Le groupe Lost in Kiev dévoilait le 21 octobre dernier leur nouvel album, Rupture. Enregistré chez Amaury Sauvé et sorti sous le label Pélagic Records, il met en exergue le point de bascule. Celui déjà atteint. Celui que l’on craignait. Un post-rock sombre mais résilient, pour souligner les changements environnementaux, politiques et géopolitiques que nous subissons quotidiennement. Nous sommes partis à leur rencontre, pour tenter de mettre des mots sur des émotions.
1- La Face B : Rupture est le 4eme album de Lost in Kiev et sort le 21 octobre. Le titre, significatif, met en relief votre ressenti face aux changements environnementaux que l’on subit. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Jean-Christophe (basse, synthétiseurs) : Avec cet album, on a voulu faire prendre conscience du point de bascule, qui est atteint un peu plus rapidement que prévu. Que ce soit sur le plan environnemental, bien sûr, mais aussi géopolitique et politique. Sans être lanceur d’alerte, l’idée est de raconter tout ça sous une forme émotionnelle et poétique. Et, d’une manière cathartique, on a voulu coucher sur bandes (rires) tout ce qu’on avait en tête.
On n’est pas politisé, on a tous nos opinions mais notre musique reste libre d’interprétation. Le mot Rupture est venu après la phase de création. On voulait quelque chose d’impactant, qui matérialise à la fois le point de changement et qui permette aussi à l’auditeur d’imaginer ce qu’il souhaite, ce qui est totalement possible, vu qu’à part le featuring avec Loïc Rosseti sur Prison of Mind, il n’y a pas de chant.
Dimitri (guitare) : Rupture ne va pas raconter une histoire comme les précédents albums. C’est plus une photo de l’instant T, où on a l’impression que dès qu’une chose horrible se passe, une autre, encore pire, va arriver, et ainsi de suite. Que ce soit le climat, le Covid, etc. Et quand ça semble s’arranger d’un côté, ça empire de l’autre. Tout peut changer brutalement. Et quand nos enfants auront notre âge, ils n’auront pas le monde tel qu’on l’a connu, au moment où on a fait cet album. C’est un point de bascule sur la vie telle qu’on l’expérimente aujourd’hui et qui est condamnée à être très différente plus tard.
2–LFB : C’est un constat finalement assez sombre…
Maxime (guitare et synthétiseurs) : Oui, un peu, mais à travers la musique de Lost in Kiev, il y a une ambivalence sur toutes ces questions-là. Je pense que l’être humain a besoin d’être à la fois au pied du mur pour changer des choses, mais il lui faut aussi des récits et de l’espoir.. L’album alterne entre des ambiances graves et lumineuses. Et au-delà de la musique, le mot rupture est intéressant car on a fait un certain nombre de changements par rapport aux précédents albums, que ce soit dans la manière de composer ou via la manière d’enregistrer. Cette fois-ci, on l’a fait en live, tous ensemble, et on a modifié l’approche des morceaux. On a totalement enlevé les samples de voix par exemple, alors qu’ils étaient presque une identité. Donc ça crée aussi une rupture. Il y a un côté psychologique mais également technique derrière le thème.
3-LFB- Et le coronavirus a aussi modifié les méthodes de travail de chacun. Vous êtes passés de session studio tous ensemble à composer chacun de votre côté, pour la première fois.
JC : Avant, on avait des habitudes de travail plus consensuelles. On avait notre studio de répétition et on se voyait toutes les semaines. Ça créait une certaine linéarité. Le Covid a aussi eu des effets positifs : on a passé du temps chacun de notre côté à composer avant de se retrouver en studio ou en résidence. Redonner vie à des maquettes, c’était vraiment intéressant. Ça a eu un effet bénéfique sur la cohérence de l’album.
Dimitri : Évidemment, il y avait des choses à jeter, mais le Covid nous a apporté de la matière. Quand on est coincés chez soi, pour tuer le temps, il n’y a pas de meilleur moyen que de composer. On a donc pu se permettre de dire qu’on avait 30 débuts de chansons et on a gardé uniquement ce qui était le plus cohérent ensemble.
