Présentation du Pitchfork Music Festival 2022 à Paris

Le célèbre festival americain change une nouvelle fois de monture en rallongeant son séjour dans la capitale. Si les deux soirées avant-gardistes restent le noyau de cet événement, d’autres nuits apparaissent avec des noms très alléchants et déjà bien connus du monde indé. Mais, n’oublions pas, l’objectif de ce festival reste la découverte des talents de demain. Et à ce petit jeu là, Pitchfork fait toujours mouche. Voici notre sélection, bien encore incomplète !

Note : Spirit of the Behieve n’est plus à l’affiche. Le groupe a été remplacé par les anglais The GOA EXPRESS

Lundi 14 novembre 2022

Yot Club (La Gaité Lyrique)

Le Pitchfork parisien tape un grand coup dès son entame. Derrière Yot Club se cache surtout un petit génie au nom de Ryan Kaiser. Révélé sur Soundcloud, le jeune américain nous fait rêvasser avec sa lo-fi indie pop qui rappelle Mild High Club et Youth Lagoon. Son titre majeur est YKWIM?, qui culmine à près de 400 millions de streams sur Spotify. 

Le 10 juin 2022, il sort son premier album, off the grid (oui, pas de majusucules ici) beaucoup plus musclé que ses précédents EP.  L’exemple parfait pour s’y plonger est le titre down bad, qui vire sur du surf punk. Ça swingue et ça donne du peps. Et nul doute qu’il convaincra la Gaité Lyrique.

Dehd (La Gaité Lyrique)

On les avait déjà rencontrés lors du dernier Rock en Seine. Malheureusement, il fallait faire un choix entre eux et les famous Arctic Monkeys. La majorité fit le mauvais choix de se porter vers les gars de Sheffield, dont le set s’est révélé décevant (en tout cas, à Saint Cloud). Le trio de Chigago navigue lui aussi sur le surf rock avec trois albums sortis en 4 ans. Le grain de folie l’emporte toujours sur les mélodies entêtantes.

Mettez Lucky pour avoir un son qui vous envahit l’esprit toute la journée alors que vous devez finir votre satané PowerPoint. Le groupe vous accorde cette insouciance juvénile à chaque instant. Et le live sera lui aussi captivant, tant la chanteuse, Emilie Kempf, est souvent déchaînée devant son public. Belle pioche du festival Pitchfork.

TV Girl (Café de la Danse)

Grosse pioche du Pitchfork. Ils sont encore rares dans notre contrée. La formation indie pop de San Diego a déjà conquis de nombreuses âmes par leurs envolées mélancoliques. Souvent portées par le sujet des relations amoureuses, leurs mélodies font partie de celles qui viennent taper votre peau pour faire frissonner le moindre poil.

L’utilisation de samples lo-fi est l’une des clés de leur tour de magie. Le groupe ne se cantonne pas à la pop et peut même virer à la RnB et au reggae. En attendant, essuyez vos larmes en écoutant Lovers Rock.

Mardi 15 novembre 2022

Nation of Language (La Gaité Lyrique)

Il y a un adage très célèbre en musique. Si un groupe est indé et vient de New York, il est forcément de qualité. Rajoutez à cela que le leader du groupe Richard Devaney est également co-leader de Machinegum avec Fabrizio Moretti, alors il n’y a plus à douter, foncez voir Nation of Language. Leur premier album, Introduction, Presence, sorti en 2020, fut acclamé par la critique pour sa facture indie pop empreinte de nostalgie 80’s.

