Gabriel Auguste, artiste de la nouvelle scène française, s’entoure de ses contemporains dans La Grande Gomme, album qui parle avec poésie des maux de notre temps.
Cité de l’oubli, habitée par les ruines et les machines, Gabriel Auguste nous plonge dans un monde dystopique avec le morceau éponyme de l’album La Grande Gomme. Ce titre ouvre le conte musical en l’imprégnant d’une atmosphère sombre, hypnotique et mystérieuse, intensifiée par la répétition d’un motif électronique. Tandis que le chanteur nous décrit un décor loin d’être utopique. L’auditeur ressent pourtant une tension à la fin du morceau. La Grande Gomme se conclut en suspens sur le mot « magie ».
Les chanteuses Diane Sagnier et Calypso Valois interprètent respectivement Aïcha et Isis
Un album politique et poétique
Car il s’agit bien d’une utopie. Le chanteur imagine la chute d’une dictature et l’éclosion d’un monde respectueux des êtres humains et de la nature. Gabriel Auguste incarne César, un jeune garçon qui s’échappe d’une dystopie où règne pollution, fake news et haine de l’autre. Il est le fil rouge de cet album qui prend la forme d’un récit initiatique. Sur son chemin, il rencontre différents personnages interprétés par les artistes les plus prometteurs de la scène francophone (Calypso Valois, P.R2B, Diane Sagnier, Hubert Lenoir…)
La Grande Gomme est sortie au début du printemps, comme le symbole d’un renouveau. L’ancien membre du groupe de rock Wall of Death dédie ce projet à son fils et par extension aux nouvelles générations. Gabriel Auguste évoque les débats politiques de notre époque avec sincérité, douceur et évidence. Il fait du projet une œuvre engagée autant pour la poésie, la sensibilité, que pour les avancées sociales.
Chaque artiste invité prend part à ce conte contemporain. Les chanteurs de la nouvelle scène française incarnent un personnage interagissant avec César (Gabriel Auguste). Le jeune homme est guidé par Le Loup, derrière lequel se cache Dominique A. Il apprend tout à tour la perte et à l’héritage avec Le Mythe (Alain Chamfort, dans l’hypnotique titre Le Mythe), le genre avec Maya (Hubert Lenoir, avec la pétillante balade Le & La) puis l’amour avec Isis et Aïcha (Diane Sagnier et Calypso Valois, dans le morceau groove et sensuel Toi ou rien).
La Grande Gomme s’inspire de la science-fiction et des peintres fauvistes
L’histoire au cœur de La Grande Gomme s’inspire de romans de science-fiction. L’accroche de l’album « Au milieu de l’espace, dans notre galaxie » a quelque chose qui rappelle Star Wars. Plus frontalement, l’album emprunte ses influences aux romans d’anticipation. Le chanteur cite comme exemple George Orwell et son livre 1984, ou encore Fahrenheit 451 de Ray Bradbury.
Le projet se joue des codes naïfs. Multi casquette, Gabriel Auguste créé des illustrations naïves pour La Grande Gomme. L’esthétique se rapproche de celle des peintres fauvistes, avec des formes simples et des couleurs primaires, vives et saturées. Un univers graphique qui se retrouve dans les clips, co-réalisés par Gabriel Auguste. Il y façonne un décor en carton-pâte, fil conducteur des morceaux Le & La, Toi ou rien et Homo Sensibilis. En contraste avec ce nouveau monde coloré et rempli de vie, se dessine l’ancien monde que l’on aperçoit dans le clip Le Mythe.
Alain Chamfort joue le mystérieux Mythe
La Grande Gomme, un album collectif porté par Gabriel Auguste, sorti le 15 mars chez Animal63.