Maxime : Mais quand on s’est retrouvés pour les jouer, certaines choses ne marchaient pas. Jouer sur un ordi puis devant les autres, ce n’est pas le même rendu. Puis, quand on a fait des vrais répétitions, il y a encore eu un gros travail de réarrangement. Les morceaux ont beaucoup changé pour qu’on puisse se les ré-accaparer pour le live.
4-LFB- Rupture a été enregistré et mixé chez le grand Amaury Sauvé. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Maxime : Les albums précédents ont été réalisés avec Anthony Josse. Pour Rupture, on souhaitait changer. Je connais les productions d’Amaury depuis un certain temps, j’ai toujours suivi d’une oreille. On est rentrés en contact avec lui ,puis ça s’est fait assez naturellement. C’était un peu l’aventure, parce qu’on n’avait jamais enregistré en live avant. C’était un challenge et ce n’est pas facile (rires)
Dimitri : Amaury est un sniper. C’est-à-dire qu’il va voir les défauts de chacun en dix minutes, il cerne vraiment la personnalité du musicien, les faiblesses du groupe et de l’individu avec son instrument. A partir de là, il va donner des conseils pour les résoudre. Ce qu’il souhaite enregistrer, c’est le petit moment magique. Il veut le petit défaut qui fait la matière et pour convoquer ça, il nous a poussé dans nos retranchements.
On commence avec les pré-prods sur 3 jours, ce qui lui permet de voir le projet dans son intégralité. On ne joue qu’un jour, les deux autres sont consacrés au debriefing, c’est très scolaire. Puis, on a un mois pour se préparer à l’enregistrement.
Maxime : Tu sors de ça déprimé genre : « j’suis une grosse merde » (rires). Entre le moment des pré-prods et l’enregistrement, ça a été un mois et demi très intensif. On n’a jamais autant bossé de notre vie. Il y avait des répétitions dans tous les sens. Tout a été revu.
5-LFB : En plus, cet album a été enregistré avec Yohann, et non Jérémie ici présent (ndrl : nouveau batteur qui a fait 3 dates avec eux cet été)
Jérémie (batteur) : C’est excitant de jouer des morceaux que je n’ai pas enregistrés, car je peux y mettre ma patte.
Maxime : Jérémie a remplacé Yohann au pied levé pour un problème de passeport en Angleterre. On l’a prévenu une semaine avant de partir en tournée. Il a appris le set en 10 jours et la première fois qu’on a joué ensemble, c’était en concert. (rires)
Jérémie : Merci le solfège. C’est attrayant, car ils m’ont donné le feu vert pour me réapproprier les morceaux. J’essaie de mettre du relief et que ce soit en cohérence avec mon jeu, qui est plutôt fourni. C’est dur, parce que quelquefois je me demande si j’en fais trop ou pas. Évidemment, j’aurais aimé jouer sur l’album et pouvoir en parler actuellement, mais ce n’est pas le cas. Mais le live est là pour ça et c’est une parfaite transition pour annoncer qu’on a enregistré des sessions live pour illustrer le changement de line-up. Il y aura We are, Solastagia et Rupture.
6-LFB : Avec Lost in Kiev, tout est savamment pensé : un message pour chaque album, un lighteux qui vous accompagne partout, la vidéo et des samples créés spécifiquement pour vous. Comment se passent vos phases de création ?
Maxime : Là, il y a une rupture (rires).
Dimitri : La vidéo fait partie de l’essence du groupe et notre lighteux aime bien jouer avec. C’était vraiment créé par notre ancien batteur, Yohann. Maintenant, on va voir sur le long terme si on continue et si oui, qui va s’en occuper. Il ne faisait pas que les vidéos mais aussi tout ce qui concernait l’univers graphique du groupe.
Maxime : Sur les prochaines sorties, ce sont déjà d’autres personnes qui ont travaillé avec nous. Le clip de Prison of Mind par exemple, est assez différent de ce qu’on a pu faire jusqu’à maintenant.
7-LFB : La vidéo se retrouve dans certaines formations post-rock voire post-métal (Amenra, Godspeed You! Black Emperor). Il y a une idée de contemplation et d’expérience immersive, non ?
Maxime : C’est un vrai plus pour le public, mais en tant que groupe, c’est souvent compliqué techniquement parlant. Il y a des salles où ça ne marche pas, puis il y a le problème de création de ces vidéos. Il faut avoir les capacités, et ça a un coût si on le fait faire par une autre personne. Pour l’instant, on a la matière pour illustrer nos morceaux.
