écoute du rap, on écoute de la musique électronique dure, de la techno… J’ai eu une grande phase techno bien sûr, comme tu le sais probablement, j’aime vraiment la musique trance, et les BPM rapides. Les garçons ont chacun leurs propres trucs. Asaël est un fan de rock progressif. Jesse vient d’un milieu électro acoustique électronique dur, je crois. Pierre aime beaucoup la musique brésilienne, par exemple, mais il aime aussi la musique celtique et le grime. Donc oui, il y a de tout.
LFB : Après avoir passé la majeure partie de votre temps et de votre vie sur la route et en tournée, comment vous avez vécu les confinements répétitifs ?
Marie Davidson : C’était affreux au début. Très, très frustrant. Comme pour tout le monde je suppose, c’était très frustrant. Puis finalement après environ six mois, j’ai commencé à trouver que ça me faisait du bien. Et ça m’a donné la chance de travailler sur moi-même et de changer de paradigme dans ma vie.
Et comme, tu le sais peut-être, je suis un bourreau de travail (workaholic). Ce n’est pas juste un truc que je dis, c’est un vrai problème. J’ai fait un album entier sur ce sujet (Working Class Woman, 2018). J’ai vraiment un problème avec le fait de trop travailler et de rater la vie, tu sais, la vraie vie, le moment présent. Je suis toujours dans le futur en quelque sorte, ce n’est pas bien. Ça peut rendre très étroit d’esprit. Donc être obligée de rester à la maison ou dans ma propre ville, ça m’a fait commencer à cultiver des aspects de ma vie que j’avais totalement abandonnés. Et maintenant, j’ai une vie beaucoup plus riche, et je suis plus équilibrée, ce qui est génial ! Pour être honnête, je ne reviendrais pas à la façon dont je vivais avant la pandémie.
LFB : Vous êtes sur le point de partir en tournée en Europe en octobre. Vous serez à Paris le 27 octobre et à Londres le 3 novembre. Comment vous sentez-vous à l’idée de présenter Renegade Breakdown pour la première fois en live ?
Marie Davidson : Ce ne sera pas du tout la première fois ! Nous avons fait beaucoup de concerts au Canada !
LFB : Ok… En Europe disons…
Marie Davidson : Eh bien, c’est juste une continuation. J’ai juste hâte d’être en Europe et d’expérimenter la culture européenne à nouveau, de voir mes amis et de jouer pour un public différent, mais ce n’est plus nouveau pour nous. Et c’est parfait parce que les concerts sont encore meilleurs. Plus tu joues, meilleur t’es, donc d’une certaine manière c’est génial d’aller en Europe maintenant et pas l’année dernière.
LFB : Y a-t-il des choses que vous avez découvertes récemment et que vous aimeriez partager avec nous ?
Marie Davidson : Je suis en train de lire un livre étonnant d’une auteure canado-américaine qui vit à Paris; je crois qu’elle est française en fait, elle a été naturalisée française. C’est un très très bon livre et il correspond un peu à ce dont nous avons parlé. C’est un livre de Nancy Huston, tu la connais ?
LFB : Oui, je l’adore !
Marie Davidson : J’adore Nancy Huston ! Je suis une grande fan, je suis en train de lire le Journal de la Création. Je viens de commencer et je suis absolument captivée. J’aime tout ce que j’ai lu de Nancy Huston et celui-ci est vraiment bon.
LFB : Super, merci !
English version
Marie Davidson was a dancefloor performer before creating Marie Davidson & L’œil Nu with Pierre Guerineau, her husband and half of Essaie Pas, Asaël Robitaille and recently Jesse Osborne-Lanthier, a long-time collaborator. After their highly acclaimed debut album, Renegade Breakdown (2020), the Canadian musicians recently unveiled Persona, a single released in three versions: « one electronic, one fully guitar oriented and one that can be played in loop, for drifting away »… We asked Marie Davidson a few questions. We talked about poetry, psychoanalysis and reclusive life…
La Face B: The first question we always ask is, how are you? How are you doing at the moment?
