La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, on vous invite à découvrir la première partie de notre 261ème sélection des clips de la semaine.

Rosemarie – La mer
Un voyage en apesanteur dans notre fort intérieur : c’est ce que nous propose Rosemarie en dévoilant cette semaine La mer, le premier extrait de son premier album, annoncé pour l’automne 2025.
On plonge dans un océan – ou plutôt une mer – de douceur, happé par la voix sensible de la lyonnaise et la beauté hypnotique du morceau et de ses arrangements, digne de l’univers de Miyazaki.
« Ce morceau a été écrit en juillet 2023, après une période de surcharge, dans un moment où j’ai fait le constat que j’étais allée trop loin, que j’avais atteint mes propres limites. » La mer, c’est le calme après la tempête, un morceau empreint de sérénité, une poésie métaphysique sur l’existence. Le début est aussi la fin de toute chose, tout est question de point de vue et de perspective.
Le morceau est illustré fort logiquement par une baignade tranquille de Rosemarie, au large des cotes varoises, sans début ni fin. Un principe simple, que la réalisatrice Cléo-Nikita Thomasson a twisté en montant une succession d’images filmées et rembobinées, au point de ne plus savoir ce qu’on regarde vraiment.
Le morceau, s’il se termine, reste néanmoins en suspens : « Un vent d’été s’est logé doucement dans mes cheveux, doucement a réparé »… Il faudra patienter jusqu’à l’automne pour en savoir plus sur ce nouvel album placé semble-t-il sous le signe de la réparation. On a hâte !
Parcels – Yougotmefeeling
Avec leur groove habituel, le quintet Parcels est de retour pour un nouveau titre introductif à leur prochain album, LOVED, à venir le 12 septembre prochain.
Le groupe aux milles influences revient pour notre plus grand plaisir et celui de nos oreilles. Tout droit débarqués d’Australie il y a une dizaine d’années, les cinq musiciens de Byron Bay ont oscillé entre beaucoup d’univers et d’identités. Leurs compositions s’inspirent donc du rock et du funk des années 70, de l’électronique et du disco. Fun fact, ils ont même collaboré avec Daft Punk sur leur titre phare Overnight !
La diversité a donc toujours fait partie de l’ADN de Parcels, la spontanéité aussi. Les australiens étant très attachés au live, leurs performances envoûtantes et terriblement ancrées dans le moment présent leur ont forgé une réputation scénique incontournable. Pas étonnant donc que la chaîne youtube de Parcels soit remplie de sessions live et de rediffusions de concerts. Depuis quelques mois, les australiens nous dévoilent des sessions live de morceaux inédits, en dévoilant un peu plus sur leur prochain album, LOVED…
Le dernier en date se nomme Yougotmefeeling et on y retrouve tout ce qu’on aime chez Parcels : leur groove légendaire, leur présence hypnotisante et leur belle harmonie. Les cinq musiciens semblent toujours plus proches et complices, nous communiquant leur joie et leur plaisir simple de jouer ensemble. Une mélodie pop-funk joyeuse qui contraste avec les paroles (You are better when I am not around / If I always just let you down /Maybe it’s just better if I leave it now), nous retrouvons l’ambivalence et la dualité qui font l’identité de Parcels. Un tube solaire qui nous accompagnera tout cet été, Yougotmefeeling est à mettre immédiatement dans ta playlist !
Hausmane feat. La Chica – Darling
Une lumière tamisée rouge délavée. Le ton est donné pour ce Darling très à propos, nouvel extrait clippé du premier EP d’Hausmane I, annoncé pour début juin.
Dans ce morceau qu’il partage avec La Chica, Hausmane raconte l’histoire d’une rupture. De leur rupture. Etrange d’ailleurs de savoir ce titre prophétique car écrit avant même la fin de leur histoire. Sans haine ni colère, la chanson préfère miser sur la nostalgie et célébrer le bonheur passé d’une relation passionnée dans laquelle les deux amants furent tout l’un pour l’autre.
