Ça y est, c’est l’Automne. Les feuilles tombent, le temps est pourri, et il ne reste plus qu’à regarder les photos souvenirs de l’été pour retrouver un peu de soleil. Au milieu de tout ça, débarque Primevère, avec un pseudo aussi fleuri que sa musique, qui ne demande qu’à être cueillie et choyée jusqu’au retour du Printemps. Plongée dans un champ de fleurs, dans lequel on compte bien se rouler longtemps.
À l’orée de cet automne 2020 bien particulier, Romain Bénard a décidé de nous faire un cadeau. Le garçon, membre habituel de Ropoporose, Braziliers ou encore Namdose, a sorti de ses cartons un album, qu’il avait commencé il y a déjà 2 ans de ça suite à l’interruption de la tournée de Ropoporose du fait d’une blessure de sa soeur et bandmate Pauline. Un recueil de pop, savamment orchestré et où on trouve sa voix suave, sa batterie pleine d’énergie et toujours dotée de motifs intéressants, mais aussi une sensibilité, qu’on n’attendait pas forcément mais qui ne surprend nullement au final. Le temps de 30 minutes, il nous fait faire une visite de son univers à lui, qui nous fait un peu penser à Tunng par moments. C’est forcément étrange de découvrir finalement en solo le travail de quelqu’un qu’on ne connaît qu’au travers de ses groupes, et on serait presque déçus de ne pas avoir pu goûter à ce trésor plus vite.
Une demi-heure, c’est le temps parfait pour un petit footing bien couvert pour affronter le temps de saison et s’évader. On oublie bien vite les kilomètres qui passent à l’écoute de ce disque, en découvrant à chaque morceau une nouvelle facette d’un opus riche en sensations. Du tubesque Yeah, à la confession en Français Je m’embrasse (seul morceau non anglophone), on virevolte avec grâce et aisance. Le travail de réalisation est également à souligner, lui qui joue avec l’auditeur dès les premières notes. Au démarrage, un riff de guitare qu’on croirait presque un peu naïf ou simpliste, mais qui prend immédiatement une autre dimension lorsque le reste des arrangements entre en jeu. On est alors quitte pour un mea culpa bien senti, d’avoir jugé cette musique après simplement quelques secondes. Une bonne leçon, qui permet d’être par la suite happé.e par cet album sans le voir passer. On arrive ainsi très vite à sa conclusion, The Lights, morceau qui nous a le plus marqués. Simple dans l’esprit, avec seulement du clavier (sur deux accords !) et de la voix ainsi que beaucoup de jeu de mixage, il offre la une sublime conclusion à un album qui respire, qui sent bon comme un bouquet de fleurs fraîchement cueillies et qu’on a envie de ré-écouter, du fond du lit, bien au chaud. En attendant que revienne la lumière du Printemps.
Photos : Antoine Merssemann