Une conversation avec Alex Nicol

Il y a tout juste un mois, on est tombé en amour du premier album solo d’Alex Nicol, All For Nada, un album qu’on continue d’écouter de manière régulière. Malgré la distance et le confinement, on est allé à la rencontre du canadien pour parler de la conception de son album et on en profite pour vous dévoiler en avant première sa nouvelle vidéo pour Trust.

crédit : Laurence Eulalie

VERSION ANGLAISE EN BAS / ENGLISH VERSION BELOW

La Face B : Salut Alex ! Comment vas tu ? Comment se déroule ton confinement ?

Alex Nicol : Nous vivions tous une période particulièrement étrange. Nada et moi nous portons très bien durant cette quarantaine. Je parle régulièrement à ma famille et mes amis au téléphone ou via vidéo. Je médite parfois, je fais du pain, je parle à notre chat Kiki et j’apprends l’allemand (ma mère est allemande). J’ai même commencé à travailler sur mon prochain album.

LFB : Tu viens de sortir ton premier album All For Nada. Peux tu nous raconter son histoire ? Plus qu’un album solo, j’ai la sensation que c’est un album fait en duo non ?

A.N : Tu as raison, ça n’a jamais été vraiment un projet solitaire. J’avais réservé du temps dans un bon studio en décembre 2018 pour enregistrer avec mon groupe mais nous n’étions pas prêts à ce moment là. Plutôt que de annuler ce moment en studio, j’ai décidé de me lancer dans la réalisation d’un album solo. J’ai appelé mon frère qui vient d’Halifax, qui est venu à Montréal pour m’aider dans cette entreprise et j’ai commencé à discuté avec Nada à propos du choix des chansons, comment les enregistrer etc … Les thèmes et idées de l’album ont tous bourgeonné à ce moment là.

LFB : Plus qu’un duo, je dirais même trio : ta guitare jouant un rôle centrale dans ta musique. Est-ce par elle que tu démarres tes compositions ?

A.N : Je compose beaucoup sur ma guitare acoustique mais récemment je me suis mis aussi à travailler au piano. Je n’ai pas de vraie formation, ce qui permet aux émotions de plus ressortir.

LFB : De la même manière, tes paroles semblent nous emmener dans le labyrinthe de tes pensées, racontant aussi bien ton évolution que tes déceptions. Quelle part de toi même mets tu dans tes chansons ?

A.N : Je suis l’élan créatif. Tout ce qui sort, je le prends en compte. J’écris souvent les paroles en dernier, ce qui permet à mon subconscient de mâcher les idées et les thèmes avant de m’asseoir et de les écrire. J’apprécie l’urgence et la franchise dans la mesure du possible, mais du même coup, en essayant de ne pas fuir le surréaliste.

LFB : Malgré tout, les paroles restent très poétiques parfois un peu cryptiques. Était il nécessaire pour toi de laisser une place pour l’interprétation des gens ?

A.N : Absolument. J’apprécie le langage poétique et accorde de la valeur à l’indéfini et les portes ouvertes dans l’art. Une œuvre d’art perdure lorsqu’elle est interprétée à un niveau personnel par le spectateur. Sa valeur vient de la façon dont elle est comprise par le public, et non par les intentions de l’artiste, qui est finalement un vecteur d’expression. Cela nécessite que l’art soit à la fois poignant et général. Bien que beaucoup de mes propos aient des résonances personnelles, je m’efforce de faire des déclarations universelles.

LFB : L’album a un côté véritablement organique, on sent, contrairement à beaucoup d’albums aujourd’hui, une vraie patte, avec des aspérités, des vibrations … Comment a t’il été enregistré ?

A.N : J’ai enregistré avec un batteur et un bassiste dans un studio. Ensuite, j’ai ramené les enregistrements à la maison et j’ai joué et chanté beaucoup dans mon home studio, un sous-sol miteux avec une petite fissure qui sert de fenêtre. Je voulais donner à l’album une sensation confortable et douce, ce qui était plus facile (et moins cher!) de faire de l’enregistrement à la maison.

LFB : Peux tu me parler de When You’re Blue, qui termine l’album et est pour moi une vraie rupture avec les autres titres dévoilé auparavant.

A.N : C’est la première chanson que j’ai jamais enregistrée au piano. C’est aussi celle sur laquelle j’ai passé le moins de temps à travailler, ce qui signifie qu’elle dit quelque chose de profondément véridique. J’ai écrit la musique en quelques heures. Deux mois plus tard, j’ai écrit les paroles en un éclair. L’harmonie vocale que vous entendez dans le refrain est chantée par ma sœur, qui se produit parfois en direct avec moi. C’est une chanson précieuse pour moi parce qu’elle est si clairsemée et je pense qu’elle indique plus le ton de ma musique pour le futur.

LFB : Tu devais partir en tournée avant le confinement, avec notamment un passage au SXSW. Comment avais tu envisagé la retranscription de ta musique pour le live. Et aura t’on la chance de te voir en France dans un futur proche ?

A.N : J’espère jouer bientôt en France – on y travaille! Mon set-up live change en fonction des conditions. Idéalement, j’aimerais jouer avec un groupe de cinq à six personnes (avec quelqu’un aux cordes, un pianiste, un choriste, un guitariste, un bassiste et un batteur), mais je suis aussi à l’aise de jouer seul ou en duo. Peut-être que je devrais faire une tournée solo en Europe une fois la pandémie terminée?

