A l’occasion du festival Rock en Seine, La Face B a eu la joie d’échanger avec les trois muses Say She She venues de New York : Piya Malik, Sabrina Mileo Cunningham et Nya Gazelle. Après une tournée d’un an à travers les plus grands festivals du monde, elles ont fini par conquérir le cœur de toutes les foules sur leur passage. Elles finissent leur tournée en Angleterre avec notamment un passage dans la prestigieuse salle du Royal Albert Hall de Londres. Au programme de cette interview : Supersonic, français, disco et thérapie.
ENGLISH VERSION BELOW
La Face B : Bonjour tout le monde ! Quel est votre premier sentiment après votre premier concert au Rock en Seine ?
Sabrina Mileo Cunningham : Oh, tellement heureuse et tout simplement remplie de joie. C’était vraiment amusant. Nous avons eu une grande explosion de joie avec un public super. La brise était agréable.
La Face B : Vous avez joué au Supersonic à Paris en mars dernier, il y avait une centaine de personnes. Il y a maintenant plus d’un millier de personnes devant vous. C’est une évolution énorme en un an !
Nya Gazelle : Oui, nous avons eu le privilège de jouer dans d’autres festivals où il y a eu beaucoup de monde. C’est définitivement différent des salles de concert. C’est très différent du Supersonic et cela se rapproche plus des autres festivals où nous avons joué comme à Glastonbury l’an dernier. Nous travaillons pour cela.
Piya Malik : En fait, nous avons joué plus d’une centaine de concerts depuis la première fois à Paris au Supersonic. Donc, vous voyez, c’est beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de joie et de déception. À chaque fois, il devient de plus en plus important pour nous de continuer. Parce que les spectateurs sont de plus en plus nombreux !
La Face B : A quel concert avez-vous senti que le groupe a bien grandi ?
Piya Malik : C’est vrai qu’à Los Angeles, après le Hollywood Bowl, ça a été très différent. On a eu beaucoup plus de spectateurs après. Pour nous, à Glastonbury en Angleterre, ça nous a beaucoup aidé. Et je pense, j’espère, Rock en Seine ! Rock en Seine est vraiment l’équivalent pour nous de notre expérience au Hollywood Bowl, notre expérience à Glastonbury. Même en Allemagne où on a fait… Mannheim !
La Face B : Vous avez donc joué dans les grands festivals de chaque pays.
Piya Malik : Oui, et en tête d’affiche ! Nous aimons cela même si c’est moins intime. C’est vraiment important pour nous de nous connecter avec les gens qui sont là. Nya dit toujours quelque chose que je trouve si gentil et doux. Le concert est une expérience entre le public sur le dancefloor et nous sur la scène. Ils nous donnent de l’énergie, et nous leur redonnons tout de suite, directement. Il devient un échange très spécifique. Je pense que c’est clair dans les festivals, avec un grand public, mais dans les concerts, qui sont encore plus intimes, c’est précieux pour nous aussi. Il est précieux pour nous d’avoir une proximité avec notre public.
La Face B : Alors, quel est votre meilleur souvenir de cette tournée ?
Piya Malik : Rock en Seine, évidemment. Ce festival est tellement amusant, nous partageons avec beaucoup de gens ici ! Le niveau artistique, le niveau des artistes est grand. Nous travaillons pour avoir ce genre de vie. Nous voyageons partout dans le monde. Nous devenons une famille, mais aussi nous avons désormais un réseau et une compréhension forte de ce milieu musical. Donc être ici avec de nombreux musiciens très internationaux à Paris, c’est vraiment incroyable. Vous avez Glass Beams d’Inde, vous avez Jungle du Royaume-Uni… Évidemment nous avons joué à New York, il y a beaucoup de fans américains ici aussi, et c’est vraiment spécial d’être dans différents endroits du monde. Mais nous restons unies par cette chose que nous faisons, qui est de se produire. Je pense que notre travail est vraiment un service pour les autres qui nous fait du bien. C’est cool !
Sabrina Mileo Cunningham : Revenir à Paris est un rêve, on l’aime. On mange le beurre, le pâté les croissants, le café, tout, on a juste l’impression de prendre des vacances, on adore ça.
La Face B : Vous parlez un peu français ? Parce que vous avez une chanson en français.
Sabrina Mileo Cunningham : Oui, c’est vrai. Nya chante le plus en français d’ailleurs, elle a juste besoin d’apprendre les mots, mais son accent est parfait.
Nya Gazelle : Mais je n’arrive pas à parler en français, le truc drôle c’est que l’accent ne se traduit pas quand je parle en vrai français (rire).
Sabrina Mileo Cunningham : Non, ça l’est. C’est le français du charabia, et elle est plutôt douée pour ça.