Il faut dire que Devaney a souhaité monter ce groupe après avoir écouté Electricity de Orchestral Manoeuvres of the Dark. Il n’est alors guère étonnant de vibrer sur des envolées atmosphériques et énergiques sur chacune de leur pistes, qui donnent toutes juste envie de prendre la route pour l’eldorado au coucher du soleil…

Porridge Radio (La Gaité Lyrique)

Déjà suivi depuis longtemps par La Face B, Porridge Radio fait partie des valeurs montantes et sûres de la sphère indie rock. De ce fait, les voir en tête d’affiche de ce festival s’accompagne d’un grand sentiment de satisfaction, tant ce groupe le mérite. Dana Margolin donne corps et âme à ce projet, mais aussi beaucoup de ses poumons sur scène. Chaque piste est comme une déchirure issue de la vie de jeunes adultes qui s’entêtent sans cesse à continuer de ressentir la douleur qui les traverse.

Le trop méconnu titre Long est le plus charismatique de la formation de Brighton, et également un des moments les plus prenants émotionnellement en live. A voir (ou revoir) durant ce Pitchfork Festival parisien.

Jeudi 17 novembre 2022

Sadansolo (La Place)

Peut-être un des secrets les mieux gardés de la nouvelle scène rap francophone, Sadandsolo a déjà su se faire un petit nom qui devrait continuer de prendre en ampleur au fil des années. Gravitant autour de plusieurs artistes de cette même scène, il n’est pas uniquement rappeur mais accompagne par exemple Lala &ce sur certaines scènes en tant que DJ. Du côté de sa musique, ce qui frappe directement, c’est l’énergie débordante dont il regorge et lui permet de faire effet directement sur scène.

Ses influences aux accents américains l’accompagnent dans ses idées de flows. De plus, il n’a pas peur de mélanger l’anglais et le français avec une aisance déroutante. Étant également à l’aise sur des sonorités afro ou plus mélodiques, son show promet une belle diversité. 

Knucks (La Place)

La musique anglaise est pleine de belles surprises. Son rap l’est tout autant. Parmi les rappeurs les plus intéressants du pays, Knucks n’est pas un nom à omettre. Pas étonnant que sa musique ait déjà pu passer la Manche et se répandre auprès des auditeurs francophones les plus attentifs.  Ses principales forces résident dans son aisance à faire groover ses flows, leur insufflant continuellement ce petit swing entraînant.

Côté production, on peut y trouver les classiques drill et trap, agrémentés de cuivres leur donnant un côté jazzy qui se marie à merveille avec les variations de voix du rappeur, et qui devrait faire son petit effet en live. 

Vendredi 18 novembre 2022

yeule (Badaboum)

Si la musique est un puissant vecteur d’émotions, le live en est sa plus belle libération. Et quand il s’agit de yeule, cette phrase semble encore plus réelle. Cette artiste a une musique difficile à décrire tant elle vient jouer avec nos émotions. Et mettre des mots sur ces dernières n’est pas la chose la plus aisée, donc autant dire qu’on ne se laissera pas aller à des formulations hasardeuses concernant son travail.

C’est pour ces raisons que l’on vous conseille grandement de sauter le pas, et d’aller vous laisser surprendre par la voix cristalline et les nappes oniriques de sa musique qui, on en est certains, prendront une toute autre mesure en live. 

John Glacier (Badaboum)

Je me rappelle avoir découvert John Glacier en 2019, au hasard d’une écoute imposée par l’algorithme Spotify, qui me proposait un morceau de LYAMOrigami, un featuring avec Shygirl et John Glacier. Le nom inconnu, aux côtés de la papesse de la musique club catégorie mutante, m’intriguait. Des recherches curieuses sur cette artiste est-Londonienne ayant donné peu de choses, à peine quelques collaborations précieuses, chaperonnées avec classe, je suis longtemps restée sur ma faim.

Enfin, en 2021, John Glacier sort SHILOH: Lost For Words : 12 titres, 25 minutes qui ressemblent à une mixtape construite avec soin, produite par le génial Vegyn, autour de la personnalité réservée de la rappeuse, dont les paroles évoquent plutôt un monologue intérieur, sur le mode de l’écriture automatique, qu’un manifeste tonitruant. On ne peut s’empêcher de faire le lien entre son nom et les paysages sonores déployés dans ses morceaux, glacés, d’un bleu profond, taillés pour les jours raccourcis de l’hiver.
Quelques lives confidentiels à Londres sont venus étayer cette sortie, mais sa présence semble rare : d’une assez grande rareté pour vous encourager à la découvrir sur scène le 18 novembre.

