ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. 2024 semble être une année de fête pour LMA, qui sort son tout premier album, Petit Prince. Un projet qui nous embarque dans un univers introspectif, sensible et brut, porté par une voix qui nous entraîne dans ses réflexions les plus profondes. Comme le Petit Prince de Saint-Exupéry, LMA semble avoir trouvé sa planète, un espace unique où il révèle toute la sincérité de son art. Pour cette occasion, il joue le jeu de l’ADN et nous ouvre les portes de son univers musical.
Kendrick Lamar – Count Me Out
LMA : L’album Mr Morale & the Big steppers et spécialement ce morceau, je me le suis mangé en pleine face pendant la création de mon premier album, ça m’a complètement décomplexé au niveau de l’écriture.
Il a, je pense, montré la voix a pas mal d’artistes hommes, spécialement les rappeurs, sur le fait qu’on pouvait parler de sujets touchy, notamment la santé mentale. Venant de lui qui en plus est une superstar, un rappeur « gangsta » pur produit mainstream de l’industrie musicale, c’est vraiment inspirant et ça déconstruit complètement les codes.
C’est un morceau émouvant, avec une orchestration proche de la perfection à mes yeux, c’est tellement riche musicalement. C’est profond sans être ennuyeux, bref, de toute façon tout le monde connait Kendrick et ce n’est pas pour rien que beaucoup de gens le considère comme un des plus grand rappeurs de l’histoire, si ce n’est le plus grand.
Mac Miller – Stay
LMA : Ce morceau est extrait de l’album The Divine Feminine album un peu « sous-coté » de Mac Miller. Déjà je trouve le concept dingue d’écrire un album en entier pour ta meuf, c’est une belle preuve d’amour (ou de folie :rire:) Ce qu’il arrive à transmettre par l’interprétation, avec ce personnage nonchalant, cette façon de chanter presque fausse par moments, d’aller sur des notes trop aiguës par rapport à sa tessiture, ça donne quelque chose d’un peu « cassé » d’incroyablement punk et poétique. Autant musicalement qu’au niveau de la voix, cette fragilité me touche et m’a fait me dire « ok tout est possible » il faut se libérer et juste faire les choses comme on le sent.
The Beatles – She Came in through the bathroom windows
LMA : Je suis arrivé très tardivement aux Beatles, peut-être à un moment où le rap français me prenait un peu la tête, j’ai toujours écouté d’autres styles de musique mais là j’arrivais vraiment à saturation.
J’ai écouté que ça pendant 6 mois je crois, c’était devenu complètement obsessionnel :rire:.
Il y a tant de choses à dire sur les Beatles mais ce que j’ai retenu d’eux c’était d’une part le minimalisme de certains morceaux, quand on bloquait sur un titre avec les gars on se disait « faut faire simple » en les utilisant comme argument.
Et paradoxalement ils m’ont encouragé à penser certains morceaux en plusieurs parties, avec des renversements, des changements d’accords, faire plusieurs morceaux en un en quelque sorte.
Est-ce que les Beatles ont déjà fait un mauvais morceau ? Le débat est ouvert.
Oxmo Puccino – L’enfant seul
LMA : Oxmo en plus d’être une influence évidente en terme d’écriture et de flow pour moi, c’est aussi le mec qui est venu avec un live band sur scène dans les années 2000 et qui a montré la voix.
J’ai très rarement joué avec des DJ sur scène, j’ai cherché tout de suite des musiciens pour m’accompagner et c’est entièrement sa faute.
On parle toujours de Booba et de son premier album Temps mort mais je pense qu’à un moment Oxmo Puccino avec Opéra Puccino était un des rappeurs les plus influents dans le rap français.
Même si c’est pas vraiment ma génération, j’ai tellement écouté Oxmo et depuis tellement jeune que j’ai cette impression qu’il fait partie de ma famille, c’est comme un tonton super stylé qui a toujours le bon mot pour te conseiller ou te réconforter.
Ce morceau spécialement L’enfant seul m’a percuté quand j’avais 13-14 ans, c’était fou, il racontait ma vie mot pour mot.
A mes yeux la plus belle plume du rap français.
Manu Chao – J’ai besoin de la lune
LMA : Une fois de temps en temps, j’en ai marre de la vie et de ma gueule dans le miroir, en général c’est le moment où je bois beaucoup de whisky et j’écoute cet album en priant dieu de me donner la force de continuer à avancer. (rire)
J’ai un lien très intime avec cet album qui me relie à la disparition de mon père, dont je parle beaucoup dans Petit prince . Je l’ai mis dans ma sélection car je crois qu’en terme de concept, faire un album que tu peux interpréter différemment selon si tu es un enfant ou un adulte, un peu comme un dessin animé Pixar, c’est aussi ce que j’ai voulu faire par moment dans mon album.
C’est un album assez méconnu de Manu Chao finalement, qui explore ses côtés un peu plus sombres et que j’aime beaucoup de par sa simplicité. Je l’ai vu récemment en concert à Toulouse où il jouait en acoustique, on peut penser ou dire ce qu’on veut de Manu Chao mais c’est un grand monsieur de la scène.