On a pris des nouvelles de Poppy Fusée

On ne le cache pas, sur La Face B, on est extrêmement fan de Poppy Fusée. On a donc profité de notre passage au Printemps de Bourges en Avril pour prendre de ses nouvelles et parler du présent, et du futur, avec elle.

La Face B : Salut Poppy, comment ça va ?

Poppy Fusée : La vraie question ! La question importante ! Ca va très bien aujourd’hui.

LFB : Qu’est-ce que ça te fait de jouer à Bourges ?

Poppy Fusée : Je suis très émue de jouer à Bourges. J’étais venue jouer en 2017 avec Part Time Friends. C’est un de mes meilleurs concerts Live donc je suis très heureuse de venir.

LFB : La dernière fois qu’on avait discuté, c’était par fenêtre d’ordinateur interposée. Et l’album n’était pas encore sorti. Comment tu l’as vécu avec tout ce qui s’est passé depuis ?

Poppy Fusée : Il y a eu du chemin fait au niveau des live par exemple. Je t’avais confié que c’était compliqué pour moi la scène. J’ai eu une année 2022 compliquée avec beaucoup de hauts et de bas et mon EP le retranscrit très bien. Mais je passe une très agréable année 2023. C’est chouette de constater que l’EP a été bien accueilli et que les gens veulent venir me voir en concert, c’est hyper émouvant.

LFB : Est-ce qu’on peut parler du fait que Poppy Fusée soit un projet global ? A chaque chanson, il y a une vidéo. Et j’ai l’impression que les vidéos décrivent à chaque fois l’univers du morceau. Et ce que tu veux que ce soit tout le temps comme ça ?

Poppy Fusée : Je pense que pour mon album, que j’ai presque fini d’écrire, il y aura quelque chose de plus uniforme de ce qu’on peut trouver dans l’EP même si celui-ci possède aussi son uniformité. Mais c’est toujours compliqué car je ne sais jamais à l’avance ce que je vais écrire et que je découvre souvent de quoi la chanson parle une fois qu’elle a été écrite, c’est difficile à anticiper.

Déjà, je voulais pas écrire cet album à la base. J’avais dit à Alto « On va écrire un truc super solaire, tu vas voir« . Et bien, pas du tout ! Spoiler alert : ça parle du deuil (rires).

LFB : J’ai l’impression que beaucoup d’artistes se font rattraper par l’existence pendant la création de leur album.

Poppy Fusée : Tu as trop raison. Et encore plus quand tu n’as pas d’idée de ce dont tu vas parler. Il y a ceux qui pensent à un album-concept, ils savent de quoi ils vont parler avec un fil conducteur. Moi, pas du tout. Je me pose et on verra ce qui sort.

LFB : Du coup, c’est la noirceur qui…

Poppy Fusée : C’est pas vraiment que de la noirceur, en fait. mes paroles peuvent être très déprimantes mais il y a toujours une lumière au bout du tunnel. Je fais pas du déprimant pour faire du déprimant. J’essaie quand même d’aller vers la lumière.

LFB : je trouve qu’il y a aussi une volonté d’aller vers l’imaginaire, ce que tu fais aussi en dehors de la musique. Comme un besoin d’évasion qui reste aussi rattaché au réel. Comment faire l’équilibre entre la réalité et l’imaginaire ?

Poppy Fusée : je jongle depuis toujours avec ça. Il y a des moments où ça peut être très difficile, où dans ma vie je ne faisais plus la différence entre ce qui était imaginaire et ce qui était vrai. Mais maintenant, je connais mes limites. Je sais où je ne peux plus aller, où je ne dois pas rester trop longtemps. j’apprends à revenir, à rester sur terre. J’avoue que d’avoir un chien, ça m’aide beaucoup. Un animal de compagnie, ça te ramène au présent instantanément.

LFB : Est-ce que tu as écrit une chanson sur ton chien ?

Poppy Fusée : oui, j’avoue. Je suis en train d’écrire une chanson sur mon chien. J’ai vu la vidéo du mec qui avait perdu son chien et ça m’a émue. Il l’a retrouvé grâce à une association et je me suis dit que j’allais écrire une chanson sur le mien dont tous les bénéfices iraient à cette association.

LFB : Trop bien ! La dernière fois qu’on s’est vu, on avait parlé d’écriture et tu m’avais dit que les dernières chansons et celles de l’EP étaient en français parce que tu n’arrivais plus à écrire en anglais. Sauf que je t’ai vue en concert récemment, et tu avais réécrit en anglais. C’est spontané ou c’est parce que les sujets étaient plus sérieux que tu les chantais en anglais ?

