En 2022, ALIAS nous avait offert l’étonnant Jozef, un album aux ambiances multiples autour d’un personnage aussi attirant que dangereux. Alors qu’il sera de retour en France la semaine prochaine pour Les nuits de l’alligator, l’occasion était idéale pour partager avec vous notre interview avec l’artiste autour de cet album.
La Face B : Hello Emmanuel, Comment tu vas ?
ALIAS : Très bien. J’ai en ce moment une bière qui m’est gracieusement offerte par Anne-Laure (son attachée de presse qu’on adore ndlr). Tout va bien.
LFB : Avant de parler de l’album : tu joues jeudi au MaMA, et j’ai l’impression que tu es pas mal attendu par plein de gens. Je me demandais comment tu ressentais ça. Est-ce que tu as l’impression justement d’être attendu par les gens ?
ALIAS : Il y a deux sphères dans les attentes. J’ai l’impression qu’effectivement, on me dit très souvent dans le milieu professionnel : « Oh il y a telle personne, telle personne qui va venir ». Ce qui, honnêtement, me fout la pression. Mais c’est cool, c’est de la bonne pression. J’ai aussi un autre type de pression : j’ai mes parents qui montent du sud de la France pour me voir, j’ai tous mes amis qui m’ont dit qu’ils avaient leur place. Il y en a qui m’ont demandé s’ils pouvaient monter sur la scène, se jeter. J’ai hâte.
LFB : L’écriture, en termes de personnages, a toujours baigné ta musique depuis le premier titre. Je me demandais si c’était un prolongement logique pour toi de faire un album sur une personne, et comment tu es arrivé à cette idée là ?
ALIAS : La dernière fois qu’on s’est rencontré déjà, tu m’avais posé des questions sur l’EP It’s Not Funny So Stop Smilin’. C’était la première fois que j’écrivais une suite de chansons sans même me poser la question de savoir quelle était ma méthode d’écriture. Mais très vite, je me suis retrouvé avec une formule, un processus à chaque fois qui était le même et qui était, comme tu me connais, de passer à travers un personnage pour exprimer des sentiments, parce que l’inverse… Passer directement par moi pour expliquer ma vie vraiment en détail, ça ne marchait pas. Donc en fait, vu que j’ai trouvé un confort d’écriture en me cachant un peu derrière un personnage fictif, pour le coup, It’s Not Funny So Stop Smilin’, c’était à travers plusieurs personnages. Là, je me suis OK, je vais tout réunir dans un personnage qui a de multiples personnalités, qui peut avoir autant de haine qu’énormément de douceur. Donc je me suis demandé quel était le personnage qui pourrait illustrer tout ça à la fois, comment je pouvais l’étiqueter sans se moquer.
LFB : C’est un personnage qui a plusieurs personnages pour le coup.
ALIAS : Oui, oui.
LFB : Justement, est-ce que le fait d’avoir ce personnage, cette idée au départ, ça t’as aussi débloqué dans le sens où tu t’es dit que tu pouvais être « outrageux » dans ta façon d’envisager la musique et d’être bigger than life, même dans les émotions explorées par la musique, plus que par les paroles ?
ALIAS : Je dirais que non, parce que j’ai toujours été, depuis le début de mon parcours, assez indécis dans ce que je voulais faire. Même si j’étais très entêté, têtu dans le style dans lequel j’allais. Je le faisais à fond, quitte à le faire mal. Mais je voulais aller jusqu’au bout de l’aventure. C’est quand même un trait de mon caractère, d’aimer autant le hip hop que le garage, le country, le jazz, la soul. Il y a des choses que je peux moins faire que d’autres. Donc tout ce que je fais et qui se réunit actuellement, c’est tout ce que je peux faire si on veut. Je me cache pas derrière de multiples facettes fictives pour explorer ça. Musicalement, je l’explore déjà juste parce que j’aime être curieux.
LFB : C’est un biais qui te permet de justifier ce non-choix.
ALIAS : Ouais, grave.
LFB : C’est juste que le personnage est fou, il a plusieurs personnalités.
ALIAS : En même temps, ça va aussi avec… Ce n’était pas du tout calculé. ALIAS, je ne lui ai jamais donné un sens. C’est un nom qu’on a depuis tout petit, c’est comme notre prénom, il n’y a pas de consonance particulière pour nous-même, c’est trop personnel. Mais en fin de compte, en m’avançant petit à petit dans ce processus-là, ça prenait tout son sens.
