Depuis un peu plus de dix ans, le rôle et l’impact d’Anyma dans la musique électronique n’ont fait que de croitre. De Tale Of Us, duo qu’il compose avec Carmine Conte à la création de leur label Afterlife en passant par des sessions lives toujours plus impressionnantes, il semble avoir saisi la mouvance actuelle qui porte le monde de la musique électronique et s’y démarque. Son premier album, Genesys permet de synthétiser cette évolution, mais surtout de la comprendre.
Depuis sa création en 2016, le label Afterlife a eu le temps de voir défiler les têtes les plus prometteuses d’une scène en pleine expansion : celle de la techno mélodique. Un style hypnotique et accessible aux accents à la fois trance et à la fois progressif qui se veut sensitivement fort. En somme, il ne manque plus que de l’accompagner d’un visuel accrocheur et le public sera (généralement) conquis. Une donnée que ce label a intégré, créant une direction artistique assez forte autour de ses artistes. Du logo aux prestations scéniques, rien n’est laissé au hasard. Quand un artiste Afterlife se produit en live, c’est tout un univers qui le suit. Une donnée qui sans le vouloir, force un peu la musique à se conformer, donnant un « son » se retrouvant chez une majorité des artistes du label. Ce qui peut, pour certains artistes provoquer un sentiment de cloisonnement dû aux prérogatives d’une telle structure.
De son côté Anyma a saisi l’opportunité pour jouer encore plus avec les sensations que sa musique peut créer en faisant de chacun de ses lives une bulle hors du temps. Pour ce faire, il joue avec les outils actuels, tels que l’intelligence artificielle pour offrir une synchronicité et une unicité entre ses productions et ses visuels, eux aussi créés sur mesure. Animé par cette envie de briser les frontières entre rêve et réalité, il s’inspire librement des avancées technologiques pour repenser ses lives. Ce qui, au vu de son expansion et des retombées sur les réseaux sociaux semble fonctionner. En effet, plus qu’un simple DJ set à aller voir, Anyma fait déplacer des foules qui ne demandent qu’à vivre une expérience riche en sensation.
Une certaine popularité qui, sans trop le vouloir, dénature l’expérience. Certaines personnes se déplaçant plus par intérêt que par amour de la musique, faisant grimper la demande et, par conséquence les prix. La fan base originelle peut se sentir délaissée en voyant les productions se lisser et les lives devenir de simples objets de consommation calibrés pour ce nouveau public.
De son côté, son binôme, Carmine Conte, s’émancipe également en projet sous le nom de MRAK. Un side projet qui lui permet aussi de repenser sa manière de se produire en live. Il propose alors des shows tout aussi immersifs, à la différence que ceux-ci s’accompagnent de son matériel de production, ce qui lui laisse l’occasion de créer des morceaux inédits lors de ses représentations.
Pour continuer de surfer sur ce bon vent qui souffle dans le dos des musiques électroniques, Anyma a décidé de s’imposer à un public plus large. Le premier pas, fut de devenir un incontournable de festival (son duo Tale Of Us étant programmé à Coachella ou Dour, il ne se restreint plus uniquement aux événements spécialisés), le second est d’offrir un album accessible, ce qu’il propose avec Genesys.
Pour en arriver là, il a d’abord fallu repenser le format. Aucun morceau ne dépasse la barre des cinq minutes, ce qui vient dénoter d’Endless sorti avec Tale Of Us ou encore des projets de ses collègues (Boavista de Stephan Bodzin dure par exemple 2h, le double de la durée de Genesys, alors qu’il ne comporte que trois titres en plus).
Il utilise aussi beaucoup plus de parties vocales. Certaines, mécaniques viennent simplement appuyer l’ambiance digitale du projet quand d’autres prennent beaucoup plus de place et tendent à penser qu’il y a là une volonté de passer en radio.
Dès lors, il en découle des collaborations intéressantes avec les chanteuses Grimes (Welcome To The Opera) et Sevdaliza (Samsara). Toutes deux connues pour leur pop brouillant les frontières entre les styles et leurs univers au bord du psychédélisme explorant à peu près les mêmes thématiques que celles évoquées par Anyma : le futur et le transhumanisme.