Le jeudi 26 octobre, un avis de tempête plane sur Bruxelles. Les rues sont calmes et le vent fait vibrer les fenêtres, l’atmosphère frôle l’apocalyptique et pourtant, on est sorti de chez nous pour aller voir Realo. Le Toulousain a rapidement réchauffé le public présent avec son accent du sud et une énergie démesurée. La vraie tempête du soir a rempli la Rotonde des Botanique d’amour et on vous raconte cette soirée haut en couleur.
On ne va pas se mentir, au vu de la météo extérieur, on avait hâte d’être au chaud dans la Rotonde. Alors on a pris un peu d’avance et on était là dès 19h15. De toute façon, on ne voulait pas manquer la première partie assurée par un collectif local : XXL. Sous la forme d’un trio complémentaire, eugène, ego8 et Michael Skurtson ont partagé la scène. Chacun apporte son style : eugène un côté électronique et onirique émotionnellement très fort, Michael Skurtson une trap lugubre qu’il a réussi à rendre singulière et ego8 surprend avec une exclusivité pleine de maitrise sur une production glaciale de neophron. On le savait excellent DJ, on avait dansé sur son titre aux accents pop Est-ce qu’on pense à la même chose ? et le voilà maintenant en train de nous surprendre avec un rap brillant, un homme plein de surprises qu’il faut suivre de prêt !!
Cet éclectisme fait grandement la force du collectif et est parfaitement construit sur scène pour se rapprocher plus d’une symbiose que d’une compétition. Avec XXL, chaque rappeur prend plaisir à montrer là où il excelle et le public n’a plus qu’à piocher en fonction de ses appétences.
En tout cas, ce soir là, ils ont réussi leur pari car la salle était plus remplie et réveillée à leur départ qu’à leur arrivé.
Après un trio, c’est un duo qui prend place sur la scène : Recklessboise. Les deux dj’s toulousains travaillent souvent avec Realo et l’accompagne sur cette tournée. Pendant une bonne heure, ils transforment la Rotonde en club avec un set complet balayant les genres et disséminant par-ci, par-là des morceaux de l’artiste que le public attend patiemment. Annoncé pour 21h, ce n’est qu’une demi-heure plus tard qu’il pointera le bout de son nez sur le tonitruant Race Mode. Le top départ est lancé, la salle implose et l’artiste s’y engouffre. L’entrée en matière donne le ton : on va s’amuser ce soir.
Bien évidemment, Realo n’a pas tout donné sur le premier morceau, le jeune homme parait simplement transcendé et innarétable. La salle devient son terrain de jeu, la foule ses partenaires de show. Il circule dans le moindre recoin de la pièce, attrapant certains de ses fans pour les emmener avec lui dans des pogos qui ne veulent, ou plutôt qui ne peuvent plus s’arrêter.
Une attitude de rockstar qui traduit surtout un profond respect pour son public et ceux qui portent sa musique. La demi-heure de retard, n’en était finalement pas une, Realo a donné de sa sueur et ce, jusqu’à finir sa performance sous les coups de 23h.
Durant l’heure et demie de performance, on peut se rendre compte de la richesse de la discographie du Toulousain. Entre ses projets collaboratifs, ses singles, ses EP’s et son album, il a picoré dans chaque pour en extraire un nectar qui a contaminé le public. Les symptômes sont simples : les marches de la salle étaient vides, le public s’étant entassé dans la fosse.
S’il est particulièrement généreux avec son public, il fait aussi preuve d’un énorme coeur pour ceux qui l’inspire, à l’instar de Timothée Joly. Ce dernier présent dans l’assemblée a été couvert d’éloge par Realo avant de lui rendre la pareille en interprétant deux morceaux sur scène pendant que l’hôte de la soirée fétait ce moment avec son public.
Ce qu’a proposé Realo ce soir là est d’une richesse folle. Il a réussi à mettre son public à l’aise en un claquement de basse et à lui communiquer toute l’affection qui lui porte. On n’avait pas spécialement l’impression de voir une star devant nous, tant il a brisé cette stupide barrière qui peut exister entre un artiste et son audience. Et pourtant, au vu de la prestation, il n’y a aucun doute qu’il gère déjà ses performances comme les plus grands.