LFB : Ce qui est intéressant, dans l’écriture, je trouve, c’est que c’est écrit beaucoup plus de manière esquissée. J’ai l’impression que les paroles du personnages sont volontairement floues, de manière à ce qu’on voit que c’est le personnage qui parle et que c’est sa vision à lui. Mais ça permet aussi d’avoir un biais de compréhension différent selon les personnages qui l’écoutent.
ALIAS : Ouais. Vraiment. D’une part, parce que j’aime bien ça les ré-interprétations, même si des fois, ça peut faire mal, dans le sens où ça peut décevoir. Tu écris une chanson, tu as vécu un sentiment particulier et la personne qui l’écoute n’a pas du tout ressenti ça et l’interprète d’une totale autre manière. La plupart du temps, c’est quand même assez commun. C’est juste dans des contextes, situations différents. C’est pour ça que je reste assez vague. Et aussi, d’un point de vue artistique, je n’aime pas non plus, moi, en tant que spectateur ou auditeur, je n’aime pas qu’on me prenne par la main, qu’on m’explique vraiment de manière détaillée ce qu’il s’est passé. J’aime ça, laisser planer le doute. Vu que c’est une fiction, je veux laisser planer le doute.
LFB : Puisqu’il y a le doute, je me demandais, quand tu as commencé à travailler sur cet album, si tu lui avais quand même créé une histoire à ce personnage, un background, une famille, des choses comme ça qui te permettaient justement de te rattacher à lui et de pouvoir écrire à travers lui.
ALIAS : J’ai voulu, je me suis juste une fois de plus servi de moi, mon expérience, les personnes qui m’entourent, les mauvaises rencontres comme les bonnes, comme les mauvaises expériences, les fins tristes. Je me suis servi de tout ça. Donc je l’ai créé, mais inconsciemment, en me servant simplement de moi et de mes expériences. Donc oui, tout l’entourage de Jozef, si c’est ça la question, une fois de plus, tous les personnages autour de lui font partie de ma vie et ont aussi un avatar, si on veut.
LFB : C’est des alias, quoi.
ALIAS : Exact.
LFB : En fait, c’est un peu un jeu de miroir déformant.
ALIAS : Exactement.
LFB : Tu prends la réalité mais tu la passes sous le personnage pour t’aider à la dire.
ALIAS : Oui.
LFB : En termes de cinéma, parce que pour moi, l’album est hyper cinématographique, j’ai vachement pensé à des films. Que ce soit dans la construction ou dans ce que tu racontes, j’ai beaucoup pensé à un film comme Memento par exemple. À Shutter Island aussi et à Psychose forcément.
ALIAS : Oui. Vraiment.
LFB : Je me demandais si ces films-là t’avaient guidé dans la création ?
ALIAS : Pas du tout. Quoi qu’en fait, peut-être oui, encore une fois de plus inconsciemment. Parce que je les ai vus vraiment longtemps avant d’avoir trouvé mon processus d’écriture, si on veut. Mais, c’est clair que ça fait partie des films que j’adore voir et revoir. Et qui nécessairement, sont tellement des plaisirs pour moi à regarder qu’ils m’inspirent. Parce que je m’inspire énormément du cinéma, donc oui, c’est clair qu’il y a un lien, mais je ne l’ai pas fait consciemment. Je ne me suis pas inspiré de ces films-là en particulier pour créer Jozef.
LFB : Par exemple, le montage éclaté, ou comment tu as mis partie 2 au début et partie 1 à la fin. Les gens ont l’impression que… Alors que même pas forcément. Comment tu l’as construite, cette idée-là ? J’ai l’impression qu’il y a beaucoup d’ellipses et en même temps, il y a un propos assez clair, une trame qui glisse entre les chansons.
ALIAS : Ça, c’était un petit peu plus pragmatique. J’écris pas parce que j’ai une histoire à raconter, ou parce que j’ai des accords ou parce que j’ai des paroles. J’écris très souvent parce que j’ai une émotion particulière qu’il faut que je canalise. Moi, dans ma personnalité, je ne suis pas en train de faire une auto-analyse de moi-même, je suis en couple et je vis avec une personne avec qui je parle beaucoup, mes défauts, des trucs… Comment dire ? J’essaie d’écrire quand l’émotion est là. Ce qui fait que j’ai pas nécessairement d’idées préconçues avant de le faire.
