La Hip-House dans la peau : Wooferz Only

Des couleurs saturées, des jeux de jambes et des productions exclusivement réservées aux hauts-parleurs (les woofers), la paire de gants futuriste Kaba & Hyas ouvre un nouveau chapitre.

Cover du dernier projet de Kaba & Hyas : "Wooferz Only".
cover par Shinkichi Hiroshima

Comme une sorte de résurrection, Kaba & Hyas se chargent de remettre sur le devant de la scène la Hip-House. Fusion du Hip-Hop et de la House, ce nom, qui claque aussi bien que le résultat qui en découle, nous sert sur un plateau d’argent des techniques de rap affûtées sur des productions dépassant les 120 BPM. La collaboration de ces derniers, qui ne date pas d’hier, ne nous offre pas pour autant redondances et habitudes. Avec Wooferz Only, la paire plonge plus profondément dans les sonorités House et nous fait découvrir un catalogue pertinent de textures auditives. Ils allument à nouveau les baffles.

Avec Kaba & Hyas, tout est une question de mouvement. Dès les premières notes, une énergie frénétique nous emporte, comme un tourbillon sonore inarrêté. Entre le premier et le deuxième volume de leurs projets Music 4 Tesla, les covers mi-floues mi-rayonnantes ouvraient déjà les portes d’un univers hyperactif. Le clip de Speed Up nous donnait même envie d’améliorer notre VMA, tant la course effrénée de Kaba semblait créer une tempête. Avec leurs productions au BPM élevé, l’envie de rapper ou de voir Kaba poser son flow dessus devient une tentation irrésistible, aussi bien pour l’artiste que pour son public.

Côté visuel, c’est l’artiste japonais Shinkichi Hiroshima, qui peint les premiers pas de danse de Wooferz Only. Avec un élargissement et une distorsion des silhouettes en action de notre duo solaire, représenté comme les stars de la scène, et l’insertion d’une poignée de créatures parasites jaunâtres, la pochette de cet EP enrichit le festoiement et la stimulation, plus tard prolongé au niveau auditif.

Les sept titres de cet EP suivent une progression logique, toujours plus intense, comme si les artistes gravissaient une marche supplémentaire vers l’excellence. Peut-être parce que seulement une heure de route sépare Grenoble et Lyon, leurs villes respectives ? Comme le dit Kaba : « C’est vite fait de prendre le pas ». Une alchimie qui se traduit par une entente musicale rare. Sur Magic Stick, Hyas invoque une puissante sorcellerie teintée de footwork, magnifiée par le flow envoûtant de thaHomey, en featuring sur le titre. Bmore Luv charme immédiatement avec un sample reconnaissable entre mille. Kaba pose la base, Hyas affine, et le résultat est une décharge électrique ou un contrôle antidopage positif.

“On n’a pas changé la recette” – Jeu de Jambes

L’écriture de Kaba, imprégnée d’egotrip, renoue avec l’essence brute du rap : un art du flex et de la feinte, comme il le revendique dans Juke Out Interlude. Mais derrière cette démonstration de style, il glisse aussi quelques lignes plus politiques, sans pour autant se positionner comme un rappeur conscient : « J’ai mal à la France quand j’capte que doucement elle se nazifie ». De références en références, du Rocksteady à Gandalf, on se reconnaît dans la diversité des textes du grenoblois, porteur du drapeau de la jeunesse qui veut tout voir, écouter et expérimenter.

“Dans mon run j’regarde pas derrière moi” – Magic Stick

Cet EP de sept titres, nous fait jubiler devant cette forte alchimie entre ces deux humains qui crée une musique qui propulse. Un jeu de jambes parfaitement exécuté, multiplié par l’énergie du printemps et son soleil vivifiant. Aussi futuriste qu’une Tesla, aussi rapide qu’une Bugatti, on serait prêts à recharger encore et encore, pour que ce duo ne s’arrête jamais.

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