Alors que l’heure est à la release party ce soir au Point Ephémère aux côtés d’U.R Trax, Le Diouck, Maoupa Mazzocchetti, LUX18 et SOFII, nous avons pu rencontrer Maxime Gendre et Elliot Berthault quelques semaines avant la sortie de leur deuxième album Downcast (Artefact/Wedge). Vie de tournée, nouvelle identité musicale ou encore inspirations punk américaines, on a fait le tour avec Rendez-Vous.
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La Face B : Salut les gars, comment ça va ?
Elliot Berthault : Ça va, écoute !
Maxime Gendre : Ca va, plutôt cool parce que quand on se rapproche de la sortie, c’est quand même la période un peu excitante. Il y a un truc qui se concrétise.
LFB : Plus de 120 dates au compteur, comment est-ce qu’on vit ça ?
Elliot Berthault : Ah plus ! (rires) 100 dates, c’était sur la dernière tournée, mais on en fait quand même pas mal plus. Mais on est contents, on n’a pas joué depuis longtemps, donc on a hâte de rejouer.
Maxime Gendre : Disons que 120 dates, c’était la dernière tournée de l’album. C’était un peu beaucoup en vrai, quand même. C’était hyper cool, mais on est sortis vidés, on va dire.
LFB : Fatigués ?
Maxime Gendre : Très fatigués. Après on a pris une petite pause parce qu’on avait beaucoup tourné. On n’avait pas eu le temps de refaire vraiment de musique à cause de la tournée, parce qu’il y avait énormément de dates. Donc voilà, à la fois un truc quand même incroyable à faire, mais à la fois un truc où après ça, on avait vraiment besoin de faire un petit break pour avoir vraiment envie de rembrayer sur la suite.
LFB : Deux EP, huit singles, un premier album. Et là, c’est un deuxième album dix ans après le premier EP. Qu’est-ce qui vous a donné le déclic de passer à un deuxième album ?
Elliot Berthault : Après dix ans du premier EP. Simplement, l’envie de continuer. On a fait une pause. Il y a eu le Covid qui est arrivé, donc ça nous a obligés à faire une pause un petit peu. On avait envie de faire une pause aussi, peut-être vraiment après la première tournée, parce qu’on était un peu épuisés comme disait Max. On a juste eu envie de refaire du son.
Maxime Gendre : Aussi, c’est vrai qu’on voyait qu’il y avait pas mal de gens qui demandaient et qui étaient chauds derrière. Donc ça nous a aussi donné envie de refaire du son. Et de faire un nouvel album. Et tout simplement, l’envie de continuer le projet. Parce qu’après, donc il y a eu un an où on a un peu fait d’autres choses après la tournée, donc on a chacun fait des trucs de notre côté, un peu. Et après, au bout d’un moment, on s’est dit, tiens, ça serait cool de refaire des démos comme ça pour sans forcément qu’il y ait un but précis dès le départ. Mais bon, en fait, on s’est mis à refaire des démos, voir ce qui sortait et assez vite, on s’est dits qu’il fallait revenir avec un disque et on ne se voyait pas revenir avec autre chose qu’un album. Parce que vu qu’il s’était déjà passé quelques années depuis le précédent, on se disait ok c’est peut-être un peu bizarre de revenir avec un EP, on se disait c’est plus cool de revenir avec un long format qui apporte vraiment une nouvelle identité au groupe.
« Après, nous on a toujours été dans un truc où ça va chercher des couleurs un peu différentes
au sein d’un même groupe, un truc assez varié où on ne vient pas être vraiment dans un truc trop monocorde.«Maxime Gendre (Rendez-Vous)
LFB : Comment est-ce que vous aviez appréhendé cet album sur l’aspect créatif ? Parce qu’effectivement vous êtes partis sur différents projets mais qui n’étaient pas forcément communs à chacun. Comment vous avez dit on va faire l’album, c’est un format long, comme tu viens de le dire, et de se lancer vraiment dedans avec une nouvelle identité ?
