Le nouveau label L’Ecurie Verte possède un poulain nommé Virgile Berger qui vient de sortir son premier album Sexy Slow With Chester. Cofondateur du label, avec Louis Maschino à la direction artistique, Virgile Berger nous transporte dans un univers funk, teinté de punk ainsi qu’animé d’une pointe d’insolence et d’autodérision. Résultat de presque une année d’expérimentation de titres au rythme d’un par semaine, Sexy Slow With Chesterest le condensé de la pâte qu’il s’est trouvé, entre français et anglais. Un nouvel album ultra prometteur qui apparaît comme un ovni dans la scène actuelle.
Premier titre d’ouverture de l’album, Soucoupe dans la plaine est un trip doux et psychédélique dans une nature qui nous fait tant défaut en ce moment. Décollage à base de synthés vaporeux avant de lancer une mélodie de guitare acoustique ultra planante. Allant à l’essentiel, le morceau se concentre sur ce sentiment de liberté ultime et le trip très 70’s. A base d’images rétro, on plane sur les paysages avant de s’envoler dans la stratosphère. La meilleure façon de se shooter à la musique quoi.
S’ensuit un combo qui tue. L’alcool qui tape à la tête par surprise, et les opiacés anesthésiants. Rosé Tramador, c’est un duo à l’image de Virgile Bergé, entre le punk blasé et le groove funky. Dans un clip psychédélique, on suit Virgile à République, du choix de la bouteille de vin jusqu’aux évènements malheureux. La tête dans une cage, la vision brouillée, il s’éclate pourtant solo dans sa chambre, appréciant le trip un peu plus qu’il ne semble vouloir nous le faire croire. Un petit avertissement final met cependant en garde d’avoir l’idée de reproduire le Rosé Tramador chez vous. Entre la funk, les riffs de guitare blues, et les arrangements solaires, c’est une petite pépite de rock indé qui fout le smile (même si on ne devrait pas danser sur son malheur). Contrairement aux substances dont on fait l’apologie, vous pouvez abuser de ce titre encore et encore.
L’instrumental a la part belle, avec des morceaux purement groovys tel que L’Eylau ou Pétanque Estivale. Ça fleure bon les moments de bonheur qui procurent à posteriori une pointe de nostalgie. Comme une bonne binouze sur la plage avec ses potes au coucher du soleil. Des trips psychédéliques que les années 70’s ne renieraient pas.
Ballade acoustique entre le grunge et le blues rock n’ roll, le titre éponyme Sexy Slow With Chester révèle une mélodie qui surfe et s’emporte sur des envolées interrogatoires. Planant mais teinté d’une pointe de désespoir, ça part en vrille avec une classe terrible. On sent les qualités de crooner rock.
Décidé à nous faire un peu voyager, Virgile Berger nous ramène vers des rythmes plus rock n’ roll du sud-ouest américain avec Bar du Cours. Chantant pourtant à l’occasion en français, il se prête quand même à des petites imitations Elvis plutôt délirantes. On appréciera l’impertinence totale du clash musicale dans les paroles. Un titre ultra ambitieux avec ses nombreux instruments, ses chœurs, sa composition bourrée de narration. Le final est juste complètement dingo. Une petite claque parfaitement casée au milieu de l’album qui réussit à caser une dizaine de genres musicaux. Okay très bien.
D’ailleurs il ne compte pas en rester là avec le français. Naufrage sera aussi dans la langue de Molière, malgré son solo classique rock et son petit twist à mi-parcours. Hymne à l’autodestruction et aux mauvais choix, forcément ça parle à tous. Le timbre se fait encore plus grave et résonne en écho. Décidément une voix qui sort du lot.
On aura l’occasion de la retrouver sur L’Homme Perdu et ses airs d’Arctic Monkeys acoustique ainsi que sur L’Oiseau Rare, final de cet album. Entre la dream pop et la psyché, Virgile conte l’histoire d’un oiseau au-dessus de tout, qui ne souhaite plus se cacher malgré le danger. Petite allégorie de l’artiste ? Une chose est sûre, avec un album d’une telle qualité, Virgile Berger va avoir lui aussi du mal à cacher son talent. Il effectue un décollage en trombe et ne risque pas d’y perdre des plumes.
Ovni psychédélique punk, avec Sexy Slow With Chester Virgile Berger décide de s’accaparer tous les styles dans un mélange détonant. Aussi poétique que délirant, c’est un premier album d’une qualité folle qui saura mettre en lumière l’artiste ainsi que son label. On retiendra aussi cette voix toute droite sortie d’on ne sait où, un délire de crooner punk absolument irrésistible. Peut s’écouter en boucle dans toute situation, de préférence avec substances illicites et vin cheap. Même si avec un tel album on a pas franchement besoin de ça pour planer.