Pam Risourié : « Il y a des choses qui sont moins sujettes à la destruction du temps »

On avait découvert Pam Risourié avec Noctessa, un EP nocturne onirique aux sonorités shoegaze et sommes tombés sous le charme du groupe parisien. Les cinq musiciens reviennent avec So Be It, Eternity, un troisième EP tourné vers l’infini, sur lequel s’ajoutent à leur musique éthérée, des influences cold wave et post rock. Nous avons posé quelques questions à Rémi (chanteur/guitariste/compositeur) qui nous a parlé de la création de cet EP poétique et lumineux…

Pam Risourié

La Face B : Salut ! Comment ça va ?

Pam Risourié : Ça va et toi ?

LFB : Ça va ! Comment tu sens à la veille de la sortie de votre troisième EP ?

PR : Plutôt excité ! Ça fait du bien d’avoir un peu d’actu après pas mal de mois à se rogner les ongles quoi ! Donc c’est cool. Et puis les concerts vont peut-être reprendre un peu donc c’est une meilleure période que il y a quelques mois on va dire.

LFB: Tu nous avais confié que tu avais composé Noctessa (2020) principalement seul, car la formation était encore fraîche. Est-ce toujours le cas sur cet EP ? Quand/Comment s’est passé la composition de l’album ?

PR : Pour certains morceaux oui, pas pour tous. Il y a une grosse partie de production qui a été faite avec Gautier, qui est notre ancien guitariste qui a produit l’EP. On à enregistré chez lui à Paris, tout au long de l’année dernière mais ça a mis beaucoup de temps – ça a mis quasiment un an – parce que c’était compliqué avec tous les confinements les trucs comme ça. Donc la base c’était surtout moi quand même sur cet EP, mais ouais, ça évolue de plus en plus en tant que groupe et il y a beaucoup d’apports qui viennent des autres, d’apports mélodiques. Ça ne fait qu’être de plus en plus un groupe on va dire.

LFB: Noctessa était un EP nocturne, tu parlais de nuit intérieur. L’onirisme est toujours présent sur So Be It, Eternity, mais celui-ci a il me semble un côté très lumineux, tourné vers l’infini. Dans quel état d’esprit avez-vous écrit l’EP ?

PR : Ouais c’est vrai qu’il est un peu plus lumineux… après c’était pas forcément une période plus lumineuse parce que du coup c’était l’année dernière pendant le confinement et tout ça. Mais c’est aussi la production qui fait que c’est comme ça. On a passé plus de temps sur les sons et on avait un peu plus de connaissances et plus d’expérience donc je pense que c’est ce qui fait que ça sonne un peu plus défini. Et c’est ce qu’on voulait aussi.

Pam Risourié
Crédit photo : Laurie Bisceglia



LFB : On retrouve votre son vaporeux et votre lyrisme onirique sur So Be It, Eternity, mais celui-ci est marqué par de nouvelles influences, cold wave et post rock notamment, peux-tu nous parler de ces nouvelles directions ?

PR : Ouais… c’était juste aller un peu tenter plus de choses… on a passé plus de temps… on l’a fait avec Gautier donc c’est un peu la famille quoi. On avait plus le temps d’expérimenter des choses, par exemple des passages en français, des choses plus instrumentales… et du coup oui c’était histoire de sortir un peu du carcan dream pop un peu de l’EP précédant. De ne pas se cantonner juste à l’aspect éthéré/reverb’/shoegaze classique quoi.

LFB : La couverture de l’EP est une peinture d’un ciel à la tombé du soleil. On dirait une peinture impressionniste… Peux-tu nous parler de cette image ?

PR : Ce n’est pas impressionniste, c’est John Constable. C’était un contemporain de William Turner. C’était un peu son rival il me semble. C’est effectivement un peu dans le style impressionniste, fin XIXème… et ça parlait un peu d’éternité, du fait qu’on peut regarder le ciel mais ça peut avoir d’autres interprétations…

(*note : So Be It, Eternity est par coïncidence sorti le jour d’anniversaire de l’artiste).

LFB : Le titre de l’EP, So Be It, Eternity, est poétique et grandiose à la fois résigné et prêt à tous les possibles. Il me fait penser à l’Éternité de Rimbaud et son désir de s’écarter « Des humains suffrages, [et] Des communs élans » pour s’envoler « selon »…  Que signifie ce titre pour toi ?

PR : « Elle est retrouvé / Quoi ? –  L’Éternité, / C’est la mer allée / Avec le soleil »

LFB : C’est ça !

PR : Oui, c’est l’idée de se poser un peu une question sur le temps qui passe. C’est un peu un lieu commun, mais de dire qu’il y a des choses qui passent moins que d’autres et que tout n’est peut-être pas perdu donc c’est pour ça que cet EP est un peu plus lumineux quoi. Il y a des choses qui sont moins sujettes à la destruction du temps etc. Ça peut être des sentiments, ça peut-être avec la musique…

LFB : Les paroles de la chanson éponyme, entre ombre et lumière, parlent d’icônes qui coulent, d’amour (décevant ?) et… d’éternité. Peux-tu nous en dire plus sur ce morceau ?

