Cela fait un moment qu’on suit Moussa Fennira. Morceau après morceau, le garçon nous fascine de plus en plus, développant un univers fait de souvenirs et de sensations. Alors qu’il vient de dévoiler son premier EP Surface, on lui a envoyé quelques questions pour essayer de percer un peu plus le mystère.
La Face B : Salut Moussa, comment ça va ?
Moussa : Ça va super et j’espère que vous aussi
LFB : Tu viens de sortir ton premier EP officiel, peux tu me raconter l’histoire de sa création ?
M : Franchement il s’est fait tout seul, je ne savais pas que je faisais un EP en faisant ces morceaux, c’est avec le recul que j’ai décidé de sortir ces morceaux en particulier réunis.
LFB : Jusqu’à présent tu n’avais sorti que des singles, mais j’ai l’impression que ces titres forment un tout indissociable. Est-ce que c’est ça qui t’a poussé à les sortir toutes ensemble ?
M : Oui j’ai eu la sensation qu’ils allaient bien ensemble dans cet ordre là, et je me suis fié à cette intuition.
LFB : Ces morceaux semblent être créé comme le journal d’un été, des souvenirs adolescents. Qu’est-ce qui t’a poussé à te replonger dans ces souvenirs ?
M : Je ne saurais pas te dire ce qui m’y a poussé, ce n’est pas calculé. J’ai fait ce que j’avais envie/besoin d’entendre au moment ou je l’ai fait. Je crois que ma musique a toujours eu cette prétention autobiographique, et je suis attaché au souvenirs parce qu’on ne sait jamais qu’ils vont le devenir en les vivant.
LFB : À l’écoute, on a l’impression qu’au niveau de l’écriture, il y a quelque chose de plus enfantin par moment, de plus direct aussi, comme si tu étais redevenu l’adolescent que tu étais.
M : Je crois que j’ai jamais cessé de l’être
LFB : Il y a beaucoup de marquage aussi, des mots qui ramènent des odeurs, des sensations. Est ce nécessaire pour toi que ta musique ramène à des images ? Qu’elle puisse avoir quelque chose de presque physique ?
J’aime bien oui, physique ou sensationnel, je fais de la musique sensationnelle, et j’essaie d’y apposer ou d’y opposer des images par mon écriture, ensuite rien n’est nécessaire mais en ce moment c’est ce que j’aime faire.
LFB : Tu as appelé cet ep Surface. Est ce que c’était une manière de prévenir les gens que ces chansons ne devaient pas être regardé de manière superficielle ?
M : Non surface c’est le nom qu’avait l’instru quand merwan me l’a envoyée. J’ai gardé le nom parce qu’il m’a inspiré une ligne et qu’il allait bien avec le morceau une fois enregistré, puis c’est devenu le nom du projet pour mettre en avant ce morceau que je considérais être le plus fort du projet mais que je plaçais paradoxalement en dernier dans le tracklisting.
LFB : Si je te dis ça, c’est parce qu’à première vue, on peut croire que ces chansons parlent d’amour, mais si on regarde justement sous la surface, on y voit tout un tas de faille
M : Je sais pas chaque fois que j’ai aimé quelqu’un j’ai eu l’impression de me confronter à mes failles justement, tout va ensemble, si je parle d’amour je parle de haine, de haine de la haine.
LFB : Est ce que c’est une chose qui t’intéresse justement ? Les doubles discours, le fait de pousser les gens à vraiment écouter les chansons au-delà du rythme et de la couleur qu’elles peuvent dégager ?
M : Double discours c’est trop connoté politiquement pour me plaire comme définition, mais je ressens un truc qui s’en approche. C’est quand tu dis quelque chose de petit, qui dis quelque chose de plus grand, de l’empirisme un peu.
LFB : Dans ta façon de diffuser ta musique, tu as choisi une façon de faire à l’opposé des standards actuels, on pourrait même y voir une éloge de la discrétion. Créer l’attente, délivrer tes morceaux petit à petit et parfois par surprise c’est quelque chose qui t’intéressait ?
M : Je prend le temps, j’essaie de faire des bonnes chanson et ça prend du temps.
LFB : Après la sortie d’un EP, vient forcément la question de l’album ? Est-ce que tu y penses ?
M : Pas forcément je trouve, mais j’y pense depuis un moment ca se profile.
LFB : Je t’avais vu sur scène en première partie de Odezenne. Comment envisages tu la scène ?
M : Mes scènes c’était surtout des crashs test, la si j’y retourne ce sera avec un vrai truc bien bossé, pour l’instant le live c’est pas du tout un truc que j’ai taffé donc j’ai pas vraiment hâte non, je me projette pas du tout sur cette question à vrai dire.
LFB : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour l’avenir ?
M : Un avenir
LFB : As tu des coups de coeur récent à partager avec nous ?
M : En ce moment j’écoute Debussy, Hisaishi, Marvin Gaye, Le Rat Luciano et je lis des livres trop dangereux pour les citer.