Chetter Hummin : décollage immédiat pour la planète Bermud

La scène angevine recèle de secrets bien gardés. Bermud en fait partie. Derrière ce nom énigmatique, se cache Elliot Aschard (Limboy, Jumaï), musicien aux doigts de fée, qui a totalement auto-produit son premier album, Chetter Hummin. Il est sorti sur le label Reverse Tapes ce 31 mars. Pour le live, il est accompagné de membres du groupe révolu Wild Fox (Jack Seager et Jean Desouche, respectivement à la guitare et à la batterie) ainsi que du leader du Thibault Bourgeais Grand Royal Club (à la basse).

Artwork de l'album Chetter Hummin de BERMUD
Artwork de Chetter Hummin par Caroline Henry

Si Chetter Hummin, est le nom d’un robot androïde imaginé par l’écrivain Isaac Asimov, c’est aussi le titre du premier album de Bermud, mené par Elliot Aschard. En effet, ce passionné de science-fiction a imaginé des morceaux où cohabitent synthétiseurs spatiaux et guitares psychédéliques, voix éthérées et batterie cosmique. Et un terme en ressort : « grungegaze » : ce serait donc une association de grunge et de shoegaze. Car les influences du musicien sont diverses : de DIIV à Nirvana, en passant par My Bloody Valentine. Ajoutons à ceci un soupçon de post-punk et de dream-pop et nous tenons là un objet singulier.

Ces 8 titres nous emportent vers une autre planète. Immuable, innommable et incroyable. Et dès les premières notes, nos pensées s’étreignent : le nébuleux I’ll Wait For You (chroniqué ici) fait rugir les guitares tandis que la voix d’Elliot, dans un premier temps doucereuse, se fait violence sur le refrain. Et dès les premières notes, nous voilà saisis.

Bermud virevolte, entre balades languissantes aux accents shoegaze et percées résolument post-punk. Le groupe narre l’impossibilité de s’échapper de son quotidien avec Fear et vante au contraire l’irrésistible appel des nuages avec Day 2. Ici, la voix d’Elliot règne. Le tempo prend son temps tandis que les distorsions s’installent. Derrière les collines, semble exister le repos tant mérité. Alors, fermer les yeux et se laisser attirer par les riffs troublants et audacieux. 

Si le shoegaze s’est assis délicatement au sein de Chetter Hummin, traçant des volutes sonores au cœur de l’univers si particulier d’Elliot Aschard, le grunge n’est jamais très loin. Effectivement, il se manifeste avec le lumineux Wire qui rappelle Nirvana mais aussi avec le titre Enough. Car si celui-ci revêt au premier abord les allures d’une ballade, il se transforme progressivement en morceau furieux et toujours si mélodieux. Les réverbérations fusent, tandis que l’artiste s’interroge : « Did I came far enough ?« . Apparemment, ça ne l’est jamais. Enough.

Raging Fire, premier single dévoilé (et chroniqué ici) annonce d’emblée la couleur. Le rythme, soutenu, nous plonge instantanément au sein de mélodies incisives.

Quant à Wasted, c’est un titre fougueux qui attise notre curiosité. Instantanément, les distorsions s’installent. La voix devient ici nonchalante et on assiste à un « parlé-chanté ». Un instant, nous voilà avec le post-punk décadent de Fontaines D.C. Le refrain devient explosif et Elliot hurle sa rage, qu’il déverse en quelques mots, évidents et poignants : « everything is lost now / everything is wasted ». Frissons.

Chetter Hummin se conclut avec Soft Dream, morceau définitivement adopté. Shoegaze à souhait, les synthétiseurs s’animent et brillent tandis que la voix aérienne et presque irréelle du musicien s’élève. Doucement, délicatement, nous voilà prêts à quitter la planète Bermud. Rassérénés, rassurés et charmés.

Bermud compose ainsi un premier album où réverbérations et distorsions s’entrelacent, où l’espoir le plus vif côtoie les pensées les plus sombres. Guitares, basse et synthétiseurs s’unissent jusqu’à se confondre. Et tandis que la voix d’Elliot se fait aussi écorchée que voluptueuse, la batterie se mêle à ses protégés et nous mène vers le septième ciel. Vers Bermud.

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