Marie Davidson: I’m okay. We just came back from a weekend playing a gig at a festival very far in Quebec, or a province within Canada, in Abitsibi-Témiscamingue. So you know how it goes when you come back from travelling, it just takes a moment for you to get back into your own routine, but I’m okay, I’m good, I’m working on some artistic task at the moment, it’s nice.
LFB: Not music?
Marie Davidson: Music and poetry actually. On my own time, outside of the band, I’ve been working on a collection of poems. I’m just in the process of gathering all my work and all my words together.
LFB: Excellent! I’m looking forward to read it!
Your first album Renegade Breakdown was released almost a year ago. How does it feel to create a band and release music in time of a pandemic?
Marie Davidson: It was strange for sure. But the band was created two years before the pandemic, so it’s not a band that was created during the pandemic, although we finished the record during the first wave of the pandemic. But we were at the last stages of the production so it was mostly after touches overdubs in terms of composing music, and mostly mixing the record which takes quite a while.
So, it’s very strange to release the music during a pandemic and not being able to play shows in front of an audience. It was for sure a bummer. But we got to do other things, like movie oriented captations and video clips and, through the pandemic, we had the chance to experiment a lot with the video format, which I had not done a lot.
Previously my last solo record Working Class Woman did not have any music videos. So that was the thing that kind of kept us going. We did two live performances in front of cameras with live captations and we did a few videos, but it was very frustrating not to be able to play shows because this is a very important part of my work and everyone’s work in the band. Everyone in the band is used to playing shows and touring. So, that has been strange.
But lately, this summer we played quite a lot of shows in Canada, mostly Quebec and one show in Ontario in Canada. And hopefully this fall we’ll be in Europe.
LFB: And you’ve just released a new single called Persona in three different version “One electronic one fully guitar oriented, and one that can be played in loop for drifting away” You show different images of yourselves musically, multiple facets of you, are you showing different sides of the project?
MD: I think any human being is multifaceted. I think it’s impossible to be just one faced, unless you live in a cave or you live as a recluse in the countryside without anybody else.
Funnily enough, I’m saying this and my dad is a little bit of a recluse. Not completely, he is a very nice guy and he has friends, but he happens to be living far away in the country alone for many years now. Sometimes he visits them and sometimes he has friends visiting him, but he knows what it is to be recluse. And I guess someone like this could be more constant, and even then I’m not sure. We need to ask him, get him over this interview! He has internet but sometimes there is no internet connexion for days. But anyway…
I think any human being is multifaceted. It’s just that I’ve personally always been very existential and in my work and my lyrics and in my research as an artist. But I find that lately, especially with the rise of social media, I find myself sometimes asking myself, “Who am I really? Am I the persona?”.
For a long time I was very confused with my own Persona. My Persona as an artist, my persona as a daughter, my persona as a Canadian citizen, my persona as a musician, my persona as a woman, my persona as a poet, my persona as just someone trying to live my life, my persona as a wife… I’m also married so that’s something. That’s a big archetype being a wife. That’s a big archetype being a front woman in a band. But it’s a big archetype to be a CEO, or it’s also a very big archetype to be a janitor you know.
In society there’s so many archetypes and I find that, at least for myself sometimes, I get attached to all these archetypes and all of these rows. And then comes the persona which is normal. We all have a persona, we all need to have this facade if we want to navigate into society. But lately, in the last two, three years I’ve been asking myself a lot of questions around this subject because of the rise of social media and because of my increase in using social media through my work.
LFB: We’ve read the persona is inspired by Carl Jung, and the mask and the ego…
MD: It’s not. So yes, no, but you’re right, absolutely. But you know how it goes, this is a very PR thing on the sheet, which is not bad actually. I’m happy to see they wrote that! But it’s not inspired by Carl Jung.
