Pour son tout premier concert à Paris, Reneé Rapp a frappé très fort.
C’est dans la salle mythique de l’Olympia, pleine à craquer pour l’occasion, que l’on a pu enfin découvrir la phénoménale Reneé Rapp sur scène. Entre la sortie de son premier album Snow Angel en août dernier, et celle du film Mean Girls dont elle tient le rôle principal il y a quelques semaines, sa venue était l’événement à ne pas rater de ce début d’année. Fervente adepte de comédies musicales, cette enfant de Broadway n’a pas failli à sa réputation de showgirl et est venue confirmer qu’elle mérite bel et bien sa place parmi les nouvelles it girls de la pop à travers un concert haut en couleurs.
Pour une première tournée, il faut s’avouer que le choix de l’Olympia nous a tout d’abord laissé perplexes : performer sur une scène comme celle-ci nécessite une certaine aisance, qui s’acquiert d’habitude après quelques années d’expérience, pour être sûr d’occuper l’espace convenablement et d’avoir une présence scénique suffisamment imposante pour le remplir.
Mais voilà : cette expérience, plutôt qu’en concert, Reneé l’a acquise sur les planches des comédies musicales auxquelles elle participe depuis son plus jeune âge.
Et cette différence se ressent….. mais pour le mieux !
Plus qu’une expérience classique, on a le droit à un package complet : one woman show, live band, effets numériques plus vrais que nature…. mais surtout une maîtrise vocale très (très) impressionnante. Un timbre cristallin, qui ne laisse passer aucune fausses notes, que l’on parvient tout de même à discerner parmi les milliers de fans qui connaissent déjà chaque morceau sur le bout des doigts.
Le tout sans jamais cesser le show, enchaînant vanne sur vanne et nous confiant des storytimes croustillantes sur l’origine de certains morceaux.
Car ce qui fait le réel charme de Reneé Rapp, en plus de sa voix à couper le souffle, c’est son honnêteté sans limite. On sent en effet malgré son jeune âge une identité artistique définie, et surtout très authentique; extravagante sans jamais être exagérée.
Un engouement qui se comprend à la fois par le talent indéniable de la chanteuse, mais également par sa proximité avec sa communauté.
Plusieurs fois durant la soirée, elle s’interrompt pour lire les pancartes toutes plus farfelues les unes que les autres venant du public, mais également pour aider plusieurs fans au bord du malaise à sortir sans encombre de la fosse remplie à bloc.
Moment fort de la soirée : sa reprise de Daddy Lessons de Beyoncé, son idole de toujours, introduite par un discours extrêmement important durant lequel elle rappelle le rôle crucial joué par les afro-américains dans l’émergence et le succès de la country, trop souvent rattachée à mauvais titre aux cowboys blancs des États bien trop à droite. Une note qui sera sans doute utile à plus d’un, et qui la montre en exemple concret d’artiste qui utilise sa plateforme à bon escient.
Une bonne partie de la soirée est surprenamment consacrée à quelques balades larmoyantes, qui forment un intervalle bien pensé entre les titres plus dansants. Elle s’assoit ainsi quelques minutes, et la pop star se transforme un instant en une jeune femme au quotidien banal, parsemé de hauts et de bas, de relations et de ruptures, à qui tous peuvent s’identifier facilement et à la vulnérabilité tranchante. Le calme avant la tempête, ou plutôt avant de reprendre le rythmé effréné et les refrains entêtants qui ne manquent pas à sa discographie.
Enchaînant hits sur hits, dont les excellents Not My Fault et Poison Poison, Reneé livre une heure de show impressionnante, portée par un choeur de voix en provenance d’un public complètement conquis. On ne peut que le comprendre tant sa performance est totalement maîtrisée et respire la bonne humeur pendant un mois de février où cette dernière n’est pas de trop.
Véritable pile électrique, on ressort du concert étonnamment plus en forme que l’on n’y est entrés, avec une seule hâte; son retour à Paris.