Rencontre avec Alex Nicol

Alex Nicol est de retour ce vendredi avec un nouvel EP, Been A Long Year Vol1., une collection de morceaux sincère et brute qui nous a particulièrement touché. On a profité de son récent passage parisien pour parler avec lui de ses morceaux, mais aussi de sincérité, de poésie et de santé mentale.

Version anglaise plus bas / English Version Below

Crédit : Antoine Quittet

La Face B : Salut Alex, comment ça va ?

Alex Nicol : Ca va merci, je vais bien, je suis heureux et en bonne santé. Merci de demander ! (rires)

La Face B : C’est important (sourire)

Alex Nicol : Ouais, c’est vraiment important, la santé mentale, physique, oui oui !

La Face B : On en parlait avant mais j’ai beaucoup aimé All for nada et je me demandais si tu n’avais pas un peu de regrets sur l’histoire de cet album finalement tombé pile au milieu d’un grand chaos ?

Alex Nicol : Oui mais bon pour toi et pour quelques autres personnes dans le monde, vous avez pu remarquer ce que nous avions fait. Max qui travaillait à la Blogothèque… On avait travaillé dur dessus, on avait plein de plans qu’on a du annuler… Ouais c’est un peu triste pour le timing mais je ne regrette pas de l’avoir sorti au moment où on l’a sorti. Je suis toujours content de la musique.

La Face B : Là tu reviens avec un nouveau format qui s’appelle Been a long year. Le titre peut se rattacher à plein de choses pour les gens par rapport à tout ce qu’on a vécu mais il me semble aussi qu’il est beaucoup plus intime pour toi, que tu as vécu beaucoup de choses qui t’ont amené à faire ces chansons-là…

Alex Nicol : C’est effectivement une chanson plus personnelle. Et j’ai beaucoup d’histoires à raconter autour de ça. C’est aussi une chanson qui s’empare des sentiments à travers le monde : autour de moi, beaucoup de gens ne sont pas assez payés, ils ont l’impression que la vie ne va pas dans le bon sens pour eux… Je voulais m’emparer de ça, de ce sentiment parce que la vie n’allait pas très bien pour moi non plus (rires).

La Face B : Sur tes autres morceaux, j’ai aussi l’impression que tu as brisé la carapace. Tu es allé chercher des émotions profondes et des choses assez directes que t’avais envie d’exprimer…

Alex Nicol : Ouais, ouais ! C’est la première fois que j’ai écrit une chanson directe pour moi avec plein d’émotions et c’est vrai que toutes les émotions de cette chanson sont les miennes… C’est nouveau pour moi d’être aussi franc avec ma musique, d’apporter autant d’émotions parce que ça m’a pris un long moment pour admettre que les choses n’allaient pas bien. Longtemps… 15 à 20 ans de ma vie, tout va bien. C’est une attitude positive mais quand même, il y a une attitude aussi négative en ça. Mes yeux ne voyaient pas le monde clairement…

La Face B : C’est comme une bouteille d’eau, goutte après goutte, ça finit par déborder… Faut savoir gérer ce que tu ressens. Est-ce que tu as vécu un peu comme un soulagement d’être enfin en accord avec tes sentiments dans ta musique, ne plus avoir peur de ce que tu ressens ?

Alex Nicol : C’est vrai, oui. Dans la tristesse, il y a du sens, de la beauté et ça peut aller comme ça, ça va.

La Face B : Cet album commence avec une magnifique phrase « When you paint the truth, what colour do you use ? » , je pense que c’est comme si en une phrase tu résumais toute ta musique dans ces 5 chansons. Peindre la vérité avec des chansons…

Alex Nicol : Oui ! Oui, c’est ce que j’essaie de faire. Certaines fois elles sont heureuses, certaines fois elles sont grises parce que je ne comprends pas et parfois elles sont rouges…

La Face B : C’est comme un voyage en toi… J’étais fan de ta composition, je trouve que la musique se voit renforcée par la sincérité que tu mets dans les paroles.

Alex Nicol : Cool, merci !

La Face B : Est-ce que tu l’as sentie cette évolution-là, que les morceaux gagnent en sincérité ?