Poppy Fusée : (rires) C’est vrai que quand on écoute mes chansons en français, on a une impression de légèreté. Et je me rends compte que c’est mon cerveau qui écrit en français, et en anglais c’est autre chose. Et c’est bizarre car ce n’est pas du tout ma langue maternelle. Je ne sais pas l’expliquer, mais ça n’est pas mon cerveau.

LFB : N’y a-t-il pas aussi le fait de te dire que tu peux avoir moins de pudeur sur l’écriture en anglais car le public ne te comprendrait pas forcément ?

Poppy Fusée : Je ne calcule tellement pas…ça vient comme ça vient. Pour l’EP, je ne me suis jamais dit « tu n’as jamais écrit en français, n’écrit pas en français ! », tu vois. Mais tu as peut-être raison car quand Titanic, mon premier morceau en français est sorti, j’ai passé la journée à pleurer en me disant ‘c’est horrible, les gens vont tout comprendre ».

LFB : et finalement, ça n’était pas si horrible que ça.

Poppy Fusée : Non non ! Mais ça a été enfanté dans la douleur quand même (rires).

LFB : Donc finalement, c’est peut-être ça. L’écriture en anglais te permet d’être moins en conflit avec toi-même.

Poppy Fusée : oui c’est peut-être ça (rires). Ca arrondit les angles.

LFB : Quand je t’ai interviewée il y a un an, tu m’avais dit « Non le live, j’aime pas ça. Je veux pas en faire ». Quand je t’ai vue la première fois avec Nova, j’avais l’impression que c’était très douloureux pour toi. Mais là, j’ai l’impression que ça a beaucoup changé.

Poppy Fusée : Oui, ça va mieux. J’ai débloqué beaucoup de trucs. J’ai beaucoup vu ma psy (rires). J’ai compris que j’avais beaucoup de blocages avec mon ancien groupe, aussi. C’est moi qui suis partie, et je suis remontée sur scène seule. Et puis on était deux. Donc j’étais comme une demi-personne. Et là, j’ai du devenir une personne à moi toute seule donc ça ne s’est pas fait dans la légèreté la plus totale mais je suis contente de ne pas avoir baissé les bras, d’être avec les gens. de les rencontrer. D’aller défendre mes chansons sur scène.

LFB : Et du coup, tu préfères être seule sur scène ou est-ce que c’est plus rassurant quand tu es avec Alto ?

Poppy Fusée : J’adore être avec Alto sur scène, parce que je crois intrinsèquement que j’aime partager la scène. Peut-être que plus tard, j’aurais d’autres musiciens et que ce sera encore un groupe.

LFB : Et maintenant que tu es entrée dans les dispositif des francos, du chantier, est-ce que ça t’a débloquée ?

Poppy Fusée : Complètement. Le premier jour au débrief, j’ai fondu en larmes. J’étais genre…une chips, quoi (rires) ! Je suis trop fragile ! Mais ils m’ont dit « maintenant, tu vas t’arrêter de t’excuser de jouer de la guitare électrique. Soit tu en joues, soit tu n’en joues pas. Mais si tu en joues, tu ne t’en sers pas pour mettre une barrière entre toi et les gens. » Et j’ai trouvé ça très pertinent. Le seul objectif qu’on avait sur toute la semaine était que je retrouve de la joie et des sensations. C’était hyper délicat de leur part. Pour moi, c’était très flou comme ambition mais ça a marché.

LFB : Ey puis tu as une super guitare électrique, en plus !

Poppy Fusée : Elle est rose. Je me suis dit que dans ce projet, il fallait que je réalise tous mes rêves et j’ai donc une guitare rose.

LFB : Tu me parlais du premier album que tu étais en train d’enregistrer. Quel est le futur ?

Poppy Fusée : J’enregistre l’album la semaine prochaine en Belgique. Etape 1. J’aimerais bien le sortir en 2024. Et continuer à faire des concerts, que cet album ait une petite vie sympa.

LFB : Ma dernière question est toujours la même. Est-ce qu’il y a des choses récentes que tu as aimé et que tu as envie de partager avec nous ?

Poppy Fusée : Je ne vais pas dire Martin Luminet, comme à chaque interview (rires) ! Je vais trouver quelque chose. Attends…qu’est-ce que j’écoute là, en ce moment ? Ah si bien-sûr ! Alors en série, je recommande Daisy Jones & the Six. Tu l’as vu ?

LFB : Non pas encore mais c’est dans ma liste.

Poppy Fusée : Ils ont fait tout en trop peu d’épisodes du coup les personnages ne sont pas assez développé mais c’est un plaisir. Les personnages féminins sont incroyables. Des femmes qui se soutiennent entre elles. Un plaisir à regarder. En plus, les chansons sont vachement bien et je conseille l’album vu qu’il est sorti. Il parait même qu’ils vont partir en tournée.

LFB : Trop bien.

Crédit Photo : David Tabary