LFB : As tu des coups de cœurs récents à nous faire partager ?

A.N : Oui, allez voir les artistes de Michel Records – beaucoup de choses à aimer et à écouter pendant ce temps d’arrêt!

Je suis également entré dans les maîtres français: Chopin, Debussy et Eric Satie. Des trucs apaisants.

LFB : Dernière question : en plus de cette interview, nous dévoilons aujourd’hui en exclusivité le clip de Trust : peux tu nous parler du titre et de la vidéo ?

A.N : Cette chanson est unique pour moi car les chœurs jouent en fait un rôle similaire à celui du chœur dans une tragédie de la Grèce antique, posant un regard existentiel tandis qu’une triste histoire se déroule autour d’elle.
Pour la vidéo, nous avons collaboré avec l’excellent Paz Ramirez, qui nous a emmenés dans une aventure à travers la ville avec une ligne de buanderie mobile. Points bonus pour tous ceux qui peuvent deviner à quelle station de métro de Montréal nous avons filmé!

Découvrir le clip de Trust en avant première :

Just a month ago, we fell in love with Alex Nicol’s first solo album, All For Nada, an album that we continue to listen to on a regular basis. Despite the distance and the lockdown, we talked with the Canadian about his album and he also gave us the opportunity to premiere his new video for Trust.

La Face B : Hi Alex, how are you? How is your confinement going?

Alex Nicol : Yes, we are all living through a particularly abnormal period. Nada and I are doing our best with quarantine. I talk with my friends and family on the phone, or through video chat. I’ve been doing some meditation, baking bread, talking to our cat Kiki, and learning German (my mother is German). I’ve also started working on my next record. 

LFB : You’ve just released your first album, All for Nada, would you tell the story about it? I have the feeling this is more than a solo album and that it has been made like a duo, am I right?

A.N : You are correct, it was never really a solitary effort. I had booked time at a good studio for my band to record in December of 2018, but we did not get ready in time. Instead of cancelling the studio time, I decided to record a solo album. I called my brother from Halifax, who moved to Montreal to help make it with me, and Nada and I began talking about what songs to do, how to record them, and so on. The themes and ideas all blossomed from that point onward. 

LFB : I would even speak about a trio: your guitar has a central role in your music. Do you start all your compositions with it?

A.N : I write a lot on my acoustic guitar, but more so lately on piano as well. I’m not technically proficient on either, which lets the emotion come out more. 

LFB : Your words seem to take us into the maze of your thoughts, telling your evolution as well as your disappointments. Which part of yourself do you put in your songs?

A.N : I follow the creative impulse. Whatever comes out, I say. I often write lyrics last, allowing my subconscious to chew on ideas and themes before I sit down and write them out. I value urgency and directness where possible, but by the same token, trying not to shy away from the surreal. 

LFB : Your lyrics are poetic, sometimes cryptic. Was it necessary for you to leave a place for the interpretation of people?

A.N : Definitely. I appreciate poetic language and value the undefined, the open-ended, in art. A work of art endures when it is interpreted on a personal level by the viewer. It’s value comes from the way it is understood by the audience, not by the intentionality of the artist, who is ultimately a conduit for expression. This requires the art to be at once poignant and general. While lot’s of what I say has personal resonances, I strive to make universal statements. 

LFB : The album has a truly organic side, has a real touch, with roughness, vibrations … How was it recorded?

A.N : I recorded with a drummer and bass player at a studio. Then I took the recordings home and played and sang a lot in my home studio, a dingy basement with a small crack of a window. I wanted to give the album a comfortable, soft feeling to it, which was easier (and cheaper!) to do recording at home. 

LFB : Would you tell me more about “When You’re Blue”? I feel it like a break with the others songs. 

A.N : It is the first song I’ve ever recorded on piano. It is also the song I spent the least time working on, which means it is saying something deeply truthful. I wrote the music in a couple of hours. Two months later I wrote the lyrics in a flash. The vocal harmony you hear in the chorus is my sister, who sometimes performs live with me. It is a precious song for me because it is so sparse, and feel it indicates the tone of more of my music to come. 

LFB : You were about to go on tour and stop by SXSW before the confinement came out. How your music is supposed to be live and on stage? Are we going to be lucky enough to see you play in France in a near future?

A.N : I hope to play in France soon – we’re working on it! My live set-up changes to suit the engagement. Ideally I would have a five to six person band (with a string player, a keyword player, back up singer, guitarist, bass player, and drummer), but I am also comfortable playing alone, or with a duo. Maybe I should do a solo tour of Europe when the pandemic is over? 

LFB : Is there any things you particularly like at this moment that you would like to share with us?

A.N : Yes, go check out the roster of Michel Records – lots to like and listen to during this downtime!

I’ve also been getting into the French masters: Chopin, Debussy, and Eric Satie. Calming stuff. 

LFB : To finish : with this interview, we are premiering this music video for “Trust”, would you tell us more about this song and video?

A.N : This song is unique for me because the chorus sections actually play a role similar to that of the chorus in an Ancient Greek tragedy, posing an existential refrain while a sad story unfolds around it.  

For the video, we collaborated with the excellent Paz Ramirez, who took us on an adventure all across town with a mobile laundry line. Bonus points for anyone who can guess which Montreal metro stop we filmed at! 

Discorver the new video for Trust :