Confiant en sa vision, le suisse Slimka délivre ce qui est définit comme son premier album avec Tunnel Vision. L’occasion pour nous de discuter avec lui de tout ce qui a entouré la sortie de cet album, les débuts du jeune artiste et cette foi en une vision qu’il défend depuis qu’il a commencé à rapper. Attachez vos ceintures, on vous emmène à travers le Tunnel Vision et ça risque de secouer.
LFB : Comment vas-tu en ce moment, avec la sortie du projet qui arrive à grand pas ?
Slimka : Je vais très très bien, si je puis dire. Je vais à merveille même.
LFB : Parfait ! Avant la sortie de l’album, tu as déjà dévoilé quelques clips. A travers ces visuels se dégagent une certaine esthétique, qui se suit de clip en clip. C’était important pour toi d’avoir cette continuité aussi bien à travers la musique que par le biais du visuel ?
S : Ouais, exact. Après je kiffe vraiment le visuel aussi, donc c’est très important pour moi d’accompagner un bon morceau avec un beau visuel.
LFB : Du coup, c’était nécessaire d’ancrer ce projet dans une direction artistique bien précise ?
S : A fond. J’ai essayé de passer à une autre étape.
LFB : C’est venu assez naturellement ou ça t’as pris du temps à mettre tout en place ?
S : Ca a prit du temps, c’est sur. Je dirais que je le travaille depuis deux ans, donc ça a pris ces deux années déjà. Cette période de confinement m’a beaucoup aidé pour travailler sur tout ça.
LFB : Justement, pendant ce temps tu as quand même sorti Tunnel Vision : Prélude qui avait eu de bons retours. Ca t’as permis de prendre la température avant de sortir un projet plus conséquent ?
S : Clairement, ça m’a servi. Déjà, ça m’a laissé le temps de bien me préparer pour l’album tout en restant présent pour les auditeurs. Donc, franchement c’était vraiment cool et heureusement que le confinement est arrivé, ça m’a permis de faire ce prélude et d’encore mieux me préparer pour l’album.
LFB : T’as été content des retours qui ont suivi la sortie de ce prélude ?
S : A fond, j’ai été très content. En plus j’ai pu le défendre sur scène l’année passée, donc oui très très content.
LFB : On a pu aussi te voir sur la mixtape Tambora du média 1863, tu peux nous en dire un peu plus sur cette collaboration ? Je sais que c’est un média qui te suit depuis un moment, t’avais aussi envie de leur donner de la force ?
S : Comme tu l’as dit, ils donnent beaucoup de force, donc normal que je leur rende la force. Et je kiffe ce genre de petits médias qui s’intéressent à tout et puis qui donnent de la force à des gens qui n’en reçoivent pas forcément de la part des gros médias.
LFB : Maintenant, on va aborder un peu plus ce qui est caractérisé comme ton premier album. A quel moment tu t’es dit que c’était maintenant qu’il fallait que tu le sortes ?
S : Je pense que quand tu travailles un album, c’est pas comme si tu taffais un EP ou une mixtape, en tout cas moi c’est comme ça que je vois les choses. Il y a plus de réflexions, plus de recherches donc c’est clairement ce que je me suis dit, que là j’allais travailler un vrai projet avec une direction artistique tout du long.
LFB : Du coup, le choix des invités, comment s’est-il opéré pour s’introduire dans la tracklist ?
S : Le tracklisting est clairement venu à la fin mais comme je t’ai dit, l’album j’ai commencé à le travailler il ya deux ans, donc c’est venu petit à petit. Après, pour les featurings, on se connaissait déjà un peu, ça s’est fait très humainement, on s’est rencontrés et on a taffé les morceaux avec chacun des invités.
LFB : Parmi les invités, on retrouve les autres grands artisans de la scène rap en Suisse : Di-Meh, Makala et Varnish La Piscine. Comment avez-vous vécu vos évolutions respectives ?
S : Je suis grave content que tout le monde puisse évoluer, ça a toujours été un des objectifs. Franchement ça déchire, je suis vraiment content et je pense que tout le monde est content pour tout le monde. Du moment qu’on continue à avancer, c’est cool.
LFB : C’était important pour toi de les avoir tous les trois sur l’album ?
S : Fort ! C’est extrême. En tout cas, moi à chaque fois que je fais un album, je vais essayer d’inviter soit les trois, soit deux ou soit un, mais il y en aura toujours au moins un des trois présent.
