Johnny Mafia : « Je pense qu’on a atteint un niveau où on peut plus composer des trucs qui nous plaisent vraiment au fond du fond. »

De grosses guitares, des mélodies pop accrocheuses, et une énergie punk rock bouillonnante, Johnny Mafia nous livrent Sentimental, un troisième opus urgent et spontané, qui donne plus que tout envie de retrouver les live et les pogos d’alors. Nourris de grunge et de garage U.S. et citant les Pixies comme principale influence, les quatre garçons de Sens qui viennent rejoindre Hoorsees et Unschooling (entre autres) sur Howlin’ Banana Records, parfont leur jeu et nous dévoilent leur côté… sentimental.
On a pu poser quelques questions à trois des membres du groupe : Fabio (guitare/chant), William (basse) et Enzo (batterie). On a parlé progrès techniques, téléportation et de la capitale du monde…

Johnny Mafia
Crédits photo : Maxime Tanchaud

La Face B : Salut ! Comment ça va ?

William : Comme un lundi ?

LFB : Vous vous apprêtez à sortir Sentimental votre 3ème album, qu’est-ce que ça fait de sortir un album en temps de pandémie ?

Fabio : Ça fait chier d’être dans l’incertitude de pouvoir jouer sur scène direct après et tout mais à part ça c’est quand même…

William : Ça fait plaisir quand même ! Normalement il y a une date importante avec les sorties d’albums, c’est la release party et là elle est dans 6 mois donc…. Ça casse un peu l’excitation ça. Mais on est quand même très content parce que, on fait pas grand-chose de nos vie là…

LFB : Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu le parcours de Johnny Mafia jusqu’à présent ? Il paraît que certains d’entre vous vous êtes rencontrés à l’école ?

William : À la base moi j’étais en CP avec Théo (celui qui est absent), et du coup on est amis depuis le CP. On s’est mis à faire de la musique ensemble au collège et après Fabio nous a vu jouer dans une rue piétonne à la fête de la musique et il nous a contacté et après on a commencé le groupe du coup il y a 10 ans.

Et Enzo nous a rejoint il y a 3 ans.

LFB : Et vous avez fait plein de scène depuis…

Fabio : Ouais, ça s’est fait petit à petit. C’est vrai, on a 10 ans maintenant. Il y a eu un gros marqueur, c’était 2013, la rencontre avec Fred qui est notre manager, et qui est devenu notre ami etc…

Enzo : Et les premiers concerts dans des vraies salles.

Fabio : Ouais c’est ça ouais… Depuis ce moment-là c’est une petite évolution constante, à la cool…

LFB : Vous êtes réputé pour être un groupe de scène, et je ne sais pas si c’est moi, mais j’ai l’impression que vous avez mis toute votre énergie refoulée, disons non utilisée en live ces derniers temps, dans l’album. Il est urgent, va droit au but, est brut et en même temps super concis. Dans quel état d’esprit avez-vous créer l’album ?

Fabio : Il y avait assez peu de morceaux qui étaient là avant le Covid et on s’est tous retrouvé coincés chez nous et Théo avait fait vraiment pas mal de trucs de son côté. Puis on s’est revu tout de suite après le confinement et à partir de là on a été assez vite en fait. On a composé pas mal de trucs entre nous, on a utilisé pas mal de trucs que Théo avait fait tout seul et c’est allé hyper vite finalement. On a enregistré, je sais pas, trois mois après ?

Enzo & William : Oui, un truc comme ça oui.

Fabio : Trois mois après le déconfinement, une bonne moitié de l’album vient de la courte période post confinement. Et ouais peut être que ça se sent un peu, que les morceaux sont plus liés entre eux du fait qu’ils aient été composés sur une courte période, j’en sais rien, je sais pas.

William : Mais on avait une envie, pas mal au niveau du son, contrairement aux deux albums d’avant, c’est d’avoir un truc plus produit, – je ne sais pas comment dire – plus net…

Fabio : Plus propre. Un peu moins garage tel qu’on l’entend depuis les années 2010.

Enzo : Ça collait aux musiques en plus.

Fabio : On a fait des trucs qui finalement nous ressemble un peu plus. Je ne sais pas comment dire mais… Je pense qu’on a atteint un niveau, notamment grâce à Enzo, où on peut plus composer des trucs qui nous plaisent vraiment au fond du fond.

William : Ouais, qui colle plus à nos goûts quoi.