Nya Gazelle : C’est mauvais, je suis une maman intelligente.
Piya Malik : Non, elles veulent toutes les deux apprendre le français. Elles le disent toujours et elles apprennent vite. Il leur a fallu un jour pour s’en souvenir. Nous avons aussi de très beaux souvenirs de la réalisation de notre vidéo musicale ici à Paris (ndlr : Piya est la seule à savoir communiquer en français dans le groupe).
Sabrina Mileo Cunningham : Oui, mes amis de l’université ont fait le clip vidéo de C’est Si Bon en prenant photo par photo.
La Face B : Êtes-vous prêtes à chanter une autre chanson en français?
Sabrina Mileo Cunningham : Bien sûr. Oui, on est toutes partantes !
Piya Malik : On veut faire un album entier en français.
La Face B : Mais qu’est-ce que vous…
Piya Malik : (elle me coupe la parole) Qui est le meilleur producteur français ? Qui est le producteur chaud en ce moment avec lequel nous devrions travailler? Dis-moi !
La Face B : C’est particulier, parce que vous êtes plus disco, plus soul, donc je ne sais pas exactement de qui vous avez besoin, mais en France on a de très bons producteurs, surtout dans le domaine de la musique électronique. Mais votre musique est très originale car vous avez réinventé la disco sinon !
Piya Malik : Oui, c’est vrai ! Mais ce n’est pas un objectif pour nous. Je dirais que nous aimons tous le fait que la disco est politique, donc c’est important pour nous. Il faut connaître l’histoire de la disco. Il faut savoir que la disco a été maltraitée dans certaines parties de l’Amérique. Des gens ont brûlé des disques disco, des terrains de baseball, etc et c’est lié beaucoup à du racisme. Donc pour nous le disco, c’est une question de libération, d’acceptation, et aussi d’être ensemble, unis, et libres de faire ce que l’on veut.
Et il s’agit aussi de faire danser les gens. Surtout après une pandémie ! Nos vies devraient être consacrées à célébrer le fait d’être ensemble et d’être unis sur une piste de danse. Et je pense que la disco sur le plancher est le cœur battant de la piste de danse mondiale.
La Face B : Vous jouez souvent Slippery People de Talking Heads en live. Pourquoi ?
Nya Gazelle : On adore Talking Heads. C’est la chanson préférée de Sabrina. Ce morceau est amusant.
Sabrina Mileo Cunningham : J’adore ce morceau ! C’est tellement amusant, et c’est juste cette époque où la musique qui sort de New York comme Liquid Liquid et certains de ces autres groupes nous parle beaucoup. Je pense que ça couvre le chant masculin, on adore leur écriture. C’est juste que ça vous fait bouger. Ça fait du bien.
Lq Face B : Et vous avez une chanson joyeuse, aussi un titre mélancolique, comme Pink Roses. Cette chanson est un hommage à qui ?
Piya Malik : C’est pour la mère de Sabrina. Nous l’avons écrite pour son anniversaire. C’était si beau. Elle pleurait, elle chantait. Pour nous, la musique est aussi de la thérapie, de temps à autre. Le processus du chant est aussi un exercice et un hommage à sa mère. Et pour tous ceux qui éprouvent du chagrin. (ndlr : Piya voulait dire chagrin à travers le mot « grief » après l’interview)
La Face B : C’est terminé ! Nous n’avons que dix minutes pour discuter, alors merci pour ce moment ! Bonne journée !
Say She She : Merci beaucoup de nous avoir invitées. Nous avons passé un bon moment !
ENGLISH VERSION
La Face B : Hello everybody ! What’s your first feeling after your first show at Rock en Seine?
Sabrina Mileo Cunningham : Oh, so happy and just high. High with joy. It was really fun. We had a blast. Great crowd. The breeze was lovely.
La Face B : You have played at Supersonic in Paris in March last year, there were a hundred people. Now it’s been more than a thousand people in front of you. It’s a huge evolution in one year.
Nya Gazelle : Yeah, we’ve had the privilege of playing at other festivals where there’s been a good amount of people. It’s definitely different from the club shows. It’s definitely different from where we played in Paris. At the other festivals, we did play Glastonbury last year. So we’ve been working on it.
Piya Malik : Actually, since the first time we gave a concert in Paris, we played more than a hundred concerts. Since the first time at Supersonic. So, you see, it’s a lot of work, but it’s also a lot of joy and dxperience. Every time, it becomes more and more important for us to continue. Because the people, the crowds, they become more and more.
La Face B : Was there a concert where you felt the band was grown ?
