dog eyes – « holy friend » : le début d’une belle amitié

Un album conceptuel qui explore les relations à travers cet « ami sacré »

Dans « crush », court morceau qui ouvre l’album, les voix du duo se dévoilent et se joignent en toute simplicité pour raconter les retrouvailles d’un amour de jeunesse. Le style lo-fi et l’ingénuité du texte n’est pas sans rappeler les Moldy Peaches. En quelques mesures, le ton est donné. On sort les Polaroïds et on se laisse emporter par cette vague de douceur, teintée de nostalgie et un brin rétro. Elle nous accompagnera délicatement jusqu’à la fin de l’été. 

Une introspection sensible sur l’amour et l’amitié

Si le nom du groupe rappelle l’amour pur et inconditionnel d’un fidèle compagnon, « rusty, my dog » en est le miroir. Le morceau dépeint en effet l’animal à travers les yeux de l’humain. Le thème peut prêter à sourire, pourtant le tempo lent et le pouvoir évocateur des images – « I don’t exist outside of his big ears » – en font un morceau profond sur l’attachement à un être cher.

« Drive » nous embarque en « Sequoia » dans une introspection douce-amère, sur les routes californiennes bordées d’arbres du même nom. Le besoin de prendre le large est plus fort que tout dans ce morceau qui sonne comme une supplique. (« Just drive me so far / I forget how to tell where I am »). L’arrangement épuré permet à la voix de gagner en puissance au fil du voyage, à mesure que se démêlent les pensées.

On retrouve la candeur des deux premiers titres dans « fair ». Le titre nous plonge dans l’insouciance des relations enfantines, les promesses d’éternité tenues le temps d’un été. (« Living like we had forever / Knowing though it was fair weather »). En grandissant, les liens se défont mais on garde au fond de soi l’intensité des émotions passées, vives et réconfortantes : « Close your eyes see our heaven ».

Des influences pop-rock au service d’une intensité nouvelle

Un atterrissage tout en douceur

L’espoir n’est heureusement pas loin, avec « go together » et « ties ». Les deux titres prennent la forme d’odes à l’amitié, aux connexions qui tiennent l’épreuve du temps malgré l’éloignement, les déceptions ou encore la mauvaise foi. (« I forgot college was always an easy excuse of mine »). Alors que l’album touche presque à sa fin, on prend de la hauteur. Il n’est plus question de relations fantasmées mais du réel. Imparfait, maladroit et vibrant.

Dans « go together », les voix du duo s’entremêlent progressivement, comme pour se donner de la force face aux épreuves. (« I’m broke down on the side of the road / You get the can and I’ll tie the rope », « Where she walks / I am »). La guitare qui accompagne le premier couplet s’enrichit au fil du morceau pour créer un son chaud et réconfortant.

C’est aussi l’effet que produit « ties ». Ce titre folk-rock met particulièrement bien en valeur la polyvalence vocale d’Hailey Firstman. Il se termine sur une jolie déclaration à demi-mot. « Well what if I like easy / And what if I like staying by your side ».

« Holy friend », qui clôt l’album, est un témoignage de gratitude adressé à cet ami imaginaire, et peut-être à travers lui aux relations passées et présentes qu’on porte en soi. (« I can’t win when you’re not there »). La boucle est bouclée avec ce titre teinté d’autodérision (« Holy friend we get it / You’re sacred and I’m aimless »). Il nous ramène un instant dans la naïveté de l’enfance et s’achève sur des mesures instrumentales, expérimentales et planantes. 

On quitte « holy friend » le cœur léger, avec la sensation de s’être fait un nouvel ami. Celui-ci nous accompagnera bien après la fin de l’été et réchauffera nos soirées pluvieuses de sa folk ensoleillée.

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