L’ordre de l’album, la fluidité, je la place de manière plus pragmatique, plus cartésienne : quelle chanson va bien avec les autres. Les 4 chansons dans l’album que j’ai placées volontairement de manière conceptuelle, c’est effectivement le début qui commence par la fin et la fin qui finit par le début, et la chanson Keep On Dancing et Start A Fire. Aussi, ça on ne le sait pas trop, je ne l’avais jamais mentionné mais Dance with a Psychokiller, qui est un petit peu plus : « Je vais te prendre par la main ». Bon. Il y a une danse. Est-ce que c’est la fille de Keep On Dancing qui est dans l’hôpital psychiatrique ?
Ces trois chansons sont quand même ciblées dans le noyau de la narration, qui est le climax de l’album. Et le début est à la fin. J’ai juste étudié ça. Après, tout le reste je me suis basé sur : « Non, je peux pas mettre telle chanson, qui est trop dark, après cette chanson-là ». J’ai fait vraiment plusieurs exercices.
LFB : C’est marrant que tu dises ça, parce que je me suis monté un film aussi avec ce que t’as fait, Dance with a Psychokiller ou Les bois perdus, et la chanson qui vient après, sont guidées dans cette idée de switch un peu. C’est quelque chose de très lumineux et on sent que le personnage bascule vers quelque chose de violent.
ALIAS : Ça, oui. Je ne voulais pas de happy ending. Tous les bons films d’horreur ne se finissent jamais bien. J’aime ça, quand t’es dans une sorte d’inconfort, dès le début. Bon après, il faut qu’il y ait un petit peu une narration de début où on expose un peu, on donne un indice sur le paysage, de qui on parle et petit à petit, on vit les émotions amoureuses, les beaux souvenirs se retrouvent avant la moitié de l’album. Mais à partir de la moitié jusqu’à la fin, c’est vraiment la chute.
LFB : Ouais, dès le départ, avec un morceau comme Shine, qui a quelque chose de très sensuel et en même temps, il y a un truc dans la façon dont il est joué, dans la façon dont tu le chantes, où tu vois qu’il y a un truc qui cloche. Il y a un truc sensuel et de malaise en même temps.
ALIAS : Je suis content que tu dises ça. Shine, j’ai voulu un peu mettre en avant l’expérience sexuelle effectivement un peu gênante mais où le personnage Jozef se sent bien, dans une sorte de relation consentante entre deux personnes. On ne sait pas qui. Mais quelque chose d’un peu weird, qu’on ne fait pas tous les jours. Shine, c’est vrai que ça reflète un peu ça. C’est ce moment bizarre où lui se sent briller de l’intérieur. Mais ça reste dans un jeu sexuel.
LFB : Ça me fait un peu penser au délire dans Joker, qu’il a l’impression d’être amoureux et que tout se passe bien mais tu sais toi, en tant que spectateur, qu’il y a un truc qui cloche. Je ne sais pas si tu as vu Maniac avec Elijah Wood, il y a des scènes où tu penses que le mec vit un espèce de rêve éveillé et en fait, tout est glauque. Ou même The Voices avec Ryan Reynolds. Ce qu’il y a de fou, ça pourrait être Jozef avant l’album.
Moi qui m’intéresse beaucoup au cinéma, je trouve qu’il y a aussi un vrai amour du cinéma. Tu me diras si je me trompe, mais j’ai l’impression que dans le fond, même dans le forme, il y a beaucoup de Carpenter aussi.
ALIAS : Oui, oui. Je cherchais ça aussi.
LFB : In the Middle, il y a un truc très Carpenter dans le minimalisme et dans cette sonorité de synthé hyper inquiétante qui frappe de manière irrégulière.
ALIAS : Ouais, ouais. In the Middle, je l’ai traduit de manière imagée comme le cul entre deux chaises.
LFB : C’est le point de basculement.
ALIAS : Exact. C’est le point de basculement et ça peut aussi être un genre de moment de force et de faiblesse. Est-ce que tu vas réussir à dompter ton addiction et pas aller là, ou alors est-ce que tu vas faiblir, être vulnérable et laisser tes émotions, tes pulsions l’emporter ? In The Middle, c’est ça. Sauf que là, avec Jozef, dans sa trame, ça se traduit par : est-ce qu’il va à nouveau commettre le pire ?
LFB : Les singles qui sont sortis de l’album prennent une teneur hyper différente, mise dans la globalité. Parce que Together, c’est un truc qui est hyper efficace, mais qui parle de folie. Fantasy, avec Les Deuxluxes, c’est l’expression la plus pure de la schizophrénie de l’album, avec cette voix féminine qui est une personnalité de Jozef.
