Vendredi, Peter Peter a dévoilé Ether, son nouvel album. Une collection de titres qui le voit explorer une voie beaucoup plus électronique et radicale. On a profité de son récent passage parisien pour retrouver l’artiste québécois et discuter de ce projet qui ouvre une nouvelle page de sa carrière.
La Face B : Salut Peter, comment ça va ?
Peter Peter : Ça va bien.
LFB : Tu es content d’être de passage en France ?
Peter Peter : Ouais, c’est fun. Je suis vraiment content, ça faisait longtemps. 965 jours. J’ai demandé à mon téléphone : “combien de temps depuis le 10 août 2021 ?” Il m’a dit 965 jours !
Je n’imaginais pas que ça faisait un chiffre comme ça. Je suis hyper content, je suis retourné voir mes anciennes adresses où j’habitais dans le 18ème.
LFB : La dernière fois qu’on s’est vus, c’était aux Francos de Montréal. Tu m’avais déjà parlé de cette envie et de ce doute entre un album purement électronique et un album acoustique. Qu’est-ce qui a fait pencher la balance ?
Peter Peter : Pour la partie acoustique, j’ai écrit des chansons, j’ai fait plein de maquettes. Je me suis dit que j’allais essayer de me concentrer sur l’album électronique. Je les ai tous les deux présentées à ma compagnie de disques en leur demandant lequel ils voulaient vraiment. Finalement, j’étais curieux. J’ai même fait un sondage sur Instagram pour le fun. Je pense que je le savais déjà. Je pense que j’avais la flemme de faire un album électronique parce que je sais que c’est beaucoup de travail. J’avais peut-être envie de ne pas être devant un ordinateur pendant un an et demi encore. J’avais déjà débuté en fait, j’avais déjà des prod’ depuis Paris depuis cet appart’. C’est juste que je me disais que c’est compliqué un album électronique. Finalement, j’ai choisi le plus compliqué.
LFB : Est-ce que c’était compliqué ou est-ce que c’était quelque chose qui t’effrayait aussi ?
Peter Peter : Ça m’effrayait ouais. Absolument. C’est vrai que guitare/voix, je ne peux pas me tromper. Quand tu en as marre, tu ne regardes pas l’écran, tu joues, c’est juste une question de performance. L’électronique, jouer des trucs en boucle non-stop, remplacer des sons, ça m’effrayait d’avoir cette charge de travail-là après avoir déménagé. Je n’avais pas envie de quelque chose de laborieux. Et ça ne l’a pas été. Ça aurait pu l’être. Il faut savoir que ça faisait deux albums que je faisais qui étaient laborieux alors je voulais vraiment quelque chose de simple. Là, ça a été très simple.
LFB : Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que j’ai l’impression que cet album est peut-être un point d’ancrage mais aussi une grande déconstruction de ton style. Forcément, avec ta voix et certaines thématiques, on te reconnaît mais je trouve que tu évolues sur quelque chose de complètement différent.
Peter Peter : J’ai choisi quelque chose de radical. C’est quelque chose avec laquelle j’avais flirté déjà avec Noir Éden. Mais c’est vrai que je ne suis jamais allé “all the way”. Ma façon d’y aller, c’était de me fixer des grosses contraintes, c’est-à-dire de ne pas avoir de guitare et de ne pas avoir de vraie batterie. De tout faire en équipe réduite. J’avais l’objectif peut-être de le faire seul. Au final, j’ai rentré Guillaume à la fin, quand je sentais que les maquettes étaient vraiment abouties. Ce n’était pas des maquettes au final. Ça a été simple avec lui, tout de suite. Mais oui, je me suis fixé des contraintes.
LFB : Est-ce que cette mise en danger était pour toi nécessaire ? Tu parlais d’album laborieux avant. Est-ce que tu n’avais pas l’impression d’avoir une espèce de lassitude aussi ?
Peter Peter : Ouais, j’avais des réflexes un peu. Je pense que déjà Super Comédie, c’était un album d’animal blessé un peu. Avec Noir Éden, j’étais allé dans des endroits que je ne savais pas trop… J’ai toujours eu le feeling que c’était un album inachevé. J’avais essayé de faire de la pop un peu plus extrême. J’étais embourbé dans des rouages bizarres, des compromis que je m’étais moi-même infligés mais influencé un peu. Super Comédie, c’était une façon pour moi de me réapproprier ma liberté et de me dire que de faire de la musique, ce n’est pas obligé d’être stressant et de penser aux objectifs. Le SC de Super Comédie voulais dire Suicide commercial. Je ne l’ai jamais vraiment dit.
