Petite jasette avec Jules de Super Plage

Le festival des Francos de Montréal, qui a eu lieu en juin dernier, a été l’occasion de faire plus ample connaissance avec le québécois Jules Henry, aka Super Plage.

Crédit: Marie-Michèle Bouchard

La Face B: Peux-tu nous en dire plus sur l’album Magie à minuit de Super Plage, qui est sorti en mars?

Jules Henry: C’est le premier qui est sorti sur une maison de disque, c’est la première fois qu’on avait un processus médiatique normal avec plusieurs single en amont. Ceci dit, ça m’a donné plus de temps pour le faire dans un contexte non pandémique, contrairement aux autres albums que j’ai faits. Magie à minuit, c’est un peu comme le portrait de mon année de partys, de rencontres, de festivals et de musique entre amis. C’est clairement pop, c’est clairement dansant, c’est clairement électronique parce que tout a été fait dans un ordinateur, sauf un peu d’altos, de pedal steel et de thérémine. Je dirais donc que c’est de la pop dansante électronique francophone! Je suis aussi DJ et je vois de plus en plus qu’est-ce qui fait bouger les gens et j’analyse beaucoup donc on offre une proposition accessible et ludique dans un spectacle énergique et coloré, pour votre plus grand plaisir (rires).

LFB: Magie à minuit évoque beaucoup la nuit, la fête et la danse. Quel est ton rapport à tout ça?

Jules Henry: La nuit c’est très important. Je suis pas un gros buveur et j’essaie de rester les deux yeux ouverts toute la soirée pour en profiter. On n’aurait pas la même conversation si l’entrevue se passait après un show au MTELUS… Je trouve que c’est là que les gens sont peut-être plus ouverts et dégênés. C’est la que magic happens! Je vis un peu dans une bulle à Montréal, je vais dans les mêmes bars et partys où je connais tout le monde et on dirait que ces safe space m’ont montré qu’on peut toujours danser comme des idiots! Je ne sais pas si ce serait la même chose en club, si je sentais que les gens nous jugent… Donc je danse de plus en plus, mais de moins en moins dans n’importe quel contexte.

LFB: Le Couleur, Virginie B, Meggie Lennon, etc. comment se sont passées les collaborations pour Magie à minuit?

Jules Henry: Ça s’est passé de manière très organique, dans le sens où j’ai pas tant essayé de joindre des gens que je connaissais pas. Peut-être parce que j’ai fait cet album entre amis. On dirait qu’ils ont vite mis leur touche. Je ne voulais pas forcer la note et aller chercher plus de gens pour en avoir plus. Rue Dandurand avec Le Couleur est une chanson très meta si je peux me permettre, car elle parle un peu du groupe et des partys à leur studio sur la rue Dandurand pour ne pas la nommer.

LFB: Sinon, Les Francos, c’était comment pour toi cette année?

Jules Henry: Maintenant que mon travail est fait [Super Plage a donné deux concerts avant l’entrevue, NDLR], je viens plus en tant que festivalier. Je m’en veux d’avoir manqué Robert Robert, c’est un de mes artistes québécois préférés… Mais je vais le voir dans comme six festivals cet été, donc je me console comme ça. Il y a aussi Les Louanges, Voyou, Arianne Roy, Lou-Adriane Cassidy… que j’aime et que je veux voir sur scène. Au niveau humain, on a rencontré plein de gens, comme des diffuseurs français, qu’on ne connaissait pas, donc il y a autant eu des découvertes humaines que musicales, par exemple le groupe Grand Eugène que je ne connaissais pas.

LFB: Quelle est l’importance des festivals pour toi, en tant qu’artiste, mais aussi en tant que personne?

Jules Henry: Quand je suis arrivé à Montréal, je vivais les Francos comme un festivalier. Je trouve ça incroyable que le festival nous offre des shows de telle envergure gratuitement, ça c’est fou! On dirait que j’adore ça rencontrer des gens qui font la même chose que moi, qui ont envie de découvrir des trucs. En faisant partie de la scène, ça permet de croiser plein de gens qu’on voit plusieurs fois par année, mais avec qui on n’a pas toujours le temps de jaser.

Finalement là, on a le temps de fumer une cigarette en écoutant Daniel Bélanger et d’apprendre à se connaître pour vrai. Musicalement, d’une manière égoïste, j’ai pas le choix de dire que c’est cool qu’on ait un public qui est là de toute façon. Le fait que le festival attire toujours des gens nous fait toujours bénéficier de cette visibilité-là. C’est pas seulement notre public, c’est le public des Francos, ou le public du FME ou autre. Quand revient l’automne et le temps de faire des shows normaux, on dirait qu’il y ce retour à la réalité d’attirer ses propres spectateurs et spectatrices.

LFB: Tu parlais de Voyou tout à l’heure. Est-ce qu’il y a d’autres artistes français que tu suis?

Jules Henry: 100%! Je suis peut-être plus inspiré par les artistes français qu’autre chose. Depuis quand même plusieurs années, j’écoute beaucoup Miel de Montagne, L’impératrice, La Femme, Sexy SushiFlavien Berger aussi, qui est pour moi un dieu de la musique pop. J’ai eu la chance de le rencontrer il y a quelques années quand on avait fait sa première partie avec le projet Narcisse pour son concert à Québec. L’album qui m’a sinon le plus marqué en 2022, c’est L’importance du vide de Jacques. J’ai beaucoup été inspiré par la production et le minimalisme et son écriture est d’une naïveté, mais d’une sagesse déconcertante. J’adore les artistes français!

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