Le mercredi 29 novembre, il y a quasiment deux semaines de ça, les tourangeaux du groupe Meule ont pris d’assaut la cale de l’Iboat à Bordeaux en invitant le lillois YMNK en première partie. Retour sur cette soirée haute en couleur, en souvenirs, et en images grâce aux photos de Pauline Knaff.
Assurément LA révélation musicale française de ces derniers temps, Meule, groupe originaire de Tours, est un trio qui condense avec génie et virtuosité toute l’âme de ce qu’est le krautrock actuellement. Un savant mélange de rythmes motorik à deux batteries, de grandes envolées cosmiques à coup de guitare ou de synthé modulaire et d’un chant radical et rock bien comme il faut. Tout cela donne bien évidemment des compositions complexes et directes que les trois garçons transcendent à merveille en live. Et on pèse nos mots, car ce concert dans la cale du club bordelais était une véritable claque sonique.
La première partie de la soirée était donc assurée par YMNK, projet loufoque et complètement énergique qui mélange avec brio et spontanéité une électro-pop house avec des décollages rock, ambient et psychés totalement scotchants.
Tel un bateau astral mené à la barre en solo par Alexis Zbik, cette véritable synthèse musicale et électronique a fait office d’un warm-up plus que convaincant pour le public, qui a cette heure-ci et malgré la pluie battante, remplissait déjà la cale de moitié.
Les caissons de basse de l’Iboat ont tremblé sous les coups de synthé modulaire du lillois qui, oscillant entre synthé, échantillonneur et guitare, a proposé un live démentiel, pop, et transcendantal.
En effet, surveillés par un petit panneau lumineux qui envoyait symboles et autres patterns géométriques au rythme des sons du lillois, les spectateurs du premier rang ne se sont pas gênés pour entamer les premières danses de la soirée qui elles-mêmes annonçaient le tourbillon interstellaire qui s’apprêtait à arriver avec le live de la tête d’affiche.
Après moult solos de guitare aériens et noisy, quelques roulades dans la fosse, et de nombreux déhanchés sur le rebord de la scène, YMNK termine son set de manière très sincère et remercie humblement le public. Expliquant que dix ans auparavant il a déjà joué ici-même à l’Iboat avec son ancien groupe de rock et qu’il ne se rappelle pas de la soirée avec beaucoup d’humour, il termine son petit discours de fin de set en donnant rendez-vous aux spectateurs au stand de merchandising, glissant au passage qu’il vend lui-même des cassettes de Meule beaucoup moins chères que le groupe en question. Pas d’inquiétude, le petit génie en solo et les trois magiciens sont amis et ont même déjà joué ensemble, notamment lors d’une live session disponible sur les réseaux.
Le bateau bordelais, se remplissant de plus en plus durant l’interplateau, n’est visiblement pas prêt pour la tempête céleste qui est sur le point de se produire.
Le trio tourangeaux, exceptionnellement dispersé différemment sur scène certainement à cause d’un manque de place, se retrouve avec les deux batteries sur le côté droit et le synthé modulaire tout à gauche.
Ce qui n’est clairement pas pour nous déplaire car Valentin Pedler, juste devant nous, avec son cockpit d’Airbus A380 en guise de stand pour ses modules, démarre le set avec une envolée ambient qu’un Klaus Schulze ou qu’un Brian Eno auraient pu produire sans aucun problème.
Le tourbillon électronico-psyché peut commencer. Les trois musiciens ont, avec un son réglé à la perfection, offert un set majestueux et d’un dynamisme inégalable. Évidemment, le band a joué les classiques du premier album éponyme Meule comme Flush ou Getaway.
Même si King Gizzard et Can avaient eu des enfants, ils n’auraient pas été aussi prodigieux que ces trois ensorceleurs. Et c’est après avoir joué les, déjà classiques, morceaux du dernier EP Beau Red comme Vacuum ou No Couchette, que Léo, batteur et lead singer, s’est permis un petit moment de crowd-surfing sur une foule bien déchaînée.
Un set monstrueux, véloce et parsemé de moments de tension magnifiquement gérés. Voilà ce qui vous attend si vous osez aller voir un jour le trio originaire de Tours qui, mentionnons le quand même, a effectué une tournée hallucinante en terme de dates en cette année 2023.
Mais, au diable les mots… Oui, quelques fois… Et laissez-vous embarquer dans cette superbe soirée grâce aux excellents clichés de Pauline Knaff, que l’on remercie énormément d’avoir pu venir pour immortaliser ces deux prestations.
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