Alex Nicol : Je pense que oui. Ca peut être très difficile d’être si sincère, je peux toujours penser faire différemment parce que c’est nouveau mais ça s’éloigne de la sincérité de la musique. Et avec cette musique, c’est tellement plus direct, essayer de ne plus se cacher derrière quoique ce soit…

La Face B : Sur All for nada, les morceaux et la façon dont tu les écrivais, ça pouvait créer une espèce de barrière justement. J’ai l’impression que les morceaux-là même s’ils sont plus centrés sur toi, ils sont beaucoup plus universels… Tu parles de la mort, de choses auxquelles tout le monde peut se rattacher…

Alex Nicol : Oui. C’est la même personne qui écrit la musique et les paroles, mais j’ai beaucoup changé depuis All for nada. Je voulais aller plus profondément et traduire ma vie en musique. C’est tout ce que j’ai fait.

La Face B : Même si c’est un projet solo qui est à ton nom, il est habité par les autres. J’aime beaucoup le travail sur les cordes et les cuivres, il y a quelque chose de très cinématographique sur les deux derniers morceaux. Il y a des envolées quand il y a moins de batterie et plus de cordes, je trouve ça très beau.

Alex Nicol : Je voulais faire quelque chose de plus audacieux, plus grand, plus dramatique. Parce que les chansons avaient besoin de ça, elles avaient besoin d’être fortes, grandes… J’ai été aidé par Emmanuel Ethier, tous les gens qui ont joué avec moi ont vraiment fait un super boulot.

La Face B : Il y a un morceau que j’aime beaucoup sur l’EP c’est Hollywood parce que tu parles justement du statut d’artiste et je me demandais est-ce que ce morceau t’a aidé à soigner les ambitions d’artistes qu’on peut te mettre qui sont très hautes mais qui peuvent aussi te mettre très bas ?

Alex Nicol : Oui c’est la réalité de la vie d’artiste. Chaque jour, c’est possible de risquer l’échec. J’ai l’impression qu’avant, je n’étais pas honnête avec moi-même. Et avec cette chanson, Hollywood, j’ai juste dit c’est là où j’en suis.

La Face B : C’est comme si tu te regardais dans un miroir…

Alex Nicol : Ouais, tout le temps !

La Face B : Est-ce que t’as eu l’impression de guérir des choses ?

Alex Nicol : Absolument ! Ca m’aide tellement !

La Face B : Est-ce que t’as envie que ça aide d’autres personnes ?

Alex Nicol : J’espère que oui ! J’espère que quand quelqu’un écoute ma musique, il peut entendre mes efforts et qu’il puisse entendre que je lutte, que la vie n’est pas parfaite. Le mythe de Sisyphe. Certaines personnes le voient négativement mais ça peut être perçu comme le but. Si tu ne l’acceptes pas, tu vas rester à l’écart, tu ne vivras pas pleinement ta vie et te sentiras vide à l’intérieur. Je me suis forcé à aller profondément.

La Face B : Est-ce que tu as hâte de présenter ça en concert ? Parce que finalement tu n’as pas pu en faire énormément… Est-ce que tu as une certaine attente par rapport à ça ?

Alex Nicol : J’ai vraiment hâte de présenter ma nouvelle musique, j’ai un groupe génial, j’ai vraiment envie de jouer en France, je veux jouer à travers l’Europe et j’espère que les Français vont aimer ce que j’ai à dire (rires). Je suis très excité. On a joué certaines de nos chansons en tournée en octobre et ça s’est très bien passé.

Crédit : Antoine Quittet

La Face B : How are you doing ?

Alex Nicol : I’m good thanks, I am happy and healthy. Thanks for asking (laughs)

La Face B : It is important (smile)

Alex Nicol : Yeah, it is really important, mentally, physically, yes, yes !

La Face B : We were talking about it earlier but I really liked All for nada and I was wondering if you did not have any regrets of this album’s history arrived in the middle of a big chaos ?

Alex Nicol : Yes but for you and some other people in the world, you noticed what we did. Max who was working at la Blogothèque… We worked so hard on this, many plans we had to cancel… It is a bit sad for the timing but I don’t regret putting it out when we did. I’m still happy with the music.