Maxime Gendre : Ça se construit petit à petit en fait. Le choix il ne se fait pas vraiment d’un coup comme ça, c’est au fur et à mesure que tu avances dans les nouvelles choses. Parce que quand on s’est remis à faire des morceaux, ça s’est fait sur assez longtemps et il y a quelque chose qui s’est dessiné au fur et à mesure parce qu’entre temps on avait envie d’intégrer des nouvelles influences, on n’écoutait plus forcément la même musique de notre côté qu’il y a 4-5 ans. Ce qui est normal, tu évolues un peu. Après, nous on a toujours été dans un truc où ça va chercher des couleurs un peu différentes au sein d’un même groupe, un truc assez varié où on ne vient pas être vraiment dans un truc trop monocorde. Mais c’est vraiment un truc qui se dessine au fur et à mesure des mois. Et puis au bout d’un moment, tu commences à voir l’identité du truc et puis d’être guidé un peu par des nouvelles influences qu’on voulait intégrer au groupe.
LFB : Quelque chose à ajouter ? (sourire)
Elliot Berthault : Non, c’était très bien dit (sourire)
LFB : Pour le moins qu’on puisse dire, c’est que vous avez beaucoup changé musicalement. Je voulais vous faire la blague donc je la place. Avez-vous pris vos distances (en référence au EP Distance sorti en 2016) avec les claviers ? (sourire)
Maxime Gendre : Joli, joli. (sourire)
Elliot Berthault : Comme disait Max et comme tu disais aussi tout à l’heure, ça fait 10 ans qu’on a commencé le projet. On n’écoute plus forcément la même chose qu’à l’époque. On a évolué musicalement dans ce qu’on écoutait. Et ça se ressent forcément dans notre musique. On écoute peut-être moins de la musique avec des synthés comme on pouvait le faire il y a une dizaine d’années. Et donc, du coup, on est revenu à un truc avec plus de guitares. Une formation un peu plus classique, rock, entre guillemets. Et donc, ouais, la musique a évolué. Et en même temps, tant mieux. On n’est pas forcément très fan des groupes qui restent ancrés dans un truc, qui n’évoluent pas.
Maxime Gendre : Et ça vient un peu du live aussi. Ça vient aussi un peu du live. Le truc par rapport aux synthés. Donc, on l’a beaucoup fait pendant les premières années. C’était cool. Mais non seulement il y a le truc des influences musicales qu’on a pu changer. Mais jouer les synthés sur scène, ça nous a un peu lassés au bout d’un moment…
LFB : C’est plus contraignant…
Maxime Gendre : Ouais. Et puis même quand tu es dans une musique avec beaucoup d’énergie, le synthé, ce n’est pas un instrument très physique. Ce n’est pas un instrument où tu as une grosse interaction physiologique avec le son. C’est le son. Tu vois, c’est très indirect. Tu appuies sur un bouton, tu appuies sur les touches et ça sort un son. Ce n’est pas comme la guitare ou la batterie où il y a un vrai truc.
Elliot Berthault : Déjà, tu peux bouger. Derrière un synthé, tu es fixe.
Maxime Gendre : Ouais, mais ce rapport indirect au son, il a fini par nous lasser un peu, en fait. Ca a aussi participé, je pense, au fait qu’on en mette un peu moins dans notre musique. Voilà.
« Mais on ne s’est jamais sentis appartenir à un style vraiment musical. »
Elliot Berthault (Rendez-Vous)
LFB : Ce qui fait que l’album, il est quand même beaucoup moins cold que ce qu’il y avait avant. Même glacé pour certains sons, vraiment. Là, on est dans le plus énervé. Comment vous expliquez cet énervement-là ? Qu’est-ce qui a nourri l’énervement ?
Maxime Gendre : Nous, comme on le perçoit, c’est que c’est plus énervé à certains endroits. Et plus calme et mélodique que ce qu’on n’a jamais pu faire aussi à d’autres endroits de l’album. Après, l’énervement d’où il vient ? Depuis le début, on aime bien les musiques plus intenses.
Elliot Berthault : Mais le monde, il est un peu anxiogène. Peut-être que ça se ressent indirectement dans notre musique, je ne sais pas. Mais ce n’est pas très mentalisé, en tout cas.
Maxime Gendre : Mais on sent que ça permet de drainer une certaine énergie qui fait qu’on aime ça. Mais c’est vrai que ça, on ne peut pas forcément l’analyser, le mentaliser complètement.
LFB : Vous n’êtes pas partis en vous disant qu’on va s’énerver sur ce disque…
Elliot Berthault : Je pense que ça vient aussi de la musique qu’on écoute qui est peut-être plus vénère aussi. Enfin, en tout cas, moi…
« Mais j’ai l’impression que pour que l’on fasse un truc dont on est content,
on a besoin de le mélanger un peu avec autre chose. »Maxime Gendre (Rendez-Vous)
LFB : Tu peux me faire du name-dropping… ?