Jérémie : C’est aussi un parti pris. Est-ce que tu as envie que les gens soient un peu bloqués sur l’écran et regardent plus ce qui se passe sur scène ? Et est-ce que nous on a envie d’être plus discrets ou virulents ?
Maxime : L’un n’empêche pas l’autre. Le parti a déjà été pris. Mais ce qui est bizarre avec la vidéo, c’est qu’il y a quelques années c’était un plus et maintenant; c’est devenu un code. Et c’est tout aussi important, surtout sur la scène post-rock. Des groupes comme Céleste font maintenant de la vidéo. Les gens apprécient la vidéo. Après un concert, on nous dit souvent que c’était mortel avec.
Jérémie : Je ne suis pas trop objectif parce que ça me touche moins je pense. Je ne suis pas très graphique en général, et je suis plutôt le musicien un peu geek qui va avoir tendance à tout analyser sur scène. J’adore voir un batteur jouer, un guitariste, etc. Mais c’est une discussion qu’on aura, c’est sûr.
8-LFB- Les artworks de vos albums sont épurés. Pour Rupture, créé par Yoann, une forêt dense occupe tout l’espace avec un entrelacement architectural. C’est très graphique.
Dimitri : Rupture est un album moins narratif ,donc Yoann a été droit au brut et a souhaité contraster du gros béton avec des végétaux. C’est très frontal. Il a fait ça pendant qu’on enregistrait chez Amaury. Et je tiens à signaler qu’on est en très bons termes avec lui. Il a quitté le groupe à un moment où tout était là, il n’a pas quitté le navire en cours.
Maxime : L’aspect visuel d’une pochette, c’est quelque chose de très subjectif. Si sur les albums précédents il y avait eu des débats, nous l’avons ici validé tout de suite.
9-LFB- Depuis Persona, les textures électroniques se sont intensifiées et on les retrouve aussi avec Rupture. Ce que je trouve génial, c’est d’arriver à se servir d’un instrument pour faire passer un message : l’électro sur Persona avait tout son sens, puisqu’on y parlait d’intelligence artificielle et de machines. Sur Rupture, il y a beaucoup de bruit et de distorsion, est-ce pour évoquer l’opposition entre la nature et le monde civilisé ?
Maxime : Merci beaucoup. Il y avait déjà les prémices des machines avec Nuit Noire. Avec JC, on écoute pas mal de musique électronique (ndrl : il joue dans Contrevents) et sur Persona on a remarqué que ça se mélangeait bien.
JC : Maintenant, ce qu’on veut vraiment essayer de faire, c’est de se demander quel instrument va le plus nous servir à pouvoir exprimer certaines émotions. Si je cherche à obtenir un effet cinématographique, je vais vers du synthé. Si je souhaite que ce soit plus agressif, je vais partir sur une guitare saturée.
L’idée, c’est vraiment de se dire qu’aujourd’hui on a autour de nous tout un panel d’instruments disponibles qu’on maîtrise, pour servir au mieux la musique. Et depuis Persona, on continue d’utiliser des machines, évidemment, mais on le fait de manière plus réfléchie.
Dimitri : Avec Lost in Kiev, on est actuellement à un virage parce qu’on a pas encore eu le temps et l’opportunité de composer avec Jérémie. Perso, j’ai hyper hâte de voir ce qui va se passer, d’être à ce moment où on va se faire plaisir et jouer de nouveaux morceaux. Tout ça, c’est une expérience entre êtres humains.
Jérémie : Il va y avoir un mash-up des deux univers cools. Je vais essayer de ne pas trop vous brusquer non plus (rires), ni de dénaturer l’essence du projet, car j’ai un côté plus math et déstructuré. Mais je pense connaître assez l’univers de Lost in Kiev depuis des années pour servir ça.
10-LFB : Maxime, tu joues dans Contrevents. Est-ce que vous avez chacun des projets en parallèle qui nourrissent peut-être aussi Lost in Kiev ?
