Menu Classique : Kevin Morby – Still Life

Le deuxième album solo de Kevin Morby est une merveille. Meilleur album de l’univers ? Peut-être pas (bon, peut-être). Mais Still Life est absolument magnifique, de cela on peut en être sûr.

still life

Bonjour.soir

En propos liminaires, j’aimerais préciser quelques points. Cette chronique revêt un caractère personnel, j’utiliserai donc le je et le tu pour te parler à toi, cher.ère lecteurice. Je parlerai ici d’un de mes classiques. Pour autant, avoir accès à l’envers du décor de La Face B ne m’arroge aucune quelconque légitimité. Je vais donc -peut-être- dire des conneries. Mais elles viendront du cœur. N’est-ce pas tout ce qui compte, finalement ? 

La vie est faite de rencontres. Celle que je vais te conter prend lieu et place à la Route du Rock, édition 2022, le deuxième jour. Déjà ratatiné par quelques Ricard Coca (oui), je prends place dans la foule qui s’amasse devant la grande scène, accompagné d’un ami que je ne nommerai pas. Il s’appelle Matthieu. Depuis mon arrivée du matin-même sous la fine bruine de Saint-Malo, jusqu’à cet instant, tout le monde n’avait que ce nom a la bouche. Kevin Morby. « Ah tu connais pas ? C’est génial, tu vas adorer », me disait encore ce bougre de Matthieu plus tôt dans la journée. 

https://www.youtube.com/watch?v=oZK-wjvIXFQ

Voilà donc l’une des stars du jour qui avance sur scène. Carré bouclé, veste à frange dorée, guitare sertie de son nom (ça va Alain Delon ??), tout ça sur fond de coucher de soleil. On a connu pire comme décor. Il lance ce que je découvrirai plus tard être This is a Photograph, chanson éponyme de son dernier album (sorti chez Dead Oceans en 2022). Et ce qui devait arriver arriva, la claque. Voilà La Rencontre.

Kevin Morby est un musicien prolifique. D’abord bassiste du groupe Woods, puis chanteur/guitariste de The Babies, il finit par se lancer en solo en 2013 avec Harlem River (Woodsist). Ce premier album raconte le Brooklyn dans lequel il vivait. Truffé de références étatsuniennes, l’album est magnifique de sobriété. L’année suivante, le voilà déménagé à Los Angeles – on a la vie qu’on mérite – et qui sort Still Life (toujours chez Woodsist).

Et voilà, son meilleur album. D’une nature plus noire que son précédent opus, celui-ci aborde particulièrement le sujet de la mort. Mentionnée dans quasiment toutes ses chansons, même la love song Drowning (rien qu’au titre…). Seules Motors Runnin, Dancer et All Of My Life sont épargnées de cette macabre destinée. Pour autant, loin d’être un album triste à s’en ouvrir les veines, on danse sur The Jester ou Arlo Jones, on tombe amoureux.ses sur All of My Life (quelle chanson magnifique) (en boucle, en boucle pour toujours) et on s’extasie de la beauté de Dancer ou de la poésie de Our Moon. On retiendra Amen et surtout Parade (la meilleure de l’album), deux chansons guitare/piano exceptionnelles. Des sensations folles.

Kevin Morby est un homme de peu de mots, et de peu d’accords. Il a cette faculté de capturer une émotion et de la retranscrire sans apparats. Des paroles excellemment millimétrées, qu’aucuns qualifieraient de simplistes (mais c’est si faux), le tout posé sur trois ou quatre accords vus et revus – et rerevus. Simplicity is the key, nous disent nos managers de la Start Up Nation.

Kevin n’en fait pas partie, pour sûr, mais il a pourtant dans ses veines ce mantra, ce qui fait de lui un musicien des plus talentueux. En plus d’être un album génial, il est donc aussi super pratique pour qui veut apprendre la guitare.

Les plus attentif.ves remarqueront que je ne connais Kev que depuis quelques mois (et je l’appelle déjà Kev). C’est que, sorti de La Route du Rock, mon premier réflexe fut de lancer This is a Photograph. Une fois l’album terminé, mon application de musique, à laquelle je suis accro, a lancé All of My Life.

Que j’ai écouté en boucle pendant une semaine. Deuxième claque. Et j’ai fini par me décider, et lancer Still Life. Troisième, quatrième, centième claque. L’amour se construit sur du long terme, mais il est parfois précédé d’un coup de foudre, comme celui-ci. Kev + Pierre = <3. Bref, arrêtons-nous là. Cet album est une merveille, et restera dans ma vie jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus. Et j’espère qu’il trouvera aussi sa place dans la tienne, dorénavant.

Je te recommande bien sûr tout le reste de la disco du bougre, avec en fer de lance This is a Photograph, en toute subjectivité un des meilleurs albums de 2022, largement. Merci de m’avoir lu, bisous !

Crédits Photo : cover de Kevin Morby – Still Life