La Face B : Now you are coming back with a new version called Been a long year, I have the feeling the title can relate to many things for people beside what we lived but also it seems to be more intimate for you, you seem to have lived many things that brought you make these songs…

Alex Nicol : It’s indeed a more personal song. And I have a lot of stories to tell around that. It is also a song that captures the feelings in the world : around me, many people were not paid enough, they’re not feeling the life is working for them… I wanted to capture that feeling because life was not working for me either (laughs).

La Face B : On your other tracks, I also feel you broke the shell. You have really been looking for deep emotions and many straight things you wanted to express…

Alex Nicol : Yeah, yeah ! It’s the first time I wrote a straight song for me with many emotions and it’s true, all these emotions in this song are mine… It is new for me to be so direct with my music, to bring so muche motions because it took me a long time to admit the things were not going well. Long time… 15 to 20 years of my lifre, everything is fine. It is a positive attitude but even in this, there’s still a negative attitude. My eyes were not seeing the world clearly…

La Face B : It’s like a bottle of water, drop after drop, it finishes off with an overflowing. You have to manage what you feel. Did you feel a relief to finally be in tune with your feelings in your music, to no longer be afraid of what you feel?

Alex Nicol : It’s right, yeah. In the sadness, there’s meaning, beauty and it can go like this, it’s fine.

La Face B : This album starts with a wonderful sentence « When you paint the truth, what colour do you use ? » , it’s like you’re summing in one sentence all your music in these 5 songs. Paint the truth with songs…

Alex Nicol : Yes ! Yes ! This what I am trying to do. Sometimes they’re happy, sometimes they’re grey because I don’t understand and sometimes they’re red…

La Face B : It’s like a journey in yourself… I was fan of your composition, I think your music is enhanced with the honesty you put in your lyrics.

Alex Nicol : Cool, thanks !

La Face B : Did you feel it, this evolution, the fact that the tracks were gaining in sincerity ?

Alex Nicol : I think I did. It can be very hard to be so sincere, I can always thinking of doing it differently because it’s new but that sometimes gets away of the sincerity of the music. And with this music, it’s far more direct in a way, it’s far more like « this is it », trying not to hide behind anything…

La Face B : On All for nada, the tracks and the way you were writing them, it could create a kind of fence. I feel these last tracks are more focus on you and are way more universal. You’re talking about death, things whom everybody can relate to…

Alex Nicol : Yes. It’s the same person who writes music and lyrics, but I’ve changed a lot since All for nada. I wanted to go deeper and translate my life into music. That’s what I did.

La Face B : Even if it is a solo project on your own name, it is inhabited by the others. I really like the work on the strings and the horns, there’s something really cinematic on the last two tracks. There are flights when there is less drums and more strings, I find it very beautiful.

Alex Nicol : I wanted to make something balder, bigger, more dramatic. Because that’s what the songs needed. They needed to be strong and big. I was helped by Emmanuel Ethier, all the people that played with me did a very good job.

La Face B : There’s a track I really like on the EP, it’s Hollywood because you are talking about the artist’s status and I was wondering if this track helped you to heal the artists’ambition we can put you which are really high but can put you really down ?

Alex Nicol : Yes, that’s the truth of the artist’s life. Every day, it is possible to risk the failure. I think before I was not honest with myself. With this song, Hollywood, I just said that’s where I’m at.

La Face B : It is like seeing yourself in the mirror…

Alex Nicol : Yes, everytime !

La Face B : Did you have the impression to heal things ?

Alex Nicol : Definitely, it helps me so much!

La Face B : Do you want to help any other person ?

Alex Nicol : I hope I do. I hope when someone listens to my music, he can hear all my efforts and he can hear that I am struggling, life can’t be perfect. Sissyphe’s myth. Some people see it negatively but it can be seen as the point. If you’re not accepting it, you’re going to stay on the side lines, you’ll not live fully your life and feel empty inside. I forced myself to go deep.

La Face B : Are you looking forward to present it in live ? Because eventually you could not have done a lot… Do you have any expectations ?

Alex Nicol : I am very excited, am looking forward to introduce my new music, I have a great band, I really want to play in France, I wanna play all over Europe and I hope french people will like what I have to say (laughs). I am very excited. We played some of our songs in October and everything went very well.