iAROSS est de retour ! Si Nicolas Iarossi et Julien Grégoire tiennent toujours la barre, la bande a légèrement évolué – passant d’un trio à un quatuor -. Les deux amis sont ainsi rejoints de John Owens à la guitare (en remplacement de Colin Vincent que l’on retrouve dans le duo MUET) et Guillaume Gardey de Soos à la trompette. Quatre ans après Apnée, la nouvelle formation s’est attelée à la conception du cinquième album Ce que nous sommes qui renoue autant avec les racines sonores du groupe que celles des hommes qui le composent et, plus particulièrement, celles de son leader. Si l’enregistrement a été assuré par le label stéphanois Le Cri du charbon, iAROSS a fait appel à sa communauté par le biais d’une collecte qui a trouvé son écho. Ce que nous sommes est un très bel album qui rassemble autour d’un je(u) collectif puisant dans des sonorités d’horizons variées bien connues de l’univers de iAROSS.

Nous sommes ouvre le bal. Un morceau bien puissant pour commencer. Le verbe de Nicolas Iarossi fidèle à l’humanité. La trompette de Guillaume Gardey de Soos donne une texture presque jazz à la chanson. C’est d’ailleurs en jouant sur ces variations au sein même du morceau qui pose les bases : Nous sommes. L’addition de toutes nos différences, de toutes nos fragilités. Une superbe ouverture.
S’en suit Libre. Comme si Nicolas Iarrossi ne chantait plus, il récite avec sa voix de conteur. Il ouvre une fenêtre sur le monde qui nous entoure. « Rien n’arrête un peuple qui danse » dit-il. On aimerait tant le croire. Libre est l’expression même de la musique de iAross, la poésie brute, les deux pieds englués dans l’époque et les mains sur les instruments pour espérer la rythmer.
Il y a quelques temps nous vous parlions du clip. Tangue fait intervenir le premier invité de la bande : Adil Smaali du groupe Aywa. A mi-chemin entre le rock et la world music, Tangue fait se rencontrer les langues française et arabe. Fermez les yeux, voyez la Méditerranée au loin. Sentez le vent sur la côte et la lumière solaire. Tangue fait voyager.
Nouvel invité bien connu des montpellierains : Carlo De Sacco de la formation Grèn Semé. Deuxième extrait de l’album, Là où tout brûle est inspiré de nos quotidiens envahis par les écrans de toutes tailles et la dépendance qu’ils engendrent. Créole et français s’entrecroisent le temps d’un morceau fort. Là où tout brûle s’était offert un clip très original que l’on vous remet ici pour le plaisir des yeux.
Plus festif dans son approche cuivrée, Respire n’est pas plus optimiste que son entourage. Elle fait voler plus haut encore. Et en prenant son envol, iAross virevolte vers les terres jazz. Ça lui va bien au teint. Apaisant jusqu’ici, le groupe nous embarque dans une autre ambiance beaucoup plus inventive.
Mon Amour se détache du thème sociétal à la faveur du sentimental. Les mots de Nicolas Iarrossi reprennent le chemin de la chanson. Nettement coupée en deux avec un silence, comme une respiration, Mon Amour est une superbe déclaration où le pronom « nous » demeure dans l’ombre d’un « je ».
Au rythme effréné, Cœur mécanique s’inscrit dans la mouvance rock au cuivre plus discret mais bien présent. Le morceau dure moins de 2 minutes, on se fait surprendre par la tempête qu’il engendre juste avant l’accalmie Le vent souffle qui s’ouvre sur des cordes pincées.
Le vent souffle comme une nouvelle respiration où l’orchestration est plus que ravissante. Nicolas Iarrossi chante à nouveau mais le morceau est quasiment instrumental, il invite à découvrir l’immensité des étendues devant nous. Le vent souffle nous repose.
Sur Orange bleue s’invite la fusion de trois femmes et quatre hommes qui font de la polyphonie : Barrut. Vibrante, Orange bleue monte en puissance. Les deux univers s’entremêlent et le morceau devient cinématographique. Sublime !
Et si Ce que nous sommes aurait pu se clôre sur cette pépite, c’était sans compter sur Alix. Plus intime, profonde, Alix est comme une dernière berceuse où le « je » se retrouve une bonne fois pour toutes après avoir navigué dans l’altérité.
iAROSS a fait le pari de revenir à ses racines et c’est réussi. Le poète-chanteur Nicolas Iarossi et sa bande signent un beau voyage sonore où chaque chanson est une destination enchanteresse. La délicatesse, l’engagement toujours au cœur, iAROSS navigue, s’aventure en restant en terre connue. Le quatuor a pris la route, passés par Le Zèbre de Belleville le 15 mars, ils ont enchainé avec un passage au Pax à Saint-Etienne le 16 mars et retrouveront l’Occitanie pour fêter la musique à Lodève le 21 juin prochain !