Le clip utilise la même épure et le même procédé de dézoom que précédemment dans New memory. La rupture est signifiée par la posture de Hausmane et La Chica qui, pourtant très proches, ne se touchent ni ne se regardent jamais. Si les histoires d’amour finissent (souvent) mal, les ruptures peuvent être belles.
Matmatah – Putain Putain
Les brestois Matmatah ont 30 ans et sont bien décidés à le faire savoir. Ils investiront l’Accor Arena le 11 octobre prochain. Jouer de la musique fort, voilà ce qui anime la bande de Stan depuis toutes ces années.
Au fil des tournées, le groupe a su fidéliser au-delà des frontières bretonnes voire même nationales. C’est d’ailleurs dans un clip aux couleurs jaune et bleu de l’Ukraine que Matmatah a choisi de reprendre Putain putain du belge regretté Arno du temps de TC Matic.
En optant pour la bichromie, le réalisateur Charlie Garnier et le groupe font le choix d’un message clair et pour le moins qu’on puisse dire, engagé ! Putain Putain se pare de ses meilleurs atouts rock en conservant le texte original. Ode à l’unité européenne dans ce monde chahuté de tous les côtés, Matmatah ne se fourvoie pas. Et nous, on ne boude pas ce bon plaisir !
Yungblud – Lovesick Lullaby
Yungblud fait un retour flamboyant et continue de tracer sa route entre excès pop punk et nostalgie culturelle avec Lovesick Lullaby, son nouveau single percutant, prélude à un nouvel album attendu pour le 15 août 2025. Un titre qui marque un retour assumé à ses influences britanniques, tant dans le fond que dans la forme. Lovesick Lullaby représente bien l’ADN Yungblud : brut, énergique, et fédérateur.
Lovesick Lullaby, finalement, ça parle de quoi ? Lovesick Lullaby est, comme sa traduction, une berceuse pour les cœurs malades, un hymne aux amours chaotiques et passionnés dont on ne décroche jamais vraiment. Entre tendresse maladroite, jubilation et provoc punk, Yungblud y explore les tourments de la passion : “Faire ce morceau, c’était une putain de fête, et on peut l’entendre sur l’enregistrement.” Il raconte avoir “laissé son subconscient parler, avant de donner un sens aux paroles le lendemain, gueule de bois, fish and chips et tasse de thé à la main.” Ce retour au quotidien britannique sert de toile de fond à une quête plus large : “J’ai voyagé partout dans le monde pour chercher du sens… Mais j’ai dû me ramener à moi-même : à la musique, à l’art et à la culture britanniques.”
Musicalement, le morceau est une déflagration pop-rock, entre riffs acérés, refrains martelés et énergie décomplexée : tout y est. Lovesick Lullaby nous fait aussi bien penser à Blur, Arctic Monkeys qu’aux Libertines, tout en gardant cette signature Yungblud explosive et sans filtre.
Un clip so British! Réalisé par Charlie Sarsfield, le clip célèbre tout ce que le Royaume-Uni a de plus culte et extravagant. Yungblud, habillé en Burberry, débarque dans un pub bondé à l’arrière d’une Mini Cooper. L’ambiance est explosive, le tout filmé avec élégance et autodérision. Le moment fort : un clin d’œil visuel à la légendaire pub Maxell Break the Sound Barrier (1982), où Yungblud est projeté dans un fauteuil par la force d’une enceinte.
Bien plus qu’un simple morceau, Lovesick Lullaby se pose comme un manifeste identitaire : une ode à la fois nostalgique et électrisante à l’amour, à la musique, et à tout ce qui fait battre le cœur de la culture britannique. Lovesick Lullaby marque également le coup d’envoi d’une tournée mondiale fraîchement annoncée, avec une date parisienne prévue au Zénith le 8 octobre.
