The Doug : « j’essaie de ne pas passer par trop de poésie pour dire ce que je veux dire »

On avait misé sur lui il y a 3 ans et le 13 juin il remplira un Olympia. On a partagé un moment avec The Doug, qui nous a parlé de son évolution, de ses textes crus et de sa musique.

© Romane Leo Marsault

La Face B : Bonjour The Doug. Comment tu vas ?

The Doug : Ça va bien !

LFB : Si je devais parler de ta musique en quelques mots, j’aurais dit spleen, expiation et sensible. Tu voudrais corriger ou ajouter mes mots ?

The Doug : Non, merci. Ça me va.

LFB : En 2022, tu avais rencontré Charles pour la Face B. Et à la question « qui es-tu ? », tu avais répondu : « un jeune branleur de bientôt 22 ans qui essaye d’en faire le moins possible mais qui essaie quand même de toucher les gens avec son flegme ». Est-ce que tu changerais cette présentation aujourd’hui, deux ans plus tard ?

The Doug : Il faut quand même commencer à se sortir les doigts du cul, mais oui, c’est toujours un peu ça. Les grandes lignes n’ont pas bougé, si ce n’est que je vais avoir 25 ans. Mais c’est toujours mon objectif en tout cas.

LFB : Comment tu décrirais ton style de musique ?

The Doug : C’est dur. J’ai jamais su répondre à ça. Je dirais que c’est de la chanson venant d’un chanteur qui a commencé par le rap et qui donc a encore des restes de rap dans sa manière d’écrire. Mais c’est de la chanson, je dirais.

LFB : Justement, tu parles d’écriture. C’est quoi ton process ? Est-ce que tu écris ou est-ce que tu fais de la musique en premier ? Ou ça dépend ?

The Doug : Non, je n’écris pas avant. En général, l’écriture vient en même temps que je pose une mélodie. D’abord, je dirais la musique. C’est la musique qui inspire la chanson en général. C’est la première boucle de guitare, de piano qui inspire la mélodie, les paroles. Ensuite, ça vient tout en même temps.

LFB : Et les paroles, justement, elles viennent de tes expériences à toi ? C’est de la fiction ou tu écris surtout sur toi ?

The Doug : J’écris principalement sur moi, oui. C’est sûr. Et des fois, je m’inspire de mon vécu ou alors du vécu de mes proches. Toujours avec un côté un peu autobiographique pour écrire mes chansons. Mais non, ça parle surtout de moi, oui.

LFB : Tu ne fais pas trop de fiction ?

The Doug : Ça m’est arrivé. Le dernier morceau, Vestiaire, moi, je n’ai jamais été serveur de boîte de nuit, mais ça parle de la vie d’un serveur de boîte de nuit. Je m’inspire de questionnements que j’ai déjà eus, mais pour dériver en m’imaginant être ce personnage.

LFB : Et justement, par les paroles et par la musique, est-ce que tu dirais que la musique que tu fais retranscrit qui tu es ?

The Doug : Un peu plus triste que je suis réellement quand même. Je pense que je suis un peu plus rigolo dans la vie, et peut-être que ma musique est quand même en train de devenir un peu plus fun qu’avant. Mais non, c’est une partie de moi que j’ai envie d’exprimer, mais ce n’est pas tout. C’est quand même bien moi, mais c’est une partie spécifique. Il m’arrive quand même de faire des blagues, d’être heureux dans la vie. Après, des fois, il y a quand même de la joie dans la musique. Enfin, de la joie, je ne sais pas, mais de l’espoir en tout cas.

LFB : Dans ta musique et surtout dans les paroles, tu es super cru. C’est ça que la plupart des gens aiment dans ta musique. Comment tu fais pour toucher juste comme ça à chaque fois ?

