Pour notre dernier concert de l’année, on a pris rendez-vous au Sucre avec l’artiste genevois qui a présenté l’un des projets francophones les plus remarquables de 2023. Il s’agit bien évidemment du fameux Varnish La Piscine. Alors autant vous dire qu’on avait très hâte.
A peine arrivés sur le rooftop, on entend retentir au loin un son de Varnish. Pas de doute : on est au bon endroit. Pourtant, nous ne sommes pas en retard. On pousse alors la porte de la salle pour découvrir Sebastiao Loopes en train de mixer. Il a l’habitude d’ouvrir pour les membres de la SuperWak Clique et sait parfaitement ce que le public attend. Derrière les platines, il enchaîne avec une sélection de qualité qui ne manque pas de préparer la salle comme il se doit.
Certes, on n’est peut-être pas des si grands habitués de l’endroit, mais en tout cas, on ne l’a jamais vu aussi plein à craquer.
On est contents d’être arrivés en avance, alors on en profite pour s’arrêter au stand de merch puis on se glisse jusqu’à notre place favorite : le premier rang.
Il ne faudra pas patienter longtemps avant l’entrée de l’homme de la soirée qui fait son apparition sous les applaudissements : Mesdames et Messieurs, veuillez accueillir M. Varnish La Piscine. Avec sa casquette et son casque vissé sur la tête tout du long comme à son habitude, il nous interprète les morceaux de ses deux derniers projets pendant une bonne heure et quart, en commençant par ceux issus de METRONOME POLE DANCE TWIST AMAZONE, bande originale de son film LES CONTES DU COCKATOO.
Ce qu’on apprécie forcément : la présence d’un groupe sur scène. Ils sont quatre à l’accompagner ; un à la guitare, un à la basse, un au clavier, et un dernier derrière les platines. Le spectacle est vivant, le travail des lumières est remarquable, les transitions sont fluides et les morceaux retravaillés pour la scène. Le dernier, ILLUSION SUR MAUNA LOA, s’étire alors que Varnish prend plaisir à pousser la mélodie et à nous faire chanter I don’t wanna wake up, I don’t wanna wake up (c’est mieux si vous avez l’air en tête).
Le public lyonnais a même eu droit à un invité surprise, avec l’apparition de son complice de longue date : Makala en personne, à qui Varnish cède le micro. Il prends le contrôle de la salle pendant non pas un, deux ou trois, mais bien cinq morceaux ! Varnish n’en rate pas une miette et on se plaît à l’observer prendre son pied près des platines. Et on le sait, quand Makala est sur scène, ça devient sportif. Fidèle à sa réputation, l’atmosphère s’intensifie sous pogos et mouvements de foule. Varnish finit par le rejoindre et Les Frères de la Piscine partagent alors la scène dans une énergie folle. On regrette tout de même qu’ils n’aient fait que deux de leurs nombreux featurings, issus ici du dernier album du Mak, mais bon, il ne faut pas être trop exigeant.
Épaulé par Varnish, Makala prend le temps de nous remercier et d’exprimer son admiration envers son ami « Merci à tous d’être aussi nombreux pour vivre ce que mon frère a à vous proposer. On est une famille ».
Il lui fait même une déclaration chantonnée : Varnish, c’est son « bestie ». L’esprit fraternel est beau à voir, et ils nous invitent à immortaliser le moment avant de ranger nos téléphones.
Véritable showman, on ne peut s’empêcher de reconnaître à Varnish La Piscine des traits de Tyler, The Creator dans la manière dont il interagit avec son public. Adoptant un ton faussement sérieux empreint de second degré, il n’hésite pas à s’adresser directement à l’audience, à l’image des vidéos les plus virales de l’américain, qu’il considère comme un frère spirituel. Il emprunte même une paire de Cortez d’une personne du public pour le morceau, je vous le donne dans le mile : CORTEZZ.
Le suisse ne se presse pas sur scène et choisit de jouer la plupart de ses morceaux en étant assis sur un tabouret. Bien loin de sa timidité de la vie quotidienne, il se révèle sur scène en interprétant ses chansons avec émotion, accompagnant tout le long ses paroles de gestes expressifs.
Comment vous le décrire ? Si vous avez déjà eu l’occasion de voir quelqu’un et de penser, oui, c’est indéniable, cette personne est faite pour cela, c’est exactement ce que nous avons ressenti lors de cette prestation. C’est juste inné chez lui, il maîtrise son art à la perfection. Pas besoin de jouer le rôle de l’artiste, d’amplifier des traits de caractère. Il le fait à sa façon et tout cela semble naturel pour lui. Varnish se laisse physiquement emporter par la musique et parle même en chantant, nous faisant ressentir que celle-ci est une extension tout bonnement logique de sa personne.
Il y a quelque chose de très généreux dans sa prestation, une beauté quasi poétique. Il laisse même au public le soin de chanter certains couplets, dans une véritable communion. Varnish nous donne beaucoup, mais nous avons l’occasion de lui rendre la pareille et il sait l’apprécier, nous laissant le sentiment de ne pas avoir été seulement un spectateur passif mais bel et bien acteur du show à notre échelle, rendant la prestation unique.
Les flashs s’allument pour clôturer le concert dans l’émotion comme il se doit, et Varnish ainsi que ses musiciens quittent la scène dans une dernière révérence, après nous avoir salués par une tape dans les mains. On le sait éternel amoureux de la musique et ce soir, on peut dire qu’il lui a vraiment fait honneur.
Alors on ressort d’un des meilleurs concerts de cette année avec des souvenirs plein la tête, le genre de show qu’on se plaît à raconter en boucle et on espère le retrouver bientôt.
Crédit photo : Laura @tcedrvm