LFB : Au niveau de la musique, j’ai l’impression que tu as voulu montrer tout ce que tu savais faire et dévoiler tes différentes facettes allant du banger à des ambiances plus planantes en passant par de l’ambiance boom-bap. C’était une volonté de ta part de montrer que tu savais un peu tout faire ?
S : Exact ! C’est toujours ça dans mes projets, ça reste mon identité, ça reste moi. Mais après, il y a toujours de l’expérimentation et je suis un caméléon, je teste, je vais dans des zones où je suis pas toujours à l’aise, je travaille jusqu’au moment où je me sens à l’aise et puis après voila, j’envois.
LFB : Elle te vient d’où cette envie de tout tester ?
S : Je suis quelqu’un de curieux, j’aime bien la musique en générale, je n’écoute pas que du rap, j’écoute pleins d’autres styles différents. Je pense que ça vient de là aussi.
LFB : Dans tes paroles et même dans ta manière de rapper, il s’en dégage une sorte d’égo-trip qui montre que depuis tes premiers projets t’as une vision et tu as confiance en cette vision. Ca a toujours été le cas ?
S : Il y a toujours un moment où tu te poses des questions, mais après en vrai, j’ai toujours eu assez confiance, que cela soit en ce qui concerne la scène ou la musique. Du moment que je vois que les gens s’intéressent, je me dis qu’il y a des choses à faire. Je suis sur la continuité de projets en projets.
LFB : En plus de cela, j’ai l’impression que la recette présente sur Tunnel Vision, elle est là depuis tes débuts et elle n’a été que peaufinée par le temps et les expériences que t’as pu vivre. Comment t’as fait pour garder le cap et cette détermination au cours des années ?
S : C’est la dalle ! Chez nous, en Suisse, personne n’a encore rien fait, personne n’a réussi à mettre le drapeau suisse sur la carte comme on le désire. On a l’envie de connaitre ça. Il n’y a pas de star-système chez nous et on a faim de ça, on veut gouter à ça aussi. On va s’y mettre à 3000% et on va pas lâcher.
LFB : Du coup, vous en êtes pas encore à vous dire que vous êtes des « stars suisses » même dans le rap ?
S : Non, vraiment pas.
LFB : Pour continuer de parler de la Suisse, il y a un freestyle Grünt qui est sorti, tourné en Suisse et avec pas mal d’artistes du pays. Qu’est ce que ce freestyle a représenté pour moi ?
S : C’est lourd, parce que déjà Grünt, je kiffe, ils ont une vraie équipe, déjà pour ça c’est cool. Puis, c’est vraiment un truc de ouf, d’avoir pu rassembler autant de rappeurs. La plupart, c’est des gens que je connais, c’est vraiment lourd. En plus on a pu faire ça au stade de Genève, je crois pas que je me rends compte de ce que j’ai fait mais je sais que c’est un truc très lourd. C’est le rassemblement quoi, on est tous ensemble.
LFB : En plus de ce Grünt, il y a eu une vidéo sur la chaine de Raska, une autre avec CozySpace, j’ai l’impression que c’est une des premières fois qu’on te voit autant en dehors de la scène.
S : Je me suis dit qu’avec le confinement, que bien sur il faut se mélanger, arrêter de rester dans son coin et s’ouvrir un peu. Il faut tenter des choses, essayer et après les gens avec qui je taffe, ce sont toujours des personnes avec leur délire, donc c’est cool, j’aime bien.
LFB : La scène fait quand même partie intégrante de ta musique et quand on entends un morceau comme Rainbow, il est difficile de ne pas l’imaginer sur scène. Comment as-tu vécu cette absence de show ?
S : Franchement, j’ai eu de la chance parce que j’ai quand même su faire une tournée l’été passé où j’ai pu y défendre mes morceaux. Sinon, j’ai été enfermé en studio, ça a été le taff, le taff et encore le taff. Je travaillais mon album et heureusement parce que si j’avais pas d’album à travailler ou quoi ça aurait été différent. Mais de toute façon j’aurais trouvé quelque chose sur quoi travailler. Je pense que tout le monde a bossé un projet ou quoi pendant cette période. Du coup ça a été un an pour réfléchir à pleins de choses.
LFB : Tu penses défendre ce projet là quand tu en auras…
S : Ouais ! Je te laisse pas finir, c’est SUR !!! (rires)
LFB : En plus de ce retour sur scène, que peut-on te souhaiter pour la suite ?
S : Souhaite moi du positif, que tout se passe bien, que l’album soit bien réceptionné. Souhaitez-moi une belle suite.