JC : Alors, plus maintenant mais c’est intéressant ta question, car on aurait pu se demander pourquoi on a choisi de travailler avec Jérémie tout simplement ? Il s’avère que je jouais avant avec lui dans un groupe qui s’appelait Chancellors. Donc si on s’est tourné vers lui, c’est pour deux raisons : car il avait joué avec nous au Royaume-Uni, et parce qu’on avait pas du tout envie de se remettre dans les auditions. On souhaitait que le projet se fasse avec des gens qui gravitent autour de nous.
Jérémie : Ouais, c’est par défaut (rires)
JC : On se connaît tous bien donc d’un point de vue composition et confiance, ça marche. Avec Jérémie, on a joué pendant 4 ans ensemble, il y avait du post-rock mais aussi du métal alternatif.
Dimitri : À côté, j’ai une chaine Youtube. Dès que j’ai du temps libre, je fais de la musique. Et je commence à composer pour des gens, j’habille des génériques et des images, mais c’est sans prétention. Et de temps en temps, les gars tombent sur des trucs, ça les inspire et ça nous donne des pistes.
Maxime : Pour l’anecdote, We are vient en partie d’un riff de basse de Dimitri qu’il avait fait pour sa chaîne.
Jérémie : Alors, pour moi ça va être détonnant. A Toulouse, je joue dans un brass band mais aussi dans une fanfare, un groupe de Soul, un orchestre classique et là, j’ai enregistré hier avec un groupe de trip-hop, un peu hybride. Mais mes influences sont ultra métal. J’adore jouer dans plein de projets, mais c’est très différent de ce que j’aime écouter. Je suis très post, très métal, très math. Mais ça se sent dans mon jeu. J’ai une formation jazz. On m’a toujours dit que j’ai un jeu pas très droit. J’essaie de mettre du relief et ça peut être chaloupé par moments (rires), tropical post métal (rires) Je suis curieux, ça va être drôle la composition du prochain album de Lost in Kiev.
11-LFB- Est-ce qu’il y a des artistes que vous écoutez spécifiquement pour chaque album ? Par exemple pour Persona, j’y vois du 65daysofstatic ou encore Ez3kiel, ce qui explique sans doute pourquoi je l’adore. Pour Rupture, on parle de Michel Jarre et Vangelis. On est sur un son plus direct et plus « agressif ».
Maxime : 65daysofstatic et Ez3kiel m’ont beaucoup influencé dans cet aspect de fusion entre le post-rock et la musique électronique.
JC: Au-delà de ça, dans les textures, il y a un groupe qui nous influence pas mal, c’est Thrice, pour le côté plus rock et organique, le côté ouvert sur le son. Avec We Are on ne va pas se mentir, il y a l’influence de Cult of Luna ,qu’on aime tous autour de cette table, sauf Jérémie (rires). Et Vangelis c’est important, car on est tous fans de musique de films, avec Blade, Cult of Fire etc., mais aussi Clint Mansell avec The Fountain.
Finalement, on confronte l’univers métal de Cult of Luna ou Russian Circles avec le côté organique rock de Thrice, et celui plus contemplatif de la musique électronique, voire néo-classique, avec Nils Frahm.
12-LFB- Par exemple, Prison of Mind, je ne l’aimais pas du tout à la première écoute. Et finalement je l’écoute beaucoup. Il exprime bien toute l’ambivalence de votre musique. C’est un titre en collaboration avec Loïc Rossetti de THE OCEAN, très mélodique avec une voix claire avant de partir en screamo à la fin du morceau.
Maxime : Ce morceau-là est un peu à part dans la discographie et c’est intéressant parce que les premiers feedbacks qu’on a eu vont dans ton sens. On l’aime ou on le déteste. Ca ouvre notre répertoire et on espère ainsi qu’il fera venir d’autres personnes, qui n’écoutent pas forcément ce style-là.
13-LFB : Par ailleurs, est-ce qu’on peut envisager d’autres featuring dans le futur ?
Maxime: On l’a déjà fait sur le premier album, Motions (2013) avec The Day I Ruined My Life, puis la même année, sur l’EP avec Zéro absolu.
On continuera à le faire. Notre style est assez ouvert et assez large et peut coller avec plein de choses. Ce morceau ouvre vers d’autres horizons. Pourquoi ne pas y apposer une voix féminine par exemple, même rappée. On essaie de ne pas rester enfermés dans la case post-rock.