Fabio : Avant on était trop nuls pour le faire bien (rires)

William : Et puis notamment ça passe aussi par, je trouve Théo les lignes de chant qu’il a trouvé, les mélodies et tout, il est de mieux en mieux à chaque fois.

LFB : Princes de l’Amour votre dernier album avait pour thème la tv réalité. Est-ce qu’il y avait une ligne conductrice pour cet album ?

Théo : Après, l’album d’avant, c’était pas un fil conducteur qu’on a suivi, c’était plus…

William : C’était un constat en général.

Théo : C’était un constat hasardeux de nos obsessions…(rires) Surtout des obsessions de Théo d’ailleurs, enfin Théo et moi pour la téléréalité. Et là peut-être qu’il y a beaucoup de chansons un peu d’amour quoi ?

William : Puis on cherchait un nom d’album et puis il y avait la chanson I’m Sentimental. Puis on a fini par se dire Sentimental qui est à la fois français et anglais qui sonne doucement à l’oreille.

LFB : L’album a une énergie punk rock U.S. 90’s. Est-ce que vous aviez des influences particulières en tête ?

Fabio : Bah pour le coup, y a 10 ans même plus qu’on adore les Pixies.

Enzo : Et ça se ressent de plus en plus !

Fabio : Et ça se ressent de plus en plus ouais (rires). Là je pense que… Je ne dirais pas qu’on s’est plus inspiré de ça, enfin des Pixies et tout par rapport à d’habitude mais peut être qu’on a réussi à mieux ressortir…

William : Ouais des aspects de leur musique, des façons de faire qu’on aime dans les chansons et tout.

Fabio : Des trucs qui étaient beaucoup trop techniques pour nous à l’époque quoi.

William : Dans les autres groupes, côté 90’s, bah je sais pas, y a les Breeders mais ça avec les Pixies, y a Weezer aussi…

Fabio : Weezer premier album.

William : Mais après y a pas mal de groupes…

LFB Vos influences américaines se ressentent dans votre musique mais aussi dans votre esthétique et notamment dans vos clips qui sont bien barrés et assez géniaux à regarder. Celui de I’m Sentimental ressemble à un épisode Twin Peaks trash et celui de Trevor Philippe, sur Trevor Philipps de Grand Theft Auto est assez chaotique et paraît être tourné en une seule prise ? Est-ce que vous pouvez nous en parler ?

Fabio : Bah par rapport à Trevor Philippe c’était un faux plan séquence… ça a pas du échapper au regard expert (rire)

LFB : Oui tout le début est un seul plan puis effectivement il y a quelques coupures ! (rire)

William : Pour le coup on jouait avec parce qu’on se téléportait quoi pendant le clip. Mais l’idée de départ c’était – aux autres : On peut le dire ?

Fabio : Ouais ouais.

William : C’était dans le contrôle technique du père de Fabio…

Fabio : Le garage de mon père oui.

William : … et on aime beaucoup cet endroit et du coup on voulait faire quelque chose quoi qui fasse sortir l’ambiance du spot.

Fabio : Mais pour le coup, entre les différents clips, c’est pareil, on conscientise pas une ligne de conduite américaine ou je sais pas trop… Mais en fait on essaye de faire confiance… Là pour le coup le premier clip, on a décidé de rien du tout. On a laissé carte blanche à La Salle Affaire. On a un pote qui est réalisateur dans cette équipe et du coup, on lui a dit… En fait à partir du moment où les gens nous connaissent on fait confiance quoi… C’est lui qui a fait sa propre lecture du morceau, et vis à vis de nous, il nous a proposé un truc et on s’est dit c’est cool quoi.

William : Et pour revenir à Trevor Philippe, le clip a été fait par notre premier batteur qui avait aussi fait le clip Big Brawl pour nous il y a quelques temps.

LFB : Et ce titre Trevor Philippe est un mélange entre L’anti héros de Grand Theft Auto et de Edouard Philippe ? Qu’est-ce que cette histoire ?

Enzo : En fait les deux se ressemblent à fond quoi. Il y a des photos des deux sur internet et ils ont quasiment la même tronche.

Fabio : C’est hallucinant. C’est parti d’un photomontage en fait.

LFB : Quand et comment s’est passé l’enregistrement de Sentimental ?

