Fin 2023 on vous parlait de l’album des pirates bordelais ORDER89, on échangé quelques mots avec Jordi Rodriguez, le capitaine du bateau : la conception de l’album, des explications sur la chanson qui nous a laissé sceptiques (spoil : Lipstick), on s’est aussi un peu perdus…
La Face B : Hello Jordi ! Comment ça va depuis cette sortie d’album ?
Jordi Rodriguez : Ça se passe plutôt bien pour le moment. Ça fait un peu plus de deux mois que l’album est sorti. Pour le moment, il est sorti sur les plateformes, donc ça reste du virtuel pour nous. On n’a pas encore organisé de release party, donc on n’a pas véritablement fêté la sortie de l’album. Je pense que ça prendra vraiment un effet concret à partir du moment où on aura fait la fête pour célébrer ça.
LFB : C’est prévu ?
Jordi Rodriguez : On en parle. Pour le moment, mais ça ne dépend pas que de nous sur ce coup-ci. (NDLR : depuis l’entretien, le groupe a annoncé une release bordelaise au Tapage, le 6 mars prochain)
LFB : En 2024, est-ce que les choses rentrent dans l’Ordre ?
Jordi Rodriguez : Les choses rentrent dans l’ordre. Elles rentrent dans un ordre, mais pas forcément celui auquel on aspire. C’est-à-dire que là, tout devient « professionnel » à tous les niveaux. On a essayé et on essaie encore de faire les choses bien, comme il faut, comme il est conseillé de faire. Mais je pense que ça ne nous convient pas vraiment, en fait.
On préfère cent fois rester sauvages et faire les choses à notre manière, quitte à ce que ça ne soit pas dans le bon sens, dans le bon ordre, au bon moment. Mais au moins, ça reste instinctif. Et c’est ce qui nous qualifie le mieux, en fait, je pense. On a trouvé un ordre, il ne nous convient pas vraiment, donc on va en trouver un autre.
LFB : Je voudrais que tu m’expliques un peu la conception de l’album. Et surtout, pourquoi Lipstick ? (rires)
Jordi Rodriguez : Alors, dans l’ordre, la conception de l’album, on a fonctionné un peu même complètement comme on avait pu fonctionner pour les deux précédents. C’est-à-dire qu’on est capables de ne pas faire de musique pendant six mois ou sept mois. Et un jour, il y en a un de nous qui va se réveiller et qui va dire « Ok les gars, c’est bon, c’est le moment, on se bouge. » Et là, il faut que tout aille très vite. Et on marche que comme ça, en fait. On marche, on se fixe des objectifs comme ça, sans aucune raison. Et il faut qu’on arrive à les atteindre. Et on y va à 200% pour les atteindre. C’est un peu notre leitmotiv.
Et cet album-là, on avait vraiment envie d’essayer de produire quelque chose de plus propre, de plus… Qualitatif, peut-être. En termes de production, en termes d’enregistrement et de composition. Donc voilà, on s’est décidé en février dernier à retourner sur Paris pour enregistrer avec Guillaume Léglise, qui avait produit notre premier album, Bleu Acier. On a enregistré… On a eu quelques galères sur l’enregistrement. Des petits accidents d’ordinateur avec certains fichiers perdus. Et voilà. Et des petites galères. Mais au final, ça s’est assez bien passé sans trop de douleurs. Et pourquoi Lipstick (rires) ? Pourquoi le son ?
LFB : Ça fait partie des fichiers qui étaient perdus puis retrouvés ? (rires) Parce qu’en fait, c’est peut-être la chanson, je trouve, qui n’est pas raccord avec les autres en termes de style. Je sais que vous vouliez, justement, décloisonner et éviter d’être que sur une seule ligne. Mais pour le coup, Lipstick est vraiment hors catégorie quoi… On s’attendait à une histoire qui se suivrait un peu sur le fil de l’album (le clip était pensé comme le premier volet d’un triptyque). Et finalement, il n’en est rien…
Jordi Rodriguez : Ouais, complètement. Alors en fait, c’est très… Comme tout ce qu’on fait. En général, ça marche sur des coups de tête et sur des accidents. Lipstick, c’est, il me semble, le premier morceau qu’on a composé de l’album. Et on s’est dit, en fait, on est capable de composer des choses moins rapides en termes de BPM, je te parle.
