Leur nom est sur toutes les lèvres des fans de musique amplifiée depuis le début d’année : après avoir triomphé sur Tik Tok et créé une hype incroyable sur les premiers singles comme The Summoning ou Chokehold, le troisième album des anglais de Sleep Token est enfin là. Alors simple phénomène internet éphémère ? Loin de là. La trajectoire du groupe depuis 2018 et la sortie de Jaws est un quasi sans-faute et cet album qui sort à peine plus d’un an après This Place Will Become Your Tomb sonne comme une consécration.
On parle parfois trop souvent d’OVNI pour qualifier les groupes qui sortent légèrement des standards dans la scène rock et metal. Pour Sleep Token en revanche le terme convient à merveille. La recette est simple : une pop moderne et léchée, un chanteur anonyme dont la voix évoque les mastodontes mainstream comme Bastille ou Imagine Dragons, le tout mélangé à des passages métal bien énervés où les guitares empruntent à Meshuggah et à la scène djent. Ce n’est plus une surprise désormais mais ce nouvel opus sonne comme l’aboutissement du son que le groupe a passé plusieurs albums à affiner.
Le titre d’ouverture Chokehold est une vraie signature : une ligne électro feutrée, la voix du chanteur Vessel qui vient nous caresser les oreilles et une fois atteinte la barre des 2 minutes, le mur de guitares et le groove phénoménal de la section rythmique se mettent en marche.
L’ambiance est posée, impossible de comparer ça ne serait-ce que de loin à un autre groupe. Et véritable tour de force, Sleep Token arrive à varier son propos à l’extrême, touchant avec aisance à tous les styles.
The Summoning et ses gros clins d’oeils à Gojira ont déjà enflammé internet et mis du côté du groupe une bonne frange de fans de metal, mais c’est Vore qui dans ce style fait le plus de dégâts en se construisant comme une jouissive descente aux enfers.
A l’inverse, des bonbons pop comme Aqua Regia ou Are You Really Okay? feront plaisir aux amateurs de son plus doux. En plus de ces deux faces, l’album explore encore d’autres styles, avec des passages hip-hop, trip-hop, même carrément expérimentaux, sans jamais réellement perdre sa cohérence et en envoyant des titres hyper efficaces à l’image de Granite.
L’un des gros défauts de Sleep Token sur les précédentes sorties était d’en faire trop, avec des disques parfois irréguliers qui manquaient de jus pour nous tenir en haleine pendant une heure. Ici le groupe nous tartine à nouveau une bonne couche (plus d’une heure de musique quand même) mais réussit à ne pas perdre l’auditeur en route. Evidemment, quelques longueurs sont toujours là mais les chansons les plus longues sont particulièrement marquantes, notamment Ascensionism qui démarre par du rap et finit par un riff dévastateur au possible
Vous l’aurez compris, Take Me Back To Eden est un album très riche, une vraie démonstration de puissance par Sleep Token que ce nouvel album devrait propulser très haut, très vite. Malgré tout, on sent que les anglais en ont encore sous le pied et qu’ils ont les moyens de faire mieux, plus concis, plus efficace, avec peut-être moins de fioritures. On ne boude en tout cas pas notre plaisir devant cette sortie qui les place sans problème en haut de la liste des groupes de rock les plus excitants du moment et à deux doigts de prendre un trône qui n’attend plus qu’eux.