The Doug : Je ne sais pas si je touche juste. En tout cas, c’est parce que c’est comme ça que je parle aussi. Je suis quelqu’un de très grossier dans la vie. Je fais des efforts pour dire moins de gros mots. Je passe mon temps à dire genre, foutre, ça me casse les couilles, j’ai insulté tout le monde. Je parle comme ça et surtout, oui, ça s’en rapproche le plus possible. Je pense que dire les choses de manière crue, ça ne veut pas forcément dire de manière grossière. C’est là où il y a un bon équilibre à trouver entre dire quelque chose qui va percuter par sa manière directe, dire les choses vraiment telles qu’elles sont. En même temps, des fois, trouver des images un peu plus jolies. Je pense que c’est un peu l’équilibre à trouver pour ma musique, sachant que moi, le but, c’est d’aller tout le temps droit au but, j’essaie de ne pas passer par trop de poésie pour dire ce que je veux dire.

© Romane Leo Marsault

LFB : Je te propose de raconter l’histoire d’une de tes musiques. C’est quoi l’histoire de SOS ?

The Doug : Ah bah ça, c’est mon histoire. C’est 100% vrai. C’est une chanson, pour ceux qui n’ont pas écouté, qui parle de mon enfance et à quel point j’étais violent quand j’étais enfant. Beaucoup de violence en moi. Comment moi je l’ai vécu quand j’étais jeune. Comment j’ai fini par évoluer en grandissant, en étant plus ado. Comment ça s’est transformé en autre chose. Ça parle de la rage et de la violence qu’on peut vivre quand on est enfant. C’est dur de la canaliser et de mettre des mots dessus, parce qu’en fait tu le comprends que plus tard. Quand t’es gamin tu comprends pas que t’es violent particulièrement. C’est normal. Soit il y a des injustices, soit il y a des choses qui sont inexplicables parce que tu peux pas encore les comprendre. Et donc ça parle de ça. Parce que je trouve que c’est un beau sujet. C’est quelque chose aussi qui me tenait à cœur parce que c’était quand même… Ça fait partie de ma vie, de mon passé. Ouais, ça fait une belle chanson, tout simplement. Ça m’a inspiré pour écrire une chanson en tout cas.

LFB : Et tu dirais que ta musique, depuis ton EP Jeune The Doug, est-ce que tu trouves qu’elle a mûri ? Est-ce qu’elle a changé ?

The Doug : Oui. Oui, parce que c’est peut-être un peu moins déprimant, paradoxalement, qu’avant. Il y a plus de chansons qui parlent d’autre chose, plus de juste bouffer les cachets et vouloir se foutre en l’air. Et en même temps la recette reste la même. Donc je m’affine peut-être plus dans l’écriture. Je sais plus là où je veux aller. Et en même temps ça change, je savais où je voulais aller à l’époque. Je suis ma route. Et le but c’est toujours de faire des belles chansons.

LFB : Ton dernier album, il date du 14 juin 2024. Quasi un an jour pour jour avant ton Olympia du 13 juin prochain. Est-ce que c’est fait exprès ?

The Doug : Oui, carrément.

LFB : Et quel est ton état d’esprit pour ce concert ? Es-tu stressé, t’as hâte ?

The Doug : Chanter mes nouvelles chansons ! Non, je suis pas stressé. J’ai hâte, oui. J’ai hâte de chanter devant mon public, parce que la Cigale c’était quand même la plus belle date à ce jour. J’espère que l’Olympia ça sera tout aussi bien. Et que le public sera encore là, ça va me faire du bien de le voir. J’ai hâte, je pense que ça va être vraiment super bien. On travaille beaucoup dessus. C’est un peu une consécration. Alors c’est un chemin, mais c’est aussi une consécration.

LFB : Du coup, tu as un nouveau setup ? Niveau musicien.nes, niveau scénographie ?

The Doug : Non, je suis toujours avec les mêmes musiciens. La scénographie, elle va être tout petit peu différente, mais en gros c’est la même chose. C’est toujours la tournée de l’album. Mais par contre, on va changer l’ordre des morceaux. Et puis bien sûr, on va ajouter de nouvelles choses. On va pas faire du réchauffé.