On est capable de faire des morceaux plus lents avec des paroles peut-être moins sombres et des notes un peu plus optimistes. On s’est dit, OK, c’est cool, ça nous a fait plaisir. Et on s’est dit, tiens, si on essayait d’axer un album sur ça. Ensuite, deux singles qui suivraient Lipstick et qui pourraient créer un triptyque en termes de clip.
On avait tout un concept, en fait. On a créé tout un concept autour de Lipstick. Et il s’avère que le morceau nous a véritablement cassé les couilles. Après… Même pas… Mais juste à sa sortie, déjà, le morceau, on ne pouvait plus l’écouter. On ne pouvait plus le supporter (rires). On a finalement abandonné toute l’idée et toute la DA qu’on avait construite autour de ce morceau-là, qui était censé être la première pierre de notre album. Donc on a fait un test, on va voir si ça marche, on va voir si ça fonctionne. Et comme tu t’en doutes, le test n’a pas été si concluant que ça (rires). Donc, on est passé à autre chose.
LFB : Je me rassure comme je peux, c’est bien (sourire).
Jordi Rodriguez : Je ne sais pas si c’était le genre de réponse auquel tu t’attendais, mais… (sourire)
LFB : Non, non, mais ce n’est effectivement pas du tout la réponse que j’attendais. Enfin, je n’attendais pas non plus quelque chose de fou. Mais effectivement, ça renverse un peu l’idée que j’avais. Parce que je me suis dit, la chanson, elle arrive quand même à la fin. Elle n’est pas raccord avec le reste. Donc, il y a peut-être une volonté de l’avoir mise à ce moment-là. Puis après, vous enchaînez avec Fin du monde qui explose tout, quoi. C’est vraiment de se dire, tu as l’album qui a une très bonne direction, qui est tout bien composé. Et cette chanson, elle faisait presque, enfin, à mon sens, et c’est là où peut-être tu vas être plus violente, mais dire, elle fait un peu tâche, quoi. Et c’est là où je comprends mieux maintenant ton histoire. Quand tu me racontes le son, je me dis, mais… Ce n’est pas l’explication que j’attendais, mais ça fait sens, en fait.
Jordi Rodriguez : En fait, j’aurais très bien pu te sortir une explication assez fumeuse, mais je préfère être totalement honnête. Et transparent. Ca ne sert à rien de se mentir. On a voulu tester un format plus pop. Pour justement, comme tu l’as dit, et comme on a pu le dire dans quelques interviews qu’on a pu avoir, on a toujours essayé de se sortir de cette niche un peu post-punk, new wave, cold wave, gothique, triste, qui ne nous correspond pas ou dans laquelle on ne se sent pas forcément à l’aise ni à notre place. Et pour ce morceau, Lipstick, on voulait tenter quelque chose de plus pop, de plus aérien, de peut-être un peu plus léger.
Et après, ça nous a donné raison dans le sens où on a quand même pu être programmé sur des radios comme FIP ou RTL2. Donc, un côté un peu « plus mainstream », un peu « plus commercial ». Mais ce n’est pas nous. Et ce n’est pas ça qu’on joue en concert non plus. Donc, ça a été un test. Il fallait qu’on le fasse. Il fallait qu’on mène cette expérience. C’est une expérience à terme. Maintenant qu’elle a été menée, on ne la remènera pas.
LFB : Ceci dit, quand tu dis qu’en concert vous ne la jouerez pas, à voir si vous arrivez à la transformer à l’heure du live et de se dire peut-être qu’elle peut prendre une tournure en live en se disant que vous partez vraiment sur autre chose…
Jordi Rodriguez : On a essayé. On a essayé de la jouer en live. Mais le problème, c’est qu’avec nous, c’est blanc ou noir. Soit ça va être très sombre et très triste, soit ça va être une rage très dynamique. Et ce morceau-là, en fait, rentre dans aucune des deux catégories qui font un peu notre force en live. Les deux catégories qu’on maîtrise, qu’on sait jouer, ce morceau-là, il ne rentre dans aucune case. Donc, à la trappe, direct.
LFB : Je n’arriverai jamais à la voir en live, je n’aurai donc jamais cette occasion (rires)
Jordi Rodriguez : On la jouera pour toi si tu veux. Peut-être un jour. Il faudra bien qu’on la répète avant avec les gars parce que, techniquement, il peut se passer des petites choses horribles (sourire).
