A l’occasion de la sortie de son album Mitsouko, la Face B a rencontré Ours, de son vrai nom Charles Souchon. Une discussion autour de la création musical, des voyages et de nouveaux départs.
La Face B : Bonjour Ours, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Ours : Auteur compositeur interprète jeune papa chanceux
LFB : Vous revenez avec un nouvel album qui s’ouvre sur le titre La 5ème saison. Un titre qui semble évoquer un nouveau départ (le clip sur la plage, comme un appel à prendre le large, l’évocation d’une nouvelle saison). Est-ce que ce titre comme cet album est un renouveau ?
Ours : On attend tous un air nouveau, un air frais, que ce soit dans nôtre vie professionnelle, notre vie de couple, notre quotidien ou pour le monde en général… Alors oui ! j’ espère que cet album déclenchera de nouvelles rencontres, de nouveaux projets.
LFB : Il y a-t-il eu un moment ou un événement qui a rendu évidente la sortie de cet album ?
Ours : Le moment où j’ai senti l’équilibre des chansons, beaucoup de chansons intimes et quelques chansons plus légères et pop pour rendre l’album moins pesant.
LFB : Il y ajustement un côté assez naïf, presque enfantin ou adolescent dans cet album. On pense tout de suite au titre Petit jeu avec M. Même au travers du clip, on voit vos versions enfants jouer. Est-ce que faire de la musique est une forme de jeu?
Ours : Faire de la musique est récréatif et oui , le studio et la scène sont des terrains de jeux. Mais cet aspect enfantin concerne uniquement 3 ou 4 titres je pense…le reste est plus intime, introspectif et parfois douloureux
LFB : Comme un enfant qui joue, j’imagine que lorsque qu’on compose – qu’on joue – on ne réfléchit plus, on s’amuse, on teste, on rate, on recommence.
Ours : En effet, le lâcher prise est très important , et j’ai encore plus laissé de spontanéité à cet album que sur les précédents.
LFB : Pourtant, s’il y a cet aspect léger, réconfortant d’une douceur presque nécessaire, il y a quelque chose de plus sérieux. Presque critique, par exemple avec Les montagnes de Corée, qui est une invitation à prendre de la hauteur face à Autrui et qui critique la vie occidentale coincée dans les peines, l’hystérie, les problèmes. Vous nous parlez de l’angoisse avec De quoi t’as peur ?. N’ya-t-il pas quelque chose de paradoxal ?
Ours : La vie est faite d’humeurs différentes. Ces dernières années ont été fortes en émotions pour moi, j’ai connu les opposés car je suis devenu papa et je perdais 2 amis très proches en même temps…Le paradoxe est quelque chose de naturel.
LFB : Alors, c’est peut-être ça la liberté ? Casser les codes, de faire de la musique triste d’un texte mélodieux, joyeux et vice versa
Ours : La liberté c’est d’écrire ! C’est de composer ! Après ce n’est que du ressenti, je n’ai pas de méthode. Je me dis juste que lorsque j’écris un texte un peu sombre, je peux peut-être plomber les gens et me plomber moi même , alors naturellement une mélodie plus ensoleillée me vient pour rééquilibrer les choses.
LFB : Un peu à la manière des Rita Mitsouko ? qui ont réussi à faire un titre profondément festif, cuivré et lumineux sur le cancer de Marciamoretto (Marcia Baila)
Ours : Exactement ! Ou Papaoutai de Stromae ou Parachute doré de mon père ou encore Le gorille de Brassens qui parle de peine de mort.
LFB : Mitsouko est aussi un titre de l’album, qui a des airs de Vie Varda de Vincent Delerm tant dans sa musicalité que dans sa cinématographie. Est-ce qu’il y a d’autres influences musicales qui sont venues nourrir l’album ?
Ours : Je suis influencé par plein d’artistes je pense puis toutes ses influences passe dans ma moulinette et devrait faire quelque chose de singulier ( je l’espère en tout cas…)
LFB : La Corée, Lisbonne avec Lisbelle, Paris Bercy, Saint Lunaire. En dehors des voyages musicaux, vous invoquez des espaces physiques, plus ou moins lointains. Est-ce important pour vous que l’on voyage à travers vos chansons ?
Ours : C’est un tic d’écriture de placer des lieux… J’essaie d’embarquer les gens et un nom de ville ou de région aide à quitter le sol.
LFB : Comment résumeriez-vous l’album ?
Ours : À force d’en parler je m’aperçois que le cap de la quarantaine est presque le fil rouge de ce disque. J’ai « perdu cet air » , « la 5éme saison » , « Mitsouko » , « NTM à Bercy » … il y a cette peur de perdre une certaine fraicheur, une fantaisie, une peur de s’endormir…
LFB : Est-ce que l’on pourrait aussi parler d’un album nostalgique, comme d’un souvenir ?
Ours : Il y a de la nostalgie mais je suis plutôt à me poser des questions sur le futur.
LFB : En attendant de se créer de beaux souvenirs à l’écoute de cet album, il y a-t-il d’autres projets à venir ?
Ours : Oui ! D’autres projets musicaux, un collectif avec Bibi Tanga, DjeuhDjoah, Lieutenant Nicholson et Jacques Daoud et l’écriture d’un nouvel album.
LFB : Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?
Ours : De faire le spectacle de mes rêves, mêlant, chansons, images, décors et théâtre.