Entre rire et larmes, le retour parfait de Silly boy Blue

On avait laissé Silly Boy Blue début 2022 avec une nomination aux victoires de la musique et une version étendue de ses Break Up Songs. Un an, c’est le temps qu’il lui aura fallu pour revenir bercer nos oreilles avec un diptyque musical flamboyant, tour à tour réconfortant et reconnaissable autant qu’il est rempli de nouveauté et annonce un futur qui va confirmer toutes les espérances, et sans doute un peu plus.

Silly Boy Blue est de retour, c’est ce qu’on a tenté de nous dire. De notre côté pas vraiment, puisque la musique de la nantaise est le genre de gentil fantôme qui vient régulièrement nous hanter, se rappelant à notre bon souvenir et prouvant que ses Break Up Songs nous ont bien marqué. Alors quand on nous avait parlé de nouveauté, on tremblait un peu.

Non pas que l’on doutait de Silly Boy Blue, mais on avait sans doute la crainte de ne pas retrouver la force des émotions qui nous avait frappé, d’abord en 2018 avec But You Will, puis en 2021.

Bien mal nous a pris de douter, tant ce retour se veut à la fois rassurant et flamboyant, en deux temps comme pour marquer encore plus nos esprits. Tout d’abord avec l’inattendue I Don’t Look Good When I Cry. Pas tant dans les thématiques, mais dans la façon de les présenter. Si la musicienne nous avait habituée aux balades et aux sentiments torturés, on ne la voyait pas emprunter ce chemin là.

Nourrie autant à Bon Iver qu’à Frank Ocean, la chanson se transforme en océan de pureté, taillant dans l’os et jouant avec la voix et les effets pour faire une mélodie. Tout se base sur l’émotion vocale et la façon de la transformer, de la modifier pour faire avancer le propos.

I Don’t Look Good When I Cry a quelque chose de presque expérimental mais reste un foudroiement réconfortant, comme une passerelle et un au-revoir à BreakUp Songs. Une dernière rupture avant la reconstruction, passant aussi par la destruction du mythe qu’elle s’était construite.

On passe ainsi des larmes et la mise à nue, à une forme d’humour salvateur, un recul nécessaire et un petit plaisir d’énergie dansante avec Widow Dreams Forever.

Cette seconde partie est à la fois une ouverture sur le futur et une destruction du passé. Avec beaucoup de recul et d’humour, Silly Boy Blue joue avec ses peurs, défait le piège d’un personnage qu’on aurait pu facilement lui coller. Non, elle ne sera pas l’éternelle veuve de la pop française, non elle ne sera pas toujours celle qui se fait larguer. En prenant à bras le corps ce personnage, elle désamorce le tout et nous force à sourire et à danser avec elle.

Car Widow Dreams Forever est un tube, un morceau qui nous invite au relâchement, à danser et à chanter, porté par une section rythmique parfaite et une basse qui se colle à nos corps. On sent dans le morceau tout ce que la scène à apporter à la jeune femme, offrant à sa musique un côté bien plus physique et imposant tout en gardant sa délicatesse et la force mélodique qui fait sa patte.

Cette démystification se poursuit à travers le double clip réalisé par Yannick DEMAISON & Alexis MAGAND. Ce personnage de veuve éplorée évolue dans une certaine libération. Entre la destruction de la première partie et la danse fantomatique de la seconde, Silly Boy Blue se joue des images et des attentes indûment portées sur sa musique et son univers.

Le rendu est superbe, bourré d’influences et de clins d’œil, de poses iconiques et de petits sourires en coin cachés dans les ombres. C’est bluffant et vivifiant, nous poussant forcément à attendre la suite avec une impatience non feinte. Ce gentil fantôme n’a pas fini de nous accompagner, c’est certain.

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