ALIAS : Ouais, ouais, les deux clairement en fait.
LFB : L’album se vit dans sa globalité, finalement.
ALIAS : Tu es gentil, merci beaucoup. Je suis content d’arriver à ce résultat.
LFB : Les morceaux, on peut les prendre à part, mais c’est vrai que dans la globalité, il y a un ressenti différent.
ALIAS : Déjà, d’un point de vue de goût personnel, moi ce qui me plaît quand j’écoute un album, c’est d’être vraiment surpris, même dans le côté très désagréable. J’aime pas que quelque chose me plaise du début jusqu’à la fin, ça me fait chier, ça. Et pourtant, j’en écoute plein. J’achète les vinyles quand ils sont excellents parce que finalement, évidemment, je vais écouter des vieux trucs où du début jusqu’à la fin, c’est pareil.
Des trucs de blues. Même aujourd’hui, des trucs folk, tu en écoutes une, t’as un peu écouté les autres aussi. J’achète des albums, je suis comme un fou et je peux me les passer en boucle. Mais moi, personnellement, ce que je veux donner, c’est pas ça.
Parce qu’entre ce que j’aime et ce qui me fait vibrer, ce qui me fait vibrer, c’est vraiment de me mettre dans l’inconfort à l’écoute d’un album. D’une chanson à une autre, changer de son, de style, changer d’approche musicale, changer de voix, changer pleins de trucs qui font que c’est ça qui me fait triper.
LFB : Ta voix, comment tu la travailles ? J’ai beaucoup pensé à Childish Bambino, avec son album « Awaken, My Love! ». C’est un album avec un mec qui fait du rap. Il joue avec sa voix de telle manière que chaque chanson peut sembler avoir été chantée par une personne différente. Sur l’album, il y a des morceaux où ça m’a fait ça. Un titre comme What a Shame, je n’avais pas reconnu ta voix au départ. Je me demandais comment tu avais travaillé ta voix pour cet album ? Parce qu’il y a un côté très théâtral.
ALIAS : Ouais, ouais. Ça pour le coup, j’ai jamais pris de cours de chant. Il faudrait que j’en prenne pour mieux maîtriser mes concerts, mon aspect live, mais j’ai avant tout… Mais ça, tu le verras sur scène en fait. Il n’y a pas d’effets. Je demande juste à chaque fois un truc rétro, type un slapback à la Elvis Presley et une reverb. La plupart du temps, ils sont sur tous les morceaux. Je ne dis pas : « Ah je vais faire une chanson rétro » et l’ingénieur son doit vite aller sur sa table pour me mettre l’effet. Non, il me les met sur tous mes trucs. Je pense que c’est aussi en ayant un peu expérimenté la country, le côté crooner, la pop, le rap aussi. Comme je dis très souvent à tout le monde, j’ai essayé de faire du rap. C’est un flow qui est différent. Du punk aussi, savoir crier, savoir chanter très doucement. Savoir exploiter un peu tous les aspects de sa voix.
Là, je les assume tous, dans un même album. C’est juste une manière… Comme tu peux chanter avec le ventre ou la gorge, tu peux te mettre à crier et engueuler quelqu’un, comme tu peux parler à quelqu’un dans le lit très doucement dans l’oreille. C’est ça. C’est juste ça sur scène.
LFB : What a Shame, et même Spasm, je trouve le titre hyper impressionnant… ouais, tu me fais flipper sur ce morceau.
ALIAS : À la base, ça devait être It’s only just a spasm. C’est juste un spasme. Parce qu’à la base, je me suis dit : est-ce qu’on reste encore dans le : « Est-ce qu’il va peut-être s’en sortir ? ». On parlait des requins à un moment donné, dans le cliché, les requins sentent le sang et d’un coup, pètent un câble, ont les yeux qui deviennent noirs et plus rien n’existe, ils n’ont plus de copains, plus de copines, plus rien. Non je voyais ça : It’s only just a spasm. Calm Down. Stay Here.
LFB : Reste connecté à la réalité.
ALIAS : Ouais. Finalement, je me suis dit que c’était cool de le faire descendre aux enfers. Assume ton spasme. Un spasme, ça peut avoir du bon. C’est de l’adrénaline, c’est quelque chose d’incontrôlable, ça peut être des très bonnes choses, comme des très mauvaises choses. Mais je reste aussi assez implicite sur ce dont il s’agit dans cette chanson là.
