The greatest love : l’album de la maturité pour les London Grammar

Onze ans après leur premier album couronné de succès If you wait, les Britanniques de London Grammar reviennent avec The greatest love. Un 4e opus toujours inspiré, fidèle à l’ADN du groupe entre pop et électro, porté par la divine voix d’Hannah Reid.

Lorsqu’on commence une carrière musicale aussi fort que l’ont fait les London Grammar, on est toujours attendu au tournant. Par l’industrie musicale, par les critiques, par les fans. Autant le dire d’emblée, le trio originaire de Nottingham est toujours au rendez-vous.

Dans The greatest love, on retrouve tous les ingrédients qui ont fait le succès du groupe. En premier lieu, la voix envoûtante et puissante d’Hannah Reid, capable d’émouvoir le plus glacial des cœurs de pierre. Sa tessiture rare de contralto lui permet d’être aussi à l’aise dans les graves que dans les aigus. Sa voix se fait tantôt ronde et chaleureuse, tantôt pure et céleste.

The greatest love, l’album de la maturité

Cette voix si particulière est magnifiée par des sons électro-pop discrets, obtenus grâce à un subtil équilibre entre instruments acoustiques et électroniques, posés sur des rythmes assez lents. Le résultat est planant et addictif. Les London Grammar ont trouvé leur style, ce qui ne les empêche pas de tenter quelques nouvelles sonorités bienvenues, par exemple sur Santa Fé. Nous y reviendrons.

Chaque écoute dévoile de nouveaux détails de la production assurée cette fois en majeure partie par le groupe lui-même. « Lorsque nous étions un jeune groupe, nous avons trouvé la magie auprès de producteurs plus âgés et très expérimentés, et c’était important, nous avons beaucoup appris. Mais aujourd’hui, nous devenons ces personnes-là. Nous ne nous soucions plus de ce que pensent les autres. Si nous aimons ce que nous faisons, nous le faisons. »

Clip officiel de House

Au fil des 10 morceaux que compte l’album, on ressent cette liberté et cette confiance dans les textes ciselés d’Hannah, comme dans House, le premier extrait dévoilé par le groupe, et aussi le morceau qui ouvre The greatest love. Sur un rythme plutôt enlevé, Hannah fixe d’entrée de jeu ses propres règles (This is my place, my house, my rules). Le ton est donné.

Fakest bitch : l’élégante virulence d’une ballade dépouillée

S’en suit Fakest bitch, probablement l’un des meilleurs morceaux de l’album, voire du groupe. Simplement accompagnée d’un piano et d’une guitare, la voix d’Hannah porte littéralement le titre. Des paroles virulentes, écrites en une heure seulement, viennent créer un contraste et renforcer la puissance de cette charge envers sa pire ennemie. Elle dénonce l’hypocrisie et les faux-semblants. A noter qu’on écoute l’enregistrement vocal original. « Il me met aussi un peu mal à l’aise, ce qui est bon signe, je pense ».

You and I, le troisième morceau, s’adresse à la jeune fille qu’Hannah a été. Conçu comme un crescendo avec les chœurs et les cordes en apothéose, il nous emporte et nous fait frissonner à chaque écoute.

Dans LA (Los Angeles, ndlr), le groupe parle de l’endroit où vivre, et du fait qu’il est difficile de se sentir à sa juste place. Il débute par une ambiance sombre, un peu angoissante, et se termine par un final très électro. On retrouve là-encore une montée en intensité, assortie de voix énigmatiques presque chamaniques. Il s’en dégage une certaine spiritualité, ponctuée par le retour à la voix seule d’Hannah qui vient signer le morceau. Cette structure est présente dans de nombreux morceaux, comme pour asseoir le leadership d’Hannah Reid.

De nouvelles sonorités

Parmi les autres morceaux notables de l’album, voici Santa Fé. Il inaugure de nouvelles sonorités jusque-là jamais entendues dans le répertoire des London Grammar, qui s’essaient pour l’occasion à un style hispanisant en référence à la culture de cette ville du Nouveau Mexique qui a donné son nom au titre. Le morceau n’est pas sans nous rappeler La Isla bonita de Madonna, mais façon London Grammar, plus lent et plus électro.

Kind of man, 2e single dévoilé, capte notre attention dès le début du morceau grâce à des riffs de guitare élégants qu’on retrouve tout au long du morceau. Hannah manie l’ironie pour dénoncer le sexisme et le machisme auquel elle a été confrontée. Le refrain en est une parfaite illustration : « You’re the kind of man to fall in love with me, You’re the kind of man to take me not seriously ».

On passera vite sur Rescue, morceau sans doute le moins convaincant de l’album. Malgré un rythme assez entraînant, on est lassé par les refrains à base de « Nananananananananana » qui représentent près des ¾ du titre.

Into gold est clairement le plus électro de The greatest love. Après un démarrage très lent sur fond de synthé, le rythme augmente et laisse place à un passage électro très dance, pour se terminer par la voix autotunée d’Hannah. C’est bien le seul regret sur ce morceau : l’autotune à outrance n’était absolument pas nécessaire.

The greatest love, ou l’art du crescendo

Enfin, The greatest love vient clôturer l’album éponyme. Dernier titre et dernières paroles prononcées, la boucle est bouclée de la plus belle des manières avec ce morceau élégant, prenant, planant qui nous emmène high above grâce à un nouveau magnifique crescendo.

Au fil des années, le talent des London Grammar ne se dément pas. Avec The greatest love, ils nous livrent un 4e opus réussi, fidèle à leur ADN électro-pop avec néanmoins quelques nouvelles sonorités et l’audace d’avoir assuré la production de la plupart de leurs morceaux. Une confiance en leur art qui leur permet de s’affirmer et de s’affranchir de toute contrainte créative pour le plus grand plaisir de leurs fans, dont les plus chanceux les verront au Zénith de Paris le 31 octobre prochain pour un concert sold out depuis déjà plusieurs mois.

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