Elliot Berthault : Tu veux que je fasse du name-dropping ? Je ne vais pas faire ça (rires) C’est toujours trop dur pour moi de balancer un truc. C’est ce que je disais tout à l’heure, mais j’écoute, perso, pas mal de punk, hardcore et de métal et de trucs comme ça. Donc, peut-être que ça, c’est des influences. On écoute tous un peu des trucs un peu comme ça. Donc, ça doit se ressentir aussi dans notre musique, je ne sais pas.
LFB : C’est ce que j’allais dire. Il y a quand même ce côté un peu métal. Parfois, j’étais limite à me dire, attends, on dirait un peu du Linkin Park sur les bords. Mais on est dans du nu métal. Ce n’est pas tout à fait le même genre. Mais il y a quand même cette idée d’un peu industriel quand même aussi qui ressort dans les débuts, les débuts de Linkin Park. Puis, effectivement, très punk. Il y a des morceaux de deux minutes, deux minutes vingt…
Elliot Berthault : Carrément…
(A ce moment de la conversation, ils n’étaient pas voire pas du tout convaincus de ma mention de Linkin Park)
LFB : Et on se dit, là, ouais, vous avez mis toute l’énergie punk sur certains morceaux. C’est peut-être un moyen de faire redescendre la pression, de se dire, vous étiez hissés comme étant la révélation française post-punk. Et que là, de se dire, attendez, les gars, on est autre chose aussi. Et on n’est pas que post-punk. Ça, comment vous l’avez vécu ? Vous aviez essayé de vous dire, bon, c’est super cool, on a eu l’aura qu’on n’espérait pas. Mais on s’est projeté là-dedans. Et finalement, on nous a un peu étiqueté comme étant la révélation. Et aujourd’hui, bah… Voilà, on ne fait pas que post-punk.
Maxime Gendre : Ouais, puis il y a ça. Et puis d’autant que le post-punk, de toute façon, c’est un genre qui est basé sur des hybridations. Donc c’est très facile de le moduler, si tu veux. Parce que de toute façon, c’est un peu flou, cette étiquette de base.
Elliot Berthault : Mais on ne s’est jamais sentis appartenir à un style vraiment musical.
Maxime Gendre : On sentait que c’était le terme qui effectivement convenait le mieux pour résumer ce qu’on faisait, s’il fallait mettre un terme. Mais nous, on n’est pas du tout attachés à cette étiquette.
Elliot Berthault : Ou à cette scène.
Maxime Gendre : Ouais, voilà. Donc… Mais même pour le punk, enfin… Je n’ai même pas l’impression qu’il y ait des morceaux qui soient purement punk, là, dans l’album. Après, peut-être que ça peut être ressenti comme ça à l’écoute, d’une oreille extérieure. Mais j’ai l’impression que pour que l’on fasse un truc dont on est content, on a besoin de le mélanger un peu avec autre chose. Par rapport à du pur punk, dans lequel on ne se reconnaitrait pas forcément.
LFB : Après, il y a le punk anglais, il y a le punk américain et c’est là où on va avoir des variations très sonores. Là où, j’aurais tendance à dire punk américain…
Eliott Berthault : C’est clairement plus proche de ça que… Il y a une référence qui est quand même… D’un groupe qu’on aime tous vachement. C’est Wipers. Qui est pour le coup vraiment du punk américain.
Maxime Gendre : Mais qui a un côté plus mélodique, en fait.
Eliott Berthault : Qui a un côté plus mélodique que du punk basique. Mais comme le punk américain, en général, qui est plus mélodique que le punk anglais.
Maxime Gendre : Mais c’est vrai que ça, ça nous parle plus. Ouais.
LFB : Et je dirais peut-être punk encore, pas des années 70, parce que sinon on serait Ramones et tout ça. Donc on n’est pas vraiment dans ce punk-là. On est effectivement dans un punk mélodique, qui serait plus celui des années 2000.
Eliott Berthault : Ouais, c’est vrai, 1990-2000.
LFB : Là, il y a de nouvelles dates qui viennent de s’ajouter pour célébrer les nouveaux venus. Il y a à la fois, à mon avis, une curiosité de découvrir des nouveaux publics. Bon. Même si vous avez un peu traversé le monde. Comment vous vivez le public qui vient pour vous, le public qui vient dans les festivals qui est souvent vu comme un public de curieux ? Est-ce que vous avez une préférence ?
Maxime Gendre : C’est assez différent, effectivement.