PR : En fait à la base j’avais composé ce morceau en pensant à l’album et après je me suis dit que ce serait juste une face B. Et finalement quand on l’a enregistrée on s’est dit qu’elle était vraiment bien. C’est comme ça qu’on a fait l’EP. Parce que je voulais vraiment sortir ce morceau avec d’autres quoi. Pas juste le sortir comme ça et du coup on a un peu fait l’EP qui s’est un peu basé sur le thème de ce morceau. Et ouais, je suis assez content des paroles aussi… ça rejoint l’idée de l’EP, l’acceptation du temps à la fois qui passe et peut se casser les dents sur certaines choses.

LFB : These Minds est une balade dreamy qui plonge à un moment dans les profondeurs avec une voix grave qui rappelle Death in June. Est-ce que tu peux nous parler de ce morceau ?

PR : Oui, c’est un de ceux pour lequel il y a un peu une volonté d’aller un peu vers autre chose. La fin est un peu plus post-rock, il y a une boite à rythme, il y a aussi un passage en français… et oui j’avais envie d’essayer des voix un peu plus grave… À la base c’était un peu le titre conclusif de l’EP puis on en a rajouté un finalement. Ça rejoint l’idée de créer une sorte de balade et de discussion avec quelqu’un qui peut être soit une discussion amoureuse ou autre…

LFB : J’aime bien toujours aussi demander s’il y a un morceau qui te tient à cœur particulièrement sur cet EP ?

PR : Ce serait le titre principal… j’avais commencé à écrire les paroles… on avait fait un voyage à Helsinki avec le groupe pour tourner le clip… où on était pas dedans parce qu’il y a eu plein de trucs, des problèmes de caméra tout ça… enfin le clip de So Be It… et du coup j’avais commencé à écrire les paroles là-bas et puis… après l’histoire est un peu plus personnelle.. mais en gros c’est une histoire amoureuse principalement, il y a un côté « love song » un petit peu.

LFB: Est-ce que tu veux nous parler du clip justement ?

PR : Oui. Le clip du coup, on y était allé, c’était la période de Noctessa, je crois qu’il n’était même pas sorti encore et on voulait le faire sur un morceau qui s’appelle Dinosaurs sur le précédent EP. Et du coup l’idée était d’avoir le groupe qui faisait des conneries dans la rue avec la neige et c’était cool – J’habitais à Helsinki donc on avait des potes là-bas – et finalement on avait tourné ça au VHS classique / super 8 et rien n’a marché, comme souvent avec ces trucs-là donc du coup j’ai un pote qui a refait le clip par derrière avec des rush. Et l’idée c’était d’expérimenter des textures, avec ces espèces de collages, des choses un peu surréalistes, un peu sur-romantiques…

LFB : Vous allez sortir un live pratiquement en même temps que l’EP aussi

Pam Risourié
Crédit photo : Claire Desfrançois

PR : Oui. Début juillet, le 7.

LFB : Il s’intitule I Only Play For You Once a Year, et a été enregistré lors d’un concert au Trabendo en septembre dernier. Est-ce que vous avez pu jouer live depuis ?

PR : Non, c’était notre dernier concert. Mais on a eu beaucoup de chance de pouvoir faire ça, on est hyper reconnaissant, parce que c’était le dernier week-end avant la fermeture du Trabendo et un mec nous a proposé d’enregistrer. On avait un peu la pression parce que c’était déjà notre plus gros concert et notre premier concert avec un nouveau guitariste.

Mais on s’est dit que c’était cool de pouvoir sortir des cassettes et de faire vivre un peu ce live parce que c’était un super bon moment un peu pour tout le monde et surtout ça avait de la valeur vu que c’était le seul concert qu’on ait pu faire dans l’année.
Le titre est repris du morceau qu’on joue qui est I Only Dream of You Once a Week qui est sur le premier EP et c’est devenu I Only Play For You Once A Year. Et du coup ouais, c’était pour avoir un souvenir de cette année 2020, de se dire « bah au moins on a pu faire un concert ».

LFB : C’était un peu pour palier au fait que vous ne pouviez pas jouer

PR : Ouais, c’était une année frustrante pour tout le monde j’imagine, mais on espère que le pire est derrière nous.

LFB : Est-ce que vous avez des nouvelles dates de prévues ?

PR : Oui, on va jouer à la Dame de Canton le 17 juillet normalement et après à la rentrée ça commence à arriver… en octobre a priori on va jouer à l’International, c’est pas sûr et après je ne sais pas. Ça se débloque petit à petit mais j’espère qu’il y en aura au moins à la rentrée.
Déjà en juillet ça va être cool de reprendre ne serait-ce que les répètes !

LFB : On nous a laissé entendre que votre premier album serait en préparation. Peux-tu nous en dire plus ?

PR : Ouais in l’a enregistré en début d’année chez You Said Strange à Évreux, c’était grave cool et du coup, là on va commencer les mix à la fin du mois.

LFB : Merci !

Découvrir So Be It, Eternity :

(Re)découvrir l’ADN musical de Pam Risourié ici.

(Re)découvrir notre interview du groupe à l’occasion de la sortie de Noctessa (2020) ici.