ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Depuis les terres vibrantes de la Côte d’Ivoire, D14 fait danser les genres et transcende les frontières musicales. Son flow américain rencontre des sonorités africaines dans Turn Up Ivoire Vol. 1, un projet audacieux. À cette occasion, il se prête à l’exercice de l’ADN et ouvre grand les portes de son monde sonore.

50 Cent – Many Men
D14 : Au début, j’ai découvert 50 Cent avec In Da Club, mais je n’ai pas accroché tout de suite. J’étais ado en Côte d’Ivoire. Mon grand cousin m’avait déjà parlé de 2Pac et Notorious B.I.G, donc j’avais déjà une oreille tournée vers le rap. À l’époque, j’écoutais Ja Rule et d’autres artistes du moment. Un jour,
je tombe sur Many Men de 50 Cent, le clip passait à la télé dans une émission rap.
C’est là que j’ai remarqué son timbre vocal si particulier. Sa voix était différente de tout ce que j’avais entendu jusque-là chez les rappeurs US. Ça a été une vraie claque. Le morceau m’a accroché direct : le refrain entraînant, la prod, tout y était. À partir de là, j’ai commencé à faire des recherches sur lui : ses
mixtapes, son beef avec Ja Rule, et j’ai appris qu’il avait survécu à neuf balles…
À l’époque, je ne parlais pas bien anglais, mais je mettais le son en boucle, j’écrivais ce que je croyais entendre sur une feuille pour apprendre la chanson par cœur. 50 Cent a su apporter de la mélodie dans le gangsta rap. Il avait des flows uniques et entraînants. Automatiquement, j’ai laissé tomber Ja Rule. Je me suis dit : c’est comme lui que je veux rapper. Many Men m’a vraiment fait m’intéresser à 50 Cent, et depuis, c’est mon GOAT. J’étais à son concert à Nantes, j’ai chanté tous les morceaux.
Booba – Bakel City Gang
D14 : Booba, c’est LE rappeur. Je le connaissais déjà, mais quand j’ai vu le clip de Bakel City Gang, avec les armes et tout, j’ai été choqué. Pour moi, c’était le premier rappeur français à faire ça. Dans mon petit monde, c’était du jamais vu. C’est ce côté-là qui m’a tout de suite marqué. J’ai toujours aimé ceux qui sont différents, peu importe le domaine. Et la façon de poser de Booba sur la prod… c’était juste insane.
Des phrases lourdes, posées sans se presser. Le beat, le flow, le visuel : tout cet ensemble m’a captivé. Ce titre a vraiment renforcé mon envie de faire du rap. Pourtant, j’étais pas un gars de cité, juste un collégien, fils de prof de français. Mais je me disais : il faut que j’arrive à retranscrire mes dires aussi bien, à faire ce que d’autres n’osent pas faire. Je me rappelle, avec un pote, on mettait le son à fond dans sa chambre et on chantait : « Mon meilleur sahb est mort, j’suis blasé de la life ».
La prod est sombre, sa voix, ses phrases… tout me donnait envie de rapper. Franchement, ce son m’a trop motivé à faire du rap.
Meek Mill & Rick Ross – I’m a Boss
D14 : L’énergie dans ce son est juste incroyable. La rage de Meek Mill, sa voix aiguë… I’m a Boss c’est le genre de morceau que j’écoute encore aujourd’hui quand j’ai envie de kicker sur une prod. Pour moi, c’est le son parfait pour un rappeur : un bon mélange d’egotrip et de vibes de club. Ce titre a vraiment
fait connaître Meek Mill, et dès sa sortie, j’étais à fond. En vrai, je suis un gros fan de rap, donc je l’écoutais comme un vrai passionné.
En plus, ce morceau m’a aidé à développer mes techniques de rap. À l’époque, je crois même que je cachais à mes proches que je voulais rapper… mais dans ma tête, je me voyais déjà à la place de Meek Mill sur scène. Ce morceau m’a vraiment inspiré.
Masego & FKJ – Tadow
D14 : Masego, c’est le genre d’artiste qui m’a frustré… par son immense talent ! Je me disais : comment un être humain peut tout savoir faire comme ça ?! C’était trop. À un moment, j’ai voulu sortir un peu du rap pur pour élargir ma culture musicale. Et Masego m’a énormément aidé. J’ai écouté ses projets
pendant très longtemps. Dans Tadow, il déploie tout son génie artistique. Ça m’a vraiment ouvert l’esprit : je me disais, mec, tu peux être encore plus créatif, cherche encore !
Sa musique est arrivée à un moment clé dans ma vie, dans ma quête de devenir un artiste à part. J’écoutais toujours mes rappeurs favoris, mais j’avais l’impression de tourner en rond. Et là, avec Masego et sa soul-jazz, j’ai commencé à élargir ma créativité.
Maverick City – Jireh
D14 : C’est de la musique gospel, et je suis quelqu’un de spirituel. Ce son m’aide à me recentrer sur l’essentiel dans ma vie. Peu importe ce qui m’arrivera, je me rappelle qu’une puissance divine m’aime depuis toujours, et je ne dois jamais l’oublier. Je veux lui rendre gloire. Dieu est présent dans ma vie
et j’essaie de lui accorder la première place.
En plus, les chanteurs de Maverick City sont incroyablement mélodieux. Je me sens proche de Chandler Moore, à cause de sa voix : elle est cassée, un peu comme la mienne, mais il arrive à chanter avec une puissance incroyable. J’ai découvert ce morceau en 2021, à une période compliquée. Jireh m’a aidé à garder espoir, et à croire encore plus que je suis aimé, au moins par Dieu, même si personne d’autre ne m’aimait.