UssaR, des nu.es sur touches noires et blanches

UssaR habite les pages de La Face B depuis son tout premier morceau et ce à raison. Le musicien trace les lignes d’une musique aussi intense que délicate qui nous émeut et nous embarque. C’est une nouvelle fois le cas avec Des Nu.es, superbe EP en forme de mise à nue, autant musicale qu’humaine.

Notre esprit mathématique pourrait vous dire que parfois tout se résume à une équation simple, une formule à trouver et qui résout tout. Lorsque l’on pense à la musique de UssaR, le calcul et simple : un homme et son piano. Si le garçon a souvent rajouté des inconnus, des mouvements au contour de cette relation si unique, c’est pourtant elle qui est le moteur de sa musique.

Il fallait sans doute avoir le courage, l’envie d’oser cette mise à nue, de garder la moelle, l’évidence qui fait la beauté de sa musique. Après un premier EP éponyme et un superbe Etendard qui nous aura fait vibrer, UssaR s’offre un vend de liberté, un grand geste romantique et musicale, des nu.es sur touches noires et blanches.

Tout est là bien sûr. Il y a l’humour, les doutes et la crudité d’un monde qu’il porte à bout de mots. Il y a des fantômes qui apparaissent ici et là, la fin du monde inéluctable malgré tout, des histoires de cœur, de cul, d’humains plus que tout.

Sans fard, avec une humilité déconcertante, tout ce qui nous plait dans la musique d’UssaR s’élève. Il y a ces superbes cœur qui apparaissent comme par surprise sur Il Pleut encore, se permettant de remplacer ici ce qui aurait été des violons ailleurs. Il y a la fragilité d’un être hanté par l’autre et qui se promet des jours meilleurs dans La Fin de L’hiver, prolongée par l’absence, celle qui brûle et laisse des traces dans Moitié beaux.

Crédit : Lara Sanchez

Ce morceau justement, il le vit loin de l’ego, loin de lui pour mieux embrasser un vibrato collectif, une pulsion que l’on a tous vécu et qu’on peut ainsi plus facilement partager. Dans la solitude du piano-voix, UssaR continue de convoquer l’autre, d’aller chercher plus loin que le bout de ses doigts pour faire jaillir les émotions. Ici, les mots se répètent, s’intensifient et s’effacent, comme si ils échappaient par moment à leur propriétaire.

Ouistreham débarque et appelle à nous la Normandie chérie, celle-ci visuelle qui apparait par touche depuis toujours dans la musique d’UssaR. Un monde qui semble être en pause et qui permet, à travers un texte ciselé, de confronter un monde en suspend à une vie qui se fracasse dans les remouds des larmes.

Podium, frappe juste, comme un crochet bien placé qui nous assomme avant de laisser venir la douleur. Les mots continuent de jongler, laissant apparaitre un territoire surréaliste mais toujours marqué par l’existence. Jamais prisonnier de son concept, UssaR s’en extirpe pour mieux réinventer sa musique, pour mieux nous surprendre et nous désarmer alors qu’à certains instants, le piano finit lui même par dérailler.

Il fallait une présence autre pour terminer l’aventure, comme une ouverture vers l’autre qui s’exprimer par la présence de Blondino sur la sublime Armageddon sur plage. Car forcément quand tout explose et se détruit autour de nous, on n’est jamais aussi bien qu’avec la présence de l’autre. Cette histoire de fin du monde sur plage ensoleillée finit d’atomiser nos cœurs alors que tout se délite et que le silence se fait.

De l’amour en demi-teinte, de la colère parfois tue, des larmes jamais feintes … Avec Des Nu.es, UssaR convoque le chaos pour mieux provoquer le K.O. Celui de nos émotions, de nos cœurs bouleversés par cette histoire d’amour qu’il vit avec son piano et ses mots. Une nouvelle preuve si il fallait du talent et de l’importance de cet artisan musical.

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