Là je suis revenu vers de la pop et j’ai envie d’avoir quelque chose d’un peu plus avion de chasse dans certains singles et dans d’autres, j’ai envie d’avoir une liberté complète et d’être radical dans ma proposition. Pour ça, il fallait que je ne retourne pas dans les vieilles habitudes et facilités. Alors ouais, j’ai complètement changé ma façon de travailler. C’était huis-clos aussi avec Guillaume. Je ne voulais pas que la compagnie de disque en entende trop pour ne pas qu’ils ne nous contaminent.
LFB : Ce que je trouve intéressant, c’est qu’il n’y a pas de juste milieu dans l’album. Tu évolues en permanence entre une espèce de grandiloquence et sur d’autres morceaux, sur quelque chose proche de l’introspection sonore. Tu parles de radicalité mais c’est vrai que le curseur va soit dans un sens, soit dans l’autre.
Peter Peter : C’est comme ça que je trouve mon équilibre. Complètement.
LFB : Comme si le fait d’être extrême était nécessaire pour la construction de cet album.
Peter Peter : J’avais envie de violence. À quarante ans, on ne fait plus la violence de la même façon. Je n’avais pas envie de crier sur une scène avec une guitare. C’était de ça dont j’avais envie. Il y a des moments, j’avais envie que ça soit surtout percutant. Surtout avec les moments plus techno dans l’album. Ça a été ma façon de me défouler. Je n’avais pas envie de me tirer une balle dans le pied. J’avais envie de faire un album pop mais j’avais aussi envie de faire un album de heavy metal, d’une façon techno. Je suis allé un peu dans des extrêmes que je trouvais lourds. Quelque chose qui était un peu à l’image de qui je suis aujourd’hui et qui n’était pas une nostalgie de retourner à une jeunesse que je n’ai plus. Ça a été ma façon d’y arriver.
LFB : Ce que je trouve réussi dans l’album, c’est qu’il y a des morceaux qui sont purement dansants. On a souvent qualifié ta musique comme étant mentale, un truc très introspectif. Là, il y a des morceaux qui sont très physiques justement. Les jeunes diraient des bangers mais il y a vraiment cette idée. Je me demandais si c’était une espèce d’accomplissement pour toi de faire une musique purement dansante ?
Peter Peter : Complètement. En tant que chanteur francophone, on est souvent étiquetés sur plein de choses. À chaque fois que quelqu’un montrait un intérêt pour l’album, je m’en foutais. Un truc qui est beaucoup revenu, c’était que ça donnait envie de « faire de la drogue ». Franchement, quand tu as 40 ans, que tu es un chanteur francophone et que tu entends ça… Je suis assez fier de ça. C’était un objectif d’amener les gens ailleurs, d’avoir une certaine cérébralité et quelque chose d’un peu introspectif mais aussi quelque chose qui défoule. J’avais vraiment envie de ça. C’est ce que je voulais léguer avant d’être trop vieux pour le faire.
LFB : D’ailleurs, je pense que si l’album s’appelle Ether, ce n’est pas par hasard aussi ?
Peter Peter : Ce n’est pas un hasard. Même le titre atterrit à la fin, contrairement à beaucoup de mes disques. Il est vraiment apparu à la toute fin, avec la dernière chanson. C’était ça, d’anesthésier un peu les gens pour la douleur. C’est ma vocation depuis le début. Je n’ai pas changé.
LFB : Tu as changé tes BPM.
Peter Peter : Ouais, j’ai changé mes BPM, accéléré un peu. Exactement. Je trouve ça intéressant parce que tout est une déclinaison un peu de soi-même. Après, ce sont des choses qui s’étaient manifestées en moi mais c’est quelque chose sur laquelle je n’avais pas vraiment réussi à focaliser en profondeur.
LFB : Ce morceau, c’est un peu une espèce de feu d’artifice à la fin de l’album. C’est vraiment une pure pulsion d’énergie et de relâchement.
Peter Peter : Ouais, c’est ce dont j’avais envie. Un moment cathartique.
LFB : Tu dis que tu es un chanteur francophone. Est-ce que s’est posé à un moment l’idée de faire un album purement instrumental ?
