Dans un monde qui, pour les plus nihilistes pourrait présager un futur chaotique de par son déclin environnemental, ses prises de positions extrêmes en pleine augmentation, et son ultracapitalisme… La place de la culture reste importante. Vecteur aussi bien de divertissement que de (contre)pouvoir politique, elle permet à tout un chacun de s’exprimer (dans les limites du raisonnable). C’est inspiré par ce climat tumultueux que Ptite Soeur et le producteur neophron livre RED႟UN.
Loin de vouloir porter une quelconque casquette politique à ce projet, il semble s’inscrire dans les (sombres) moeurs de son époque de par ses productions chargées, presque anxiogènes et ses thématiques teintées d’un certain pessimiste vis-à-vis du futur. Il ne tient qu’à écouter l’introduction du projet (LAYER1) et cette interlude parlée mettant en exergue quelques questions existentielles sur ce qui nous attend dans les années à venir pour le comprendre.
En tentant d’y répondre on se rend vite compte que les réponses ne sont pas des plus encourageantes…
C’est donc dans un décor où tout semble tomber en ruines que l’équipe derrière ce projet se met à l’abri depuis un bunker visiblement prêt à résister à tout pour préparer « le son de demain » (sic, BUILDING). Ce dernier est cryptique, comme en témoigne les symboles accompagnant chacun des six titres du projet ou encore les effets appliqués sur la voix de Ptite Soeur n’hésitant pas à couper certaines phases abruptement.
En finalité, il n’y a presque plus rien de scolaire dans la composition : ça part dans tous les sens, ça sature, ça percute, ça grésille et ce, jusqu’à l’explosion ! Le seul élément qui peut sonner « académique » c’est la maitrise technique des placements vocaux du rappeur. La compléxitude des productions offrent étonnement un terrain de jeu dans lequel il s’amuse avec les flows et les rimes laissant entrevoir une technique implacable. Une manière d’ironiser ses questionnements en utilisant un égo-trip rebelle. Ce dernier ouvre la porte à un certain espoir qui vient contraster avec le côté destructeur du projet.
« On pratique le son de demain avec mes deux mains et les deux mains de neophron«
Ptite Soeur & neophron – BUILDING
Tout détruire pour tout mieux reconstruire, ça semble un peu la volonté cachée derrière RED႟UN. Une proposition radicale construite par deux artisans : Ptite Soeur et neophron aidé par Rosaliedu38 (NPC) et esone (NPC et DOGMA) qui se retrouve à mi-chemin entre les chevaliers de l’apocalypse et les Anonymous. Effectivement, on ne sait pas qui se cache derrière ses textes cryptiques et ses instrumentales caverneuses. Le mystère est, par conséquent des plus entiers, il n’en reste que la musique parle pour eux.