Florence Breton – La peur me guette encore
Après Mon silence, Florence Breton sort le deuxième extrait de son EP Pour combien de temps sur un fond jazzy et résolument féministe. Réalisé par Raphaël Laliberté-Desgagné, La peur me guette encore pose la question de “Pourquoi les femmes devraient encore avoir peur dans la vie d’être femme”, surtout quand on rentre tard le soir avec notre trousseau de clés serré dans la poche en poing américain. Et quoi de mieux pour illustrer cette réalité que les transports en commun. On s’évitera des commentaires inutiles sur l’explication de la situation. On fera donc comme Florence avec “L’attente aux tréfonds du ventre / Qu’autour de nous les choses changent”.
Baxter Dury – Allbarone
Baxter Dury, le dandy britannique incontournable, fait son grand retour avec Allbarone, son dixième album studio, prévu pour le 12 septembre 2025 chez Heavenly Recordings/[PIAS]. En collaboration avec Paul Epworth (réputé pour ses projets avec Adele et Florence & The Machine), il insuffle une nouvelle énergie à son univers unique. Le premier single éponyme, Allbarone, annonce la couleur avec un groove incisif, accompagné d’un clip totalement barré, filmé à Venise.
Musicalement, Allbarone explore des sonorités électro funky, soutenues par une rythmique hypnotique, une basse bondissante et la voix nonchalante de Dury, entre séduction et désillusion. Fidèle à son style, il mêle spoken word et mélodies traînantes, tout en offrant une production moderne et lumineuse. L’influence d’Epworth se ressent à travers les textures électro sophistiquées et les montées en tension.
Allbarone est la fable d’un personnage fictif, Allbarone, qui oscille entre mafieux de pacotille, loser charmant et alter ego fantasmé de Dury. Allbarone est un monologue intérieur sans logique et sans ordre où s’entrechoquent égotrip, autodérision et absurdité comique. Dury, avec son flegme légendaire et sa diction décontractée, livre une satire subtile sur la masculinité vieillissante, l’image publique et l’ego. Allbarone devient ainsi un anti-héros de plus dans l’univers de Dury, ou peut-être une hymne à l’absurdité de la vie.
Le clip est un pur délire visuel voire même délice visuel : Signé Tom Beard, on gondole entre Fellini, YouTube et grand n’importe quoi ! Tourné dans les rues et les canaux de Venise, on y voit Dury sur une gondole flâner dans un costume trop grand, bouquet de roses rouges en main. Il nous raconte les yeux dans les yeux en plan serré Allbarone. Puis on passe au jeu des chorégraphies décalées et de lumières rouges et vives entre scène de jour sur sa gondole, et scènes de nuit arpentant les rues de Venise. L’esthétique mêle élégance et grotesque. Dury semble se moquer de lui-même et de son environnement : c’est à la fois drôle et perturbant, parfaitement en accord avec le ton de la chanson.
Avec Allbarone, Baxter Dury réussit un retour flamboyant, fidèle à son univers tout en explorant de nouveaux horizons sonores. Le morceau et son clip témoignent de son humour mordant et de son talent pour les contre-pieds. À découvrir en live cet hiver, avec notamment des concerts à la Salle Pleyel et au Rocher de Palmer.
Parkway Drive – Sacred
Le groupe australien de metalcore Parkway Drive reprend la route des studios et nous partage cette semaine Sacred. Pas de huitième album en vu pour ces légendaires de la scène métal mais une tournée XXL. Pour commencer, un concert symphonique au célèbre Sydney Opera House puis une tournée estivale aux États-Unis avant de proposer des concerts énergiques et immersives en Europe. Deux dates en France sont d’ailleurs prévues. La première est au Zénith de Paris le jeudi 2 octobre avant de revenir le vendredi 5 novembre à Lyon à Halle Tony Garnier.
Le clip de Sacred nous donne un avant goût de la prestation scénique que Parkway Drive peut nous offrir. Le son est intense et melodique et se mue en hymne à l’énergie positive. Toutes les cases du genre sont cochées avec des breakdowns à foison. La voix de leur leader Winston McCall oscille entre screaming et un chant plus rond et clair sur le refrain. Et pour le couronner le tout, le.rythme se coupe pile au milieu du titre pour reprendre sur un solo heavy très caractéristique des eighties. Cliché mais captivant ! Sans oublier le graphisme de roc qui nous retourne le cerveau dans tous les sens. Parkway Drive nous propose tout simplement un morceau puissant et inoubliable.