Peter Peter : J’en ai fait un mais je ne l’ai pas sorti. J’en ai fait un qui est bon, je trouve ça cool. C’est de l’ambiant en fait. Ça s’appelle Here to Talk et je ne sais pas si je le sortirai. Je me suis demandé si ça intéresserait les gens de le sortir là ou si c’était mieux d’arriver avec des bangers, un truc vraiment techno et après de sortir. Tout a été composé à Paris, dans mon appart’. J’aime bien écouter ça mais je trouve que ce n’est pas encore le temps de le sortir. Oui, j’ai envie de me défouler et de sortir des fois de ce truc de chanson francophone. Ça fait longtemps que ça me saoule. Je pense que j’aurais voulu faire de la tournée dans un van. Finalement, je suis entré dans quelque chose de complètement différent, qui est plus sécurisant. J’ai réussi à faire un peu d’argent avec ça. Alors oui, il y a tout le temps ce côté-là que j’ai… J’aimerais m’affranchir de ça. Il y a un moment où c’est sûr que là c’est mon cinquième disque, mais je pense aussi à ce que j’ai construit à d’autres moments et je suis assez fier. Je suis assez fier de la façon dont j’ai touché les gens et c’est ça qui est important. Malgré les hauts et les bas commerciaux, je trouve que les gens, je les ai touchés profondément je pense. En tout cas certaines personnes. Mais pour moi, c’est ça l’important, d’avoir fait ça pour les bonnes raisons et pas en superficialité.
LFB : Justement, tu as aussi la même radicalité dans la façon dont tu as écrit certains morceaux. Il y a certains morceaux qui sont touffus, où tu as énormément de textes et à l’inverse, tu as des morceaux où tu es sur de l’épure absolue.
Peter Peter : Ouais, complètement laconique. Comme Fcking Poesie ou Ether. Ouais, pour moi, ça allait de soi un peu pour me libérer de ce carcan francophone. Cette insécurité-là de toujours vouloir donner assez, de se demander si les gens vont trouver qu’il y a assez de contenu. J’essaie de ne plus avoir ça. Ça n’a pas été facile. Quand j’ai fini l’album, j’étais tellement dedans que je me suis dit : est-ce que j’ai fait ça assez radical ? Je l’ai envoyé à Pierrick Devin avec qui j’ai travaillé parce que c’est un super bon ami. Il m’a dit qu’il avait été surpris et qu’il ne s’attendait pas à ce que ça soit aussi club. Je me suis dit que c’était cool. Je pensais que je n’avais pas été assez radical encore. J’étais assez content. Aujourd’hui, je l’ai réécouté avant de faire les interviews, ça faisait un moment que je ne l’avais pas écouté, et je suis vraiment content de jusqu’où je suis allé. De ce parti pris-là, d’être allé jusqu’au bout et de ne pas avoir eu les insécurités de me demander si les gens vont trouver que c’est du remplissage d’album de ne pas chanter à certains moments, ou que je ne savais pas quoi écrire par exemple. Alors que c’est l’inverse, j’avais des paroles mais ça ne faisait plus de sens pour moi.
LFB : Je trouve que le texte, tu le résumes avec un texte de l’album. Là, le texte sur cet album, c’est de la fucking poésie. C’est un truc qui n’est pas forcément là pour avoir un sens propre. Il y a des choses assez évanescentes. C’est un texte qui est aussi là pour être beau. Peut-être juste beau et dans son essence. Ni plus, ni moins. Ne pas rechercher trop.
Peter Peter : Exactement. Parfois, il y a comme une mise en scène dont je n’avais pas envie. J’avais un réel plaisir de faire plaisir à ceux qui écoutent la musique de la même façon que je l’écoute. Tout simplement. Pas de ratisser plus large. Après, il y a un truc que j’ai appris, c’est que ma mélancolie avec des rythmes plus inspirants, contemplatifs et dansants, je trouve que ça la rend plus fluide. J’avais envie de faire ça parce que j’ai envie de me faire du bien et aux autres aussi. Le seul compromis était là en fait. Ça coulait de source donc ça n’a pas été compliqué.
LFB : Au fond, tu utilises aussi le texte comme une boucle électronique. Il y a certains morceaux où ça se répète. Tu as insufflé l’idée de la musique dans le texte.
Peter Peter : C’est vrai. Absolument. Je ne l’avais pas vu comme ça.
LFB : C’est intéressant parce que finalement, c’est aussi sortir de ta zone de confort.