William : C’était après le déconfinement. On a été déconfinés en mai et on a enregistré en juillet. On a fait ça au Warm Audio à côté de Lyon, en banlieue. Chez Chris Bannel, C’est un mec avec qui on avait déjà fait des démo par le passé et ça s’est super bien passé avec lui. En fait à la toute base on avait envie d’enregistrer à Sens, chez nous et ça n’a pas été possible à cause des restrictions sanitaires. On a appelé Chris en urgence et finalement je pense que c’était une bonne idée parce qu’il a réussi à nous débloquer 15 jours pour faire l’album. Il a du bon matos, il fait du bon taf et finalement c’était important d’avoir une oreille extérieure aussi. Et puis voilà, ça s’est bien passé !

LFB : Et vous avez déjà enregistré de chez vous ?

Théo : On ne l’avait jamais fait mais comme sur cet album on avait un peu la volonté de…

Enzo : Passer beaucoup de temps.

Théo : Ouais de pouvoir produire un peu plus, rajouter des guitares acoustiques par-ci par-là, des synthés… Pouvoir agrémenter vraiment en prenant le temps. On était partis sur ce principe-là, de pouvoir le faire chez nous et de…

William : …Refaire les prises, repenser…

Théo : Ne pas être gênés par le temps et par la pression extérieure…

William : Mais finalement du coup, on est allé à Lyon et c’était bien. On a pris combien 15 jours. Ça a pu le faire !

Théo : Grave !

Johnny Mafia

LFB : Vous venez de signer chez le label Howlin’ Banana Records (We Hate you please Die/Unschooling/Hoorses), en quoi / est-ce que cela a changé votre vie ?

Théo : Nan… Dirty Weather Records pour le coup, l’ancien album c’était bien, on a sorti un disque et on a pu aller faire quelques dates en Angleterre un petit peu et tout quoi. On est content du disque et tout quoi. Mais c’est quand même plus simple d’avoir quelqu’un de proche aussi bien géographiquement parlant que passionnément parlant (rires).
En gros Tom, on le connaissait depuis un petit peu. Il a toujours adoré le groupe. Nous on a toujours aimé ce qui sortait sur le label et ça s’est fait naturellement en fait. C’était plus simple, un peu plus naturel que de le sortir sur un label de gens qu’on voyait jamais, qui étaient loin et voilà quoi.

LFB : Vous êtes de Sens et fiers de votre ville il me semble ? Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de cette ville ? Comment est la scène musicale là-bas ?

Willliam : On est en plein centre-ville, on peut sortir faire un tour avec l’ordi ! (rires) 

Je ne sais pas, en gros nous à sens la seule chose qui nous a poussé à faire de la musique c’est que depuis des années, depuis hyper longtemps il y a des groupes de rock qui se créent très régulièrement et tout… Et ouais ça fait partie des trucs qui nous a donné envie de jouer…

Théo : C’est une petite ville mais il y a toujours eu, en tout cas moi depuis que je suis à Sens, il y a toujours eu des groupes, punk, rock, avec un bon esprit, des tubes… Je pense qu’on a été un peu bercés la dedans. Notamment Big Ben, Benoît, notre mentor à tous quoi à Sens, qui a toujours fait 1000 groupes différents mais toujours avec ce truc d’avoir des tubes mais bien véners et je pense que ça nous a influencé.

LFB : Est-ce qu’il y a des choses dont nous n’avons pas parlé que vous souhaitez mentionner ?

Enzo : Bah du coup là on n’a pas dit « Sens c’est la capitale du monde ».

LFB : (rires) Ok ! Voilà, c’est mentionné !

Fabio : (rires) tu tremblais à côté de moi ! (rires)

Je ne sais pas, on peut dire que si dieu le veut il y aura une release party le 6 octobre au Petit Bain à Paris. Ça va être une méga teuf trop cool avec au moins un autre groupe cool que nous et plein de petites surprises drôles et cool.

Et avant ça on espère pouvoir faire des concerts. On en a pas mal de prévus mais je ne pourrais pas te dire…

William : C’est peu vide. On est habitué depuis du coup 10 ans à faire beaucoup de concert même quand c’était dans le coins et dans les bars et là ça.

Théo : C’est la première, je pense qu’on est pas les seules mais, qu’on joue pas à ce point.

LFB : Est-ce qu’il y a des artistes que vous avez découvert récemment que vous souhaiteriez partager avec nous ?

Tous : Johnnie Carwash

Enzo : qu’on a rencontré au Warm Audio…

Théo : …quand on enregistrait…

William : et qui sont aussi cool musicalement qu’humainement.

LFB : Merci beaucoup !

Tous : Merci !

Découvrir Sentimental de Johnny Mafia :

Lire notre chronique de I’m Sentimental de Johnny Mafia ici.

Lire notre chronique de Trevor Philippe de Johnny Mafia ici.