Dimitri : on peut utiliser l’étiquette post-rock pour tisser du lien. On a eu par exemple de supers retours des concerts que nous avions faits avec UNSLAVE, alors qu’ils sont très connus dans la catégorie métal et qu’on a rien à voir avec eux. Un des avantages du post-rock est bien de pouvoir se marier avec des genres différents. On n’a jamais ouvert pour un groupe de rap, mais pourquoi pas (rires) Les gars de Bruit, ce sont aussi les musiciens de Bigflo et Oli. On pourrait très bien inviter des chanteurs diphoniques tibétains, ou une chorale.
Release party à Petit Bain le 23 novembre 2022. Crédits photos : Céline Non
14-LFB- Vous avez une grosse fan base avec notamment de belles tournées à l’étranger. Comment expliquez-vous ce succès ?
Dimitri : Je n’ai pas la réponse mais j’ai un proverbe que j’aime bien et qui dit: « nul n’est prophète dans son pays ». Et il y a des gens qui se sont un peu insurgés quand ils ont appris que Lost in Kiev était un groupe français, sous-entendu : « Vous êtes français donc c’est nul. » (rires)
Maxime : Les gens pensent souvent, en effet, qu’on est anglais ou américains. Mais, que ce soit en France ou ailleurs, le post-rock reste un style de niche. En revanche, quand tu tournes en Europe centrale ou de l’est, tu sens qu’il y a plus d’engouement et de réponse.
Dimitri : Pour la petite anecdote, juste avant le Covid, notre label et tourneur nous avait conseillé d’aller en Chine. PG.lost l’ont fait et d’après eux, faire du post-rock là-bas, c’est un peu comme être les Beatles. Les réseaux sociaux sont certes surveillés, mais les salles de concert sont remplies et les gens s’intéressent à la musique. Pour eux, on est exotiques. Ce sont des tournées qui se font en train parce qu’il y a beaucoup de kilomètres d’une ville à l’autre, avec du matos que tu loues sur place. C’est dommage, parce que je pense qu’il ne sera plus possible pour nous d’aller là-bas.
Maxime : Avec Rupture, on espère faire le nord de l’Europe. C’est complètement contradictoire avec les propos qu’on évoque et ça pose un vrai problème. Nos activités sont aux antipodes de nos propos et des réalités physiques de la planète.
Dimitri : On a abordé cette notion dans le morceau Dichotomy, où tu te dis que tu sais ce qu’il faut faire et ce que t’as envie de faire, mais il y a toujours un moment où tu es en contradiction.
15-LFB- Pour finir, si vous deviez me parler d’un livre/album/série ou autre, qui vous a bouleversé ou qui vous définit, ce serait quoi ?
Maxime : Dans deux styles différents et pour rester sur le thème de l’album, je pense à Comment tout peut s’effondrer (2015) de Pablo Servigne et Raphaël Stevens. Il m’a vraiment mis ces questions là en tête. Pour le côté plus poétique, je cite La Horde du Contrevent, d’Alain Damasio.
Dimitri : Dans le livre de Damasio, la notion de vif est complètement dingue. Maxime m’a conseillé ce livre quand on composait l’album. Dernièrement, je pense aussi aux pensées développées par Bernard Werber dans ses livres. Il parle notamment de la notion d’apocalypse, qui signifie tout simplement « levé de voile ». C’est la découverte de la vérité et non la fin du monde. J’ai lu aussi Les thanatonautes, qui évoque comment aller voir ce qui se passe au pays des morts. Il y a plein de concepts dans la continuité de la post-rupture.
JC : Pour moi, c’est un recueil de nouvelles cyber-punk qui s’appelle Mozart en verres miroirs de Bruce Sterling. C’est un signal d’alarme sur un point de bascule, l’oubli d’où on vient, l’oubli de la terre qui conduit à un désastre technologique.
Jérémie : Ils sont très sérieux. Moi j’allais parler d’How I met your mother (rires) Ma série préférée, c’est une série hospitalière qui s’appelle The Knick. Elle se déroule dans les années 20, à New York, sur fond de racisme, de drogues et d’eugénisme. La photo est folle. Je suis resté bloqué. Je bosse aussi à l’hôpital donc… Mais je ne suis pas un grand lecteur sinon.
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