Eliott Berthault : Je préfère les gens qui viennent nous voir, honnêtement, qui sont là pour nous écouter. Ils bougent plus, ils réagissent plus. Qu’un public qui nous connaît pas. Après, c’est sympa qu’ils nous découvrent et tout. Mais honnêtement, quand tu performes, c’est toujours plus excitant de jouer devant un public qui te connaît et qui te kiffe qu’un public qui te découvre, qui est plus statique, qui est plus dans l’analyse de ce que tu vas faire et dans la découverte, simplement. Donc ouais je trouve ça toujours plus excitant de jouer devant des gens qui te connaissent et qui t’apprécient vraiment.
Maxime Gendre : Ouais, ou tu sais qu’ils reçoivent le truc qui ont un peu les réf et tout. Forcément, c’est qu’ils vont être plus vite dedans parce qu’ils connaissent les morceaux, parce qu’ils aiment bien vraiment ce style de morceaux. Mais en festival, ça peut être très cool. Des fois, on a eu des bonnes expériences avec un public, on ne sait pas à quel point ils connaissaient, mais ils avaient un peu envie de se lâcher. Et tu sentais que ça marchait quand même aussi.
Eliott Berthault : Des fois, tu as les mecs qui connaissent qui emmènent un peu les gens qui connaissent moins dans le truc.
Maxime Gendre : À Dour ou des festoches comme ça, on sentait vraiment qu’il y avait un truc qui prenait, même si c’est pas le même rapport que dans une salle où t’as un truc beaucoup plus en direct avec le public. Mais on sentait que l’énergie, elle passait super bien. Ou de Rock en Seine aussi, c’est arrivé. Donc ça peut aussi être super cool, mais il y a un peu plus le défi d’aller chercher des gens.
LFB : Parce que là, vu qu’il y a véritablement une nouvelle identité sur l’album, est-ce que justement, les gens qui vous connaissaient d’avant vont se dire, putain, je me prends une claque, c’est comme si je connaissais un nouveau Rendez-Vous et je me prends une autre claque. Ce n’est pas celle que j’attendais, mais je me la prends quand même. Parce qu’en festoche, les gens, effectivement, vous connaissent pas forcément. Aujourd’hui, on voit des progs où il y a vraiment de tout. Et que les novices se disent ouais, ben, je m’attendais pas du tout à ça, vu qu’on m’avait décrit. Et que cette nouvelle identité alimente une nouvelle curiosité…
Maxime Gendre : C’est un peu le point d’interrogation. Auquel on va avoir la réponse dans les prochains mois.
Eliott Berthault : Mais après, on ne va pas jouer que le nouvel album.
Maxime Gendre : On a aussi un peu joué l’an dernier. On a un peu testé, commencé à tester certains des nouveaux morceaux. On a senti que même que c’était plutôt bien reçu, en vrai. Heureusement. Non, mais tu vois, vu que c’est vrai, comme tu le dis, ça change un peu. Il y a forcément des gens qui nous écoutent qui vont peut-être moins s’y retrouver. Statistiquement, vu que ça change un peu, il y a sûrement des gens que ça va moins toucher. Et forcément des gens qui vont peut-être découvrir le groupe grâce à cette évolution un peu qu’on a pris. Après, on verra à quel point les gens nous suivent ou alors si c’est complètement nouveau public.
LFB : Pour finir, je vais vous demander si vous avez des coups de cœur à nous partager que vous avez écouté, que ce soit des livres, des films, tout ce que vous voulez. Et ça peut être des trucs qui datent.
Maxime Gendre : Après, il y a des nouveaux groupes, un peu de la shoegaze qu’on écoute pas mal. qui sont beaucoup assez récents…
Eliott Berthault : Narrowhead, c’est bien, j’aime bien Narrowhead.
Maxime Gendre : Ouais, grave !
Eliott Berthault : J’aime bien Jesus Piece. Ca pour le coup, c’est plus du hardcore.
Maxime Gendre : Il y a Winter. Un groupe qui s’appelle Winter super cool, qui est assez récent plus vraiment shoegaze pour le coup…
Eliott Berthault : Je suis pas bon pour ça, putain, chaque fois (rires). Il y a plein de trucs, c’est juste que je trouve ça dur… Jesus Piece, c’est un groupe que j’ai vraiment pu écouter ces derniers temps.
Maxime Gendre : Bah en vrai, Jesu qui est le projet du mec de Godflesh, qui est hyper cool.