Peter Peter : Ouais. Absolument, parce que c’est une zone que j’avais explorée mais en surface seulement. Ça m’effrayait parce que je voulais être à la hauteur et je ne voulais pas engager quelqu’un de meilleur que moi pour faire le job à ma place. Parce que je pense qu’en électronique, c’est un peu facile de faire ça. Ça m’a pris du temps de devenir bon, à faire des séquences avec mes machines et que je trouve une certaine irrégularité qui ne devienne pas générique. Ce n’est pas facile de faire quelque chose de binaire mais d’intéressant. Il y a toujours un twist. Je ne pensais pas que j’étais prêt à aller jusqu’au bout de ce langage-là, sans avoir expérimenté assez. J’ai trainé beaucoup la patte. J’étais un peu coincé d’un truc à l’autre et je retournais à la guitare.
LFB : Pour moi, il y a un morceau qui représente l’essence de tout ça et la symbiose entre le texte et la musique, c’est Se contenter d’un mirage. Je le trouve absolument fou ce morceau dans la façon dont il est construit. Ce que tu racontes, le fait que le texte évolue parce que tu changes juste un petit mot et qu’on ne le réalise pas forcément au début, tout ça. Je trouve que ce morceau est important sur cet album.
Peter Peter : Merci, parce que c’est vraiment le morceau dont personne ne parle. Je trouve ça assez cool parce que je voulais que ce soit un morceau écrit on the spot. J’avais déjà travaillé la suite. Je me disais qu’il y aurait un truc avec une autre chanson. Au début, c’était pour Fcking poésie cette chanson-là. Je me suis dit que c’était quand même très planifié mais je racontais un peu mon retour à Montréal, de connaître les toilettes les plus propres en ville quand tu as besoin quand tu erres. Retourner à la bibliothèque nationale à Montréal et se dire que les toilettes sont toujours aussi propres. Et je dis : n’est-ce pas là la preuve vivante que subsiste encore la fucking poésie ?
Finalement, il y a des moments où ça devenait trop, trop, trop. J’ai attendu d’être avec Guillaume et on est parti dans des trip sur cet instrumental-là en le poussant encore plus loin. J’ai écrit un texte en trois minutes. Ça sortait juste comme ça, très automatique. Je trouve ça cool parce que pour moi, c’est rare les épiphanies. On n’était pas devant un lac, on était chez lui, une journée banale de studio où il n’y avait pas nécessairement de magie et finalement, est arrivée la magie quand même. Je suis content que tu le soulignes.
LFB : Se contenter d’un mirage. C’est ça.
Peter Peter : Ouais, et puis même moi après, il a fallu que j’interprète le texte. Mais quand tu écris, même si ce n’était pas complètement de l’écriture automatique parce que je voyais le sens dans ce que je disais… Ouais, c’est se contenter de l’histoire qu’on se raconte. C’est ça la vie aussi. Avoir son point de vue et au final, qu’est-ce qui flatte l’essence ? Au final, c’est bien. Il faut s’en contenter. Toujours chercher la vérité, au final, ça blesse plus qu’autre chose.
LFB : Est-ce que cet album, maintenant qu’il va sortir et ne plus t’appartenir, t’a ouvert sur de nouvelles perspectives et de nouvelles envies en matière de musique ?
Peter Peter : Il y a de la musique qui m’a tracé des trucs, le chemin. Je m’y intéressais déjà beaucoup. Il y a un moment où j’ai arrêté d’écouter tout ce qui était rock. Je me suis mis vraiment à écouter des trucs du UK, des vieux trucs techno, beaucoup de techno, beaucoup d’ambient. Je ne sais pas mais ça m’a montré que je pouvais faire un album qui n’était pas laborieux déjà. C’est quelque chose que j’aimerais explorer, que ça ne soit pas une torture de faire un album. Ça faisait deux qui étaient assez tortueux. Ça m’a un peu réconforté dans ma qualité de producteur. Guillaume a fait un travail incroyable, c’est un huis-clos. Ça m’a donné envie de faire ça, et ça coûte moins cher. Parce que ça peut coûter cher. Maintenant que j’ai fini mes contrats, même si je vais probablement travailler avec une compagnie de disques, je suis seul donc je peux le produire moi-même. Ça m’a un peu réconforté dans le fait d’être capable de faire quelque chose. C’est ce que j’avais en tête et on y est arrivé.
LFB : Est-ce que ta guitare te manque ?