Piya Malik : It’s true that in Los Angeles, after Hollywood Bowl, it became a lot different. A lot more people after that. And for us, in London, I think after Glastonbury, it’s clear in England that it helped us a lot. And I think, hopefully, Rock en Seine! Rock en Seine is really the equivalent for us of our experience at Hollywood Bowl, our experience at Glastonbury. Even in Germany, we did… Mannheim !
La Face B : So you’ve played in the big festival in each country.
Piya Malik : Yeah, and the headline shows! We love the headline shows too, even if it’s not more intimate. It’s so important for us to connect, it’s really important for us to connect with the people who are there. Nya always says something that I think is so nice. She always says this thing that I think is so sweet. It’s an experience between the audience on the dance floor, and us here. They give us energy, and we give it back to them right away, directly. It becomes a very specific exchange. I think it’s clear in festivals, with a big audience, but in concerts, which are even more intimate, it’s precious for us too. It’s precious for us to have the intimacy in the headline shows.
La Face B : So, which is your best memory during the current tour?
Piya Malik : Of Rock On Seine, obviously. I’d say so. This festival is so fun, we’re sharing the space with a lot of people.
The level of artistry, the level of the artists here, I think that we have this kind of life, we travel all over the world, we become a family, but also we have an extended understanding of this other family of musicians. So to be here with a very international roster of musicians, you know, here in Paris, it’s really amazing. You’ve got Glass Beams from Inde, you’ve got Jungle from the UK, obviously we performed in New York, there’s a lot of American fans here too, and that’s really special to be in different places in the world, but united by this thing that we do, which is perform. I think our job is really a service, it’s for others, as much as it feels good for us, it’s supposed to be for others, and that’s cool too.
Sabrina Mileo Cunningham : We just, also just being back in Paris is a dream, we love it. We eat the butter, the pâté, the croissant, the croissants, the coffee, everything, we just, it feels like a vacation, we love it.
La Face B : You speak all a little French, because you have a song in French.
Sabrina Mileo Cunningham : Yes, that’s right. Yeah, we all enjoy the song. And Nya speaks the most, she just needs to learn the words, but her accent, it’s perfect.
Nya Gazelle : But I can’t, the funny thing is, the accent doesn’t translate when I’m actually speaking real French (laugh)
Sabrina Mileo Cunningham : No, it does, it does. It’s the gibberish French, and she’s quite good at it.
Nya Gazelle : It’s bad, I’m a savvy mama.
Piya Malik : No, they want to both learn, they always keep saying it, and they learn fast. It just took them one day, and they remember it. We also have such beautiful memories from shooting our music video here.
Sabrina Mileo Cunningham : Yeah, my friends from the university, photo by photo, they made the video clip. They made the video clip for C’est Si Bon, we did it here in Paris.
La Face B : It’s really nice. Are you ready to sing another song in French?
Sabrina Mileo Cunningham : Sure. Yes. Bring it on, baby !
Piya Malik : We want to make a whole album in French. One day, yeah. Sure.
La Face B : But what do you…
Piya Malik : Find us, who is the best French producer, who is the hot producer right now we should work with? Tell us.
La Face B : It’s particular, because you are more disco, more soul, so I don’t know what you need exactly, but in France you are a good producer specialy in electronic music. But your music is very original because you reinvented the disco.
Piya Malik : Yeah, revival, baby. There’s no goal as such for us, but I will say we all love the fact that disco is political, so that’s important for us, because I don’t know if you know the history of how disco was treated in certain parts of America, and burning disco records, and baseball fields, and it’s tied up with a lot of racism, so for us disco is about liberation, it’s about acceptance, and also it’s about us being together, united, and being free to do what we want.
And it’s also about getting people up and dancing, especially after, if we were all living through a pandemic, after that, our lives should be about celebrating being together and being united as a dance floor. And I think disco, that floor on the floor, is the beating heart of the global dance floor.
La Face B : You play often Slippery People from Talking Heads in live. Why ?
Nya Gazelle : We just love Talking Heads. Because it’s Sabrina’s favorite song. It’s fun.
Sabrina Mileo Cunningham :I love it. It’s just so fun, and it’s so just that era, the music coming out of New York during that time is including Liquid Liquid and some of these other bands, like, speaks to us so much, and I just think that covers up male singing, we just love their songwriting. It’s just, it gets you moving. It feels good.
Lq Face B : And you have a joyful song, also a melancholy title, like Pink Roses. This song is an homage for who .
Piya Malik : It’s for Sabrina’s mother. We wrote it for her birthday. It was so beautiful. She cried, she sang. For us, it’s also therapy, from time to time. Music is also therapy. The process of singing is also an exercise, and an homage to her mother. And for everyone who experiences grief and spite
La Face B : We have only ten minutes to discuss so thanks you for this moment ! Have a good day !
Say She She : Thank you so much for having us. We had a great time today.
©crédit photos : Cédric Obertin