LFB : J’allais enchaîner avec un commentaire dans ce sens mais on a un peu débordé dessus. Sur le fait qu’il y ait une vraie diversification dans les sonorités que vous avez sur l’album, mais quand même, il y a une dominante post-punk…
Jordi Rodriguez : Le post-punk, en fait, c’est qu’on le veuille ou non. C’est la catégorie qu’on accepte le plus parce que ça ne te limite pas. C’est très large. C’est assez vague, le post-punk. Donc, moi, ça me va. On gardera toujours cette identité-là par rapport aux batteries que Flavien peut créer, par rapport à mes lignes de basse et au rythme de nos chansons. Ça, OK, c’est notre style. On aime ce style, on le fait. Et il n’y a pas de problème.
Après, pour les sonorités, on essaie de travailler ça de plus en plus. Là, on l’a fait sur cet album. On est déjà en train de bosser sur des nouveaux morceaux. On veut vraiment aller plus loin, toujours plus loin, et essayer de sortir un peu de nos zones de confort et de faire quatre notes en boucle avec de la reverb, du delay et du chorus. C’est bon, on peut le faire. On l’a fait, mais on a vraiment envie de chercher des choses un peu plus expérimentales, des sons un peu plus… comment dire… un peu plus ouverts sur le monde.
LFB : Donc, un peu plus lumineux, finalement ?
Jordi Rodriguez : Pas forcément lumineux (sourire). Pas nécessairement, parce qu’on n’est pas un groupe de pop et on ne le sera jamais. Peut-être, si l’un de nous fait une carrière en solo, un jour, on fera peut-être de la pop. Mais là, en groupe, non, c’est pas possible. On se ferait trop chier. Et franchement, on aurait l’impression de jouer la musique de quelqu’un d’autre. Ça ne serait pas très agréable.
LFB : Et sur la musique de quelqu’un d’autre, pour revenir un morceau qui, pour le coup, est mon petit coup de cœur : Avance Stop, qui a des influences très baltiques. On en parlait un petit peu tous les deux…
Jordi Rodriguez : Complètement, c’est ça dont je parle, en fait.
LFB : Je voulais te demander, comment tu as fait le choix ? Comment tu as pu te dire que ce morceau qui pouvait très bien convenir à Otchim (side project de Jordi) pouvait soudainement basculer sur ORDER89 ?
Jordi Rodriguez : Bah, en fait, c’est très simple. C’est que pour Otchim, c’est pas moi qui compose. C’est Anton Berezin, mon binôme, c’est lui qui compose. Moi, je m’occupe juste des textes et de la voix. Alors que dans ORDER, c’est nous qui composons. Et souvent, ça part de ma basse. Je trouve le rythme du morceau, et je trouve une ligne de basse. Et après, on construit autour le morceau. On ne s’est pas posé de questions à partir du moment où j’ai trouvé la ligne de basse et que j’ai réussi à poser mon chant dessus. En général, soit ça se fait en 5 minutes, soit ça ne se fait jamais.
Si c’est trop compliqué, si je n’y ‘arrive pas de suite, ou s’il y a quelque chose qui bloque, on passe à autre chose. On ne se prend pas la tête et on ne perd pas de temps à bosser 10 ans sur des morceaux. Ce n’est pas pour qu’ils soient écoutés pendant 30 secondes, parce que ça ne vaut pas trop le coup. Donc, lui, le morceau, il nous est paru logique qu’il paraisse sous le nom d’ORDER, en fait. Il a un petit côté… un petit côté Europe de l’Est. Très froid. Mais en même temps, on a déjà fait d’autres morceaux comme ça avant.
LFB : Je trouve qu’il y a une vraie progression avec ce morceau-là. Mais se dire, vous l’avez vraiment, la sonorité, comme tu dis, froide et vraiment typée Europe de l’Est, quoi. OK, je comprends l’idée de la composition par ton comparse, mais tu pouvais très bien lui apporter de la matière aussi…
Jordi Rodriguez : Ouais, c’est vrai, mais en même temps, on n’a jamais fonctionné comme ça, donc… Ca m’a même pas traversé l’esprit de faire ça. Là, en ce moment, on est en train d’enregistrer le prochain album de Otchim. Il m’envoie des morceaux à peu près tous les jours. Je pioche dedans ce qui m’intéresse, ce qui ne m’intéresse pas, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas. Et je ne sais pas, on a des mécanismes, en fait, un peu rodés maintenant, parce que les deux groupes, ça doit faire un peu plus de 4 ans et Otchim 3 ans. On a notre mode de fonctionnement, tu vois, ça roule tout seul. C’est plutôt intuitif.
