Trois, Deux, Un, départ imminent sur le quai de Juniore

Si la douceur de l’été a laissé dans votre esprit la saveur sucrée d’un amour éphémère, des paysages en mouvement et de longues nuits que l’on rêve au présent ; des images dont on peine à se détacher aujourd’hui. Dans le mile ! Sous les projecteurs, Trois, Deux, Un, on annonce le dernier album de Juniore.

4 ans après Un, Deux, Trois, le groupe Juniore revient avec Trois, Deux, Un. Alors, est-ce une boucle ? Une suite ? Une histoire en deux tomes, à laquelle on succombera sans plus attendre ? Nul ne le sait. Du moins, pas encore. Quoi qu’il en soit, Anna Jean, Swanny Elzingre et Samy Osta, qui composent ce groupe de pop français, nous emmènent une nouvelle fois dans leur univers absurde et coloré. Ils entreprennent leur mission de façon habile, poétique, et surtout avec une énergie solaire, qui fait énormément de bien.

Trois, Deux, Un. Action ? Le suspens est à son comble. Ce titre annonce la couleur, nous projette dans une salle de spectacle. La lumière est tamisée, et le silence se fait. Dans la continuité du précédent album, Trois, Deux, Un est un projet complet qui explore nos relations humaines en 13 titres, porté par le vent du voyage et le souvenir des années 60. La proposition ne survole pas le thème mais l’aborde de manière légère et sincère. On s’intéresse aux fils qui régissent nos relations. Juniore les manie à merveille, et fait danser les marionnettes.

Paradoxalement le premier morceau s’intitule Le silence. Voilà un son plein d’énergie, une boucle entêtante aux allures rock, qui nous plonge, dès la première page de cet album, dans l’exploration des liens amoureux. « À quoi tu penses? » ne faiblit jamais. Qu’est ce qu’on pourrait y répondre ? « Tu penses à moi qui pense à toi?». C’est un jeu de piste infini, un casse-tête chinois. Le silence ouvre la voie à un dédale de doutes et d’envies, qui trouveront peut être une réponse sur la piste.

À l’instar du travail de Juniore depuis ses débuts, Trois, Deux, Un est un projet très imagé. On part sur la route, c’est l’été, le vent souffle dans nos cheveux, et demain n’existe pas encore. La nuit tombe. Vêtus de notre plus belle tenue, on ouvre les portes du Bowling de Diano Marina. Où ça ? Quelque part en Italie, dans la région Ligurie au bord de la mer (nous avons fait des recherches). On débarque cette fois-ci dans un intérieur feutré et mystérieux. Une longue partie instrumentale installe le décor. Puis Anna Jean nous conte une histoire estivale. On devient à la fois spectateur et acteur de la scène. On ressent une émotion similaire avec le titre En fumée. Il y a quelque chose de particulier dans leurs morceaux, nous rappelant parfois l’air de Bonnie And Clyde, un côté cinématographique qui nous séduit.

Petit coup d’œil dans le rétro. Le voyage et l’amour ont fait et font sûrement toujours bon ménage. Terreau inspirant qui teinte les textes du groupe. Dans le dos se dessine également sur la route. On traverse les villes. Sydney, Milan, Sanremo, Bilbao … Juniore sent bon la crème solaire et le sable chaud, et fait appel à notre imagination. Couper le réseau. Il y a une véritable invitation à la déconnexion qui se dissimule dans les textes et dans la mélodie. On ne perçoit pas de la tristesse ou de la mélancolie, mais plutôt l’inspiration des années sans internet, de la douceur de vivre, dont il faut s’emparer au présent. Cette idée de tendres vacances rythme le morceau Méditerranée ou encore Grand voyageur, lancé par le chœur comme une balade. On pense à nouveau à Brigitte Bardot et son célèbre titre La madrague.

Allons danser, et vite ! Juniore nous invite sur la piste. Après nous être débarrassés ou non, des grains de sable couvrant nos corps bronzés (il faut se projeter, un peu d’imagination !). Monumental est le titre idéal, les guitares introduisent le morceau et nous tiennent en haleine jusqu’à la fin. Flash de lumières avec À quoi bon?. Pop, électro, la recette fonctionne très bien. Les mots de Anna Jean se posent sur la prod avec une lumineuse évidence. Le morceau se clôt sur un tourbillon coloré, et la résonance des tambours.  

Déjà vu ? Qui a vu quoi, où ça ? Voilà, voilà. Admirablement bien enchevêtrés, micmac de mots emberlificotés, les textes de Juniore sont à la fois absurdes et indéniablement bien pensés. On peut faire le choix de les survoler, se laisser porter par la mélodie, ou bien y plonger à corps perdu. D’une oreille distraite ou des plus attentives, on écoute puis réécoute les paroles sans se lasser.

Dans ce même spectacle, nous nous perdrons et nous nous retrouverons peut-être. Ferme les yeux. Au cœur de l’album, Amour fou est le slow que nous attendions. Annoncé par quelques notes à la guitare, et sur un rythme plus lent, on se réconforte dans cet éloge de l’amour éphémère. Juniore parvient à réconcilier « impossible » et « amour fou », le temps d’une folie douce que l’on peut chacun faire sienne.

Enfin si Le silence nous a ouvert les portes de cet album, Elle est où? est la question, le point final de cette épopée anonyme, humaine et ordinaire. C’est un titre poétique, porté par une voix lointaine, un message vocal qui nous attend sur le répondeur. « À quoi tu penses? » Est-ce que tu penses toujours un peu à moi ?, pourrait-on ajouter timidement. La voix du chœur au début du morceau nous plonge dans une ambiance particulière et apaisante. Elle annonce la fin du film, ou le début d’un nouveau chapitre. De l’ordre du mystère, la question reste pourtant en suspens. Quelque chose déraille, se heurte aux murs de nos peurs, et berce les tourments de nos esprits.

Crédit photo : Anna Jean

Trois, Deux, Un, le rideau se referme. Avec beaucoup de douceur et de générosité, Juniore nous a offert un moment hors du temps, et qui, pourtant, peut nous sembler si familier. Il nous parle d’expériences déjà éprouvées ou rêvées, mais pour lesquelles on peine parfois à mettre des mots dessus. Il apaise nos histoires de cœur, nous permet d’y poser un nouveau regard, une distance nécessaire. Juniore nous emmène en vacances, qu’importe si le réveil sonne à 8h demain. Merci pour la danse, pour les images, et les sourires. On espère pouvoir vite se faufiler dans la grande salle de la Gaieté Lyrique pour assister à leur concert, le 8 octobre à Paris. Et si la pancarte annonce déjà « Complet », on pourra les retrouver en tournée dans toute la France cette année.

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