Trois ans après la sortie de son premier album, Petit Biscuit a dévoilé le 30 octobre dernier son second opus, Parachute. Plus personnel et plus cohérent, l’artiste français nous fait découvrir une nouvelle facette de son projet musical. Nous avons été à sa rencontre pour échanger sur son rapport à la musique, son investissement dans son projet et sa perception du monde.
La Face B : Hello ! Comment ça va au moment de la sortie de ton deuxième album ?
Petit Biscuit : Ça va super! J’ai eu de bons retours de la part des gens qui l’ont écouté. Je suis toujours aussi fier de cet album, c’est plutôt bon signe!
LFB : Après un EP et deux albums, comment tu définirais Petit Biscuit aujourd’hui ?
PB : Il n’y a pas de mot exact pour définir un projet. Je suis Petit Biscuit, j’essaie d’incarner mon projet du mieux que je peux. J’essaie de faire des sons qui parlent de mes expériences, ou qui me permettent de donner ma propre vision de certains thèmes.
LFB : Peux-tu nous parler de ton processus créatif ? On sait que tu joues de nombreux instruments (dont le violoncelle, la guitare et le piano). Comment est-ce que tu construis tes morceaux ?
PB : J’ai toujours beaucoup d’instruments dans ma chambre. Pour composer, il n’y a pas de processus particulier. Je prends un instrument puis commence à jouer. Quand je sors quelque chose que j’aime, j’essaie de construire de la matière autour! Les mélodies vocales viennent la plupart du temps avant les paroles. C’est deux choses différentes, composer et écrire, selon moi.
LFB : J’ai vu que tu avais pas mal voyagé durant l’élaboration de cet album. Comment les lieux que tu as visité t’ont influencé ?
PB : Eh oui, en fait je suis allé en Islande et aux USA pendant 2 mois dans chacun des deux pays. Les lieux où je dormais en général ont pu m’inspirer. Mais aussi les expériences que j’ai pu y vivre. J’ai fait quelques vidéos sur ma chaîne YouTube qui retracent mes voyages.
LFB : Dans ton voyage à travers le monde, quel est l’endroit qui t’a le plus marqué ? (et pourquoi ?)
PB : L’Islande. Ça a toujours été la destination de mes rêves et j’ai vécu le rêve aussi sur place. Les paysages sont tout blanc, tout doux. Je me sentais vraiment tout seul au milieu de nulle part.
LFB : Parachute est plus court que Presence (9 tracks contre 14) et on a parallèlement cette impression que tu as travaillé plus en profondeur tes morceaux. Qu’est-ce qui a changé dans ta façon de travailler ?
PB : Je ne voulais pas sortir un album façon mixtape comme j’ai pu faire pour Presence, je voulais proposer un format cohérent du début jusqu’à la fin. Digeste aussi. Je préfère continuer à garder mon public en haleine plutôt que de proposer trop de musiques qui rendent le projet incompréhensible. Il y a quelques morceaux que j’aimais que je n’ai pas proposé dans cet album, intentionnellement…
LFB : Tu écris, tu chantes sur certains morceaux. Tu as complété ta panoplie. C’est important pour toi de t’investir autant ?
PB : Complètement, je suis souvent (un peu trop) dans le contrôle et j’essaie donc de tout faire, quand on parle d’artistique, par moi-même. Je n’irai pas m’imposer dans des domaines où je ne suis pas suffisamment doué.
LFB : Parmi ces 9 morceaux, quel est celui qui te rend le plus fier et pourquoi ?
PB : Constellation. C’est le dernier composé dans l’album, le plus rapide et le plus spontané aussi. Il raconte l’histoire d’une personne qui perd un être cher, qui lui a été d’une grande aide, qui lui a permis de se construire. Avec beaucoup de symbolique et un vocabulaire astronomique pour adoucir et rendre beaucoup d’humanité au décès.
LFB : Sur cet album, tu as notamment collaboré avec Shallou et Diplo. Ce sont deux artistes avec des univers assez différents. Comment est-ce que tu choisis les personnes avec qui tu travailles ?
PB : Cela se fait un peu de manière spontanée, une rencontre, un échange. Des gens que j’apprécie autant artistiquement qu’humainement. Diplo m’a contacté sur instagram quand j’étais en Islande et je suis allé chez lui quand j’étais à LA, on a fini le son à Paris. Shallou est venu à Los Angeles dans la maison que j’avais loué pour qu’on fasse enfin un son ensemble. “Enfin” parce qu’il m’a accompagné en 2017 sur toute ma tournée aux US, ma toute première.
LFB : Avec qui aimerais-tu collaborer dans le futur ?
PB : Ma collaboration de rêve ce serait James Blake, je ne le connais pas personnellement mais je suis un grand fan de sa musique.
LFB : Est-ce que tu comptes dans le futur utiliser tes sonorités trap pour concevoir du rap ?
PB : Mon son Take Cover dans Parachute est déjà très inspiré hiphop, je voulais parler de la guerre, me mettre à la place d’un enfant de guerre sur une atmosphère hiphop, je trouvais ça cohérent. J’adore le hiphop, le rap et je suis sûr que j’en reprendrais les codes dans d’autres sons.
LFB : Pour ton dernier clip (Drivin Thru The Night), tu as travaillé avec Jean-Charles Charavin. Le résultat est superbe. Qu’est-ce qui t’a poussé à franchir ce cap au niveau de la construction de tes clips ?
PB : J’ai voulu mettre mon énergie dans tout le visuel associé à l’album. On a co-écrit ce clip avec JC, c’était super intéressant. Quand j’ai écris Drivin Thru The Night j’avais déjà ce mood rétro, asiatique, néon en tête et je voulais le retranscrire de la meilleure manière possible visuellement.
LFB : Ça fait quelque temps que tu n’as pas donné de concert. Comment est-ce que tu vis cette période ?
PB : Les concerts me manquent vraiment, c’est une période très particulière et j’envoie toute ma force à tous les intermittents du spectacles, pas seulement les artistes mais toute la technique, les tourneurs… !
LFB : Pour ta première tournée, la scénographie qui accompagnait ta musique était superbe, et les deux s’accordaient à la perfection. Est-ce que tu profites de cette période pour mettre au point la prochaine ? Est-ce que tu vas expérimenter de nouvelles choses ?
PB : Bien sûr! Au même titre que ma musique a évolué, la manière dont je la présenterais sur scène sera complètement différente. Je ne veux pas trop parler pour ne rien dévoiler, mais je suis très excité de la tournure que je prends pour mon live show, en espérant pouvoir reprendre la tournée en été 2021!