I’ve read a few of Carl Jung’s books. I should say that it’s inspired by Carl Jung, but it’s even more inspired by my own psychoanalysis. Because I’ve been in analysis for three years and a half now and my analysis is also an artist, or used to be. So we talk a lot about that and he helped me a lot to dismantle what is what.
Because it’s very convenient and useful to have a persona, especially if you’re an artist, you kind of have to. It’s almost impossible not to have one. And it helps. It helped me navigate through life and society and in my work field… But the problem is that I identified myself too much to my persona, and I got confused along the way, and I kind of lost myself. And doing this song, the lyrics are being very playful about it. It’s just a way to kind of reflect on it while kind of laughing about it.
LFB: And so did you do the three version of the track to reflect three different parts of you or the band?
LFB: Well, that’s an interesting question. The two main versions, the electronic breakbeat one and the guitar oriented one… It was actually Pierre and Asaël’s idea to make two different versions of a same song with two different kinds of instrumentation. And yes, it was to play on myself or ourselves and our persona. So it was kind of like this idea when you split yourself in two – when there’s like two people within the same brain.
But what happened is that towards the end of the recording and the mixing process of the two songs, Jesse came in the band, and he started messing around with this little tiny loop that they really loved in the track – I think it was from the guitar one – and decided to extend that loop and do some sort of like interlude or outro to the concept of the single.
LFB: There is a real theatricality and there’s a staging work in the songs. They are all at the same time very raw and quite introspective, although quite openly so. And Renegade Breakdown changes mood and style and pace, sometimes in the middle of a song, but it’s always the idea to be real at the core. How does the writing of an album work? How do you build an album?
MD: Building an album takes time versus producing a single. Building an album is like going on a treasure hunt. You don’t really know what you’re gonna get, but you know you’re looking out for something meaningful and treasurable which are your songs. That’s how I see it. That’s how I build an album.
I do a lot of introspection. And I tried to… I’m like on a chase you know, I’m hunting for something.
Personally, I was looking out for songs. I wanted to do something with song structures. Am I going to do that forever? Probably not. But for this record and for this project with the band, although we listened to a lot of different kinds of music, we wanted to do something lyrics oriented and song oriented. We really wanted to work on our songwriting together.
That’s why Pierre and I asked Asaël to come in into the band and to help us with our songwriting because he’s really gifted at that and arrangements. And then Jesse joined the band for other reasons. His strengths are really into production and electronics and polishing sounds. For the purpose of that record, we were really… for Renegade Breakdown we really wanted to focus on songwriting.
Persona, the new single is already different. It’s a song also, it’s pop. But the shorter version, the interlude, is not a song. It’s a loop so there’s literally just a syllable of my voice singing half of a word. Actually, a full word, which is “rien”, “nothing”. At the end of the song in French I say “Que son fantôme ne me dit rien”, and it’s the last “rien” that’s looped.
LFB: Right! Interesting.
Where and where did you compose and record the track?
MD: We did that in Montreal at Pierre, Jesse and Asaël’s studio. We did Persona ourselves kind of like in a DIY way.
We recorded and then produced most of Renegade Breakdown ourselves. Then we had one studio session with collaborators in Montreal. But most of our music is pretty much done in our own studios. I said studios with an “s” which is true because I did some work on my own also at my studio.
LFB: You’ve also release a video. You did it yourself without any filter and showing your everyday life, as you are…
MD: Yes, that was the play on the persona thing, exactly. So the song talks about the persona and the mask we wear in society, and it also talks about my old confusion with myself and my persona and how it tortured me in the past.
So because we’re moving on, and I’ve moved on from that point, I thought it would be interesting to make a video that’s the opposite, that really shows us as who we are in our everyday lives. And I’m very happy that it worked out and we shot it ourselves on our phones. There’s no budget! It costs almost $0. We only paid the guy who did the video editing, but all the footage was filmed on our own phones.