Peter Peter : Ouais, il y a des moments où ça me manque. Parce que j’ai une facilité. Je viens pas de là, de la techno ou de la dance. Mais j’ai cette fascination-là depuis que je suis jeune. Depuis Born Slippy qui joue dans Trainspotting. C’était mon fantasme. Mes amis jouaient de la guitare. Personne n’avait des synthés et ils faisaient des trucs comme ça. Pour moi, depuis longtemps, ça a été un fantasme. C’est comme si je n’y avais pas le droit parce que dans mon essence, je n’étais pas ça.
J’ai tellement délaissé ma guitare. Je me disais que c’était complètement contre-productif parce qu’il fallait que je focalise, que je devienne meilleur à faire ci, faire ça. Alors est-ce que la guitare me manque ? Ouais, j’ai une facilité avec ça. C’est comme ça que j’ai écrit le plus de chansons, le plus facilement pendant le plus longtemps. Ça me manque.
LFB : Tu as annoncé une date à la rentrée. Avec des albums qui sont très différents en termes de textures, de radicalité sonore, comment tu les vois cohabiter ? J’ai eu la chance de te voir aux Franco jouer Super Comédie qui, à mon avis, est un des rares vrais concerts que tu as pu faire pour cet album.
Peter Peter : C’est le seul. Le vrai concert, la façon dont je le voyais quand j’ai écrit l’album , c’est le seul.
LFB : Et là, tu le vois vivre comment ?
Peter Peter : Même chose. Un combat pour avoir le plus de musiciens possible sur scène. Faire plaisir aux fans avec quand même du catalogue sur lequel ils m’ont découvert. Et juste quelque chose de musique en continu et d’atmosphère en continu sur tout. Si la musique n’est pas continue, il faut que l’atmosphère soit en continu. Qu’il y ait des chansons qui s’enchaînent et qui s’imbriquent les unes dans les autres. C’est comme ça que je le vois. On n’a pas encore commencé les répét’. On a fait des petits trucs. Je pense qu’on va être cinq, peut-être quatre. Franchement, faire quelque chose d’un peu non-stop avec un moment. J’ai envie que ça soit assez agressif.
LFB : Dans Vingt mille heures de solitude, tu dis que tu es oisif. Est-ce que tu penses qu’il est nécessaire de bien vivre pour créer ?
Peter Peter : Non. Je pense que parfois, je m’en passe de profiter de la vie. Profiter de la vie, ça rend heureux et parfois, toujours se taper sur la main… Je pense que c’est important de s’accorder… Je suis oisif mais je me le reproche aussi. C’est ça qui est compliqué. Des fois, il faut que je me pardonne d’être un peu paresseux. Je pense que ça a toujours été ma personnalité. À l’école et tout, j’ai toujours été un paresseux. J’ai mes paresses dans certaines choses et il y en a d’autres… Mais je suis un battant aussi. C’est assez paradoxal. Je suis quelqu’un qui pousse les choses mais je peux passer beaucoup de temps à rien faire. C’est ce que j’adore. J’adore me mettre sur le coin de rue et ne pas savoir où je vais. Je me rends compte qu’il n’y a pas beaucoup de gens comme ça. J’ai eu la chance aussi financièrement de pouvoir me le permettre. Mais quand je n’avais pas d’argent, je faisais un peu la même chose. L’argent m’a procuré ce temps-là de ne pas avoir l’injonction de faire quelque chose pour le rentabiliser. Alors oui, c’est important. Pour bien créer, ouais quand même. Il y a des gens qui bossent tout le temps, je ne les comprends pas en fait.
LFB : Si je te dis ça, c’est parce que la scène québécoise actuelle, on est quand même face à des gens qui sont hyper productifs. Qui sortent quasiment un album par an.
Peter Peter : Ouais, mais ça par contre, j’ai envie parce que la jeunesse, surtout sortir des albums à quatre ans, à un moment donné tu te réveilles et tu as dix ans de plus. Alors, c’est vrai que j’ai envie d’être plus prolifique et de me faire confiance. D’amener plus de projets, pas nécessairement juste de la musique. Mais oui, absolument. Mais c’est vrai que cette jeunesse là au Québec a besoin d’argent aussi. Ils ont besoin d’argent. À un moment, il faut que tu sortes du nouveau contenu. Là, c’est vrai que l’argent se fait de plus en plus rare. C’est un peu la force des choses aussi.
LFB : Est-ce qu’il y a des choses récentes qui t’ont marquées ?
Peter Peter : La dernière chose qui m’a vraiment marquée et où j’ai vraiment vécu une expérience, ça a été le projet Riopelle de Robert Lepage au théâtre.