Et ce morceau-là, en fait, il sonne différemment, peut-être parce que maintenant, j’ai un peu d’expérience avec Otchim je vois un peu, et je suis pas mal pote avec quelques groupes. Comme le groupe Ploho, je ne sais pas si tu connais. Donc voilà, j’ai quelques inspirations, quelques influences, assez personnelles, plus que ce que je pouvais avoir avant qui me permettent de m’ouvrir un peu et de changer un peu les structures des morceaux. Tu vois, par exemple, ce morceau Avance Stop, il est particulier, il est différent, parce qu’il commence directement par le refrain, par les accords du refrain, sans chant, et après, c’est un seul couplet. Là où dans nos autres morceaux classiques, on fait deux couplets, on a toujours la même structure, presque. Et lui, c’est juste un couplet qui est très rapide, dans le chant, un peu scandé, comme un discours de quelqu’un qui aurait pris un peu de speed. Et après, juste le refrain final. Donc c’est sa structure aussi qui diffère, et pour ça, j’ai peut-être été un petit peu influencé par les groupes de l’Est.
LFB : Fin du monde, elle est un peu dans le même esprit, ce que je veux dire par là, c’est dans sa sonorité et elle a quand même un supplément d’âme. Un peu comme Varsovie, vous n’êtes pas un groupe à messages, et pourtant, dans cette chanson, il y a quand même un peu le sentiment que tu t’éclates un peu, tu te libères même et toujours en français.
Jordi Rodriguez : Si tu veux, Fin du Monde, par exemple, si on l’avait composé à l’époque de notre premier album, Bleu Acier, le morceau, il aurait été très pessimiste et sans espoir, alors que là, il sonne plutôt comme une libération. Tu vois, c’est… Il y a des problèmes partout, il y a des conflits qui nous dépassent, on n’est pas un groupe politisé, on n’a pas de messages particuliers à faire passer mais on est quand même des êtres humains avec des sentiments. Et voilà, on se rend bien compte de ce qui se passe, mais en même temps, on n’a pas vraiment de pouvoir à notre niveau, si ce n’est celui d’essayer de s’élever, et de dire, ok, c’est bon, on a raté cette partie, mais la prochaine, elle sera meilleure. Et c’était un peu en ce sens-là. L’idée, c’était un peu de voir… de voir cette partie de vie comme un jeu, mais ce n’est pas grave, si tu as perdu, ce n’est pas la fin du monde, tu peux recommencer, et ça sera mieux la prochaine fois. Je crois que c’est ce que je raconte dans mon refrain, mais je ne m’en souviens plus. (rires)
LFB : Sur un aspect graphique, et ça correspond un peu à ce que tu me dis, les précédents opus, ils étaient quand même très sombres. Ici, c’est un peu le rose qui domine. Au départ, je me suis dit, mais putain, ils se sont foutus de ma gueule, ils ont foutu du rose. Et en plus, on dirait celui des Sex Pistols, ça va être punk. Cet album va être punk. Et what the fuck, qu’est-ce qui s’est passé ?
Jordi Rodriguez : Là, encore une fois, c’est l’envie vraiment de partir à contre-courant. Et en fait, ce qui nous a toujours plu, c’est d’être là où on nous attend le moins et de ne surtout pas faire ce qu’il convient de faire. Donc, c’est notre troisième album. Mais pour nous, on n’a jamais considéré nos albums comme des albums. Pour nous, c’est des essais, en quelque sorte. Et on en fera autant qu’il le faudra, autant qu’on pourra le faire, tant qu’on n’aura pas réussi à faire véritablement ce à quoi on aspire. Donc, on dédramatise le truc et on déglorifie un peu, désacralise, voilà. Le côté, c’est un album, tout doit être nickel, tout doit être parfait, tout doit être réfléchi.
Ce n’est pas du tout notre état d’esprit. Voilà, c’est comme peut-être à une époque, les groupes sortaient des EP. C’était un peu plus léger, il y avait un peu moins d’attentes, il y avait moins de pression. Nous, c’est ce qu’on s’est toujours dit. Ce n’est pas un album, c’est un EP. Et d’ailleurs, nos albums comportent peu de morceaux et durent en général 30 minutes. Ce qui n’est pas énorme. Et là, pour le côté visuel, on a vraiment voulu partir sur une esthétique très innocente, très… très Candy. OK, tout va bien, c’est rose, c’est parfait. Et en plus, cette couleur-là, quand t’as l’accent bordelais, tu ne peux pas la prononcer sans qu’on se foute de ta gueule. Donc… C’était très important pour nous de faire un album avec un visuel rose.