On most of the shots of that video I’m not even wearing makeup, which for me is kind of a new thing, and it’s a challenge. I actually feel amazing to be able to show my real self to anybody now. It’s a relief, but it was a long journey. And it’s my journey and it belongs to me. I think any woman or anybody actually who wants to be themselves, it’s their own journey. It’s a constant research.
LFB: We can feel loads of influences in you music, sounds from the 80s, jazz and even French music…
MD: Absolutely. Well you know my husband is French. He’s from Brittany and I’m French Canadian, so culturally, I don’t have the same background as French people, but because I’m French Canadian, I grew up being exposed to a lot of French music from France, as well as French music from Canada, but maybe even more French music from France. Everyone in the band is a native French speaker, except Jesse who is fully bilingual. But yeah, so for sure the French music came in at some point.
I was also very much influenced by American music or European music at large, just as much as, Asaël and Pierre and Jesse. I also really like traditional Japanese and Chinese music… We’re all very much music lovers. Since we’ve known each other, for 15 years, we’ve been listening to different stuff, we listen to rap, we listen to hard electronic music, techno… I had a big techno phase of course as you probably know, I really like trance music, and fast BPM. The boys have all their own things. Asaël’s a fan of prog rock. Jesse comes from electro acoustic, hard electronic background. Pierre likes a lot of things also. He really likes Brazilian music for example, but he also loves Celtic music and grime. So yeah, it’s all over the place.
LFB: After having spent most of your time and of your life on the road and touring, how did you live the repetitive lockdowns?
MD: It was awful at first. Very, very frustrating. Like for everybody I guess, it was very frustrating and eventually after like about six month, I actually started to find that it was doing me well. And it gave me a chance to work on myself and shift paradigm in my life.
And as, maybe you know – or maybe not – but I am a workaholic. It’s not just a thing that I say it’s a real problem. I made a whole album about that (Working Class Woman, 2018). I really have a problem with working too much and missing out on life, the actual life, the present moment. I’m always in the future, kind of, it’s not nice. It can be very narrow minding. So being forced to stay home or stay in my own town, it made me at some point start to cultivate aspects of my life that I had totally abandoned. And now I have a much richer life, and I am more balanced, which is great! I wouldn’t go back to the way I was living before the pandemic to be honest.
LFB: You’re about to go on a tour in Europe in October. You’ll be in Paris on October 27th and in London on 3rd November. How do you feel about presenting Renegade Breakdown for the first time live?
MD: It won’t be the first time at all! We’ve been playing a lot of shows in Canada!
LFB: I see, well in Europe say…
MD: Well it’s just a continuation. I’m just looking forward to be in Europe, you know and experience the European culture again and see my friends and play for a different crowd, but it’s not new to us anymore. And that’s perfect because the show is even better, you know. The more you play the better it gets, so in a way it’s kind of great to go to Europe now and not last year.
LFB: Can we expect new music from you in the near future?
MD: You can always expect new music from me. Always! In the near future I don’t think so.
LFB: And our last question is: Are they things you’ve discovered recently that you would like to share with us?
MD: I’m reading this amazing book right now from a Canadian American author who lives in Paris, I think she’s French actually, she is naturalised French. It’s a very good book and it kind of fits into what we talked about. It’s a book by Nancy Huston, do you know her?
LFB: Yes, I love her!
MD: I love Nancy Huston! I’m a big fan. I’m reading Journal de la Création right now. I just started and I’m absolutely captivated. I like anything I’ve read from Nancy Huston and this one is really good.
LFB: Great, Thank you!
Concerts de Marie Davidson & L’Oeil Nu :
27 oct – Paris, La Boule Noire
28 oct – Vendôme, Les Rockomotives (Loir & Cher)
29 oct – Lille, L’Aéronef
3 nov – Londres, Village Underground