LFB : Du coup, tu as sorti récemment plusieurs singles, dont Vestiaire, dont tu parlais, ou Camion-benne. Est-ce qu’il y a une petite suite qui arrive ?

The Doug : Tout à fait. Je sais pas quand sortira ce papier, mais l’EP sortira pour l’Olympia (le 13 juin).

LFB : Tu es aussi un grand fan de foot. On parle de musique, mais en fait le foot, c’est une grande place aussi. On est beaucoup à s’être fait avoir quand tu as dit que tu allais changer de vie et devenir tondeur de stade. Ça vient d’où cette idée ? C’est un petit coup de marketing ?

The Doug : Ouais, c’est ça. Je trouve ça marrant d’avoir un petit partenariat avec le Clermont Foot, qui est le club de ma ville. Et c’était une belle annonce, je trouve. Et puis justement, il y a énormément de gens qui ont cru. Du coup, ça a fait son petit effet finalement. Qu’est-ce qui a poussé les gens à croire que j’allais vraiment arrêter la musique? Ils se sont dit, il aime trop le foot, il est trop dépressif, ça le saoule. Non, je suis encore là et je continue évidemment à faire de la musique parce que je sais pas tondre la pelouse, je sais que faire de les chansons. Tant que j’ai envie d’en faire, j’en fais.

© Romane Leo Marsault

LFB : Est-ce que tu travailles avec des musiciens en studio ? Qui t’aide ?

The Doug : Plein de gens. Alors ça dépend, des fois les compos c’est juste moi, ma guitare qui trouve toute la chanson. Ce qui peut se passer aussi, c’est de bosser avec des compositeurs pour amener quelque chose de nouveau. Par exemple, on va essayer de trouver une boucle de piano, une boucle de guitare, et ensuite par-dessus, ce qui se passe souvent c’est que je dis OK, file-moi ta boucle, et moi j’écris ma chanson dessus. Après on essaie de trouver d’autres accords pour le refrain, changer. Mais en général, je m’enferme et j’écris seul. Il faut que je me mette dans un état d’écriture. Il y a des chansons que j’ai faites tout seul. Après c’est avec Xavier que je produis depuis Jeune The Doug. On s’enferme en studio et on trouve le bon son pour tout. Les bonnes guitares, les bons synthés, et puis on fait ça pour que ça sonne comme je veux.

LFB : Et tu attends quoi pour la suite, musicalement parlant surtout ? Qu’est-ce que tu as de prévu ?

The Doug : Il y a la sortie de cet EP, et puis après je continue évidemment à faire des sons. Peut-être pourquoi pas un album. En tout cas le but c’est vraiment de continuer à faire des chansons et de les chanter. C’est le mieux, là ça me manque. Je joue jeudi là, ça faisait un petit moment.

LFB : Et pour finir, c’est qui les artistes ou les albums qui t’ont inspiré dernièrement ?

The Doug : Je trouve qu’en France, si on reste en France, que Yoa écrit super bien. Donc bravo, je trouve que son album est super. Il y a des très beaux textes. Après… Compliqué. Il y a un groupe que j’aime énormément qui s’appelle Junior Varsity. Un groupe californien. Une espèce de pop rock up-tempo que je trouve hyper fun. Plein de choses que j’écoute en vrai. Mon groupe préféré depuis quelques années, ça reste un groupe qui s’appelle The Radio Dept. C’est peut-être le groupe que j’écoute le plus.

LFB : Et dans les artistes émergents ces derniers mois?

The Doug : Du coup, Yoa je pense. Noor je trouve ça bien aussi. Je suis pas très au fait de tout ça. J’aime bien le groupe Rallye, qui font de la très bonne musique. Des cinq gars qui font du rock. Vas écouter, c’est super.

LFB : Est-ce que tu veux rajouter des trucs ?

The Doug : Écoutez, venez à l’Olympia !

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