Sudan Archives (Café de la Dance)

Brittney Parks, aka Sudan Archives, a tout pour devenir la nouvelle reine de la scène R&B. Le Pitchfork Musique Festival de Paris peut se ravir de proposer cet artisite. Violoniste de formation, elle s’appuie sur son savoir-faire pour le marier à une musique plus pop, majestueuse sur son premier album Athéna. On touche même à l’électro-trap sur son dernier bijou, Natural Brown Prom Queen. C’est émotionnellement frais et instrumentalement très catchy. Elle redonne différentes teintes de couleurs à la scène R&B actuelle. Attendez-vous à une prestation unique et à une salle blindée.

The GOA EXPRESS (Supersonic)

Petit événement, le quintet en provenance de Burnley jouera pour la tout première fois à Paris. Qu’ils se rassurent, le Supersonic a l’habitude d’accueillir les groupes de demain dan sa salle. THE GOA EXPRESS a tout du groupe anglais comme on les aime, avec ses ballades pop insouciantes et fédératrices en équilibre avec des titres aux guitares saturées. Il y aura du parfum d’Oasis dans la salle, d’autant plus qu’il y a deux frères dans la bande : Douglas Clarke (chant et guitare) et Joe Clarke (clavier). Pour l’instant, ils s’entendent bien, soyez rassurés. Il n’en reste pas moins qu’ils sont jeunes et frais, et comme tout anglais de cette génération, ils sauront vous faire vibrer avec leur hymne sombre, Everybody in the UK.

Samedi 19 novembre 2022

Mandy, Indiana (Supersonic Records)

Encore un groupe provenant de Manchester. C’est un peu comme New York : c’est souvent gage de qualité. Mandy, Indiana est un groupe électro-rock aux titres explosifs qui ravira les fans de Working Men’s Club et Gilla Band. Si vous prenez le soin d’écouter, ne soyez pas étonnés d’entendre du français, car Valentine Caufield adore chanter dans sa langue maternelle. Les sonorités sont souvent sombres et nerveuses. Elle sont d’ailleurs le squelette de chacune des pistes élaborées par Scott Faire avant que Valentine y pose ses paroles. Une efficacité redoutable et encore une belle trouvaille du Pitchfork.

Nukuluk (POPUP!)

Quiconque s’intéresse à l’actualité de la scène musicale anglaise sait que la terre bétonnée du sud de Londres contient un terreau fertilisant d’une puissance insensée, brassant large, touchant autant le post punk, tant revivifié ces dernières années, que le hip hop, terrain d’expérimentation préféré des Anglo-saxons. S’il fallait donner un nom à cette intersection typiquement londonienne de la musique alternative, le titre du premier EP du collectif NukulukDisaster Pop, est le choix parfait. Une ambition pop disséquée avec chaos, une tentative d’approcher avec émotion un monde digital disjoint. Pensez également : Wu-LuDeath Grips, JPEGMAFIA. Si le collectif tire son appellation étrange du nom de son membre fondateur, le rappeur et producteur Luke Kulukundis, les musicien.ne.s insistent : Nukuluk n’est pas un groupe et rejette la configuration hiérarchique propre à un processus de composition traditionnel. Chacun.e apprend des autres, tout le monde partage ses influences artistiques larges. D’où, peut-être, cette facilité à passer d’un monde à l’autre, de textures abrasives en rythmes disloqués, sans perdre l’essence structurellement pop qui leur promet un beau succès.

Et voici la playlist Spotify pour goûter à tout et faire votre propre opinion sur les artistes du Pitchfork Music Festival..

Toutes les informations sur le Pitchfork Music Festival Paris 2022 sont à retrouver ici