Manu Lods – Dansons sous la pluie
La petite carriole s’arrête sur la place de l’église. C’est une espèce de théâtre à marionnettes sur deux roues avec un volet bleu écaillé. C’est écrit « Dansons sous la pluie ». Manu Lods ouvre le volet, tire sur les cordes. Ça s’illumine, deux flèches pointent vers l’arcade. C’est écrit : « les petits bonheurs de la vie ». Manu Lods joue le bonimenteur face aux passants indifférents. Il y a pourtant tout sur son petit étalage. Plumes de paons, odeurs en fioles et attrape-rêves.
« Il y aura toujours des passages/où l’en s’ennuie dans le récit/n’oublions pas de corner les pages/des petits bonheurs de la vie » chante Manu Lods, bientôt rejoint par son groupe. Les passants qui ne s’arrêtaient pas finissent par entendre raison : et pour cause, sur l’étal, chacun trouve ce dont il avait besoin. Le moindre plan devient alors une réjouissance dans le clip réalisé par Pierre Sabrou : la nonne qui éclate voracement le papier bulle, le garçon qui se réjouit de piquer une copie meilleure que la sienne. Le cadre en costume qui découvre le doudou dont il avait besoin (ce regard qui s’éclaire !).
Puis, enfin, la nuit tombe, le bal démarre. Et alors, on ne sait désormais plus que vous recommander d’aller voir le reste. Voilà un clip qui fait ce qu’il dit : exactement comme dans la chanson, le bonheur y est dans les détails.
TVOD – Party Time
Party Time est le morceau éponyme du troisième album des new-yorkais TVOD (Television Overdose) que l’on vous chroniquait tout récemment (ici) s’offre un clip en carton-pâte comme on les adore réalisé par Callum Scott-Dyson.
Une animation originale qui met en scène un protagoniste pris dans une espèce de routine – boulot-métro-party -. A renfort d’espèces d’électrochocs dès lors qu’il entre en Party time, ça dérange voire terrorise complètement le voisinage.
A l’image de leur musique, c’est coloré et débridé. La bande de TVOD mélange intelligemment les sonorités vintage et groovy. Amateurs de pogos et de bières, la voie est libre ! Le prochain rendez-vous français est à prendre du côté du Havre, le sextet est accueilli dans le cadre du Foul Weather Festival le 23 mai prochain. Pour les parisiens qui ne veulent pas bouger, rendez-vous le 2 juin à la Maroquinerie.
Giorgio Poi – les jeux sont faits
Une chanson, lorsqu’elle est bien écrite, nous transperce, que l’on en comprenne ou pas le sens. C’est l’intention, les émotions et l’interprétation qui viennent nous raconter l’histoire, qui nous relie à son interprète et qui nous bouleversent.
À l’image de son compatriote Andrea Laszlo de Simone, Giorgio Poi nous entraine dans son univers de par sa grâce, son talent de compositeur et sa voix qui nous touche l’âme. Bien sûr, avec ce titre en français, les jeux sont faits, on image des indices, une histoire d’amour qui se brisent, des morceaux de cœur brisé qui s’éparpillent et laissent à la fois perdu et sonné.
Le tout est surélevé par une musique qui doit autant à des références italiennes qu’à une indie-pop enlevée et pénétrante qui joue de l’équilibre entre un certain minimalisme et une explosivité rentrée qui donne au morceau une intensité et une beauté surprenante.
Pour l’accompagner, Gaspard Millet fait le choix d’un clip en mouvement, entrainant Girgio Poi dans les rues de Paris. On suit l’artiste alors que les décors et les gens défilent plus ou moins lentement, on le voit ici et là s’arrêter sur un visage qu’il croit reconnaitre ou sur un lieu qui semblent porter des souvenirs chers. Mais comme pour le morceau, les jeux sont faits et la vidéo se doit de continuer d’avancer, de faire avancer son personnage et de l’amener sur une route de vie différente et nouvelle.