Le petit dernier des festivals estampillés Supersonic compte bien s’ancrer dans le paysage musical parisien. Du mardi 28 au jeudi 30 octobre, They’re Gonna Be Big Festival revient pour une deuxième édition prometteuse, avec une ambition claire : faire découvrir en exclusivité vingt-et-un groupes anglo-saxons qui poseront pour la première fois leurs amplis à Paris voire en France. Entre intimité scénique et frisson de la découverte, le festival nous embarque pour 72 heures d’exploration musicale hors du commun.

L’an passé, l’événement avait déjà frappé fort en révélant au public français The Cardinals, aujourd’hui en première partie de Kings of Leon à l’Adidas Arena, et Monster Florence, le collectif hip-hop punk britannique en pleine ascension outre-Manche. Cette année, la formule ne change pas : sept concerts par jour, répartis entre les trois lieux incontournables de l’ainé Block Party festival : le Supersonic Club, le Supersonic Record, et la Seine Café. Trois lieux, une même effervescence. Le pass journée s’affiche à 18,50 €, tandis que les plus curieux pourront s’offrir l’expérience complète pour 39,50 €. Un prix plus que raisonnable pour trois jours d’exploration musicale sans frontières.

Mardi 28 octobre – Entre shoegaze et fièvre anglaise
Cap sur la scène indépendante la plus bouillonnante du moment avec une première soirée dense, sans temps mort, où les guitares s’entremêlent à la rage et à la mélancolie. Tout débutera avec les Dublinois de Croíthe qui ouvriront le bal au Supersonic Club dans une tension magnétique. Portée par la voix hypnotique de Caodán Connolly, leur musique évoque un orage intérieur et un romantisme au bord du gouffre.n À peine le temps de reprendre son souffle que Slag, venus de Brighton, s’emparent de la scène. Performances imprévisibles, second degré tranchant, le groupe incarne la nouvelle génération anglaise : libre, brillante, et foutrement impertinente.
Du côté de la Seine Café, Pebbledash nous transporte vers les plaines embrumées d’un western spectral. Ce quintet de Cork mêle la beauté trouble du shoegaze à des éclats noise et synthétiques qui oscille entre rêve et chaos, quelque part entre Cocteau Twins et Slowdive, mais avec la brume d’Irlande en supplément. La soirée s’accélère au Supersonic Club avec Fuzz Lightyear, tempête venue de Leeds. Leur rock rapide, abrasif, trempé dans la sueur et la fureur, rappelle IDLES.
Puis place à Native Sun, formation new-yorkaise qui ressuscite l’esprit du punk engagé et du garage incandescent à la manière de Parquet Courts et un style à la Happy Mondays comme sur leur titre majeur I Need Nothing. Pendant ce temps, à la Seine Café, Crimewave pousse le shoegaze dabs des glitchs électroniques qui n’est pas sans rappeler Aphex Twin : une expérience aussi mentale que physique nous attend. Enfin, Labyrinthine Oceans fermera la marche au Supersonic Club dans un grondement somptueux. Leur « grungegaze » tisse des paysages saturés habité par plein de tension et de vertige.
Voici les titres coup de coeurs attendus lors de cette journée de mardi :
Mercredi 29 octobre — Nuit post-moderne
Lord du deuxième soir, le festival plonge au cœur d’une scène britannique bouillonnante où l’électro, le psyché et le post-punk s’embrasent sans complexe. Une nuit d’expérimentations fiévreuses, de guitares en fusion et de beats hallucinés. Lipworms, gang acide de Portsmouth, attaque la soirée au Supersonic pour un set techno-psyché sous tension. Il n’y qu’à écouter leur dernier titre Teeth pour se sentier dans une atmosphère à la Hyacienda, il ne sera que 20h !
Cap ensuite à Bristol avec Haal : le quatuor tisse un univers cosmique rempli de novas instables. Mais notre curiosité sera davantage attiré par La Seine Café. Noise Factory United ressort la scie post-punk. Leur son, tranchant et sarcastique, découpe les illusions contemporaines à coups de synthés abrasifs.
De retour au Supersonic, Blood Club débarque tout droit de Chicago, drapé dans un romantisme noir et une mélancolie gothique. Leur post-punk spectral évoque Rendez Vous et Black Marble, une danse lente entre passion et damnation. Il y a véritablement une scène cold qui se démarque actuellement aux Etats-Unis et Blood Club en fait partie aux côtés de Sextile et French Police. Au Supersonic Records, l’ambiance se fait plus fragile avec Glasshouse Red Spider Mite, projet folk venu de Brighton. Il faudra retourner à la Seine Café pour que la nuit s’électrise à nouveau avec The Sick Man of Europe revisitant les obsessions du post-punk 80’s avec des pulsations électroniques glacées à la Beak>. Enfin, clou du spectacle, on retrouvera Hank, nouvelle pépite shoegaze de Londres qui promet un nouveau chaos poétique.
Voici les titres coup de coeurs attendus lors de cette journée de mercredi :
Jeudi 30 octobre — Douceur, distorsion et déflagrations indie
Ce jeudi, la scène britannique (et un peu plus) s’unit sous le signe du rêve et de la tension poétique. Des guitares brumeuses, des voix hantées, des élans punks et des ballades cosmiques, il y a en aura pour tous les goûts. Les Tough Cookie proposeront en début de soirée leur rock alternatif ans la lignée de Inhaler. Un mood 100 % british. Au Supersonic Records, Atmos Bloom poursuit la rêverie. Le duo tisse une dream-gaze délicate, entre brume lo-fi et éclats shoegaze. Des harmonies à la Alvvays et des guitares qui scintillent comme sur les morceaux pop de Wolf Alice.
L’atmosphère change brutalement à La Seine Café : Slowhandclap prend d’assaut la scène avec son crank wave abrasif. Une fusion mutante entre noise rock, hip-hop et textures électronique. Retour au Supersonic Club avec White Flowers, duo de Preston qui flirte avec l’ombre et la lumière. Leur dream pop post-rock s’imprègne d’une mélancolie héritée de Beach House mais teintée d’une gravité unique. Une expérience sensorielle, presque mystique que nous recommandons à suivre un paquet de kleenex.
Pendant ce temps, les Suisses de Glaascats investissent le Supersonic Records avec un rock alternatif introspectif spectral mais n’oubliant pas les mélodies rythmiques de leurs guitares. La Seine Café bousculera une nouvelle fois l’ambiance avec Mary Shelley, tornade punk venue de New York. Le groupe réveillera les plus endormis avec leur colère et leur instabilité scénique. You Look Just Like My Mother est à la fois drôle et grinçant comme à l’époque de DEVO. Enfin, pour clore ce festival Milo Korbenski nous offre un dernier souffle de rêve. La voix fragile, la pop onirique et lo-fi, les synthés distordus : un univers en apesanteur entre Mac DeMarco et John Maus, parfait pour danser et flotter jusqu’à la fermeture.
Voici les titres coup de coeurs attendus lors de cette journée de jeudi :
Pour terminer, voici la playlist officiel du festival :