LFB : Et puis quelque part, ça vous fait un esprit punk. Enfin, ça fait de vous des punks, finalement parce que vous ne faites rien comme tout le monde… Cette idée d’être dans l’essai, de tenter tout… DIY, quoi !
Jordi Rodriguez : (rires) Je ne sais pas trop. Déjà, d’une part, on fait tout nous-mêmes. Là, en tout cas, toute la conception de l’album, tous les visuels ont été réalisés par Morgane, qui est ma copine, mais pas que ma copine, c’est aussi une artiste tatoueuse qui a réalisé ces graphismes. Et c’était parfait pour moi, parce que j’ai tout le temps plein d’idées, mais je ne suis pas capable de les réaliser. Je n’ai vraiment aucun talent ; je ne sais pas dessiner, je ne sais pas me servir d’une tablette. Sauf qu’elle, elle sait le faire. Donc j’ai pu vraiment lui casser la tête pendant 5 mois, au moins, ou 6 mois, tous les soirs, et dire, « Ah, je viens d’avoir une idée, tu peux essayer de faire ça, tu peux essayer de changer ça, tu peux modifier ça ». Et très gentille, elle l’a fait, et on est plutôt contents du résultat.
LFB : T’as intérêt à être content, quand même (sourire) !
Jordi Rodriguez : Ouais, grave, j’aurais pu faire la gueule, j’en suis capable ! Mais quand même, je lui ai offert un vinyle pour la remercier.
LFB : L’album, enfin, l’EP, pour te faire plaisir, l’EP s’appelle Brûle, et il n’y a aucune chanson qui ne porte son nom. Ça aurait pu avoir du sens de finir comme ça, mais en fait, Fin du Monde, c’est déjà enflammer le monde tel qu’il est.
Jordi Rodriguez : Ouais, c’était l’état général, en fait. C’était plutôt le constat général qui était tout brûle, ou alors, il faut tout brûler. C’était l’idée principale. Après, L’été des corbeaux, on n’avait pas de morceau qui s’appelait L’été des corbeaux non plus.
LFB : Non, mais là, on aurait pu se dire que ça aurait été un mot d’ordre, parce qu’il y a quand même Avance Stop qui pouvait être entendu comme un ordre…
Jordi Rodriguez : Avance Stop, juste, c’était plutôt l’image d’un vieux magnétophone. Après, on est capable aussi à tout moment, là, de composer le prochain album et le premier morceau s’appellera Brûle, tu vois, ou alors… L’été des corbeaux brûlera…
LFB : Je finirai avec l’idée de partager à d’autres. T’as pris des claques, un peu, musicales, en 2023 ?
Jordi Rodriguez : En 2023… Franchement, Fountains DC. Ça, ça a été ma grosse branlée, ma grosse branlée de l’année. J’ai pris une énorme claque en voyant Nick Cave à Rock en Seine. Mais bon, ça, je pense que… J’ai pris une claque à retardement. Tout le monde avait dû prendre une claque depuis 10 ans, et moi, il a fallu que je le voie en vrai pour vraiment avoir les larmes aux yeux et être happé et transcendé par ce qu’il représente et ce qu’il dégage. Je dirais peut-être Gwendoline, aussi m’a bien plu en France. Ouais, franchement, c’est les boss. Ils sont très forts, pareil. On les avait vus à Rock en Seine sur la première scène, genre, à 15h de l’après-midi. C’était très cool. Est-ce que j’ai kiffé des groupes… Aussi bizarre que ça puisse paraître, j’écoute pas vraiment de musique. J’écoute pas trop de musique.
LFB : On va tenter autre chose. T’as vu des choses au cinéma qui t’ont marqué ?
Jordi Rodriguez : Je ne pense pas, non plus. Je peux te dire, par contre, des livres qui m’ont plu. Qu’est-ce que j’ai lu récemment ? René Frégni qui a écrit Minuit dans la ville des songes. Ça, c’était très cool. J’ai bien aimé aussi… Erectus ! Erectus, Le dernier hiver. Et ça, il me semble que c’est Xavier Müller. Et si je t’en donne un troisième, histoire de compenser un peu, peut-être, le fait de ne t’avoir donné aucun film… J’ai bien aimé L’intranquille. C’est un livre sur Nick Cave. Ca retrace sa vie de ses débuts en Australie à aujourd’hui. Et ça, c’est pas mal. De Christophe Deniau.