Ils nous avaient séduits en 2024 avec leur signature soul singulière mêlant la voix chaude, enveloppante et sensible de Kojo Degraft-Johnson à l’élégante créativité de Barney Lister. Un an après Volume 1, les londoniens de MRCY viennent de dévoiler pour notre plus grand plaisir Volume 2. Un album à écouter en boucle pour la beauté du son et de l’intention.

Petit rappel pour celles et ceux qui découvriraient MRCY. Le projet est né de la rencontre entre le producteur multi-instrumentiste Barney Lister et le chanteur Kojo Degraft-Johnson. Barney a trouvé sa vocation artistique grâce à la culture melting-pot des sound systems. Avant de fonder MRCY, Barney avait déjà collaboré avec de nombreux artistes tels que Obongjayar, Rina Sawayama, Joy Crookes, Olivia Dean ou encore Celeste.
Kojo, lui, a été bercé au son des légendes soul comme Aretha Franklin et Sam Cooke. Il s’est aussi nourri du chant choral de l’église catholique de son père, et du gospel ghanéen de sa mère. Passé par la scène jam londonienne, il a accompagné vocalement Cleo Sol, Little Simz, Jungle et Liam Gallagher.
Les trajectoires de ces deux artistes déjà expérimentés se sont croisées en plein confinement. Leur rencontre en studio quelques temps plus tard a tout de suite opéré, scellant ainsi le projet MRCY : une soul subtile, soignée et hybride.
Un album qui explore de nouvelles sonorités

Dans ce Volume 2, l’ADN du groupe est toujours là. La soul chevillée au corps bien sûr, la chaleur organique fusionnée avec le sound-system, la voix puissante et enveloppante de Kojo. Mais l’album se révèle plus ouvert et plus audacieux. Il explore d’autres sonorités telles que l’afrobeats (Man, Flicker), le groove et le rnb (Wandering attention), le jazz (Angels) ou encore la pop folk (More than you are now).
Les deux musiciens se baladent dans les genres et dans les styles avec une facilité et une fluidité déconcertante. Ils nous démontrent encore une fois toute l’étendue de leur talent. Ils sont à l’aise aussi bien dans des morceaux à l’énergie contagieuse qui nous donnent instantanément envie de nous déhancher, comme dans Flicker, que dans des ballades plus chill et langoureuses telles que Sierra.
On mesure le génie musical de Barney Lister au travers de ces 8 nouveaux morceaux qu’il a composés et arrangés. Le multi-instrumentiste y joue tour à tour de la batterie, des percussions, de la guitare, de la basse, des claviers et du piano. Le tout avec un sens exquis du détail qu’on mesure écoute après écoute.
L’espoir comme mantra
Le duo explore des thèmes à la fois universels et intimes, tels que la quête de soi et la guérison. Ce Volume 2 transpire l’espoir. « Nous voulons répondre à l’incertitude par l’optimisme, transformer l’inquiétude en amour ». Une maxime imprimée dès le premier morceau, Angels, où Kojo nous incite à nous relever et à aller de l’avant et à vivre, vraiment.
On retrouve cette volonté de transcender les difficultés pour chercher la lumière particulièrement dans Man (« Move out the dark and lead the light »). Ou encore dans l’intense Fear, dans lequel le duo exprime l’énergie d’une colère brute (« Always feeling like a failure, Can’t be sad, can’t be real, be a saviour, Wrap this weakened heart in gold, Light the room, hurt their eyes, Like a mirror ball« ).
Un thème présent également dans Flicker, l’un des morceaux plus marquants de l’album. « Flicker parle du fait de donner trop d’énergie à des personnes qui ne la rendent pas en retour. » On peut aussi le comprendre comme une mise en garde contre la toxicité de la société et une invitation à se recentrer sur soi pour se protéger.
L’amour, entre douleur et douceur
Volume 2 fait aussi la part belle à l’amour. Dans Wanna know (Ontario), MRCY fait rimer douleur avec douceur en nous racontant le poids de l’absence après une séparation « I wish you the best but i miss you worse ». Eteint, l’amour reprend ensuite des couleurs dans Sierra. Un morceau en forme de déclaration dans lequel Kojo chante l’histoire d’un amour offert entièrement, sincèrement, sans contrepartie.
L’écoute de la soul éclectique hyper soignée que Barney Lister et Kojo Degraft-Johnson savent si bien créer est toujours un plaisir. Tels deux alchimistes, les MRCY savent transformer la peine, la déception, la douleur et la colère en quelque chose de positif qui nous fait grandir et avancer. Leur son à la fois réconfortant, élégant, précis et multiple réussit à chaque fois le pari de l’évidence : ils s’imposent incontestablement comme l’un des meilleurs groupes soul du moment.
MRCY sera de passage en France cet été le 4 juillet aux Eurockéennes de Belfort et le 24 juillet au Nice Jazz Festival. A ne rater sous aucun prétexte !