SECRET GIRLS, tremblement de terre sonore

Lorsqu’on parle de rock français, Rouen n’est jamais très loin. La ville normande est le terreau d’une tripotée de projets plus excitants les uns que les autres. Aujourd’hui c’est vers SECRET GIRLS que nos oreilles se tournent, un projet à deux batteries bien décidé à secouer le monde avec GROUND.

Le monde se barre en sucette, ce n’est un secret pour personne. Il suffit de suivre l’actualité depuis le début de l’année pour réaliser que les choses ne tournent clairement plus rond.

Un monde au bord de la rupture où des failles se créent un peu partout et où les tremblements ne cessent de nous prévenir de la catastrophe à venir. Sur l’oscilloscope tout s’emballe et il fallait, pour l’accompagner, une musique aussi dissonante et désespérée. Pas pour nous sauver, pas pour expier quoi que ce soit, juste un écho sonore de ces bouleversements. Et cela tombe bien puisque SECRET GIRLS débarque avec GROUND.

GROUND comme la terre, les pieds bien dedans, prêt à la faire trembler. À première vue rien de politique dans la musique des rouennais qui cite autant les loups garous que la figure iconique de Buster Keaton.

Et pourtant, la vérité est un peu ailleurs …. Lorsque l’on découvre les cinq morceaux qui composent GROUND, on est frappé dans notre intime par ce qu’ils nous font ressentir. Une ébullition créative qui joue avec les formats, qui décide de tout secouer. Il y a aussi une urgence presque désespérée à poser de la musique, à la faire vivre tant que cela semble encore possible.

Même lorsque le tempo ralentit avec Lentil Weapon, le chaos finit toujours par apparaitre en son cœur, comme si il était impossible d’y échapper. Une transition en milieu d’EP qui pourrait nous faire reprendre notre souffle, mais qui nous rappelle que le bruit est toujours présent, même là où on l’attend le moins.

SECRET GIRLS portrait

Auparavant, on débutera l’histoire avec Werewolf, chasse au loups sur guitares acérées où les hommes sont des monstres comme les autres, en perpétuelle transformation. Un morceau au format mouvant, porté autant par le stoner que par une touche de psychédélisme et un refrain pop chantée qui s’envole.

The Great Stone Face s’élance dans une folie libératrice avant de nous imposer une structure presque martiale et oppressante autour d’un format basse-batterie bien senti. Le chant oscille entre la neurasthénie et la révolte. Une prison dorée qui nous fait un gros effet alors que la construction mélodique s’envole et nous surprend.

Hooks elle s’aventure dans des contrées bien plus hypnotiques et psychédéliques avec sa boucle de paroles répétées à l’infinie tandis que Tires s’offre une épopée punk qui sera, fatalement, elle aussi rattrapée par le chaos.

Avec GROUND, SECRET GIRLS nous offre un saisissant travail sonore qui permet, à écoute répété, d’expier certaines pensées bien enfouies à l’intérieur de nous. Une nouvelle preuve que la scène rouennaise fait partie des plus novatrices et qualitatives du moment.

Pour écouter GROUND de SECRET GIRLS, ça se passe par ici