LFB : Justement, parce que tu laisses aux gens la possibilité de se monter le propre film de Jozef en fait.
ALIAS : Oui, oui.
LFB : Même si la pochette en raconte énormément sur ce que tu as voulu. J’ai adoré la pochette.
ALIAS : Ouais. Mais tu vois, au même titre que j’ai préféré mettre… Il y a des personnes qui ne captent pas que c’est un hôpital psychiatrique, et tant mieux. Moi, ce qui m’aurait vraiment fait chier dans mon propre processus, ça aurait été de mettre un visage fait par une illustratrice ou un illustrateur que j’aime bien, qui serait Jozef. Non, je ne veux pas qu’il y ait de visage. Je ne veux pas. Donc en fait, j’ai juste mis un lieu, dans lequel il a été et en même temps, un lieu qu’il a laissé. Ça, c’est la pochette de l’album. La raison pour laquelle il est en flammes, on ne sait pas. Si t’écoutes l’album et que t’as envie de te pencher sur l’histoire, tu vas avoir des indices. Mais en gros, faut se monter un peu sa propre enquête pour aller chercher Jozef.
LFB : Même avec le diable omniscient, avec la boule, l’oeil et les mains, tu as tout un tas de références au cinéma des années 70. L’hôpital psychiatrique au milieu des bois, les teintes aussi, qui sont sublimes.
ALIAS : Je ne vais pas te mentir. Il y a un des films qui m’a vraiment marqué, dont je me suis servi pour Shine, pour le titre et l’hôpital psychiatrique, pour l’esthétique… c’est Shining forcément. Pour moi, c’est ce qui me fait vibrer depuis longtemps.
LFB : Est-ce qu’au fond, la pochette de l’album, c’est pas aussi le premier titre de l’album ? Le problème de maintenant avec la dématérialisation, c’est que tu ne l’as plus mais tu vois, tu achètes le vinyle, je trouve ça hyper intéressant que la pochette raconte aussi une histoire à part entière.
ALIAS : Ouais, ouais, vraiment. C’est ce qu’on veut. Tu sais à un moment donné, avec Paco, on voulait dans le merch… bien évidemment il y a des t-shirts, des totebags, des pins, des stickers, j’avais vraiment envie mais malheureusement, question non pas de moyens mais de temps, on voulait faire le porte-clés de l’hôpital. Comme les vieux modèles en losange. On voulait faire ça. J’avais pas conceptualisé la chose jusqu’au bout parce qu’on a très vite abandonné l’idée pour une question de temps, mais j’aurais trouvé ça trop cool d’avoir les clés de l’hôpital, le porte-clés.
LFB : Est-ce que dans la musique québécoise actuelle, il y a une question d’obligation à foutre du saxophone sur un album ? Est-ce que vous avez des subventions ? (rires)
ALIAS : Non (rires). Il n’y en a pas. J’ai pas voulu du tout apporter un côté jazz, mais je trouvais qu’il y avait un peu un côté sauvage avec le saxophone.
LFB : Le fait qu’il soit un peu désaccordé par moments, ça raconte aussi le personnage.
ALIAS : Ouais, et il y a un côté aussi un peu années 80 kitsch dégueulasse, dans les vieux téléfilms pourris que nos grands-mères regardent. Il y a ça aussi. Le saxophone est omniprésent. Puis Jozef, c’est quelqu’un de kitsch.
LFB : Tout va là-dedans aussi.
ALIAS : Ouais, le saxophone aussi. Je vais vexer tous les saxophonistes (rires).
LFB : Dernière question : quels seraient selon toi les meilleurs films et livres pour prolonger l’expérience autour de Jozef ?
ALIAS : Je te dirais Shining. Et je ne vais pas te mentir, je ne lis vraiment pas beaucoup. Ah si, il y a quelque chose que j’ai lu. Mais je n’ai plus le titre. C’est les histoires hantées de la mer. C’est un vieux bouquin qu’une amie m’a offert et c’est plein d’histoires hantées sur des expéditions perdues en mer au 18-19ème siècle, et c’est vraiment flippant. Il y a genre : est-ce que c’est un coup monté et on a tous assassiné quelqu’un ? Ils laissent planer le doute sur beaucoup de choses, ce que j’aime beaucoup dans l’écriture. Et oui, définitivement, Shining.